Si vous n'aviez le temps que de lire, Monsieur le Président de la République, une seule publication sur l'état de déliquescence dans lequel se retrouve la télé publique, ce sera celle publiée le 29 janvier dernier par Philippe Kieffer.
Dans un article époustouflant de pertinence et de justesse, le journaliste et producteur audiovisuel spécialiste des médias, y présente une photographie saisissante, 28 mois après l'arrivée de Pflimlin à la tête de France Télévisions, de l'état de délabrement dans lequel se trouve à présent plongée la télé publique sur fond de jeu de chaises de chaises musicales mais aussi du reniement total qui vient de se "jouer" sur place.
Le blog CGC Média qui dénonce, article après article (*) depuis plus e deux ans et demi, cette casse organisée de la télé publique mais aussi l'étau dans lequel se retrouvent coincés les milliers de femmes et d'hommes qui y travaillent avec en point d'orgue, dernièrement, la vaste fumisterie managériale (que certains ont même oser qualifier de révolution alors qu'il ne s'agit que d'un tour de passe où on prend les mêmes et on recommence à une ou deux exceptions près) avec des posts comme:
(*) entre autres
"Et rebelote, Pflimlin rejoue les victimes et tire sur l’État actionnaire, TF1, la concurrence, son prédécesseur et à peu près tout le reste !"
"Pflimlin est cuit ! Sa poussiéreuse « feuille de route » réactivée à chaquefois, ne convainc plus."
"« France Télévisions donnerait des gages à l'exécutif » !!!! Il ne s’agit là que d’une vaste fumisterie et d’un énorme écran de fumée…rien d’autre !"
vous propose donc de lire avec attention ce formidable papier et par conséquent d'intervenir pour éviter un naufrage qu'il est plus que temps d'empêcher, celui du formidable outil qu'est encore la télévision publique qui ne s'en relèvera pas si rien n'est fait.
Ne laissez pas Monsieur le Président de la République: les "3P+A" (Pflimlin, Patino, Papet + Ajdari) abimer plus avant la télé publique...
Ils sont là depuis 28 mois tous ensemble dans une même équipe, aucun de ceux -là ne pouvant se prévaloir de quoique soit à titre individuel...c'est donc ensemble qu'ils devront en tirer les conséquences. Tous dans un même panier sans exception, malgré ce qu'en disent certains conseilleurs qui voudrait certes avoir le dernier mot mais qui au bout du compte ne seront probablement pas les payeurs.
Ils sont là depuis 28 mois tous ensemble dans une même équipe, aucun de ceux -là ne pouvant se prévaloir de quoique soit à titre individuel...c'est donc ensemble qu'ils devront en tirer les conséquences. Tous dans un même panier sans exception, malgré ce qu'en disent certains conseilleurs qui voudrait certes avoir le dernier mot mais qui au bout du compte ne seront probablement pas les payeurs.
Lisez donc cette remarquable analyse de Philippe Kieffer "Audiovisuel Public: le coup de l'État permanent" et libérez la télé publique de cette emprise destructrice, en lui donnant le souffle VRAIMENT NOUVEAU dont elle a désespérément besoin.
Audiovisuel Public: le coup de l'État permanent
MÉDIAS - Tous les habillages de communication n'y
feront rien, il sera difficile de faire passer la manœuvre à laquelle vient de se livrer le président de
France Télévisions pour autre chose que ce qu'elle est: un jeu de massacre
sur ses propres troupes, et un tour de passe-passe politique qui serait sans
importance s'il ne menaçait de prochains déboires la nouvelle structure mise en
place.
Pour ceux qui auraient manqué le début de ce
nouvel épisode de la palpitante série "Avanies à France Télévisions",
rappelons que ce sont quatre directeurs des chaînes du service public qui se
voient simultanément évincés au profit d'un espoir numérique montant, Bruno Patino.
L'homme providentiel du jour sédimente déjà sur
son agenda la direction de France
5, celle de toute l'activité numérique de FTVi, mais
aussi, accessoirement, la direction d'un master de journalisme à Sciences Po
et, depuis peu, un rôle dans une mission (d'initiative gouvernementale) chargée
de réfléchir à une réforme des aides à la mort douce et prolongée de la presse
écrite.
Bruno Patino devra donc essayer de trouver un
quart d'heure dans ses semaines d'homme pressé pour se demander, aussi, quoi
faire d'un groupe audiovisuel public de cinq chaînes et dix mille salariés en
perte de vitesse. Encore que, pour un homme bien organisé... dix minutes
peuvent suffire.
Officiellement, c'est au nom d'une nouvelle
efficacité de gestion des programmes et des finances que Rémy Pflimlin sacrifie
ceux qui étaient jusque-là ses patrons de chaînes. Des hommes et femmes dont il
vantait ponctuellement mérites et professionnalisme depuis son arrivée...
Officieusement, c'est
"sauve-qui-peut!"
Car le problème, ici, ce n'est pas tant que le
président Pflimlin estime nécessaire de se séparer de dirigeants qui n'ont pas
su faire évoluer France Télévision sous sa présidence. Non. Le vrai problème c'est que ce président ne sache pas pousser la
pertinence du jugement qu'il porte sur ses directeurs jusqu'à son aboutissement
logique: s'inclure lui-même dans cette liste de cadres à remercier.
Mais non. Rémy Pflimlin préfère lâcher
ses directeurs que son poste.
Puisque c'est fait, il faut bien en déduire qu'il
ne s'est trouvé personne d'assez charitable ou perspicace, auprès de lui, pour
l'informer de la funeste logique induite par un geste aussi maladroit. Personne
pour lui rappeler que ce genre d'opération commando, supposée mobilisatrice
pour les équipes, ne peut se pratiquer avec succès qu'à la faveur d'un
"état de grâce". Soit en arrivant au pouvoir, soit en surfant sur
d'incontestables succès. À ces conditions seulement (ici loin d'être
réunies), il est possible de justifier ou d'atténuer la violence métaphorique
d'une liquidation d'équipe.
Mais surtout, de deux choses l'une. Ou bien France Télévisions est
l'entreprise dynamique et performante dont se revendiquait Rémy Pflimlin depuis
trois ans, et auquel cas rien ne justifie d'en faire passer les dirigeants à la
trappe. Ou bien ça va très
mal au point de devoir guillotiner tout un collège de directeurs et, dans ce cas,
personne ne comprendra que celui qui en était le chef s'exonère de la
responsabilité qui est la sienne dans cette situation.
De mauvais esprits (ça existe) pourraient aussi
remarquer qu'il s'agit là de transformer profondément, radicalement, et la
lettre et l'esprit du schéma que Rémy Pflimlin avait vigoureusement soutenu, au
moment de sa nomination, en audition publique, devant le CSA.
À rebours de ce qu'avait pratiqué son
prédécesseur (Patrick de Carolis, qui avait octroyé les pleins pouvoirs sur les
programmes des chaînes à son bras droit, Patrice Duhamel) il avait alors prôné
que seule une délégation de pouvoir à des directeurs de chaînes, confortés en
véritables "patrons" de leur antenne, permettrait de donner un
nouveau souffle au service public.
C'est à un
reniement complet de cet engagement qu'on assiste avec l'évacuation des
directeurs et l'intronisation de Bruno Patino en "néo-Duhamel".
C'est le retour à une centralisation périlleuse, et la mise en place d'un
"guichet unique" pour les programmes qui ne veut pas dire son nom. Il
sera intéressant, au passage, de voir comment le CSA et son nouveau président, Olivier Schrameck, ignoreront,
valideront, ou contesteront ce revirement décidé sans la moindre concertation en interne...
Plus immédiatement, le signal envoyé aux
personnels de France Télévisions ne peut en aucun cas les rassurer. Comment
faire confiance, demain, à un "président" dont chacun sait maintenant
qu'il n'hésitera pas, pour "durer" un peu plus longtemps, à vous
sacrifier sur l'autel des accommodements à faire avec le pouvoir?
Car il faut savoir, et là réside l'aspect le plus
équivoque de l'épisode en cours, que le scénario en est écrit avec la
collaboration de ces forces vives de la réflexion sur l'audiovisuel
contemporain que sont l'Élysée, Matignon, et la rue de Valois réunis. Trio de
choc d'un État qui, c'est juré, "ne se mêle plus d'audiovisuel". Un
pouvoir qui n'avait pas de mots assez durs pour stigmatiser
"l'interventionnisme" public et brouillon de Nicolas Sarkozy dans les
médias...mais qui procède aujourd'hui, dans l'opacité, avec le même
sans-gêne. Gérant à sa manière un service public dont il ne sait ni que faire
ni comment continuer à le financer.
N'ayant pas su profiter de son "état de
grâce" (quand il y en eut un, ou presque, en juin dernier) pour affirmer
sa volonté de changement, ce pouvoir en est réduit à devoir composer. Contraint
à "coproduire" le hasardeux "coup d'État" auquel on assiste
là. En association avec un président de France Télévisions qui, se sachant plus
toléré que désiré dans son mandat, sait aussi se servir de cette ambiguïté
comme d'un atout.
L'inertie, les divisions, et l'impréparation
socialiste sur l'audiovisuel public ont offert un espace à Rémy Pflimlin pour
les prendre à revers. Ce qu'il fait. En adoubant celui de son entourage qui
présentait le meilleur profil gauche-compatible, et en faisant du même coup
partager tous les risques de cette opération à l'État demandeur.
D'où l'ascension soudaine de Bruno Patino,
"professionnel" dont la démonstration d'une aptitude à régénérer les
programmes des chaînes publiques reste à établir, mais qui présente l'avantage
de satisfaire, à défaut de les enthousiasmer, des socialistes manifestement
ignorants de l'urgence où est France Télévisions de se voir proposer un avenir
plutôt qu'un arrangement entre faux amis.
En décimant ainsi le staff directorial sur lequel
il s'appuyait jusque-là, et en
propulsant si haut l'ambitieuse et providentielle inexpérience de Bruno
Patino, Rémy Pflimlin vient de montrer jusqu'où il est permis, dans un système
audiovisuel aussi vermoulu et biaisé que le nôtre, de se hisser sur son propre
échec pour préparer celui des autres.
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