Contactez-nous!

Par téléphone au 06.14.06.44.36 ou par mail en Cliquant Ici!

samedi 21 mars 2020

Frédérique Dumas, la députée spécialiste de l’Audiovisuel propose au gouvernement de « revoir sa copie » après la suspension annoncée des réformes en cours.

Frédérique Dumas, la députée spécialiste de l’Audiovisuel propose au gouvernement de « revoir sa copie » après la suspension annoncée des réformes en cours.

Dans un entretien qu’elle accordé à La Croix, Frédérique Dumas la députée des Hauts-de-Seine affiliée au groupe Libertés et Territoires, estime que le gouvernement devrait « revoir sa copie » sur la réforme de l’audiovisuel, « passée cette épreuve [du Coronavirus, ndlr] qui réinterroge en profondeur la société ».

Plusieurs jours avant que ne soit déclaré le confinement au niveau national, Frédérique Dumas qui elle au moins sait de quoi elle parle, n’avait pas ménagé sa peine dans les différentes commissions où elle intervenait pour expliquer pourquoi le réforme sur l’Audiovisuel n’était pas à la hauteur du big bang qu’appelait de ses vœux Emmanuel Macron.

Tantôt obligée de prendre la défense du ministre Franck Riester incroyablement attaqué par sa rapporteure Aurore Bergé qui s’est accaparé le texte qu’elle qualifie de « sa réforme », tantôt à dire l’inutilité d’un holding style ORTF, tantôt à expliquer que la suppression des chaines de France Télés de la TNT comme France 4 n’a pas de sens, etc…la députée spécialiste de l’Audiovisuel qui y consacrait voilà 2 ans un très pertinent rapport de près 300 pages, a répondu cash aux question de Aude Carasco.

Le blog CGC Média vous propose de découvrir l’article de La Croix : " La crise repose la question de la suppression de France 4  " où s’exprime Frédérique Dumas :

La Croix : Le président de la République a annoncé la suspension des réformes en cours. Le projet de loi audiovisuel, adopté et remanié en commission parlementaire, devait être débattu en séance publique à partir du 31 mars. Son adoption d’ici l’été vous paraît-elle encore réaliste et que préconisez-vous ?

Frédérique Dumas : Avec l’annonce du confinement, le Parlement ne peut plus travailler comme avant. Beaucoup de choses vont être remises en cause et le calendrier d’avant l’été sera difficile à tenir. J’espère aussi que les priorités ne seront plus les mêmes, qu’il y aura des décisions de rupture, que ce ne sera plus le même quinquennat.

La place du service public, et notamment celui de l’audiovisuel public, doit être reconsidérée. En période de confinement, on préfère que nos enfants regardent une chaîne ludique et éducative, sans publicité, et accessible à tous sur tout le territoire.

La situation inédite que nous vivons, avec la recherche collective de solutions pour mettre à disposition des contenus éducatifs en l’absence d’école, repose-t-elle, selon vous, la question de la disparition de la chaîne France 4 en août 2020 ?

F. D. : J’espère qu’il sera possible de rediscuter de l’importance d’une chaîne pour enfants. En commission parlementaire, les amendements demandant un moratoire sur la suppression de France 4 ont été enterrés. Transférer une partie des programmes jeunesse sur France 3 et France 5 risque d’affaiblir ces chaînes, qui réalisent de bonnes audiences durant les vrais « prime time » des enfants, c’est-à-dire en tout début de soirée. C’est de l’amateurisme.

Regardons ce qui se passe au Royaume-Uni ! La BBC a deux chaînes pour la jeunesse. Elle n’a basculé sur le Web que celle destinée aux jeunes adultes et constaté des audiences en chute de 85 %. Elle voudrait revenir en arrière, mais c’est presque impossible tant les coûts de diffusion et des programmes sont différents. Pour nous, il n’est pas encore trop tard.

Avec l’arrêt de France 4 sur la TNT, le service public tourne le dos aux enfants

Se repose en effet la question de la pertinence de faire basculer une chaîne pour enfants sur Internet, au mépris des fractures territoriale, numérique et d’usage. Il faut la puissance d’une chaîne pour pousser des programmes en délinéaire (services où l’utilisateur choisit).

France 4 est réellement devenue une chaîne pour enfants depuis trois ans, avec de bons résultats d’audience. C’est le moment de renforcer ses programmes éducatifs et sans publicité, ce qui légitimera d’autant plus le paiement d’une contribution à l’audiovisuel public universelle à travers l’impôt sur le revenu, avec modulation selon les revenus, comme je le propose.

Dans votre rapport actualisé sur " les médias de service public à l’ère du numérique ", vous êtes très critique sur la mise en place d’une holding, chapeautant les différents médias publics. La crise actuelle change-t-elle là aussi la donne ?

F. D : Nous sommes dans une crise de confiance. L’idéologie technocratique, où l’on nous explique que trois personnes savent mieux que toutes les autres, donne l’impression d’une doxa qu’on ne peut pas remettre en cause. Cette réforme enlève toute raison d’être à l’audiovisuel public, car tout a été fait à l’envers : il aurait déjà fallu débattre du rôle du service public en matière de cohésion, rétablir la confiance au sein des équipes en proposant une transformation de l’entreprise qui s’appuie sur un projet collectif, discuter des moyens, plutôt que de vouloir couper et fusionner sans s’assurer de garde-fou en matière d’indépendance.

Cette réforme de l’audiovisuel comporte aussi des avancées, comme les quotas d’œuvres européennes et la participation au financement de la création demandée aux plates-formes numériques. Cette partie, qui découle de directives européennes à transposer d’ici septembre 2020, peut faire l’objet d’un projet de loi séparé, comme ce fut pour le texte européen sur les droits voisins. Pour le reste, le gouvernement devrait revoir sa copie une fois passée cette épreuve, qui réinterroge en profondeur notre société.

Aucun commentaire: