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dimanche 14 janvier 2018

Lettre ouverte aux téléspectateurs de salariés de France Télés qui disent leur ras-le-bol face aux pratiques d’une hiérarchie qui n’a plus leur confiance.



Lettre ouverte aux téléspectateurs de salariés de France Télés qui disent leur ras-le-bol face aux pratiques d’une hiérarchie qui n’a plus leur confiance. 

L’affaire « Wauquiez-Faucon » n’en finit pas de provoquer des remous au sein de France Télés mais plus largement dans toute la presse qui depuis mercredi dernier découvre, à l’instar des personnels de France Télévisions, comment depuis l’été 2015 la crédibilité de l’entreprise n’a cessé d’être mise à mal par des « dirigeants » qui n’y ont à l’évidence plus leur place. 

A la mi-décembre 2017, les rédactions nationales de France Télévisions (France 2, France 3, France Info, France Info.fr, Thalassa/Faut Pas rêver, Les Sports), à la question « Faites-vous confiance à Delphine Ernotte-Cunci pour préserver la qualité et les moyens de l’information de France Télévisions ? » répondaient  NON à presque  84% des votants et un taux de participation au scrutin de près de 70%.

Vendredi 12 janvier, André Faucon essuyait un vote de défiance encore plus fort qu’Ernotte: 93,5% des votants contre lui pour 83,77%, il y a à peine un mois, contre l’ex Orange. 

A la question "Faites-vous encore confiance à André Faucon et Laurent Mazurier [respectivement directeur régional et rédacteur en chef] pour défendre l'indépendance et la qualité de l'information à France 3 Rhône-Alpes ?" – quasiment la même que pour l’ex Orange donc     93,5% des votants ont répondu NON. 

C’est donc une nouvelle motion défiance après celle votée contre Michel Field et la suivante qui avait provoqué son départ de l’Info mais pas de l’entreprise où il reste payé à promouvoir la Culture, qui a été adoptée contre le lieutenant régional de la soudainement muette Ernotte, après qu’il ait décidé et assumé – dans un premier temps –  l'interruption d'une série de sujets (5 au total) devant être diffusés sur l'action de Laurent Wauqiez  à la tête de la région.

Voici cette lettre


« Chers téléspectateurs,

Face au soupçon de censure qui frappe aujourd’hui la chaîne dans laquelle nous travaillons, nous, journalistes, techniciens et personnels administratifs de France 3 Auvergne, ressentons le besoin de vous raconter ce qu’il se passe dans votre télévision de proximité.

Toute la semaine à compter du 8 janvier, nous devions vous proposer une série de reportages sur le bilan du président de région Laurent Wauquiez dans nos journaux télévisés. Cette enquête a été réalisée par deux journalistes de la rédaction de Lyon : Sylvie Cozzolino et Thierry Swiderski.

La série comptait 5 épisodes, programmés sur les trois antennes de Clermont, Grenoble et Lyon. A Clermont-Ferrand, nous avons diffusé le premier lundi dans le 19/20 et mardi dans le 12/13. Le second volet a été diffusé mardi soir et mercredi à midi. Mais mercredi, en début d’après-midi, la direction régionale de France 3 Auvergne-Rhône-Alpes nous a ordonné de ne pas diffuser la suite.

Les reportages ont été retirés de nos sites internet et de nos pages sur les réseaux sociaux.

Les reportages sont validés par les rédacteurs en chefs avant de passer à l’antenne. Ceux-ci l’ont été puisque l’auteure de la série a reçu des félicitations pour son travail. Que s’est-il passé pour que notre hiérarchie change complètement d’avis après 2 jours et demi de diffusion ? Comment ces reportages ont-ils pu passer subitement d’une « très bonne enquête » à « non diffusables » dans la bouche des mêmes personnes en 48 heures ?

Nous avons protesté, en vain. Face aux questions, notre direction nous a indiqué que la diffusion était suspendue car ces reportages ne répondaient pas à l’impératif de « neutralité et de pluralisme. » Aucune explication n’a pourtant été donnée aux téléspectateurs à l’antenne.

Notre direction nous explique que ces reportages manquent de points de vue favorables à Laurent Wauquiez. Sur l’ensemble de la série, le président du Conseil Régional est pourtant interrogé à plusieurs reprises. De plus, Laurent Wauquiez a été invité dans l’émission « Dimanche en Politique » le dimanche de la même semaine, émission de 52 minutes dans laquelle il a pu s’exprimer sans aucun opposant politique pour lui apporter la contradiction en dehors de nos journalistes et de deux invités de la société civile.

De plus, après la diffusion du deuxième reportage, Laurent Wauquiez a demandé et obtenu de notre direction régionale une interview supplémentaire qui va lui être offerte sur toutes les antennes de la région, toujours sans contradicteur politique. 

Nous ne savons pas si le retrait des reportages a été le fruit d’une pression du président du Conseil Régional ou d'une autocensure préventive de notre direction régionale. 

Dans les deux cas, c’est inacceptable. Cette décision fait peser un soupçon de collusion entre notre chaîne et un responsable politique. Expurger nos éditions de certains reportages de cette façon, c’est remettre en cause notre indépendance et bafouer notre déontologie journalistique.  

Face au tollé suscité par cette décision, la direction régionale a fait machine arrière jeudi après-midi et décidé de diffuser les épisodes 4 et 5 vendredi et samedi mais le numéro 3 restera de façon incompréhensible invisible pour les téléspectateurs auvergnats.

A vous qui nous regardez, sachez que nous tâchons chaque jour de vous proposer un service public de qualité, un journalisme indépendant et honnête. 

Nous souhaitons pouvoir faire notre métier à l’abri des pressions extérieures. Mais pour cela, nous devons être soutenus par l'ensemble de notre hiérarchie. 

Aujourd’hui, ce n’est pas le cas »

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