Questions sur l'audiovisuel public
Par Ivan Rioufol le 26 mai 2008 15h24
L’audiovisuel public n’est pas au-dessus des critiques. C’est ce qu’a rappelé la cour d’appel de Paris, le 21 mai, en déboutant France 2 et son correspondant en Israël, Charles Enderlin, dans un procès les opposant à Philippe Karsenty, directeur d’une agence de notation des médias : une décision peu médiatisée, contre laquelle la chaîne et son collaborateur viennent de se pourvoir en cassation. Karsenty, avait entrepris de contester la véracité d’un reportage sur une fusillade à Gaza, en septembre 2000, qui attribuait la mort filmée du petit Mohamed Al Dura, dans les bras de son père, à "des tirs venus des positions israéliennes". Ayant estimé, notamment, que cette scène était une "mascarade", Karsenty avait été poursuivi pour diffamation et condamné en première instance.
L’impact des images du petit Mohamed, diffusées par Antenne 2 et reprises dans le monde entier, avait été considérable. L’enfant martyr avait été érigé en symbole de la barbarie des forces israéliennes et avait contribué à la relance de l’intifada contre les israéliens et de l’antisémitisme en France. Les égorgeurs de Daniel Pearl avaient fait référence à cette scène. Or, très vite, des doutes sérieux étaient apparus à propos de l’origine exacte des tirs, d’autres thèses laissant entendre, après analyse des rushs, que la scène aurait pu être feinte. Pourtant, jamais France 2 ni Charles Enderlin n’accepteront d’être remis en question. La cour d’appel vient leur rappeler "le droit de libre critique". Le b.a ba de la démocratie, en somme.
L’audiovisuel public ne peut être l’instrument d’une cause. C’est pourtant ce qui ressort aussi d’un communiqué de FO et de la CGC qui dénoncent "la dérive éditoriale sans précédent à Monte Carlo Doualiya" et appellent à une grève, le 11 juin. Cette radio, issue de RMC Moyen-Orient et filiale à 100% de Radio France Internationale, connaitrait, selon Jean-Pierre Constantin, délégué syndical CGC, "un ton général marqué par la propagande islamiste". Le journaliste assure: "Monte Carlo Doualiya ne s’appuie plus sur l’AFP ou Reuters comme sources d’information, mais sur le site Al Jazeera Net, ou sur des sites comme Islamic Naseej.com. Tous les prétextes sont bons pour tendre le micro aux porte-parole du Hamas, du Jihad islamique, du Hezbollah ou aux islamistes de tout poil". Les Français doivent-ils payer pour cela ?
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