lundi 6 octobre 2014

Les coulisses du 20h de France 2 qui recevait pendant une quarantaine de minutes le candidat à la présidence de l'UMP.

Tout le monde n'a pas forcément en mémoire, l'article du "Nouvel Obs" d'avril 2013 qui révélait que Nicolas Sarkozy revenant sur le choix de Pflimlin pourtant nommé par lui à l'été 2010 alors qu'il quittait Presstalis en situation de quasi faillite, avait lancé "lors d'un déjeuner avec une demi-douzaine de créateurs "Je suis d'accord avec vous, je mes suis bien planté en le choisissant" .
 
 
 
Pour illustrer son article, le magazine avait d'ailleurs choisi une photo de Pflimlin accompagné de son "financier" de l'époque, pour l'heure toujours directeur de cabinet de Fleur Pellerin  après avoir été pendant 4 mois celui d'Aurélie Filippetti, Martin Ajdari qui comme Pflimlin est toujours sous statut de témoin assisté dans le cadre de l'instruction judiciaire menée par Renaud Van Ruymbeke concernant le volet audiovisuel de l'affaire Bygmalion après avoir notamment signé dès octobre 2010 plusieurs contrats avec les sociétés de Bastien Millot ,  notamment ceux pour "le suivi courrier téléspectateurs 2011" (Convention du 01/10/10 à 6.000€ HT par mois sur 12 mois soit 72.0000€ HT annuels) ou/et encore "la veille internet 2011" (Convention du 01/10/10 à 7.500€ HT par mois sur 12 mois soit 90.0000€ HT annuels) dont le "Le Canard enchaîné"  (24/04/13) révélait l'ampleur.
 
Comme si cela ne suffisait pas, voila que l'Express.fr dans sa rubrique "Immédias" signée Renaud Revel, publie un nouvel article intitulé "Médias et journalistes: Sarkozy sur le sentier de la guerre".
 
Au cas où nos assidus lecteurs l'aurait raté, le blog CGC Média vous propose de découvrir ces quelques lignes sur les coulisses du JT de 20 heures présenté par Laurent Delahousse qui recevait, ce dimanche 21 septembre, l'un des 3 candidats à la présidence de l'UMP à qui il réservait - excusez du peu - une quarantaine de minutes d'antenne sans du reste que ce dernier l'épargnât pour cela :

"La scène s’est déroulée à France Télévisions, le 21 septembre dernier, à quelques minutes de l’intervention de Nicolas Sarkozy sur le plateau de Laurent Delahousse. Entouré du PDG de France Télés et de quelques cadres et journalistes de cette même maison, l’ancien chef de l’Etat, qui n’était pas le plus détendu des hommes ce soir-là, , lança à cet aréopage tout en vrillant du regard celui qu’il avait lui-même nommé en 2009 à la tête de ce groupe: « N’allez surtout pas croire que je suis venu ici pour vous! Et encore moins pour France 2, vu l’état de cette chaine…»
 
C’est donc cela le «nouveau » Sarkozy ? Celui que son entourage s’emploie à nous dépeindre jour après jour, refait à neuf, apaisé, rasséréné, zen, sous Prozac, bref revenu de tout. Il n’avait pourtant pas attendu un quart d’heure avant de dégoupiller, remonté comme un ressort contre cette profession qu’il admoneste et ne cesse de brocarder. Même Delahousse en a pris pour son grade en privé, une fois l’émission terminée, malgré les déploiements d’attention de ce dernier à son endroit.

 Mais le plus frappant depuis quelques jours, c’est l’emballement médiatique qui accompagne le retour aux affaires et en première ligne de l’ancien chef de l’Etat. D’aucuns rapportent que la ronde des journalistes faisant le pied de grue la mine mendiante aux portes de ses bureaux, a repris de plus belle. Comme en 2007, quand le « sarko-show » battait son plein. Comme en 2007, ceux qui lui dressaient d’invisibles trépieds ont retrouvé le chemin de son confessionnal, où le susnommé distille confidences et vacheries. A sa remorque, les chaînes d’infos n’ont pas trouvé mieux que de retransmettre en direct son premier meeting dans le nord. Et celui de ce soir, en banlieue parisienne, voit le Paf se mobiliser.


Ainsi et comme en 2007, encore, Nicolas Sarkozy réussit la prouesse de fixer l’agenda médiatique d’une profession aimantée, en lévitation : des médias anticipant sans aucune prise de distance, ni nuance, l’hypothèse d’un retour aux affaires d’un homme qui les a allègrement piétiné cinq années durant. Et dont chacune des petites phrases ou annonces sont immédiatement répercutées par les chaînes. Dans le plus pur style d’un journalisme de gouvernement qui accepte une servitude contraire aux principes même de ce métier.

A medias faibles ou sous influence, clergé fort: qu’il est triste d’observer le bal des courtisans et l’irrépressible attraction qu’opère cet homme auprès d’une profession en dévotion : une corporation amnésique, atteinte d’une même myopie mimétique.

Il s’en passe de drôles depuis quelques semaines : des sondages désobligeants pour l’intéressé, auxquels on évite de faire référence dans les journaux de 20 heures ; des enquêtes sur ses déboires judiciaires remisées à plus tard, par crainte de déclencher sa colère, et des convocations auxquelles on répond sans se poser la question des risques d’instrumentalisation de la par d’un responsable politique lancé à l’abordage de l’UMP.

 
Capter l’écoute, la bienveillance et le regard, construire une sphère de communauté d’intérêts et de relations mutuelles, verrouiller le Paf et faire le tri entre le bon grain et l’ivraie: l’homme sait faire. Passé maitre en la matière, il applique les mêmes méthodes qu’il y a cinq ans. Ayant contrôlé les médias et ses cages d’ascenseur, – décapitant PPDA à TF1, nommant Rémy Pflimlin à France Télévisions, dont il a adoubé en coulisses, avec son cardinal Claude Guéant, une partie de l’équipe dirigeante, l’homme se sent aujourd’hui, comme hier. C’est-à-dire en droit d’exiger quelques retours de ces mêmes ascenseurs.

On pensait notre démocratie, la classe politique, média-dépendante, soumise à ce nouveau pouvoir spirituel, émanant de cette société de l’image. Que nenni. Dans un sidérant renversement des rôles, un homme politique  a réussi en bientôt dix ans à inverser les rôles. Si dans la pub, le client est roi, en politique, Sarkozy fait la pluie et le beau temps, toujours en tête de gondole pour une classe médiatique maraboutée,  et avec laquelle il entretient une relation paranoïaque et binaire.

Sarkozy et les médias? Une forme moderne d’absolutisme.

Concurrence et donc alignement vers le bas, recherche de l’audience  maximale…les médias semblent avoir de nouveau réglé leurs montres sur une horloge unique: « Sarko», cet homme dont chacune des sorties voit les équipes de télés rappliquer au quart de tour. En sera-t-il de même pour les meetings d’Alain Juppé ou de Bruno Lemaire? On attend de voir….

Nous revoilà revenus à l’époque où la campagne du candidat à la présidentielle de 2007 procédait d’un «storytelling», ( un comte de faits) parfaitement maitrisé.


A trop tutoyer un homme politique, on perd en distance et objectivité  nous expliquent les déontologues. Mais à trop tutoyer les journalistes, Nicolas Sarkozy a fini par les considérer comme ses obligés.

Cette logique d’un présidentialisme, (qu’il soit élyséen, ou demain, peut-être, à l’UMP), n’est pas compatible avec le respect du pluralisme de l’information et de la nécessaire indocilité des journalistes.

Un jour prochain, on s’étonnera que nous ayons toléré si longtemps cette situation, qui n’a aucune équivalence dans les autres grandes démocraties. Elle interroge sur notre propre soumission à cette simplification politique qui épuise et assèche la démocratie. Qui disqualifie notre profession."

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