Ne ne pouvons résister à la tentation de vous proposer l'article de Libération par RAPHAËL GARRIGOS et ISABELLE ROBERTS suite au vote par le Conseil d'Administration de France Télévisions de la résolution qui prend acte de la décision de la Ministre visant à supprimer la publicité sur les différentes chaînes du groupe après 20h00 dès le 5 janvier au soir, et qui a confié la mise en œuvre de cette décision à Patrick de Carolis.
Nouvelle humiliation : le gouvernement a contraint le président de France Télévisions à entériner lui-même la fin de la pub.
Par RAPHAËL GARRIGOS et ISABELLE ROBERTS
Le nouveau mode de nomination du patron de France Télévisions par le président de la République ne fait pas encore force de loi que déjà, Patrick de Carolis doit obéir aux injonctions de l’Etat. Voilà qui augure bien de l’indépendance de la télévision publique… Hier, Carolis a dû lui-même entériner la suppression de la publicité sur les écrans publics à partir du 5 janvier, 20 heures, réforme dont il ne voulait pas. La conséquence du retard de la loi sur l’audiovisuel, qui ne sera pas promulguée à la date prévue pour l’arrêt de la réclame. Et le président de France Télévisions de se retrouver avec un boa de belle taille dans l’estomac, un de plus parmi les nombreux gobés depuis l’annonce impromptue de la suppression de la pub par Nicolas Sarkozy le 8 janvier 2008.
Branquignol. Pour faire couler cet indigeste reptile, et ne pas perdre tout à fait la face, Carolis n’a pas complètement obéi aux injonctions du ministère de la Culture, qui voyait la suppression de la pub comme un simple «acte de gestion», sans vote. Hier, Carolis a soumis cette décision au vote du conseil d’administration de France Télévisions. Dérisoire résistance, puisque le conseil a adopté la suppression de la pub par 9 voix contre 2 et une abstention. Les deux «contre» sont les représentants des salariés et l’abstention celle du sénateur UMP Michel Thiollière, tandis que le député UMP Christian Kert était absent. Les deux parlementaires n’ont pas participé au vote parce qu’ils sont partie prenante et que la loi est toujours en examen.
Quelques heures plus tard, Carolis s’est adressé à ses salariés par un message interne. Il dit avoir voulu «éviter une nouvelle déstabilisation», plaide que «les contraintes de l’entreprise ne peuvent s’accommoder de revirements brutaux et d’improvisation» et invoque «l’intérêt supérieur de l’entreprise». En clair : l’Etat, c’est branquignol et associés, j’ai été à deux doigts d’envoyer tout bouler.
«Hara-kiri». Mais la bravade est bien sibylline et le mal est fait, estime notamment la Société des journalistes de France 2, qui dénonce «le sabordement d’un navire bien à flot».Et certains de remettre en cause Patrick de Carolis : «La solidarité envers lui commence à s’effriter», témoigne un journaliste. Un autre est plus tranchant : «Il aurait dû démissionner.» Pour Carole Petit, du SNJ, la situation est claire : «Ce n’est plus Patrick de Carolis qui dirige France Télévisions, c’est le gouvernement et donc Nicolas Sarkozy.» Même teneur à la CGT pour qui «cette décision marque le début de l’ère sarkozienne de "l’ORTS" (Office de radio télévision sarkozienne) avec mise au pas des dirigeants priés de se faire hara-kiri».
L’acronyme a d’ailleurs été repris à l’Assemblée nationale, lors de la séance des questions au gouvernement, par les députés de l’opposition qui ont brandi des pancartes siglées ORTS. L’examen de la loi se poursuivait hier soir et devrait s’achever dans la nuit de mercredi à jeudi par un vote entérinant la création de la télévision publique de Nicolas Sarkozy.
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