France télévisions: au milieu du gué
Présentation
En octobre 2009, la Cour a publié un rapport public  thématique intitulé « France Télévisions et la nouvelle télévision  publique ». Fondé sur l’examen des comptes et de la gestion de France  Télévisions pour les exercices 2004-2008, ce rapport avait mis en  lumière les fragilités de ce groupe, dans le contexte de la réforme  instituée par la loi du 5 mars 2009 relative à la communication  audiovisuelle et au nouveau service public de la télévision globale. Avec la suppression de la publicité sur les chaînes publiques  initialement prévue pour fin novembre 2011, le modèle économique de  L’audiovisuel public s’est trouvé bouleversé, tandis que s’imposait  parallèlement la nécessité de maîtriser l’ensemble des canaux de  diffusion liés aux technologies numériques à travers l’émergence d’un «  média global ». Face à ces enjeux, France Télévisions s’est engagée dans la constitution  d’une « entreprise commune » reposant sur la fusion-absorption des  anciennes chaînes (France 2, France 3, France 4, France 5 et RFO).  Exigeant un redéploiement des activités du groupe et une modernisation  de son fonctionnement, ce processus a été amorcé dans un contexte  difficile, marqué notamment par une audience en repli et une situation  financière préoccupante au sortir de l’année 2008. Publié quelques mois avant le changement de présidence de France  Télévisions – M. Rémy PFLIMLIN ayant succédé en juillet 2010 à M.  Patrick de CAROLIS en qualité de président directeur général -, le Rapport de la Cour avait formulé 27 recommandations.
Ces recommandations  portaient tant sur des enjeux stratégiques que sur des points  techniques précis. Elles concernaient la situation financière de France  Télévisions, la mise en œuvre de l’entreprise unique, le secteur de  l’information et des rédactions et, enfin, les relations avec les  sociétés de production indépendantes.
 Le bilan des suites qu’à ce jour, France Télévisions a donné à ces recommandations apparaît inégal selon les domaines.
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I – Un redressement financier à consolider
 Le rapport de la Cour avait souligné la situation financière  préoccupante de France Télévisions, l’année 2008 s’étant soldée par un  résultat négatif d’exploitation de 101,2 M€.
En vue d’aider l’entreprise à surmonter cette situation, deux  recommandations étaient formulées. Recommandation : préciser les  conditions dans lesquelles France Télévisions pourrait financer ses  besoins de trésorerie. Les exercices 2009, 2010 et 2011 ont été marqués  par l’encaissement de ressources de publicité supérieures aux prévisions  du plan d’affaires de l’entreprise95. En outre, France Télévisions a  décidé de différer certains investissements, ce qui a réduit ses besoins  de financement. Dès lors, la trésorerie de l’entreprise est restée  positive au cours de la période et a atteint 190 M€ en fin d’année 2010.
 Recommandation : affecter à la réduction du déficit du groupe tout aléa favorable sur le chiffre d’affaires publicitaire.
  Le supplément de recettes publicitaires dégagé en 2009 et 2010 a permis  à France Télévision de financer sa stratégie de programmes et d’assumer  les charges liées à l’augmentation de son chiffre d’affaires. En raison  du résultat positif qu’a également permis cette ressource non prévue,  l’État a pu, lors de ces deux exercices, réduire de 35 M€ le montant de  la dotation budgétaire dite « de compensation ». Pour la période  2011-2015, le plan de France Télévisions est fondé sur une croissance  annuelle de 2 % de ses ressources, une augmentation de ses dépenses de  programmes de 2,8 % par an et une stabilisation en valeur absolue de ses  autres dépenses. Par ailleurs, l’entreprise escompte que la  mutualisation des services support permettra de dégager des moyens qui  seront réinvestis dans l’offre des différentes chaînes, en particulier  dans les domaines de l’information et de la création. Elle prévoit enfin  que si les futures recettes publicitaires se révélaient supérieures aux  prévisions, le complément de ressources en résultant serait utilisé  pour consolider le financement des priorités de l’entreprise   Dans un  contexte économique et budgétaire particulièrement difficile, toutes ces  hypothèses sont fragiles.
En 2009, 405 M€ contre 260 prévus au plan d’affaires ; en 2010, 441 contre 229 ; en 2011, 410 contre 201.
 Comme l’admet France Télévisions, son niveau de trésorerie pourrait  évoluer à la baisse en 2012 du fait de la croissance des engagements en  matière de création (de 375 M€ en 2010 à 420 M€ en 2012) et de la  nécessité de financer les investissements technologiques importants liés  à la mutation numérique de la télévision publique. En revanche, si la  loi du 5 mars 2009 a prévu la suppression de la publicité durant la  journée pour la fin novembre 2011, la loi de finances initiale pour 2012  a décidé de reporter la mise en œuvre de cette mesure à 2016. Pour  autant, il n’est pas garanti que les recettes publicitaires se  maintiennent à un niveau aussi élevé qu’au cours des dernières années,  en raison de la sensibilité de ce secteur à la situation économique  générale.
Compte tenu de la situation actuelle des finances publiques, France  Télévisions ne pourra tabler sur une compensation budgétaire du manque à  gagner qui en résulterait.
Dès lors, tout en reconnaissant le redressement opéré au cours des   trois dernières années, la Cour réitère sa recommandation que France  Télévisions soit particulièrement attentive à la préservation de son  équilibre financier. L’entreprise devra donc accélérer ses recherches  d’économies et de synergies.
 II – La mise en œuvre laborieuse de l’entreprise commune
 Le rapport de la Cour avait souligné les obstacles rencontrés par  France Télévisions pour construire l’ « entreprise commune ». Huit  recommandations avaient été formulées. Deux d’entre elles, relatives au  conseil d’administration de l’entreprise, ont été mises en œuvre. Les  six autres, concernant la construction de l’ « entreprise commune »,  n’ont abouti, à ce jour, qu’à des initiatives d’une ampleur limitée.  D’importants efforts restent donc à accomplir pour mutualiser les moyens  et unifier la gestion des ressources humaines.
 Recommandation : d’une part, écarter du conseil d’administration les  personnalités représentant des intérêts susceptibles d’entrer en conflit  avec ceux de France télévisions ; d’autre part, permettre à cette  instance de délibérer et d’approuver les contrats – notamment en matière  de programmes – au-delà d’un seuil pouvant être estimé à 15 M€. Ces  deux recommandations ont été mises en œuvre par des modifications  apportées au règlement intérieur du conseil d’administration.
Ce texte présente désormais une clause selon laquelle « tout  administrateur est tenu d’informer le président ainsi que, le cas  échéant, l’instance qui l’a désigné de toute situation le concernant  susceptible de créer un conflit d’intérêts avec la société ou de nuire  aux intérêts de celle-ci. L’administrateur s’abstient alors de prendre  part à tout vote sur la question donnant lieu à conflit d’intérêts ».
L’effectivité de cette clause sera, selon France Télévisions, examinée  dans le cadre d’une autoévaluation du conseil d’administration et de ses  services spécialisés.
Par ailleurs, les contrats les plus importants sont désormais examinés  soit par le conseil en formation plénière, soit par le « sous-comité des  engagements », composé de trois administrateurs. Des seuils ont été  fixés en février 2010 selon la nature des contrats concernés : le  sous-comité examine les contrats de programmes dits de stock et de  flux96 supérieurs à 10 M€, ainsi que les contrats de sports supérieurs à  15 M€. Le conseil d’administration délibère en formation plénière sur  les autres engagements lorsqu’ils dépassent 10 M€.
 Recommandation : étudier et chiffrer les scénarios d’évolution des Télé pays Outre mer.
 Des évolutions notables sont intervenues depuis la publication du  Rapport de la Cour. Le lancement de la télévision numérique terrestre  (TNT) outremer, fin novembre 2010, s’est accompagné de la création des  chaînes dénommées « Outre-mer 1ères ». Ces dernières sont constituées de  neuf chaînes télévisées, de neuf radios associées et de neuf sites  Internet. Une enveloppe budgétaire d’un montant de 30 M€ sur trois ans  (2010 à 2012) a été réservée à cette opération : 6,5 M€ sont consacrés à  l’augmentation du volume de la production locale et 8,5 M€ à  l’acquisition de programmes inédits et exclusifs. La montée en charge  s’opère à effectifs constants, ce qui exige des efforts de productivité.  Afin de renforcer leur notoriété et leur audience, les chaînes  concernées bénéficient de programmes conçus et achetés spécifiquement  pour leurs téléspectateurs, les autres chaînes du groupe présentes sur  le bouquet TNT n’y ayant pas accès. Les acquisitions de programmes  généralistes seront réalisées pour toutes les stations mais programmées  librement par chacune d’elles – ce dispositif exigeant d’intensifier les  96 Les « programmes de flux » ne se diffusent qu’une seule et unique  fois. Les émissions de plateau, les journaux télévisés, les jeux ou les  bulletins météorologiques relèvent de cette catégorie. Les « programmes  de stock » peuvent être rediffusés. Les fictions et les documentaires  relèvent de cette catégorie. 
 Recommandation : préciser la nature et le montant des ressources de  diversification associées à la mise en place du « média global ».
 France Télévisions s’est doté d’une direction générale déléguée au  développement numérique dans le secteur audiovisuel. Une direction de la  diversification et du développement des recettes a été également créée,  notamment pour assurer la déclinaison commerciale des offres de  programmes.
S’agissant des nouveaux supports de diffusion, France Télévisions a mis  en œuvre une plateforme d’informations accessible par Internet.  L’entreprise entend renforcer ses ressources de diversification,  l’objectif étant que ces dernières soient triplées à horizon 2015 et que  leur part dans les recettes globales de l’entreprise se rapproche du  niveau qu’elles représentent pour ses homologues allemands. Cet objectif  devrait être atteint notamment par une croissance des recettes de la  publicité diffusée sur Internet, laquelle n’est pas concernée par la loi  du 5 mars 2009. A ce stade, l’objectif visé est de passer de 7 M€ par  an à 25 M€ en 2015.
 Recommandation : détailler en un plan d’actions précis et chiffré les  synergies et économies attendues de l’ « entreprise commune ».
 La mise en œuvre de cette recommandation reste limitée. A la suite de  la publication de la loi du 5 mars 2009 constituant France Télévisions  en « entreprise commune », un avenant au contrat d’objectifs et de  moyens pour la période 2009-2012 a été conclu avec l’Etat. L’équipe  dirigeante actuelle considère que les hypothèses et le calendrier des  synergies sur lesquels s’était fondé cet avenant n’étaient pas  réalistes. La convergence des systèmes d’information n’a pas pu être  réalisée à temps, faute de systèmes préexistants compatibles entre eux.  Les difficultés rencontrées pour négocier avec les partenaires sociaux  un accord d’entreprise unique ont fait obstacle aux redéploiements  d’effectifs liés au regroupement de certains services et à la  mutualisation des fonctions-supports.
 Recommandation : traduire sous forme de bilans prévisionnels et de  tableaux de financement annuels le plan d’affaires de l’ « entreprise  commune ».
 Outre l’amélioration des documents financiers qu’elle met à la  disposition de son conseil d’administration, France Télévisions a  récemment élaboré un tableau de financement pluriannuel 2012-2015. Une  démarche de gestion prévisionnelle sera progressivement mise en place,  notamment pour estimer, secteur par secteur d’activités, les besoins  humains et financiers. La Cour ne sous-estime pas le travail accompli.  Toutefois elle observe que les états auxquels elle a pu avoir accès  restent encore en deçà des standards auxquels devraient se conformer les  documents de gestion prévisionnelle produits par une entreprise  publique de l’importance de France Télévisions.
 Recommandation : accélérer le déploiement au sein de la nouvelle «  entreprise commune » de systèmes partagés d’informations et de gestion  portant sur l’ensemble de ses métiers.
 France Télévisions s’est engagé, fin 2009, dans un plan visant à  assurer la convergence de ses différents systèmes d’information. Une  étude préalable a permis de déterminer si les applications développées  par les différentes chaînes devaient être conservées ou abandonnées au  profit d’outils disponibles sur le marché. A l’issue de cette analyse,  seuls quelques projets ont pu être rapidement réalisés. C’est le cas du  système intranet activé en janvier 2010. Selon France Télévisions, les  autres projets, plus complexes, nécessitent des délais plus longs et  leur calendrier de mise en œuvre devra s’étaler jusqu’en 2013 dès lors  qu’ils mobilisent actuellement des équipes trop peu nombreuses pour les  conduire de front. Ces chantiers s’inscrivent dans le cadre d’une  stratégie globale qui vise, à terme, à mutualiser l’ensemble des  fonctions support, à redéployer les ressources humaines en conséquence  et à dégager des moyens qui seront réinvestis dans l’offre de programmes  des différentes chaînes. Il s’agit donc d’un chantier très lourd dont  l’avancement devra être impérativement programmé avec un calendrier  serré, compte tenu de son importance pour la réalisation des économies  attendues des synergies entre chaînes.
 Recommandation : privilégier un accord collectif plutôt qu’une série  d’accords catégoriels dans le cadre de la renégociation ouverte par la  loi du 5 mars 2009.
 Les négociations répondant à cette recommandation sont en cours  depuis septembre 2011, après avoir connu des retards. Des procédures  contentieuses ont été engagées par les partenaires sociaux et ont  conduit, en juin 2010, la cour d’appel de Paris à prolonger les délais  de validité des accords existants, nonobstant leur remise en cause par  la création de l’ « entreprise commune ».  France Télévisions a souligné  les difficultés rencontrées pour fondre dans un cadre unique des  accords sociaux jusqu’alors très disparates selon les chaînes et les  filières. L’entreprise a précisé les enjeux sur lesquels portait la  négociation : redéfinir les métiers en tenant compte du développement de  l’univers numérique et dans une perspective de polyvalence des  compétences ; revoir le système de classification et de rémunération  afin de mieux reconnaître les niveaux de qualification et d’expertise  professionnelle ; en matière de droit syndical et de représentation du  personnel, redéfinir l’ensemble des modes d’expression pour clarifier la  répartition des rôles entre la direction, l’encadrement et les  représentants du personnel ; enfin, re-préciser l’organisation du travail  en ce qui concerne le temps de travail, les congés ou la cessation  d’activité.
 Les négociations devraient aboutir à un accord collectif unique  comportant des dispositions communes à l’ensemble des personnels et  d’autres concernant respectivement les journalistes et les personnels  techniques et administratifs. D’ores et déjà, France Télévisions a signé  le 15 septembre 2011 un accord concernant les journalistes avec trois  des quatre organisations syndicales représentatives. Un processus  analogue est conduit pour les personnels administratifs et techniques.  Des négociations sont également en cours pour homogénéiser le temps de  travail des différentes chaînes.
L’objectif poursuivi est d’appliquer l’ensemble des nouvelles grilles de  classification au début de l’année 2012, pour ensuite négocier sur les  autres aspects de la gestion des personnels, notamment en ce qui  concerne les contrats et les modalités de dialogue avec les partenaires  sociaux. Il est impératif que cette feuille de route des négociations  soit tenue.
Ainsi les recommandations de la Cour sur la construction de l’ «  entreprise commune » n’ont, à ce jour, donné lieu qu’à des mesures  partielles au regard de l’enjeu stratégique et économique que constitue  cette réforme d’ensemble.
 Comme celle qui l’a précédée, l’actuelle équipe de France Télévisions  se donne pour objectif la mise en œuvre de l’« entreprise commune ».  Signé en novembre 2011, le contrat d’objectifs et de moyens pour la  période 2011-2015 explicite le contenu des actions à engager en matière  de mutualisation des moyens et des services. Cette politique  s’accompagne d’un plan de départs volontaires à la retraite. L’objectif  initial était de l’ordre de 900 départs à la fin 2012, mais l’entreprise  estime qu’ils n’atteindront que 520 à cette date, du fait des retards  pris dans sa réorganisation. Au-delà, France Télévisions prévoit une  baisse de 5 % de ses effectifs au cours de la période 2013-2015.
 France Télévisions devra également tenir compte du contexte très  mouvant dans lequel s’inscrit ce processus, marqué par l’accroissement  du nombre de chaînes à accès gratuit, le passage à la TNT et la  diversification des supports de diffusion. Aussi l’impact de tous ces  facteurs sur l’audience de France Télévisions ne saurait-il être  sous-estimé. A cet égard, l’entreprise a souligné qu’à la différence des  chaînes privées dont le modèle économique se traduit par un ciblage de  leurs audiences, elle se doit de s’adresser à tous les publics, ainsi  que l’exige sa mission de service public. Cet objectif d’audience  générale justifie l’accent que l’entreprise veut mettre sur son offre  d’information et de création, en jouant à cet effet de la  complémentarité entre les différentes chaînes et de la multiplication  des vecteurs de diffusion de son offre. Cette stratégie globale est  explicitée dans le projet de contrat portant sur la période 2011 à 2015  récemment signé.
 III – Le secteur de l’information et des rédactions encore à l’écart des réformes
 Le rapport de la Cour avait constaté que, bien que présentée comme un  métier emblématique de France Télévisions, le secteur de l’information  et des rédactions était resté à l’écart des réformes conduites au sein  du groupe. En particulier, peu d’efforts avaient été entrepris pour en  réduire les coûts. Ce constat avait conduit la Cour à formuler huit  recommandations.
Recommandation : étendre la mutualisation des moyens de l’information  au-delà des moyens techniques et limiter les exceptions aux seules  fonctions contribuant directement à la ligne éditoriale des antennes  telle que mentionnée par la loi du 5 mars 2009.
 Un secteur consacré aux moyens de fabrication regroupe désormais  l’ensemble des moyens techniques de reportage et de transmissions. Les  efforts ont notamment porté sur la compatibilité technique des caméras  et des serveurs, le groupement des achats et la rationalisation du  réseau de correspondants à l’étranger, ces derniers pouvant désormais  être mobilisés par les différentes chaînes. Des réflexions sont  également lancées pour éviter la multiplication des plateaux de tournage  des journaux télévisés ou favoriser la polyvalence des agents au sein  d’équipes modulables de reportage. Outre la mise en place d’une  coordination des moyens, celle centralisée des reportages, et la  modernisation des processus de fabrication, est envisagée la création  d’une direction des reportages commune aux différentes rédactions  nationales.
Le but est, à horizon 2012 ou 2013, de mettre en cohérence les  rédactions et d’éviter de multiplier les équipes, notamment lors des  conférences de presse. Toutefois, France Télévisions a indiqué les  limites des synergies possibles en matière d’information : si les moyens  d’information peuvent être mutualisés à l’échelle de l’ « entreprise  commune », chacune des chaînes doit néanmoins conserver son offre  spécifique d’information. Force est de constater que les mesures de  mutualisation d’ores et déjà appliquées ne concernent que les seuls  moyens techniques et seulement certains d’entre eux à ce stade. 
 Recommandation : veiller à l’interopérabilité des différents portails  et sites Internet de l’information en conservant une maîtrise d’ouvrage  technique, a priori issue de France Télévisions. 
 L’entreprise a confié ce travail à une structure spécifique, dénommée  « France Télévisions éditions numériques ». Lancé en 2010, le projet  d’offre nationale d’information en ligne devrait déboucher courant 2012,  une fois les évolutions techniques menées à bien. Ce travail s’effectue  sous la responsabilité de la direction du développement numérique,  France Télévisions ayant précisé que les développements prévus  nécessitent des compétences qui, bien que présentes dans l’entreprise,  doivent être renforcées par le recours à des spécialistes extérieurs.
 Recommandation : confier aux trois directeurs centraux de  l’information (journaux, magazines et réseau) la maîtrise des moyens  budgétaires et en personnels concourant à la réalisation de leurs  objectifs.
 Selon France Télévisions, la réorganisation de ses services a visé  une responsabilisation accrue des divers niveaux d’encadrement, ce qui  conduit notamment à donner aux différentes directions la maîtrise de  leurs ressources humaines et de leurs moyens budgétaires. La mise en  œuvre de ce principe général devra être vérifiée à l’épreuve des faits.  Certes, la nomination d’un directeur général adjoint chargé des  rédactions et des magazines d’information permet à France Télévisions de  pouvoir disposer désormais d’une vision globale dans ce secteur  jusqu’alors fortement cloisonné entre les différentes chaînes. Il reste  que des marges de progrès n’en demeurent pas moins pour aboutir à un  pilotage unifié des moyens budgétaires et humains de ce secteur qui  mobilise plus de la moitié des effectifs de l’entreprise. 
 Recommandation : mener à bien la refonte des conventions collectives  et accords d’entreprise existants afin d’unifier les règles encadrant la  gestion des ressources humaines de l’information
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L’accord collectif pour les journalistes, signé le 15 septembre 2011, se  substitue à l’avenant audiovisuel de la convention collective des  journalistes. Cet accord porte sur les principes professionnels et la  déontologie, les filières et les fonctions, les grilles de  classification et de rémunération, les retraites et enfin les  commissions paritaires. La Cour s’est interrogée sur les raisons qui ont  conduit à négocier en premier cet accord collectif, alors même que  celui-ci devrait découler du cadre général défini par une convention  collective dont les dispositions seraient communes à l’ensemble des  personnels de l’entreprise. France Télévisions a expliqué que cette  démarche résultait de deux éléments. D’une part, la prorogation jusqu’en  octobre 2012 des accords collectifs pour les personnels administratifs  et techniques, a conduit à repousser les négociations pour ces  catégories d’agents. D’autre part, la place importante qu’occupent les  journalistes au sein de l’entreprise, confère à leur cadre d’emploi le  caractère d’une question prioritaire. L’accord concernant les  journalistes représente donc, selon l’entreprise, une étape décisive et  un signal fort dans la perspective d’une convention collective  concernant tous les agents dont, toujours selon France Télévisions, la  mise en œuvre sera progressive et empreinte de pragmatisme. 0L’avenir  dira si cette vision optimiste est confirmée.
 Recommandation : préserver la spécificité du service public en  veillant à l’application par l’ensemble des personnels de l’information  de la clause d’exclusivité prévue par l’article 7.4.3 de l’avenant «  audiovisuel public » à la convention collective nationale des  journalistes et par les dispositions types des contrats de travail à  temps plein.
 La nouvelle « charte des antennes » entrée en vigueur durant l’été  2011 comporte des clauses relatives aux conditions d’exercice du  travail, touchant notamment à cette question de l’exclusivité de  l’emploi. Un comité consultatif de déontologie sera chargé d’émettre des  avis sur l’application de cette charte. L’accord collectif concernant  les journalistes signé le 15 septembre 2011 présente également des  dispositions qui définissent les principes professionnels et précisent  les collaborations et les financements extérieurs. Il prévoit, en outre,  la mise en place d’une commission de suivi de l’application de ces  dispositions.
 Recommandation : inclure dans le prochain contrat d’objectifs et de  moyens une définition de l’offre d’information en termes de volumes  horaires, de répartition des genres (journaux, magazines, autres cases)  et de partage entre les antennes, dans le respect de l’identité des  chaînes.
Le contrat d’objectifs et de moyens que France Télévisions a signé pour  la période 2011-2015 ne répartit pas entre les différentes antennes les  volumes horaires consacrés à l’information car, selon l’entreprise, une  telle répartition relève de choix éditoriaux qui sont susceptibles  d’inflexions au sein de chaque grille annuelle. L’objectif est de  renforcer la complémentarité entre les journaux télévisés des deux  principales chaînes : France 2, chaîne à vocation généraliste, devrait  donner à son traitement de l’actualité une tonalité plus tournée vers la  politique, l’économie ou l’international, tandis que France 3 devrait  accentuer son positionnement de proximité. S’agissant des magazines  d’information, France Télévisions souhaite proposer une offre  diversifiée et réactive aux grands événements : magazines de plateau  pour le débat et la réflexion, magazines d’investigation et de  reportage, tout en tirant parti des nouveaux supports de diffusion  (Internet, Smartphones, tablettes tactiles). Sans méconnaître la  pertinence de ces objectifs, la Cour n’en considère pas moins que cette  démarche ne saurait, à elle seule, permettre d’aboutir à la nécessaire  optimisation des ressources affectées à ce domaine d’activités. Bien que  France Télévisions se soit dotée d’une direction des magazines  d’information chargée d’harmoniser et de coordonner l’offre des  différentes antennes en termes de thèmes, d’invités ou d’horaires de  diffusion, la mutualisation ou la mise en synergie des moyens dédiés à  l’information reste largement inachevée. 
 Recommandation : procéder à un chiffrage « au premier euro » du coût  de l’offre d’information définie dans le contrat d’objectifs et de  moyens, sur le modèle de la « justification au premier euro » pratiquée  dans le cadre de la loi organique sur les lois de finances (LOLF), et  en, déduire les valeurs cibles à moyen terme des budgets alloués aux  rédactions et aux services concourant à l’information.
 France Télévisions a indiqué que le coût de l’offre d’information est  évalué chaque année en croisant deux types d’analyses qui portent sur  la nature et la destination des dépenses. Ces données servent à  quantifier les ressources qu’il convient de réserver pour couvrir les  grands événements prévisibles de l’année à venir. Pour intéressante  qu’elle soit, cette méthode demeure éloignée de la justification « au  premier euro » suggérée par la recommandation de la Cour. En tout état  de cause, France Télévisions estime que l’évolution du coût de la grille  de l’information (+1,3 % en moyenne annuelle au cours de la période  2006-2010) témoigne d’une bonne maîtrise des dépenses concernées : le  contrat d’objectifs et de moyens pour la période 2011-2015 postule une progression des coûts de l’information inférieure au  rythme des glissements salariaux naturels, ce qui exigera des efforts  significatifs de productivité. La Cour prend note de cet objectif, mais  considère que les modalités de programmation et d’organisation des  activités concernées constituent un facteur important quant à  l’évolution des coûts en matière d’offre d’information.
 Recommandation : développer un référentiel de qualité sur la base de  critères objectifs (durée des reportages, angle international, point de  vue d’experts, débats contradictoires).
 France Télévisions estime qu’au regard de l’impératif de qualité qui  incombe au service public audiovisuel, il est difficile de fonder une  gestion de l’offre d’information sur de seuls indicateurs de coût.  L’entreprise invoque l’exemple des événements survenus dans le monde  arabe au printemps 2011 avec l’ambition d’en assurer la couverture la  plus réactive et la plus large, en multipliant les angles sous lesquels  ils étaient traités. Elle reconnaît cependant que des gains d’efficience  sont nécessaires et devront être obtenus à moyen terme, en modifiant  progressivement les paramètres de fabrication des émissions  d’information, comme le suggérait justement le référentiel établi par la  Cour. D’ores et déjà, des économies ont été obtenues en limitant, par  exemple, le nombre de transmissions par satellite et en accentuant le  recours à celles par Internet, moins coûteuses.
 En définitive, force est de constater que le secteur de l’information  et des rédactions n’a connu, au cours de la période récente, que des  évolutions situées bien en deçà des enjeux identifiés par les  recommandations de la Cour. France Télévisions a, certes, souligné que  la démarche d’optimisation des moyens dédiés à l’information ne pourra  être que progressive. La Cour constate toutefois que l’effectif dédié à  l’information s’élève à près de 5 000 personnes. L’objectif de qualité  n’exonère pas France Télévisions d’une amélioration sensible de sa  performance économique dans ce domaine.
 IV – Les relations déséquilibrées avec les sociétés de production indépendantes
 A partir de l’examen des conditions d’achat et de production des  programmes, le rapport de la Cour avait constaté que les mécanismes mis  en œuvre étaient globalement plus protecteurs des intérêts des  producteurs privés que de ceux des chaînes publiques, alors même que
ces dernières mobilisent l’essentiel des financements publics en faveur de la production audiovisuelle.
 Neuf recommandations avaient été formulées par la Cour mais leur mise en œuvre reste partielle. 
 Recommandation : exprimer les obligations d’investissements incombant  à France Télévisions en matière d’œuvres audiovisuelles en volume  horaire, et non en pourcentage de chiffres d’affaires ou en valeur absolue.
 France Télévisions a indiqué que la mise en œuvre de cette  recommandation se heurte aux rigidités du dispositif de soutien à la  production fixé par la réglementation publique. L’obligation d’exprimer  en valeur absolue l’engagement en matière de création audiovisuelle est  imposée par la loi du 5 mars 2009 qui en renvoie l’application au  contrat d’objectifs et de moyens conclu entre l’entreprise et l’État.
La Cour ne méconnaît pas l’importance que revêt le principe d’une telle  disposition pour le soutien à la création, mais elle estime que les  conditions de sa mise en œuvre ne sont pas favorables à une gestion  optimisée de l’entreprise. En déterminant par anticipation un chiffre  d’affaires garanti au secteur privé de la production audiovisuelle, ce  système obère la capacité de négociation de l’acheteur que sont en  l’espèce les chaînes publiques. France Télévisions a précisé qu’elle  souhaite stabiliser sa contribution à la création audiovisuelle à  hauteur de 20 % d’une assiette établie à partir de son chiffre  d’affaires précédent : sa contribution serait alors proportionnée à la  réalité de ses ressources, à défaut d’être fixée en volume horaire.  Toutefois, ce mécanisme ne garantit pas contre le risque d’une  augmentation des coûts horaires de la création. C’est pourquoi  l’entreprise entend optimiser sa politique de production, notamment en  s’efforçant de maîtriser les coûts et en diffusant les créations sur les  différentes chaînes, tout en veillant à développer des programmes  destinés aux nouveaux usages numériques. La Cour prend note de la  volonté affichée par France Télévisions d’optimiser ses coûts de  production. Elle en mesurera ultérieurement les résultats. Les  obligations d’investissement dans la création qui découlent des textes  en vigueur n’exonèrent aucunement l’entreprise de faire preuve  d’exigences accrues vis-à-vis des producteurs, notamment en matière de  détermination des devis, de suivi financier et de reddition des comptes.
 Recommandation : constituer à l’échelle du groupe une banque de données des différents coûts liés aux programmes.
 Ce projet a été engagé et doit déboucher sur la mise en place d’un  référentiel sur les coûts réels des programmes produits. Sur la base  d’une méthode conçue avec le concours de la direction de l’audit  interne, les administrateurs et directeurs de production ont été  chargés, dans le cadre de leurs objectifs annuels pour 2011, de la mise  en place du référentiel pour les genres dont ils ont la responsabilité :  fictions, documentaires, animations, spectacles vivants. La collecte  des données utilisées dans le référentiel se poursuit en exploitant les  comptes désormais systématiquement remis par les producteurs et les  audits de production réalisés en interne.
 Recommandation : exiger que les devis présentés par les prestataires  de programmes obéissent à une nomenclature précise, qui soit  ultérieurement reprise poste à poste par les comptes de production.
  Pour les œuvres bénéficiant d’aides du centre national de la  cinématographie, les producteurs utilisent un devis conforme à la  nomenclature établie par ce dernier. Toutefois, pour la production  d’émissions de flux, les devis continuent de revêtir des formes variées,  selon le type de logiciel de gestion utilisé par les entreprises  prestataires. L’entreprise a précisé que les présentations de ces devis  sont très proches les unes des autres et assez détaillées pour permettre  une étude approfondie. S’agissant de la remise des comptes, dont la  forme n’avait pas été précisée jusqu’ici, France Télévisions a, dans le  cadre de ses négociations en cours avec les syndicats de producteurs sur  la conception d’un contrat-type, proposé l’insertion de la clause  suivante dans les prochains contrats: « le contractant remettra ses  comptes de production dans une présentation identique au devis initial  dans un délai de six mois». 
 Recommandation : subordonner le versement du solde des contrats de  coproduction ou de pré achat, pour un montant significatif (d’au moins 10 % du prix), à la reddition du compte de production certifié par un expert comptable.
 Cette recommandation a été partiellement mise en œuvre. Si les  échéanciers des contrats d’œuvres fixent désormais un dernier versement à  la remise des comptes de 10 %, il n’a pas été prévu que les comptes  concernés soient systématiquement certifiés par un expert comptable.  Pour les contrats des émissions de flux, France Télévisions a fait  valoir qu’un montant de 10 % est considéré comme une somme trop  importante pour pouvoir être bloquée jusqu’à la dernière échéance. Le  montant de celle-ci est donc apprécié au cas par cas par  l’administrateur et est généralement de l’ordre de 5 %.
Toutefois, l’entreprise estime que le montant concerné reste  suffisamment important pour inciter les producteurs à remettre leurs  comptes sans retard. Le prochain contrôle permettra de s’en assurer.
 Recommandation : identifier et chiffrer les éléments de rémunération  des producteurs dans les devis, puis symétriquement dans les comptes de  production. 
 Cette recommandation a été mise en œuvre. Dans tous les devis, les  postes de rémunération du producteur sont désormais clairement  identifiés. Pour les programmes de stocks, la rémunération est  forfaitaire et a fait l’objet d’une négociation avec les syndicats de  producteurs. Les forfaits concernés varient selon les genres et les  formats des émissions97, une dégressivité étant prévue dans le cas des  séries télévisées. Pour les programmes de flux, la rémunération fait  l’objet d’une négociation entre le producteur et l’administrateur  représentant France Télévisions.
 Recommandation : systématiser l’audit des comptes de production des  programmes achetés auprès des sociétés indépendantes ne procédant pas  spontanément à la reddition desdits comptes.
 De manière générale, le contrat d’objectifs et de moyens pour  2011-2015 prévoit que 90 % des émissions de flux devront avoir fait  l’objet d’un audit. Un plan d’audit renforcé a été mis en place en 2011  et pour 2012. Pour les programmes de stock, les principaux « genres »  sont les documentaires, les fictions, les variétés, les programmes pour  enfants, etc. Ces émissions ont des durées souvent standardisées (par  exemple, 26 ou 52 minutes) qui sont appelées « formats » et qui  facilitent leur insertion dans les « grilles ».
Par ailleurs, lorsque les comptes ne sont pas produits, il est prévu  qu’un audit soit systématiquement effectué. Toutefois, France  Télévisions a souligné que cette situation est peu courante dans la  mesure où il est rare que les producteurs ne remettent pas leurs  comptes, du fait que la reddition de ces derniers conditionne la  dernière échéance des versements. D’une façon générale, l’entreprise  estime que la nécessité d’un audit doit être appréciée au cas par cas  par la direction de la production. Il conviendrait que cette liberté  d’appréciation n’aboutisse pas à s’affranchir de l’exigence du recours à  un audit.
 Recommandation : inscrire la démarche d’audit dans le cadre d’une  méthodologie fixée préalablement en concertation avec les sociétés  contractantes ou leurs organisations professionnelles, et mettre en  œuvre une procédure contradictoire.
 A la suite de cette recommandation, la direction de la production a  défini un cadre méthodologique d’audit et de présentation des résultats  afin de pouvoir accroître la fréquence des audits par le recours à des  auditeurs externes partageant la même méthodologie. Cette méthode fait  actuellement l’objet d’une consultation auprès de cabinets d’experts.  Chaque producteur est désormais convié à une réunion avec la personne  qui a audité ses comptes et la direction de la production concernée. Au  cours de cette réunion, l’auditeur détaille ses observations et le  producteur fait part de ses éléments de réponse. Selon la Cour, cette  formalité est substantielle et devrait donner lieu à une procédure  écrite formalisée. 
 Recommandation : mettre en place l’expérimentation demandée par le  contrôle général économique et financier consistant à rémunérer le  producteur au titre de sa seule prestation artistique et acquitter les  charges de fabrication sur factures.
 Cette expérimentation n’a pas été réalisée. France Télévisions a fait  valoir que le secteur de la production indépendante y est opposé,  considérant que les producteurs, dès lors qu’ils sont apporteurs du  projet réalisé, ne peuvent pas être considérés comme des prestataires.  Par ailleurs, un tel mécanisme pourrait, selon l’entreprise, entraîner  des dépassements de dépenses contraires au principe de limitation des  enveloppes financières, et comporte également des risques juridiques, du  fait que le producteur pourrait être alors considéré comme se trouvant  dans une situation de dépendance économique vis-à-vis de l’entreprise.  En revanche, France Télévisions estime que le mécanisme recommandé par  la Cour peut s’appliquer sans problème lorsque le concept du programme  lui appartient. Dans ce cas, il s’agit d’une production interne à  l’entreprise : le producteur de l’émission est salarié et les équipes de  production engagent directement les dépenses de fabrication de  l’émission.
 Recommandation : définir un dispositif de partage des économies  réalisées sur le devis et l’insérer dans les contrats d’achats de  programmes.
 Cette recommandation n’a pas été mise en œuvre. France Télévisions a  fait valoir que ce dispositif de partage des économies réalisées lui  paraît difficilement applicable dans la production d’œuvres  audiovisuelles qui font l’objet de plans de financement diversifiés.  L’entreprise a, par ailleurs, indiqué que ce dispositif ne serait pas  accepté par les producteurs dans la production des programmes de flux.  L’examen de la mise en œuvre des recommandations de la Cour relatives  aux relations avec les producteurs indépendant, aboutit donc à un bilan  en demi-teinte. Si France Télévisions a conclu, à l’été 2011, une charte  du développement qui vise à clarifier ses relations entre les auteurs  et les producteurs en ce qui concerne les œuvres de fiction, cette  démarche reste à mettre en œuvre dans le domaine des productions  audiovisuelles.
 France Télévisions fait valoir les fortes contraintes qui existent en  la matière de négociation avec les producteurs, du fait des obligations  réglementaires et législatives d’investissement, mais également de la  concurrence qui se développe avec les télévisions dites de rattrapage ou  les nouvelles plates-formes de diffusion. L’entreprise a également mis  en avant la situation de crise que connaît aujourd’hui le secteur de la  production audiovisuelle, en raison de la multiplication de l’offre dans  ce domaine. Sans méconnaître ces facteurs, la Cour réitère ses  recommandations, précisément destinées à conforter les intérêts de  France Télévisions dans la négociation et la gestion des contrats de  production audiovisuelle.
 CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
 L’examen des suites données par France Télévisions aux 27  recommandations que la Cour avait formulées dans son rapport de 2009  aboutit à un bilan contrasté. La période récente a été marquée par  l’initiation de plusieurs mesures qui coïncident avec les préoccupations  alors relevées par la Cour. Toutefois, leur degré de mise en œuvre est  inégal et les objectifs poursuivis ne répondent souvent que de façon  partielle aux préconisations de la Cour.
 C’est notamment le cas du déploiement de l’« entreprise commune ».  Bien qu’amorcé au cours des dernières années, il nécessitera encore un  long processus de transformation et de rationalisation, passant par une  intensification des efforts de mutualisation des moyens mobilisé et une  recherche accrue de gains d’efficience et de productivité. Sans  méconnaître les rigidités internes et externes que France Télévisions  doit surmonter pour y parvenir, la Cour estime que les chantiers engagés  doivent être approfondis et élargis aux différents secteurs d’activité  de France Télévisions.
Ce constat vaut en particulier pour le domaine de l’information où la  formulation d’objectifs quantitatifs, l’adoption de normes qualitatives  et l’affichage de gains escomptés de productivité demeurent  insuffisamment précis, alors même que l’enquête menée par la Cour en  2009 avait abouti au constat, non contesté par France Télévisions, que  l’enjeu était majeur pour l’entreprise.
Au-delà des obligations d’origine législative et réglementaire  auxquelles les relations de France Télévisions avec les producteurs sont  soumises, des exigences accrues en termes de présentation des devis, de  reddition des comptes et de contrôle de gestion sur les coûts des  différents programmes constituent des outils qui, aux yeux de la Cour,  devront être renforcés.
 L’efficacité des avancées annoncées ou amorcées devra être attestée  par les résultats obtenus par France Télévisions, notamment dans le  cadre de l’application du prochain contrat d’objectifs et de moyens qui a  été signé pour la période 2011-2015. Dans un contexte incertain,  celui-ci a vocation à constituer la « feuille de route » pour les années  à venir. Les interrogations portent aussi sur la capacité qu’aura  France Télévisions à préserver son équilibre financier, même si  l’entreprise a bénéficié ces dernières années de recettes publicitaires  qui lui ont permis d’améliorer sa situation financière. En tout état de  cause, le contexte actuel des finances publiques exclut un engagement  budgétaire supplémentaire de l’Etat pour compenser les recettes externes  qui pourraient être perdues par l’entreprise.
Enfin, France Télévisions devra également s’adapter aux mutations  profondes du secteur audiovisuel français et international. L’accès à de  nouvelles chaînes et la diversification des supports de diffusion  autres que télévisuels induisent des changements de comportement des  usagers de la télévision publique dont l’impact en termes d’audience  n’est pas encore clairement mesurable.
Pour faire face à ces enjeux très évolutifs, France Télévisions entend  renforcer l’identité et la complémentarité de ses différentes chaînes.  Si cette orientation stratégique vise à mieux répondre aux attentes  diversifiées des publics, elle ne doit pas constituer un frein à la  poursuite de la construction de l’« entreprise commune » et à la mise en  œuvre des synergies qu’elle implique.