lundi 24 novembre 2008

Carolis, Duhamel et consort: vrais fossoyeurs de la télé publique

Carolis une heure après l'annonce du Chef de l'Etat sur la suppression de la pub, Patrick de Carolis rendait public, le 8 janvier 2008, un courrier qu'il adressait à l'ensemble des salariés où il disait travailler depuis 2 ans avec l'actionnaire dans le cadre de l’orientation claire de la suppression de la pub sur France Télé.

Rappel du courrier :" A plusieurs reprises, depuis deux ans, j'ai demandé à notre actionnaire une clarification de notre mode de financement..."
"Ce matin, le Président de la République a fait connaître son souhait de « revoir profondément le cahier des charges de la télévision publique », et de « réfléchir à la suppression totale de la publicité sur les chaînes publiques » de télévision, en compensant l'incidence financière de cette suppression.Cette orientation claire, donnée par notre actionnaire, entraîne évidemment de nombreuses conséquences pour le groupe France Télévisions, car elle modifie profondément notre modèle économique. Ces conséquences sont d'ores et déjà étudiées avec précision, à l'intérieur de notre Groupe, en liaison permanente avec notre actionnaire."

Ainsi donc Carolis affirmait-il en début d’année que « cette suppression de la pub pourtant aux nombreuses conséquences, non seulement il l’avait souhaite mais il travaillait dessus avec l’actionnaire depuis 2 ans ».

Finalement de quoi vient-il se plaindre à présent. Après de nombreux articles, notamment celui du 19 mars 2008 lu dans Le "Canard enchaîné", intitulé "Patrice Duhamel: ça balance sur Sarko" ("Le numéro 2 de France Télévisions, Patrice Duhamel, le raconte sans se faire prier : « Avec (le superpédégé) Carolis, nous avons rencontré à plusieurs reprises Sarko après son élection. Chaque fois il nous disait : « Vous allez avoir plus de pub ! » Du coup, le duo se dit convaincu que l'annonce, dans la conférence de presse du 8 janvier, de la suppression de la pub était aussi destinée à le « déstabiliser"), Carolis fait toujours mine de résister et de s’opposer à l’Etat. C’est minable.

Comme le confirmait Christine Albanel, il y a peu, le 21 octobre au JT de France 2 " Ce n'est pas l'État qui dit vous allez faire ça, ça et ça. Le rôle de l'État c'est quoi? C'est de fixer le cap, d'exprimer une ambition, des attentes et de garantir les financements c'est ça qui est important; après...vous savez la réforme elle était voulue d'ailleurs par Patrick de Carolis qui souhaitait justement la création de cette société unique et qui l'avait demandée à l'été 2007".

Pas plus tard que vendredi, Carolis continuait son cinéma avec un nouveau mail interne adressé à tous où il soulignait entre autres l'incohérence de certaines dispositions et amendements retenus par les députés.

Que le PS soit plus préoccupé par son devenir en ce moment, il n’en demeure pas moins que l’ensemble de ses parlementaires ont fait savoir qu’ils étaient farouchement opposés à ce projet de loi devenu un bourbier sans nom. Jean-Marc Ayrault, Président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale indiquait, ce matin même, que malgré cela le PS ferait son travail.

Ajoutez « Le Nouveau Centre » et ses parlementaires qui sont, eux aussi, opposés au projet de loi mais également un nombre croissant de parlementaires UMP (pour ne pas dire une majorité ralliée à la proposition Balladur de reporter en raison de la crise économico/financière la réforme) peu enclin à aller défendre une télévision publique minée ces 10 dernières années par ses dirigeants et que voulez-vous qu’il sorte de ce débat sinon l’avis de décès de la télé publique dont Carolis, Duhamel et consort sont bien les fossoyeurs ?

Jour après jour, le constat est attristant. Une seule et unique stratégie pour Carolis : « encore un jour de gagné » face au travail de lobbying de TF1 ou M6 relayé par quelques députés et les principales propositions de la Commission Copé s'envolent, à savoir que ces chaînes privées qui devaient renflouer à hauteur de 3% de leurs recettes publicitaires France Télévisions, ne seront presque plus ponctionnées. Que les industriels de la téléphonie mobile qui n'ont pas non plus, l’intention de jouer les vaches à lait, s’y mettent eux aussi et il ne restera pas grand-chose des millions d’euros escomptés. Et la question mystère sera, à l'évidence, où trouveront-ils l'argent ?

Et encore, les téléspectateurs l’ont échappé belle, ils ont failli avoir en lieu et place des écrans publicitaires de France 2 et de France 3, des programmes courts d’instruction civique, qu’un député de l'UMP par voie d’amendement avait très sérieusement déposé en fin de semaine dernière.

C'est du Goldoni, à moins que cela ne soit du Tardieu ou du Dubillard, ce projet de loi audiovisuel.

Comment Carolis avec comme seul objectif celui de durer, peut-il entraîner vers de si profonds abîmes une télé publique déjà exsangue face à un secteur privé plutôt bien loti vu le contexte ?


Le seul service que peut rendre Carolis à la télé publique, ce n’est pas d’essayer de sembler faire le siège de Bercy afin d’obtenir de l’Etat des subsides supplémentaires qu’il n’aura pas… ce n’est pas plus d’essayer de faire ami-ami avec le Chef de l’Etat qu’il qualifiait à l’été de stupide dans son analyse, non ce n'est pas la peine; le seul service le cas échéant qu’il peut rendre c’est son départ.

Il permettra en toute logique et le plus rationnellement qui soit, à son successeur de conduire le « groupe » vers le tout numérique en 2011 avec un tant soit peu de lattitude mais surtout une stratégie moins personnelle et plus visionnaire.

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