Le papier du
« Huffington Post » signé Philippe Kieffer n’a pas dû plaire à
Patino…mais alors pas du tout !
Dans un article publié le 23 octobre dernier intitulé « France-télé
sans vision », Philippe
Kieffer le Journaliste
et producteur audiovisuel spécialiste des médias qui le signe, pose une des
questions essentielles « Pourquoi jamais un mot sur la coresponsabilité de
Bruno Patino ?» dans la catastrophe industrielle sans précédent que
connait France Télévisions depuis l’arrivée de Pflimlin nommé par Nicolas
Sarkozy à l’été 2010 et qui trouve son nadir
avec la nomination de Patino comme numéro 2 chargé des programmes.
« Pas un mot sur la coresponsabilité de Bruno Patino qui en septembre
revendiquait haut et fort, dans une interview au Monde, son ambition de "faire monter en gamme" et de
"sortir de sa zone de confort" le service public, en
proclamant : "Je suis très heureux du choix de Sophia Aram, c'est un
risque totalement assumé". » écrit Philippe Kieffer.
Patino que
la Presse donnait, il y a peu comme le probable successeur de Pflimlin à France
Télévisions ou encore, très récemment, comme le remplaçant de Jean-Luc Hees à
la tête de Radio France – tout cela en passant un peu vitre
sur l’avis du CSA qui récupèrera, la loi prochainement adoptée, son pouvoir de
désignation comme de révocation – a dû fulminer à la lecture dudit papier le
mettant directement en cause.
Selon nos
informations, les deux hypothèses ne seraient de toute façon plus d’actualité.
Qu’a donc fait
Patino depuis qu’il a été nommé en janvier 2013 par Pflimlin comme son
« premier dauphin » pour redresser les audiences et booster les
programmes ?
Il convient, en essayant de trouver désespérément la réponse, de se
souvenir des nombreux autres articles sortis sur le personnage : du « Nouvel homme fort de FTV » au
« Zorro des programmes », le
téléspectateur allait voir ce qu’il allait voir…. attention les yeux !
Au final, le téléspectateur qui paie 6€ de redevance en plus cette
année, n’a rien vu du tout; bien au contraire….à part une succession de
bides !
Depuis le 16
septembre d’ailleurs, avec « JITVB » présenté par Sophia Aram, un
talk-show sans concept qui devait décortiquer l’actu en direct sur le ton de l’humour (quelques jours après son lancement, elle
allait être enregistrée, perdant donc sa raison d’exister !) - rendez-vous
dont le coût à l’unité oscille par jour entre 70.000€ et 90.000€ et qui ne
fait que 3% d’audience en moyenne - il
ont pu se rendre compte du désastre les
quelques téléspectateurs qui restent .
Philippe Kieffer écrit également dans « le Huff » : « Bruno
Patino, est propulsé directeur général des programmes du groupe. Seul problème,
trois fois rien, la connaissance et l'expérience audiovisuelle de Bruno Patino
sont inversement proportionnelles à l'expertise qui est la sienne pour la
presse écrite et le numérique. »
Et journaliste d’ajouter, histoire d’expliquer
l’inexplicable « Les mauvais
résultats s'accumulant...Pflimlin éjecte Philippe Vilamitjana un homme qui
connait la télé (quand bien même ses choix sont discutables) considéré comme seul et unique responsable
de l'échec Aram, afin d’en protéger
un autre qui la connaît moins (Bruno Patino), mais qui lui sert de
"joker" et de "pare-feu" politique... »
Bing, ça au moins c’est dit !
Le blog CGC Média propose donc à
ses fidèles lecteurs de découvrir l’article précité « France-télé
sans vision » :
« La chose ne saute pas aux
yeux, considérant l'insuccès mérité des nouveaux programmes de France
Télévisions, mais Rémy Pflimlin (président d'une entreprise et d'un échec de
plus en plus "uniques") est un homme qui travaille d'arrache-pied
pour l'avenir et la science des médias. Le jour où des sociologues du futur
tenteront de comprendre comment, par quel enchaînement d'erreurs et de mauvais
choix le service public de la télévision aura pu s'affaiblir à ce point, il
leur suffira de se référer à l'édifiante "présidence Pflimlin".
Tout y est : la nomination par défaut (ce ne devait pas être Pflimlin, mais Bompard),
le credo "jeuniste" en guise de stratégie passe-partout (on allait
voir la cure de jouvence sur le public sexagénaire de FranceTélé ! C'est
tout vu.), la constitution d'équipes dirigeantes qui n'en sont pas et,
meurtrier corolaire de ce qui précède, le sacrifice à répétition de collaborateurs
dont la valeur et la fonction de "fusible" va en s'amenuisant.
Dernier règlement de compte en
date : l'exécution sommaire du quatrième directeur des programmes de
France 2 (Philippe Vilamitjana) en moins de cinq ans. Rémy Pflimlin dévore ses
directeurs un peu plus vite que Cronos ses enfants, mais c'est nettement moins
divin. Dans le genre bain de sang pixellisé, la série télé "Pflimlin"
n'a rien à envier à "Dexter". Elle commence même à pencher un peu du
côté de "Hannibal".
Une lecture biaisée de la situation
voudrait que Philippe Vilamitjana soit "tombé"
sur l'échec de l'émission de Sophia Aram (l'ironiquement bien titrée :
Jusqu'ici tout va bien). L'ampleur de la contre-performance de l'animatrice a
bien sûr contribué à cette éviction. Mais elle ne l'a certainement pas
provoquée. Voilà déjà des mois, pour ne pas dire des années, qu'il y a du
"tirage" dans l'attelage directionnel de France Télévisions. N'ayant
pas su constituer une équipe homogène et rassemblée autour d'un projet novateur
et partagé, Rémy Pflimlin navigue à vue depuis trop longtemps. Mais sa vue,
comme ses audiences, baisse...
En sursis perpétuel, ni désiré ni
rejeté, médiocrement accepté (par l'État comme par ses collaborateurs) et
malheureusement pour lui incapable du coup d'éclat ou coup d'État interne qui
lui aurait fait prendre, aux yeux des salariés du groupe qui en attendaient un,
la dimension d'un président d'audiovisuel public volontariste, quitte à se
trouver en conflit avec sa "tutelle", il a voulu, il veut toujours,
la "jouer" politique.
Second choix de Sarkozy, Rémy
Pflimlin n'est que toléré par un François Hollande qui n'a jamais eu la moindre
idée - ni le moindre intérêt - pour ce qu'il conviendrait de faire en faveur
d'un service public souhaité à nouveau fort. Son premier ministre, sa ministre
de la Communication et ses conseillers n'en ayant pas davantage que lui, les
chaînes publiques ont du souci à se faire.
Pour le président de France
Télévisions, une gestion politique des choses, en lieu et place d'une véritable
réflexion sur les programmes, le public, et la "mission" d'un service
audiovisuel du même nom, c'est le plus sûr moyen de tout perdre : la
confiance des salariés du groupe (c'est fait) celle des directeurs survivants
(c'est en bonne voie), et celle des téléspectateurs (les programmes s'en
chargent au jour le jour). Ceux d'entre eux que les émissions anxiolytiques de
France 2 n'ont pas encore rendus comateux se souviendront peut-être qu'il n'y
pas six mois le même Rémy Pflimlin avait déjà liquidé la quasi-totalité d'une
équipe de direction au nom de la "modernité", de
"l'efficacité", d'une gestion plus "rationnelle".
Il s'agissait alors de faire place
nette pour une valeur supposée montante et adoubée par la gauche : Bruno Patino, propulsé directeur général
des programmes du groupe. Seul problème, trois fois rien, la connaissance et
l'expérience audiovisuelle de Bruno Patino sont inversement proportionnelles à
l'expertise qui est la sienne pour la presse écrite et le numérique. D'où
le maintien d'un Philippe Vilamitjana, ex-poids lourd de l'équipe Carolis et
grognard de la télévision d'hier (celle brevetée école de
"Thalassa") sachant faire fonctionner, à sa manière, la machinerie de
ce Titanic flottant sur la redevance.
Les mauvais résultats
s'accumulant... Exit Vilamitjana, considéré comme seul et unique responsable de
l'échec Aram.
Pas un mot sur la coresponsabilité de Bruno Patino qui en septembre
revendiquait haut et fort, dans une interview au Monde, son ambition de "faire monter en gamme" et de
"sortir de sa zone de confort" le service public, en
proclamant : "Je suis très heureux du choix de Sophia Aram, c'est un
risque totalement assumé".
Assumé de très-très loin, alors,
sans doute, puisque, au nom de l'adage local qui veut qu'on ne change pas
totalement une mauvaise équipe perdante, Rémy Pflimlin éjecte un homme qui
connaît la télévision, Philippe Vilamitjana (quand bien même ses choix sont
discutables) pour en protéger un autre
qui la connaît moins (Bruno Patino), mais qui lui sert de "joker"
et de "pare-feu" politique...
Les choses auraient pu en rester là,
et nous aurions pu voir arriver une directrice ou un directeur des programmes
confirmé pour succéder à Philippe Vilamitjana. Mais non. Surtout pas ! Pas
question d'aller chercher des talents qui risqueraient de réussir. Il est vrai, aussi, que les candidats au
suicide assisté sur la place audiovisuelle publique se raréfient.
Tant qu'à échouer, autant le faire à
fond et mettre tous les atouts de son côté.
Voilà comment et pourquoi est nommé
à la place de Philippe Vilamitjana, un journaliste, Thierry Thuillier par
ailleurs déjà en charge de la direction générale de l'information (un poste qui
lui laissait beaucoup de temps libre, faut-il croire.) Le voilà doté d'un moignon de poste de directeur des programmes de
France2 puisqu'il sera essentiellement chargé des fins d'après-midi. Autrement
dit, jamais à court d'idées improbables, Rémy Pflimlin et Bruno Patino, en
Laurel et Hardy de la mauvaise farce où s'enlise France Télévisions, inventent
la direction de programmes en kit, par morceaux. La direction d'antenne en
pièces et hommes détachés.
Comment Thierry Thuillier a-t-il pu
accepter une proposition aussi surréaliste que vouée à l’échec ?
Mystère. Mais mystère qui n'est rien à côté de celui par lequel perdure le
pouvoir de ceux qui la lui ont faite. »