jeudi 13 avril 2017

Catherine Lemorton présidente PS de la commission des affaires sociales à l’Assemblée : les révélations de Médiapart qui empoisonnent son candidat Benoit Hamon.



Catherine Lemorton présidente PS de la commission des affaires sociales à l’Assemblée : les révélations de Médiapart qui empoisonnent son candidat Benoit Hamon.
Comme s’il n’y avait déjà pas suffisamment d’affaires dans "cette campagne 2017 qui sent mauvais" (dixit François Hollande  à Franz-Olivier Giesbert dans l’interview qu’il lui donne à paraître dans « L’Obs » du 13 avril), voilà que Médiapart dans une enquête particulièrement étayée et documentée, lance un nouvelle fois l’alerte.
Chacun se souvient de l’affaire dite Cahuzac que le titre de Presse avait révélé et qui avait pourri – n’ayons pas peur de mots – les premiers mois du quinquennat Hollande…il y en a eu d’autres depuis des affaires mais celle nouvelle-ci vaut tout de même son  pesant de cacahuètes.
Catherine Lemorton présidente PS de la commission des affaires sociales à l’Assemblée nationale – attention, tout est quasiment là – a « dû embaucher sa propre fille, Léa Lemorton, dans le cadre d'un contrat à durée déterminée du personnel en renfort…après  avoir  viré une collaboratrice en maladie.»
Il semble que du côté PS l’affaire soit prise très au sérieux.

Pour Benoit Hamon qui déclarait publiquement s’agissant de l’enquête préliminaire sur les emplois des filles de Bruno Le Roux éphémère ministre de l’Intérieur "L’exemplarité s’applique à tous. Qu’il est difficile de demander une règle pour les uns et qu’elle ne s’applique pas aux autres…Nous avons aujourd’hui une forme de soupçon qui pèse sur la classe politique et la vie politique tout entière. Il faut pouvoir lever le soupçon et c’est souvent mieux de le faire en prenant des décisions, difficiles, j’imagine, brutales…", l’affaire semble très sérieuse et entendue.

Le premier Secrétaire du PS pourrait donc très rapidement « prendre la décision, difficile et brutale » de retirer Catherine Lemorton l’investiture du parti pour les législatives 2017.

Et comme le dit Médiapart qui cite  cette ancienne assistante administrative qui vivra quelques hauts et beaucoup de bas avec la députée (sic) : « Comme employeur, elle était minable. Elle est censée représenter le peuple. Mais je suis le peuple. Et il faut voir comment elle se comporte. Elle ne mérite pas le mandat qui lui est confié. ». 

Qu’ajouter à cette redite de la position du candidat PS à la magistrature suprême ?! « Elle ne mérite pas le mandat qui lui est confié. Elle est censée représenter le peuple mais le peuple, c’est nous ! »Surement pas ses proches et sa famille !

Le blog CGC Média vous propose de découvrir un extrait de la très longue et édifiante enquête menée par Michaël Hajdenberg pour "Médiapart" mise en ligne il y a quelques jours le 7 avril dernier, intitulée « La présidente de la Commission des affaires sociales de l'Assemblée licencie des assistants en arrêt maladie » 

Extrait :

« Catherine Lemorton (PS) est la présidente de la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale.


Cela ne l’a pas empêchée de licencier à deux reprises des assistantes parlementaires en arrêt maladie. D’autres parmi ses anciens collaborateurs ont été humiliés. Et choqués par le comportement d’une députée, chantre de la transparence, qui n’hésite pas à faire profiter ses enfants de l’argent public.

Toulouse (Haute-Garonne), envoyé spécial.- Catherine Lemorton est une députée réputée pour son bagout et son sens de la répartie. Quand il s’agit de parler de sa relation avec ses assistants parlementaires et de son rapport à l’argent public, elle préfère pourtant se réfugier dans le silence. Elle n'a pas retourné nos multiples appels.

Le 16 mars, elle ne s’était déjà pas présentée à l’audience des prud’hommes de Toulouse, lors de laquelle il lui était reproché d’avoir licencié une assistante en arrêt maladie.


Plus gênant encore : selon notre enquête, c’est la deuxième fois que la présidente de la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale licencie de la sorte. Nous avons également retrouvé plusieurs de ses anciens assistants qui ont été choqués voire traumatisés par les méthodes de la députée. Mais là non plus, l’élue de Haute-Garonne, toujours prompte à promouvoir la transparence et à dénoncer les « patrons voyous », n’a pas souhaité nous répondre….


Véronique Dufor, elle, ne rechigne, pas à s’exprimer. À 44 ans, elle a envie que tout le monde connaisse le vrai visage de celle qui l’a employée pendant huit ans, avant de la licencier….Avec le recul, elle juge que son premier jour, en septembre 2007, était prémonitoire. « Il était prévu que je remplace à 9 heures quelqu’un qui n’était pas encore informé de son licenciement. » 

Véronique, son ancienne assistante administrative vivra quelques hauts et beaucoup de bas avec la députée. « Comme employeur, elle était minable. Elle est censée représenter le peuple. Mais je suis le peuple. Et il faut voir comment elle se comporte. Elle ne mérite pas le mandat qui lui est confié. »…
 
Médiapart qui publie la lettre de licenciement surréaliste adressée à Véronique, ajoute « embauchée le 1er septembre 2007, les soucis physiques commencent en novembre 2014, avec des douleurs aiguës au coude, qui s’aggraveront de mois en mois. En mars 2015, elle est arrêtée une première fois. Elle revient. Puis est de nouveau arrêtée trois mois. Après ses congés du mois d’août, elle n’est toujours pas en mesure de reprendre, est à nouveau mise en arrêt maladie, et, le 27 août 2015, reçoit une convocation en vue d’un licenciement : «… Comme je vous l’ai exposé, vos absences répétées et prolongées perturbent le fonctionnement de la permanence, il est nécessaire de pourvoir à votre remplacement pérenne. » 

Une autre ancienne assistante parlementaire, Lamia, a versé à l'audience un témoignage sur l’honneur. Catherine Lemorton aurait annoncé à ses assistants qu’elle avait déjeuné avec le directeur de la CPAM et qu’il allait faire casser l’arrêt [maladie, ndlr]. Contacté, le directeur dément. Il explique que Catherine Lemorton lui a bien parlé du dossier mais au sujet d’une question purement technique, « la demandee subrogation. Je n’ai pas le souvenir qu’elle m’ait demandé quoi que ce soit d’autre ».

Quoi qu’il en soit, les conseillers prud'homaux doivent avant tout répondre à une autre question : le licenciement est-il irrégulier car sans cause réelle et sérieuse ? Selon l'article L. 1132-1 du Code du travail, aucun salarié ne peut en effet être sanctionné ou licencié en raison de son état de santé.

Licencier pendant un arrêt maladie n’est pas absolument impossible, selon la jurisprudence. Mais l’employeur doit alors établir « la perturbation du fonctionnement de l’entreprise », et le fait qu’il doive impérativement remplacer le salarié de manière définitive. 

En 2011 déjà, Catherine Lemorton avait licencié une de ses assistantes pendant un arrêt maladie de plusieurs mois. Cette assistante-là, « choquée », n’avait pas eu la force d’attaquer la députée, et six ans plus tard, elle se dit encore trop « traumatisée » pour raconter son histoire. 

Véronique Dufor avait assisté, impuissante, à ce licenciement. Quand cela lui est tombé dessus à son tour, elle a décidé de ne pas se laisser faire. « Car où est la preuve de la perturbation de la structure ? » demande Me Claude Yéponde, qui ne voit pas quel problème insoluble posait l’absence de sa cliente. À l’appui de sa démonstration, il cite des SMS de Catherine Lemorton, qui prend des nouvelles de son assistante et l’encourage à bien se reposer pendant les premiers mois de son congé : le 16 mars 2015 : « Si tu dois continuer à te reposer, tu n’hésites pas. Tu fais prolonger ton arrêt de travail » ; le 8 juin : « Ne te prends pas la tête ! Tu t’arrêtes autant que nécessaire et on s’organise. Bisous » ; le 24 juin, « Pas de problème. On organisera l’équipe en fonction. »…. 

Du matériel informatique pour la famille aux frais du contribuable 

Cependant, Catherine Lemorton n’explique pas pourquoi il était impossible de recourir à un contrat à durée déterminée. D’autant qu’il était de toute façon prévu qu’en octobre 2015, soit un mois plus tard, Véronique parte pour un an en formation…


Par ailleurs, la seconde condition pour pouvoir licencier un salarié pendant son arrêt maladie consiste à l'avoir remplacé « dans un délai raisonnable et de façon pérenne ». Or Catherine Lemorton a bien embauché un nouveau contrat à durée indéterminée (CDI), mais seulement trois mois plus tard, en décembre 2015. 

Pour tenter de démontrer un dysfonctionnement de la permanence en l’absence de Véronique Dufor, Catherine Lemorton fait valoir qu’elle a notamment dû embaucher du personnel en renfort, en l’occurrence sa propre fille, Léa Lemorton, dans le cadre d'un contrat à durée déterminée, du 1er avril 2015 au 31 mai 2015. 

En pleine affaire Fillon, l’emploi familial fait sourire les conseillers prud'homaux. 

Médiapart qui publie également des documents probants comme la facture de l'achat d'ordinateur du 14 janvier 2014 et le courrier de Catherine Lemorton au trésorier de l'Assemblée nationale pour se faire rembourser sur son compte IRFM l'ordinateur, ainsi qu’une des fiches de paie de Léa Lemorton, précise « Plusieurs anciens assistants parlementaires nous ont confirmé le fait qu'à une époque, Catherine Lemorton avait justifié l’embauche de sa fille par le fait qu’elle était « perdue », qu’il fallait lui donner des « repères » et que ce contrat lui permettait de se « raccrocher à quelque chose ». 

Au fil de notre enquête, nous nous sommes rendu compte qu’il n’y avait pas que lors de cette embauche que Catherine Lemorton s’était servie de sa fonction d’élue pour avantager des membres de sa famille. Bien qu’elle ait voté en 2012 un amendement en faveur de la transparence sur les frais de représentation des députés (tout comme son collègue Pascal Terrasse, épinglé sur ce sujet par Mediapart), ses anciens assistants reprochent à la députée de s’être servie de l’argent public pour des dépenses qui n’avaient rien à voir avec l’exercice du mandat.

Ainsi, chaque député peut piocher dans une enveloppe pluriannuelle de plusieurs milliers d’euros destinés à couvrir ses dépenses en équipements informatiques. Mais comme le montrent certaines notes tapées ou manuscrites auxquelles nous avons eu accès, Catherine Lemorton a profité de ce budget pour acheter du matériel à ses filles (ordinateurs, téléphones portables, etc.), avant de se le faire rembourser sur son compte d'indemnités représentatives des frais de mandat (IRFM)… 

Catherine Lemorton n’est certes pas la première députée à fournir un emploi à l'un de ses enfants. Ni à détourner l’argent public de son objet initial à des fins privées. Est-ce pour autant une excuse ? « Quand on a fait de la transparence et de l’éthique son cheval de bataille, on doit le mettre en application au quotidien », juge Lamia, qui a été son assistante pendant plus de quatre ans…. »

Surtout lorsqu’on s'est fait nommer à la Présidence de la Commission des affaires sociales à l’Assemblée Nationale et qu’on ose briguer un nouveau mandat parlementaire de représentation du Peuple….et ce sera le mot de la fin.



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