M6 diffuse ce 17 mars « Objectif Zéro Chômeur : l’incroyable histoire d’une entreprise pas comme les autres » le documentaire signé Marie-Monique Robin que France Télés a voulu charcuter !
Ou comment depuis l'été 2015 la télé publique descend de plus en plus bas jusqu'à toucher le fond...Histoire d'un documentaire d'utilité publique dont la télé publique n'a plus voulu !
Ce samedi 16 mars avait lieu
la 26ème édition du festival international du grand reportage
d’actualité et du documentaire de société, le FIGRA dont le débat portait cette année
sur la question la question « Documentaire: œuvre ou produit ? »
Ou comment depuis l'été 2015 la télé publique descend de plus en plus bas jusqu'à toucher le fond...Histoire d'un documentaire d'utilité publique dont la télé publique n'a plus voulu !
« Documentaires, magazines, reportages :
l’écriture originale d’une œuvre passe aujourd’hui de plus en plus souvent par
le moule du formatage. Même introduction-résumé, même type de voix, même
montage rapide, même musique au mètre. Les films doivent respecter ce standard
imposé par les diffuseurs pour plaire au plus grand nombre, et le téléspectateur
a l’impression de regarder toujours le même style de film.
Ces œuvres sont-elles encore originales ? Leurs auteurs sont-ils encore
considérés comme des auteurs, ou plutôt comme de simples prestataires, des
fabricants de produits commerciaux, entre deux écrans publicitaires ? Est-ce
l'art du standard ou le standard de l’art ? » furent les thèmes abordés et
animés par Lise Blanchet,
journaliste et administratrice
de la Scam.
Ce rendez-vous annuel à donné à Marie-Monique Robin l’occasion de lever le
voile sur l’histoire
malheureuse de son documentaire que France Télévisions qui l’avait signé a voulu charcuter (*) et qui finalement sera diffusé dimanche 17 mars à
21h par M6, sous le titre « Objectif Zéro Chômeur :
l’incroyable histoire d’une entreprise pas comme les autres ».
Marie-Monique Robin journaliste d'investigation et récompensée à de nombreuses reprises entre autres lauréate du prix Albert-Londres, qui distingue tous les ans un journaliste francophone de moins de quarante ans, n'a probablement jamais du connaître une telle situation!
Ce film suit
la création à Mauléon (79) d’un nouveau dispositif social expérimental, qui
permet de recruter en contrat à durée indéterminée les chômeurs de longue
durée. Filmée par M2R Films sur plus
de trois ans, l’«entreprise à but
d’emploi» prend corps, alors que les personnages se transforment en
quittant la précarité et en contribuant à créer leur activité. Autour d’eux,
tout un territoire bénéficie de leurs services, et toute une population est
appelée à se mobiliser autour de ce projet de solidarité.
Le 13 Septembre 2018, Emmanuel Macron dans son discours sur la pauvreté a annoncé l’intention du gouvernement d’étendre l’initiative « Territoires zéro chômeur de longue durée »…plus de 150 territoires sont candidats à cette extension.
Le tournage de « L’Affaire de Tous » (titre alors provisoire) débute en avril 2015. Les chaînes nationales que M2R Films démarche, habituellement si promptes à regretter publiquement le manque d’investissement des producteurs, soulignent les risques de l’entreprise vis-à-vis d’un processus législatif qui n’est alors pas totalement à son terme. Pas d’engagement tant que la loi n’est pas votée et pas d’engagement tant que l’entreprise à but d’emploi n’est pas créée à Mauléon (elle a été lancée début 2017).
Le 13 Septembre 2018, Emmanuel Macron dans son discours sur la pauvreté a annoncé l’intention du gouvernement d’étendre l’initiative « Territoires zéro chômeur de longue durée »…plus de 150 territoires sont candidats à cette extension.
Le tournage de « L’Affaire de Tous » (titre alors provisoire) débute en avril 2015. Les chaînes nationales que M2R Films démarche, habituellement si promptes à regretter publiquement le manque d’investissement des producteurs, soulignent les risques de l’entreprise vis-à-vis d’un processus législatif qui n’est alors pas totalement à son terme. Pas d’engagement tant que la loi n’est pas votée et pas d’engagement tant que l’entreprise à but d’emploi n’est pas créée à Mauléon (elle a été lancée début 2017).
La
loi d’expérimentation
territoriale visant à résorber le chômage de longue durée a été définitivement adoptée le 29 février 2016 à
l’unanimité des deux chambres.
Après
que la chaîne régionale du réseau France 3 ait accepté un projet de 52 minutes avec
un apport majoritairement en industrie, « Envoyé
Spécial » manifestera son intérêt pour le projet, longtemps après au
printemps 2018).
Chacun
imagine alors la fierté des producteurs et de toute l’équipe qui pensent ainsi pouvoir associer l’antenne régionale et
l’antenne nationale du groupe France Télévisions sur un thème de portée régionale certes mais plus encore nationale…C’est
là pourtant que les choses vont commencer à se gâter !
Depuis
l’été 2015, la légendaire complémentarité
dont les dirigeants de France Télés rabattent à longueur de temps les oreilles
des représentants de la Nation, des politiques mais aussi et surtout de téléspectateurs-contribuables
a quasiment disparu des chaines de France Télévisions. Si par une diffusion régionale
et plus largement nationale, la télé publique peut ainsi toucher différents publics
avec quelques adaptation pour passer de l’un à l’autre avec des objectifs
rédactionnels légèrement différents – éventuellement deux versions adaptées an
tant que de besoin – aucune des deux chaînes ne souhaitera faire de concession sur sa
priorité de diffusion !
Il aurait probablement été souhaitable
de fournir un dico aux responsables des deux antennes d’une même télé publique qui
n’ont visiblement pas la même compréhension du terme
« complémentarité », toujours est-il – l’incompatibilité une fois actée – c’est le choix de la case « Envoyé Spécial » qui sera fait.
Non sans avoir exigé de visionner les rushes au préalable, « Envoyé Spécial »
valide ce pré-achat à la mi-avril 2018.
Le premier visionnage (début juillet de la même année) va être l’occasion pour le magazine, d’adresser de nombreuses remontrances sur la forme qui déboucheront alors sur une deuxième version, surchargée en commentaire, qui sera présentée fin août. Si bien qu’à cette époque, après un nouveau visionnage, « Envoyé Spécial » fait savoir à l’équipe qui a bossé dur pour finaliser « nous ne sommes plus très loin du but ».
« Plus très loin du but » pour France Télévisions, ce doit être comme pour complémentarité, ça doit avoir un sens caché que les producteurs et l’équipe n’ont pas dû saisir d’emblée. Imaginez leur tête, lorsqu’après avoir fourni un fichier vidéo, à la demande d’« Envoyé Spécial », lorsque trois semaines plus tard ils vont recevoir une liste écrite de 60 remarques critiques de tous ordres qui vont de la modification de quelques mots pour certaines jusqu’à d’autres qui remettent en cause des séquences complètes.
Il s’agissait globalement selon nos informations, de faire disparaître complètement du sujet la parole des élus et des acteurs sociaux qui portaient l'expérimentation.
Le premier visionnage (début juillet de la même année) va être l’occasion pour le magazine, d’adresser de nombreuses remontrances sur la forme qui déboucheront alors sur une deuxième version, surchargée en commentaire, qui sera présentée fin août. Si bien qu’à cette époque, après un nouveau visionnage, « Envoyé Spécial » fait savoir à l’équipe qui a bossé dur pour finaliser « nous ne sommes plus très loin du but ».
« Plus très loin du but » pour France Télévisions, ce doit être comme pour complémentarité, ça doit avoir un sens caché que les producteurs et l’équipe n’ont pas dû saisir d’emblée. Imaginez leur tête, lorsqu’après avoir fourni un fichier vidéo, à la demande d’« Envoyé Spécial », lorsque trois semaines plus tard ils vont recevoir une liste écrite de 60 remarques critiques de tous ordres qui vont de la modification de quelques mots pour certaines jusqu’à d’autres qui remettent en cause des séquences complètes.
Il s’agissait globalement selon nos informations, de faire disparaître complètement du sujet la parole des élus et des acteurs sociaux qui portaient l'expérimentation.
Si certaines remarques pouvaient
être entendues, un peu plus de moitié d’entre elles étaient intégrées, les autres
à l’évidence pouvaient être ressenties comme une forme de censure voire une entorse à la vérité et ne pouvaient donc
trouver réponse favorable. Il s’agissait par exemple, d’insérer des
commentaires redondants afin d’exposer les
personnages dans leur intimité - alcoolisme de l’un, veuvage d’un autre - alors
qu’ils le font déjà eux-mêmes. Il s’agissait aussi de commencer le film par
un « résumé » ou « teaser ». Plus généralement encore, il
était question d’un commentaire omniprésent qui en aurait rajouté sur la stupidité et l’inculture du public. Chacun
imagine la tête des responsables du Doc, face à des demandes plus que discutables.
Sans répondre sur le fond aux divers
arguments écrits qui lui seront adressés, « Envoyé
Spécial » demandera dès lors une troisième version avec toutes les
modifications.
Début octobre 2018, l’équipe recevra un dernier mail qui, tout en manifestant son insatisfaction, exigera
que le film soit livré après quatre nouvelles et ultimes correctifs (dont le respect impératif de la durée
contractuelle de 52 minutes, alors que la troisième version était de 54’
30). Faisant appel à leur presta ire en post-prod, ils vont donc réaliser le PAD
(Prêt à Diffuser) à leurs frais (près de 15.000€) et attendre dans la foulée l’attestation technique…Ils ne la recevront évidemment jamais.
Il faudra attendre le 11 décembre
2018, une réunion organisée à la demande de la production, pour comprendre que
cette livraison était une manœuvre qui permettait à « Envoyé Spécial »
d’acculer la production à l’alternative suivante: soit le film ne sera jamais diffusé, soit la réalisatrice devra
accepter un remontage par leurs soins…
En échange de quoi la version de son choix pourra également être
diffusée dans une case documentaire de France Télévisions.
De bien belles méthodes en vérité
qui pourraient se résumer ainsi :
contrevenir au droit moral de l’auteur et
pousser le producteur vers la faillite.
Au cours de cette réunion où le cynisme a semble-t-il prévalu, il est apparu assez clair qu’il n’était guère possible de continuer ainsi à discuter. Toute discussion avec les responsables d’« Envoyé Spécial » qui avaient exigé cette kyrielle de modifications au seul nom du prime time, devenait inutile.
Au cours de cette réunion où le cynisme a semble-t-il prévalu, il est apparu assez clair qu’il n’était guère possible de continuer ainsi à discuter. Toute discussion avec les responsables d’« Envoyé Spécial » qui avaient exigé cette kyrielle de modifications au seul nom du prime time, devenait inutile.
La réalisatrice loin de se résigner
à voir taillader son œuvre et le producteur n’imaginant pas une seconde être contraint
de fermer boutique, n’avaient d’autre option que de à proposer à une autre
chaine de racheter leur sujet (sauf le PAD indûment commandé) et donc à trouver
un autre diffuseur.
Ce sera « Zone interdite » sur M6, qui accueille avec un grand
enthousiasme ce « documentaire d’utilité publique » pour reprendre
les mots de Télérama (*) dont la télé publique n’a pas voulu !
(*)
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