Le
19 février 2014, le blog CGC Média publiait un post intitulé "La
télé trash du binôme Patino/Razon voulue par la ministre Aurélie Filippetti sur
fond de "Gogole World Bordello". Il était question comme le
titre l’indique clairement de la dérive trash de la chaîne dite chaîne « Jeunesse » et de ce que
beaucoup qualifient aujourd’hui de « crétinisation
du jeune public ».
L’article
débutait ainsi « Lors de sa dernière
conférence de Presse, Patino le numéro
deux de Pflimlin, avait annoncé juste avant de virer Sandrine Roustan des
programmes de France 4, qu’il allait réinventer la télé !
Les débuts de cette "nouvelle
chaîne jeunesse", c’était pour janvier 2014….on allait voir ce qu’on
allait voir ! … on n'a toujours
RIEN vu ; ou plutôt
si : du trash, en veux-tu, en voilà. »
Le blog CGC Média y dénonçait la soi-disant programmation
au nom de code donné par Boris Razon directeur éditorial de la chaine et par ailleurs toujours directeur
transmédia du groupe mais aussi proche de Patino : le "Gogol World
Bordello", ou "le cri de ralliement, celui de la nouvelle
offre de la chaîne jeunesse en soirée, celui d'une génération lassée du style
trop policé de la télévision, de ses plateaux ordonnés, de son humour digeste
et du spectacle scénarisé du monde".
Razon ajoutait « ce
nouveau programme, devra raconter chaque soir "avec jubilation le
monde nouveau et déglingué dans lequel ils vivent
avec un esprit "libre, frondeur, peu respectueux de la parole
des institutions et des médiateurs.....un monde en crise, à la fois morale et politique, et en profonde
mutation après les errements d'un modèle libéral peu respectueux des individus
et de leur environnement ".
Le 31 mars, France 4 a lancé sa nouvelle formule. Six mois après, le bilan n'est guère brillant: chute de l'audience de -20% et chute des recettes publicitaires de -48%.
Au second trimestre, la part d'audience est tombée de 1,9% à 1,5%.
Dans le même temps, les recettes publicitaires brutes ont chuté de moitié,
selon la pige effectuée par Kantar (¤
voir tableau publié par BFM BUSINESS).
Revers prévisible
Ces difficultés ne sont pas surprenantes car
la nouvelle formule a fait plusieurs paris.
Premier pari: cibler deux publics
différents sur le même canal et avec la même marque. Précisément, la chaîne
vise les enfants en journée, puis les jeunes adultes en soirée.
Un
tel choix est assez rare dans l'histoire de la télévision. On se
souvient de la cohabitation sur un même canal d'Arte et de la Cinquième,
ou de Canal J et Jimmy. Mais dans ces cas-là, deux marques
différentes étaient utilisées, ce qui permettait de bien identifier chacun des
demi-programmes...
Surtout,
une telle rupture plombe assez logiquement l'audience. Traditionnellement,
une chaîne cherche plutôt à augmenter son audience au cours de la journée en
additionnant successivement plusieurs publics.
Du coup, à force d’essayer de courir deux lièvres à la fois, on rentre bredouille de la chasse…Autrement dit, le « repositionnement de France 4 en, soi-disant laboratoire bicéphale est un véritable fiasco…seuls marchent à peu près, les programmations que Sandrine Roustan avait décidées et qui n’ont pas été arrêtées histoire de ne pas torpiller encore plus la chaîne qu’elle ne l’est déjà.
"Punk et transgressif"
Comme si cela ne suffisait pas, les
programmes du soir ont fait simultanément un second pari: proposer des
programmes d'avant-garde, appelés aussi "nouvelles
écritures" dans le jargon du service public. La chaîne revendique
"un ton original, libre, voire irrévérencieux", en "n'hésitant
pas à choquer parfois". Le ton se
voulait même "punk et transgressif", selon un document interne
définissant le projet.
Mais moult de ces programmes ont fait des bides spectaculaires.
A commencer par « Tokyo reverse »
[voir
l’article du blog CGC Média à ce sujet] qui inaugurait la nouvelle
formule, diffusé de 20h45 à 6 heures du matin, qui a réuni 21.000 spectateurs
en moyenne, soit 0,2% d'audience, selon Mediametrie.
Autre bide: Droit devant, un jeu dans les rues de Montpellier diffusé en
première partie de soirée en mai, qui a convaincu à peine 211.000 spectateurs
(0,9%). Et surtout, Studio 4.0,
diffusé tous les jours à 20h15, qui proposait des vidéos venues du net, mais
qui n'a attiré que 46.000 curieux (0,2%).
"Mes pires expériences sexuelles"
"Les
dirigeants de France 4 commettent une erreur que font souvent des novices en
télévision: faire des programmes qui satisfont leur goût personnel, et pas
celui d'un large public", relève un salarié.
Et encore, France 4 (qui dispose d'un
budget d'environ 40 millions d'euros) a mis à la poubelle des projets encore
plus avant-gardistes, comme World
bordello gogol, une quotidienne qui devait être diffusée de 20h15 à
21h50 avec au menu: un esprit "libre, frondeur, peu respectueux de la
parole des institutions et des médiateurs", dénonçant "les errements
d'un modèle libéral peu respectueux des individus..." Et de citer comme
exemple de thème: "le râteau
sexuel, récit personnel et complexé des pires expériences sexuelles".
« Le râteau » - que le terme est bien choisi – il est pour Pflimlin avec ses choix qui décrédibilisent totalement la télé publique et les déclinaisons « antenne » du groupe.
L’équipe que Pflimlin a mise en place est complètement
discréditée comme il l’est lui-même.
Il n’y qu’à
reprendre pour s’en convaincre les
propos que Patino a tenus lors d'un point presse le 9 juillet dernier que
relaie BFM : "Le tassement de
l'audience de France 4 résulte d'un effet mécanique quand vous changez de
positionnement, mais l'audience se reconstitue ensuite. On devrait très vite
retrouver le niveau antérieur" et de prétendre que "l'audience progressait sur certaines cibles avec précisément,
la part d'audience sur les 4-10 ans qui a triplé en journée en un an, pour
atteindre 6,6% lors des premières semaines de juin et l'audience sur les 15-34
ans qui atteint 2,4% en moyenne, avec une augmentation de +10% en prime time entre le 1er et le 2ème
trimestre 2014."
Ben voyons !!!!!! Même un enfant
de cm2 pourra vous dire que ça ne colle pas…La concordance des temps fait
défaut au trio Pflimlin/Patino/Razon
comme le public tout confondu (petits et plus grands) fait défaut depuis mars
2014 à la chaîne « punk, transgressive et
trash» de la télé publique payée avec l’argent du contribuable.
(¤ tableau publié par BFM BUSINESS).
Les chiffres clés
Audience (part d'audience sur les 4 ans et plus)2009: 1,1%
2010: 1,6%
2011: 2%
2012: 2,1%
2013: 1,8%
1er trimestre 2014: 1,7% (=)
2e trimestre 2014: 1,5% (-0,4 point)
3e trimestre 2014: 1,7% (-0,1 point)
Recettes publicitaires brutes (en millions d'euros)
2010: 19,9
2011: 24,2
2012: 29,2
2013: 27
1er trimestre 2014: 4,6 (-32%)
2e trimestre 2014: 3,9 (-48%)
Recettes publicitaires nettes (en millions d'euros)
2010: 10,6
2011: 12,1
2012: 13
2013: 12
Source: Mediametrie, Kantar, France Télévisions
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