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lundi 17 février 2020

« Salto un fiasco annoncé » explique Francis Guthleben auteur de Sauvons France Télévisions.


« Salto un fiasco annoncé » explique Francis Guthleben auteur de Sauvons France Télévisions.

Centre Presse relate sous la plume de Christophe Colinet l’interview de Francis Guthleben interrogé sur Salto que l’ex-Orange avait dans un premier temps présenté comme un Netflix à la française avant de reconnaitre qu’au mieux ce ne serait qu’une plateforme payante de télé de rattrapage. 

Extraits



« Molotov a atteint les dix millions d'utilisateurs et Netflix les six millions d'abonnés en France, Disney+ arrive en mars... Mais Salto se fait attendre. »

Netflix, Amazon prime vidéo, Disney+, Apple TV+, ou encoreHBO Max... Les services de vidéo à la demande (SVOD) croissent inexorablement, détrônant chaque jour un peu plus les chaînes historiques.

Retard. La France ne voulait pas être en retard. D'où la création de Salto, une plateforme rassemblant TF1, M6 et France Télévisions pour défendre les couleurs de l'audiovisuel français dans le streaming. Le projet se peaufine mais son lancement, initialement prévu au premier trimestre 2020, a été repoussé au 3 juin. Et encore, en juin, c'est la phase de test qui commencera, le véritable lancement est prévu en septembre.

Genèse… En 2017, la plateforme de télévision de rattrapage et de vidéo à la demande de France Télévisions devient france.tv, qui permet aussi de regarder l'ensemble des chaînes du groupe France Télévisions en direct. L'aventure de la télévision de rattrapage avait commencé en 2012 avec Pluzz puis Francetv pluzz et Francetv pluzzVAD. C'est en 2017 aussi que Molotov, service français de distribution de chaînes de télévision par Internet créé un an plus tôt, commence à faire parler de lui. TF1 et M6 se rendent compte qu'ils ont loupé le train.



Public-privé. Pour Francis Guthleben, ancien cadre de France Télévisions, consultant médias et auteur, notamment, de Sauvons France Télévisions, « c'est pour contrer Molotov que TF1 et M6 arrivent à convaincre Delphine Ernotte de se lancer dans ce projet Salto. Il se pose déjà à cette époque un vrai problème déontologique puisqu'un groupe vivant de l'argent public entre dans une société pour rejoindre deux partenaires privés. Cela ne dérange alors personne, ni le ministère des Finances, ni celui de la Culture, ni même l'Élysée. »



Une petite poignée de sachants comme Emmanuel Torregano rédacteur en chef du site Electron Libre, pensent que « Le streaming (la diffusion via Internet) remplacera à terme (d'ici dix ou quinze ans) la diffusion hertzienne ». Pourtant aux États-Unis dont il est decoutume de dire qu’ils ont dix ans d’avance sur l’Europe, c’est bien la tendance inverse qui prend le pas comme le précisait le 11 février dernier Les Échos  dans son enquête « La TNT très tendance chez les millennials américains » qui débute ainsi « Le phénomène de désabonnement aux bouquets de télévisions - « cord-cutting » - profite à la télévision traditionnelle qu'on reçoit par le biais d'une antenne. Notamment quand les bouquets sont chers, comme c'est le cas aux Etats-Unis. »



Emmanuel Torregano y met pourtant un bémol « Cela posera des problèmes: la diffusion du service public passera par des opérateurs privés qui font payer l'accès, les opérateurs de télécommunication étant les seuls à offrir un accès massif à la télévision. Dans tous les cas, Salto devra alors conclure un accord avec ces opérateurs (Orange, SFR, Bouygues telecom, Free). On verrait bien Orange ouvrir généreusement la porte à France Télévisions, ce qui peut aussi expliquer l'intérêt que TF1 et M6 portent à Salto qui n'est qu’un catalogue de séries plus quelques exclusivités temporaires. Il n'a pas non plus été annoncé que Salto produirait des séries spécifiques »

D'où la question sensible du prix. En 2018, on parlait de 2 à 8€. Aujourd'hui, ça serait plutôt entre 7 et 10€. »…


Redevance. Francis Guthleben est plus sévère: « Salto est un fiasco annoncé. Le budget est ridicule. C'est trop tard: le nombre de plateformes dans le paysage audiovisuel est suffisant. Netflix, c'est six millions d'abonnés en France. Molotov, c'est dix millions d'utilisateurs réguliers. Disney arrive le 24 mars. L'audiovisuel public risque de se diluer dans un groupe privé. Payer un abonnement pour accéder au replay de contenus audiovisuels publics qu'on a déjà financés une première fois avec sa redevance, ça ne tiendra pas! »


Enquête. Salto a d'ailleurs fait l'objet d'une enquête auprès des consommateurs menée par France Télévisions fin 2017. Où l'on apprenait que Salto donnait aux personnes interrogées « le sentiment de payer pour une double redevance », et qu'elles se retrouvaient confrontées à « un problème éthique, celui d'une offre TV à deux vitesses, incompatible avec les valeurs du service public ».



repères> Salto aura pour activité la distribution de services de télévision, incluant notamment les chaînes de la TNT des sociétés mères et leurs services associés (par exemple, télévision de rattrapage), et l'édition d'une offre de vidéo à la demande par abonnement (« VàDA »). Les offres de Salto seront diffusées sur l'Internet ouvert (« over-the-top ») et seront donc accessibles aux consommateurs directement sur Internet sans l'intermédiaire d'un distributeur.
> Le budget de Salto sur les trois années de lancement devrait bien atteindre 135 millions d'euros, recettes comprises. L'investissement à l'euro près de chaque actionnaire reste à déterminer dans cette enveloppe, cela dépendra évidemment des formules proposées au public. Idem pour la valorisation des investissements dans les catalogues. La somme de 250 millions d'euros a été évoquée.
> Salto, c'est un partenariat compliqué, autant que l'était celui de TPS (Télévision par satellite), l'ancien bouquet numérique de télévision par satellite, diffusé en France de 1996 à 2008 pour concurrencer Canal+.
Les actionnaires de TPS étaient Groupe TF1, Groupe M6, Orange, France Télévisions, RTL Group et Suez Environnement.
TF1, FTV et M6 étaient d'accord sur une stratégie low cost de diffusion par satellite juste pour mettre des bâtons dans les roues de Canalsat. La fin de l'histoire: c'est le concurrent, Canal+, qui a fini par avaler TPS.
> Le contexte économique audiovisuel est difficile: aux États-Unis, les streamers représentent 19% de l'audience totale. En France, les chaînes se demandent où elles doivent investir: quels genres de programmes, arrêter le direct ou pas, se concentrer sur quelques événements... Les chaînes traditionnelles sont tiraillées entre deux modèles: servir beaucoup de réchauffé qui ne coûte pas cher - ce que les téléspectateurs peuvent faire eux-mêmes en streaming! - ou miser sur des événements à très forte audience consensuelle (The Voice, le sport, Miss France...) qui permettent de faire, de façon saisonnières de l'audience publicitaire beaucoup plus importante.

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