Michel
Field le monsieur de l’Info défié à France Télé mais immédiatement conforté par l’ex Orange, est aujourd'hui désavoué de toutes parts.
Dans un article tellement vrai, signé
Alexandre Le Drollec, intitulé « Michel
Field : le jeu des 7 erreurs » le
magasine dresse le portrait sans concession de celui qui a essuyé, il y a
quelque semaines, une
motion de défiance à 65% des journalistes qui se sont exprimés.
Il semble que jusqu’au château le « divorce » soit consommé. Le blog CGC Média vous propose de découvrir au cas où vous l’auriez raté, l’article de « l’Obs » :
"Décisions contestées, communication désastreuse, fronde des rédactions… Six mois seulement après sa nomination, le patron de l'information de France Télévisions apparaît plus que jamais fragilisé.
Il semble que jusqu’au château le « divorce » soit consommé. Le blog CGC Média vous propose de découvrir au cas où vous l’auriez raté, l’article de « l’Obs » :
"Décisions contestées, communication désastreuse, fronde des rédactions… Six mois seulement après sa nomination, le patron de l'information de France Télévisions apparaît plus que jamais fragilisé.
Le
compte à rebours est enclenché. Dans très exactement trois mois, à savoir le
1er septembre à 18 heures précises, France Télévisions lancera sa chaîne info
en continu sur le web, puis sur la TNT. L'aboutissement d'un vaste chantier
ouvert par Delphine Ernotte-Cunci du groupe audiovisuel public,
dès sa prise de fonctions en août 2015. Cette chaîne doit être son grand œuvre,
le point d'orgue de sa présidence. Pour mettre en musique ce projet forcément
sensible à moins d'un an de la présidentielle, la timonière de l'audiovisuel
public a choisi de propulser en décembre dernier - à la surprise générale - Michel Field à la tête de l'information de France
Télévisions.
Ecrivain, agrégé de philo, animateur
passé par à peu près toutes les antennes du PAF (LCI, Europe 1, etc.) et doté
d'un solide réseau politique à gauche comme à droite, Field est alors « la »
surprise du chef. Éphémère directeur de France 5, il a davantage le profil de
l'intello germanopratin, hédoniste, brillant et cultivé, que celui du manager
pur et dur prêt à mettre les mains dans le cambouis de la machinerie
extraordinairement complexe du paquebot France Télé. Sa nomination étonne donc
les observateurs. Mais, en interne, après cinq années de règne Thierry Thuillier,
elle n'est pas immédiatement perçue comme un mauvais signal.
Seulement voilà, Field apparaît
aujourd'hui fragilisé, six mois seulement après sa prise de fonctions. Celui
qui devait fédérer ses troupes et réformer en profondeur l'information a
complètement raté ses débuts. Le 19 avril dernier, les rédactions de France 2,
France 3 et du site francetvinfo ont adopté à une très large majorité (65 %) une motion de défiance contre leur nouveau patron. A la
veille d'une rentrée qui s'annonce délicate, l'homme a perdu la confiance de
ses équipes et vu sa marge de manœuvre se réduire comme peau de chagrin. Il a
fait, dit-on dans les travées de France Télé, toutes les erreurs qu'il ne
fallait pas faire. Nous en avons relevé sept.
# 1. LE DILETTANTISME
"Une
machine infernale", "des journées de quinze heures", "des tonnes de réunions" et
"des tas d'emmerdements
qui vous tombent dessus toutes les dix minutes"… A en croire
les prédécesseurs de Michel Field interrogés par "TéléObs", diriger
l'information de France Télévisions n'est pas une sinécure. Le secteur pèse
lourd dans la maison : 2 500 cartes de presse, une palanquée d'éditions
nationales et régionales, des rédactions pléthoriques… C'est à la fois le
centre de gravité de l'entreprise et un véritable casse-tête pour ses
gouvernants. "Pour
exister et faire tourner la machine, il faut bosser comme un malade ,
atteste un ancien dirigeant. Or,
si Field est incontestablement un créatif, il travaille en dilettante. Refaire
le monde pendant des heures dans des salles de réunion enfumées ne suffit
pas." Une ancienne camarade confirme : "Field est un intello, un artiste. Mais
son problème est simple, il ne bosse pas."
# 2. UNE COMMUNICATION
DÉSASTREUSE
Le 10 avril dernier, Field est
l'invité du "Supplément" d'Ali Baddou sur Canal+. Tout en déconnade
et en décontraction, l'ancien trotskiste assure le show. Le mouvement de grève
initié à France Télé par des opposants à la fusion des rédactions de France 2
et France 3 ? "Comme
disait Jacques Chirac, ça m'en touche une sans faire bouger l'autre." L'avenir
de Nicolas Poincaré aux commandes du magazine "Complément d'enquête"
? "Nicolas, si tu nous
écoutes, ne te suicide pas tout de suite." Sa prestation
crispe les équipes de France Télévisions qui, pour une partie d'entre elles,
hurlent aussitôt au "mépris"
et à la "désinvolture".
Serge Cimino, délégué SNJ : "Quand
il est interrogé sur un grand média, un directeur de l'info doit respecter ses
salariés et surveiller son langage. C'est la base. Thuillier, avec qui on s'est
beaucoup battus, n'a jamais fait d'erreur de communication de cet ordre-là.
Field, lui, s'est cru au bistrot avec des potes."
# 3. LE FIASCO
"DIALOGUES CITOYENS"
Le 14 avril, France 2 accueille sur
son antenne le grand oral présidentiel : 90 minutes d'interview de François
Hollande par David Pujadas, Karim Rissouli et Léa Sa-lamé. Mais, en coulisses,
le baptême du feu du patron de l'info vire au cauchemar. La préparation de
l'émission est entachée de sérieux doutes, et Field, tancé pour son manque
d'indépendance vis-à-vis de l'exécutif. Au cœur de la controverse, le retrait
d'une déléguée Force Ouvrière et d'un agriculteur de la liste du panel de
Français chargés de questionner le chef de l'Etat. Une décision dictée "sous la pression de l'Elysée",
éructent les syndicats maison. Polémique ou pas, ce "Dialogues
Citoyens" est un bide : 14,3 % de part d'audience contre 19,4 % pour la
série "Falco" programmée en face par TF1. Moins d'une semaine plus
tard, les rédactions de France 2, France 3 et francetvinfo adoptent la motion de
défiance contre Field. Quand ça ne veut pas…
# 4. L'ISOLEMENT
"Seul,
à ce poste, on ne peut rien" , affirme Arlette Chabot, qui
a occupé la fonction pendant six ans sur France Télévisions (2004-2010). Tous
les patrons de l'information se sont appuyés sur des fidèles lieutenants, des
cadres efficaces. Jean-Luc Mano, directeur de l'info au milieu des années 1990
durant les années Elkabbach : "Dès
mon arrivée, j'ai fait rentrer une trentaine de personnes. Beaucoup venaient de
TF1. Il fallait des résultats rapides, j'ai constitué une équipe soudée et
loyale. C'est indispensable." Aujourd'hui, Michel Field, venu
à France Télé accompagné de son assistante, Sonia Djallali, apparaît isolé.
"Bunkérisé" ,
affirment ses détracteurs. "Il
avait peu d'amis. Aujourd'hui, il en a encore moins" , glisse
l'un d'eux. Il peut néanmoins compter sur le soutien de sa présidente, Delphine
Ernotte, qui lui a renouvelé sa confiance.
# 5. L'OPPOSITION DES
SYNDICATS
Confidences d'un ex-membre de la
direction de l'information : "Les
négociations avec les syndicats sont certes un jeu de rôle et de filouteries,
mais elles sont primordiales pour survivre. Et si vous ne disposez pas d'appuis
stratégiques, vous êtes foutus." Field, animé des meilleures
intentions du monde à son arrivée, annonçant notamment qu'il recevrait chaque
mois les instances syndicales et représentatives des journalistes, a vu ses
relations avec les syndicats se refroidir nettement. Au point de parvenir à
cristalliser sur sa personne le mécontentement de tous. Un reporter : "Il ment tout le temps. Field est
capable de dire tout et son contraire dans la même phrase. Clairement, la
confiance n'existe plus."
# 6. LE PARI RATÉ DE
L'EXTERNALISATION
Michel Field avait pourtant un plan,
une idée géniale pour redynamiser l'info de France 2. Ecourter une fois par
semaine, le JT de David Pujadas et proposer, à 20h15, un nouveau rendez-vous
politique hebdomadaire présenté par Karim Rissouli et coproduit par Renaud Le
Van Kim ("le Grand Journal"). Tollé immédiat à France Télé où la
tradition veut que les magazines politiques soient intégralement fabriqués en
interne. Field finira par reculer. "J'ai
entendu les demandes de la rédaction de maîtriser pleinement les émissions
politiques et j'y souscris. Je renonce à ce projet. Je m'appuie sur le service
politique de France
Télévisions" , expliquera-t-il au "Parisien".
"Recourir à des
solutions extérieures est souvent mal perçu en interne, analyse un
cadre de la maison. Ça
crispe et suscite inévitablement des jalousies."
# 7. L'ÉCHEC DE LA MISSION
PACIFICATION
En six mois, Field a réussi à se
mettre à dos une partie de la rédaction de France 2, agacée par les
épisodes de "Dialogues Citoyens" et ce projet - avorté - de magazine
politique produit par Le Van Kim. Quant aux équipes de France 3, réputées
frondeuses, elles restent courroucées par le projet de fusion des rédactions.
Pour ramener un peu de calme dans la maison, Delphine Ernotte est sortie du bois et a demandé à Alain de Chalvron, ex-correspondant à Pékin, de jouer les Casques bleus. Sa mission : réaliser un rapport sur les relations de travail à l'information et proposer des solutions d'amélioration. Chalvron doit livrer ses conclusions début juin. Field est-il pour autant en danger ? "S'il a de bonnes idées, il restera , analyse l'un de ses prédécesseurs. Il a, pour l'instant, le soutien à la fois de sa direction et de l'autorité de tutelle. C'est l'essentiel. Mais le jour où l'autorité de tutelle dira : “Balayez-moi tout ça”, là… il sera rattrapé par le principe de réalité."
Pour ramener un peu de calme dans la maison, Delphine Ernotte est sortie du bois et a demandé à Alain de Chalvron, ex-correspondant à Pékin, de jouer les Casques bleus. Sa mission : réaliser un rapport sur les relations de travail à l'information et proposer des solutions d'amélioration. Chalvron doit livrer ses conclusions début juin. Field est-il pour autant en danger ? "S'il a de bonnes idées, il restera , analyse l'un de ses prédécesseurs. Il a, pour l'instant, le soutien à la fois de sa direction et de l'autorité de tutelle. C'est l'essentiel. Mais le jour où l'autorité de tutelle dira : “Balayez-moi tout ça”, là… il sera rattrapé par le principe de réalité."
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