Dans un entretien que publie l'Express, Guillaume Durand n'y va pas avec le dos de la cuiller, il précise que "Rémy Pflimlin incarne tout ce qui doit disparaître".
Le moins que l’on puisse dire, c’est que les propos recueillis et publiés
par Renaud Revel ont le mérite d’être clairs.
Lisez l’interview de Guillaume Durand publiée par l’Express.fr qui revient sur l'élection présidentielle et ses inévitables répercussions sur les fragiles équilibres du paysage audiovisuel :
Quelles sont vos premières
impressions depuis l'élection de François Hollande?
On ne peut pas critiquer ce qu'il
s'est passé ces cinq dernières années dans le paysage télé et souhaiter, tout
d'un coup, que cela se passe aujourd'hui dans l'autre sens, par un vaste
mouvement de balancier, un coup à droite, un coup à gauche. En effet, il est à
souhaiter ardemment que ce que l'on a vu avec François Mitterrand, en 1981, puis Nicolas Sarkozy, depuis 2007,
s'arrête définitivement.
Je suis atterré quand je lis sous la plume de Franz-Olivier Giesbert qu’Édouard Balladur, alors Premier ministre, le menaça, un jour, de révéler des
détails de sa vie privée. Le tout afin que Le Figaro - que FOG dirigeait alors - soutienne sa campagne pour
la présidentielle! Tout cela fait frémir et nous renvoie à des pratiques que
j'espère révolues.
Espérons simplement que François
Hollande ne succombera pas à ce qu'on observe déjà et qui est un drame
français: le spectacle affligeant de ces
insupportables numéros de courtisanerie qui suivent toute élection
présidentielle.
Et François Hollande?
On nous dit qu'il veut déconnecter
les médias du pouvoir politique: espérons qu'il aille au bout de sa démarche et
de ses propos. Car ce qui se passe
aujourd'hui à France Télévisions, avec à sa tête un homme désigné par l'ancien
président de la République, rejaillit sur l'ensemble d'une profession et sur
l'ensemble des comportements.
C'est ainsi qu'années après années,
au gré des différentes majorités politiques, les journalistes se mettent
invariablement dans le sens du vent, avec l'espoir de prendre le moment venu la
bonne vague. Ce n'est pas un sillage politique, ni le signe d'une adhésion
quelconque à une idéologie ou à un homme, - hier, Nicolas Sarkozy, aujourd'hui,
François Hollande -, mais plutôt un réflexe d'opportunisme.
Finissons-en avec ce bal des courtisans.
Si l'on veut faire virer tous les Elkabbach de la planète, il faut faire partie, tantôt du "Sarkotour", tantôt du "Hollandotour". Beaucoup vont "à la soupe" et reproduisent d'haïssables et mêmes réflexes. J'ai trop vécu 1981 à Europe 1 et ses coupeurs de têtes pour me méfier de ces périodes nauséeuses.
Si l'on veut faire virer tous les Elkabbach de la planète, il faut faire partie, tantôt du "Sarkotour", tantôt du "Hollandotour". Beaucoup vont "à la soupe" et reproduisent d'haïssables et mêmes réflexes. J'ai trop vécu 1981 à Europe 1 et ses coupeurs de têtes pour me méfier de ces périodes nauséeuses.
Beaucoup insistent à cet égard sur
la lucidité de François Hollande...
Je pense que l'homme n'est pas dupe
des numéros d'allégeance de tel ou tel journaliste et qu'il se gardera de
rentrer dans la cuisine des chaînes. Tous ceux qui le connaissent vous diront
qu'il a le souci de l'équité et de l'indépendance.
Rémy Pflimlin incarne tout ce qui doit disparaître.
Si je me suis amusé à taper sur Rémy Pflimlin, c'est
justement parce qu'il incarne tout ce qui doit disparaître: cette génération de
dirigeants qui font carrière à coup de réseaux et d'antichambres.
Je me souviens avoir entendu Nicolas Sarkozy me dire à son propos et en
tête à tête: "Ce qu'il y a de bien avec Pflimlin, c'est qu'il fait tout ce
que je lui demande et en plus, il se tait!"
L'absurde, dans cette bataille entre
Nicolas Sarkozy et les médias, c'est qu'elle a totalement obscurci le débat sur
le bilan réel de ce dernier. C'est la
célèbre loi physique que m'a rappelé en pleine campagne Jacques Attali: tout
système contraint finit par exploser.
C'est ainsi que Rémy Pflimlin doit disparaitre, non pas comme la marque
d'un basculement du pays à gauche, mais comme le signe symbolique d'une
indépendance retrouvée. Et ne pensez pas que tout ce que je
dis là relève d'une posture destinée à me remettre en selle à France Télés! Dans le but de m'amadouer, Pflimlin m'avait
proposé une dizaine d'émissions, que j'avais refusée, au nom d'un principe: on
ne m'achète pas!
Espérons enfin que cette élection de Hollande sera également l'occasion de
mettre fin aux réflexes de copinage qui perdurent, autant du côté des
journalistes, que des dirigeants de chaînes et des producteurs. Il y en a marre
de ces gens qui sont prêts à toutes les compromissions, à tous les gestes
d'allégeance, pour un hochet, une légion d'honneur ou des heures de programme!
Quels sont vos projets?
Je vais mettre fin à ma collaboration avec Paris
Première, malgré de délicieuses relations avec les gens qui font cette chaîne.
Il m'est devenu impossible d'animer un rendez-vous d'information, dit sérieux,
sur Radio Classique, et me retrouver, en fin de semaine, à présider un
"dîner" que Thierry Ardisson inventa. Pour que ce programme
fonctionne bien, il faudrait en faire un rendez-vous "people-trash",
ce que je ne sais pas faire. Ce n'est pas mon goût, ni mon avenir.