jeudi 6 mai 2010

La galère des cadres

Tout a commencé il y a plus d’un an dans les stages de conduite du changement ou d’aide à la transformation.

Ces formations prévues en amont de la nouvelle organisation ont pour but de fournir aux managers de France Télévisions les outils nécessaires à la mise en place de la réforme.
Le message principal y fut passé : faire vite et savoir contourner les résistances, voire les ignorer.
Devant ces principes affichés les heureux participants se jetèrent quelques regards en coin. Les plus visionnaires virent la somme d’énergie qu’il faudrait développer pour mettre en place ces stratégies irréalistes. Ils virent les heures de travail s’amonceler pour préparer les dossiers.
Les plus exaltés virent une nouvelle entreprise à construire, des équipes nouvelles à mobiliser ou encore une place … plus gratifiante à venir.

Les mois ont passé et le 4 Janvier est arrivé avec son superbe fonctionnogramme et sa valse des nominations. Le cauchemar venait de commencer dans la peur et la terreur.

Objectif numéro un : avoir un poste !

C’est clair les compétences ne font pas tout et les malheureux(ses) qui ont, dans les semaines précédentes, émis ne serait-ce qu’un bémol sur la mise en place de l’entreprise unique se sont retrouvés … au placard !!!

Autre point, France Télévisions prétendait qu’aucune mobilité ne serait imposée … mais visiblement pas pour les cadres : dans les régions la valse des rédacteurs en chef et autres DRA aura mis à mal bien
des familles …

Objectif numéro deux : s’intégrer dans la nouvelle organisation !

- Apprendre à travailler avec moins d’informations qu’avant. L’organisation matricielle c’est peut-être bien pour la direction générale mais pas pour ceux qui doivent l’utiliser.
Résultat : des tonnes de réunion pour être raccord avec tout le monde … et ne pas prendre de décisions ....

- Apprendre à travailler avec des pairs qui sont dans le même cas que vous. Surprise! vous n’êtes pas seuls ! Il y a d’autres rameurs dans la galère.
Dommage que les nominations ne se soient pas faites dans la transparence car …

- … il faut apprendre à travailler dans un climat de défiance. Encore aujourd’hui, personne ne sait qui fait quoi exactement, l’instinct de survie pousse à défendre à son pré-carré d’autant plus que les rumeurs de l’inutilité de certains postes ne cessent d’enfler.

Objectif numéro trois : faire travailler les équipes …

Grand moment de solitude pour le cadre respectueux de ses collaborateurs :
- Pas de message fédérateur
- Pas de valeurs à transmettre
- Pas d’objectifs
- Pas de visibilité, même à court terme
- Démotivation totale des salariés

Aucune trace sur le terrain du top management pour soutenir les équipes : ils ont été remplacés par des newsletter froides et impersonnelles.

Des galères quotidiennes

Et on rajoute en plus :

- les formations supplémentaires nécessaires à l’exercice de la nouvelle fonction
- la gestion du supérieur hiérarchique direct qui subit les mêmes contraintes
- la continuité des projets
- les moyens humains diminués : c’est une restructuration ne l’oublions pas !
- l’absence de visibilité budgétaire
- les sollicitations incessantes des bureaux parisiens (ou du bureau d’à côté pour les parisiens)

Sans compter les obligations de résultats axées sur le temps, en dépit du bon sens et au détriment de ses propres collaborateurs sur fond de journées à rallonge !

Dommage pour la direction, les cadres se parlent entre eux et le SNPCA-CGC est là pour relayer leurs préoccupations.

Il est temps que la direction s’intéresse à ses cadres qui ne sont pas de simples jouets interchangeables et l’entreprise n’avancera pas sans eux.

Si les directions se sont succédées avec souvent des politiques contradictoires c’est qu’elles ont su, à un moment donné jouer collectif avec l’encadrement de proximité.

Ce n’est pas le cas aujourd’hui !

Les discours ne sont pas des actes, l'encadrement est bien placé pour le savoir.

Le SNPCA-CGC exige un allégement des rythmes qui sont imposés au management de proximité et qui portent préjudice à la cohésion des équipes et à la vie familiale de l’encadrant.

Le SNPCA-CGC exige la fin de l’opacité sous laquelle les leviers de décisions remontent petit à petit sur le siège sans aucune justification.

Le SNPCA-CGC exige une reconnaissance du parcours professionnel du salarié cadre dans sa société d’origine.

Le SNPCA-CGC exige que les promesses salariales engagées par la direction soient appliquées immédiatement à ceux qui ont eu, malgré tout, le courage de jouer la mobilité.

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