mardi 21 janvier 2020

Libé se paie l’homme invisible du gouvernement: le toujours ministre de la Culture Franck Riester

Libé se paie l’homme invisible du gouvernement: le toujours ministre de la Culture Franck Riester

Dans un papier signé Annabelle Martella de ce 20 janvier 2020 mis à jour aujourd’hui, Libération se paie Franck Riester avec un titre assez cocasse « Absent à ses propres vœux , Franck Riester en prend pour son grade »


Le blog CGC Média vous propose de découvrir cet excellent papier qui en dit long sur ce que pense une majorité de français du très très  lointain successeur de Jack Lang :

Extrait :

Malgré la défection du ministre, grévistes, syndicats et travailleurs du secteur culturel se sont symboliquement réunis lundi en fin d'après-midi à la Bibliothèque François Mitterrand pour dénoncer l'absence de dialogue avec l'exécutif et maintenir la mobilisation contre la réforme des retraites.

«Trouillard» , «lâche» , «dégonflé» , quolibets et autres noms d'oiseaux n' ont pas manqué ce lundi soir, à l' endroit du ministre de la Culture lors du rassemblement intersyndical (CGT-FSU-SUD-UNSA) des vœux 2020 qui a regroupé plus de 250 personnes devant la Bibliothèque François-Mitterrand vers 18 heures à Paris. 

Il faut dire que l'intéressé brillait par son absence. Vendredi , Franck Riester avait décidé d’annuler la traditionnelle présentation des vœux aux professionnels du secteur . Son ministère s'étant justifié par un commentaire laconique : «Les conditions ne sont pas réunies pour que celle-ci se déroule sereinement.» Peur de se faire chahuter dans un climat social très tendu ? Plus que probable. L' intersyndicale Culture avait annoncé son intention de bousculer quelque peu la cérémonie , pour se faire entendre «sans violence» et «exiger le retrait du projet de réforme des retraites».

Les grévistes de Radio France (299 suppressions de postes prévues par le plan d'économies), bien connus pour avoir fermé le clapet de leur présidente, Sibyle Veil, qui s' apprêtait à présenter ses vœux aux salariés , en chantant le chœur des esclaves de Verdi dans Nabucco , comptaient de surcroît être de la partie. Le ministre a donc préféré ne pas se présenter en terrain hostile : la BNF, lieu où devait se dérouler l'événement fait en effet partie des bibliothèques les plus mobilisées dans le mouvement social avec la Bibliothèque publique d 'information.

Avait-il en tête le cru 2009 sous Christine Albanel, ministre de la Culture de Sarkozy, qui face aux sifflets de 2 500 manifestants rassemblés dans l'Opéra Garnier , avait refusé de donner la parole aux syndicats , prenant la poudre d ' escampette en pleine cérémonie ?

Exfiltration

Quoi qu'il en soit, l'heure ne semble pas au dialogue. Ces vœux pour la culture sans Franck Riester sont bon enfant : chorégraphie sur un air de Francky Vincent - «Vas-y Francky assure , donne des moyens à la culture , vas-y Francky assure, fais donc preuve d 'un peu d ' ouverture» - , punch et bulles de savon , beaucoup regrettent une absence totale d'échange avec le ministre. 

«Il ne répond à aucun de nos courriers, explique Sylvie Lagarde, secrétaire nationale de la CGT culture. Déjà qu'avec Françoise Nyssen, ce n'était pas ça. Alors là, le dialogue est complètement rompu. C'est pourquoi, on voulait l ' interpeller lors de ces vœux.» En plus de la réforme des retraites, les manifestants, dont beaucoup sont bibliothécaires ou employés dans des musées parisiens, ont à cœur de dénoncer la baisse des budgets de la culture qui entraîne suppressions de postes, dégradation des conditions de travail et course effrénée au rendement. Mais aussi la privatisation grandissante des lieux et politiques culturels ou encore la forte présence de sociétés de sous-traitance pour pourvoir les postes d ' agents d'accueil.

Le milieu est pour le moins remonté et ces derniers jours furent en effet particulièrement agités. Vendredi, des grévistes (parmi lesquels beaucoup de présents) ont bloqué les entrées du Louvre sous les hués de visiteurs furibonds tandis que samedi, l'Opéra de Paris, qui entame la plus longue grève de son histoire pour préserver son régime spécial de retraite (l 'établissement essuyant à ce stade une perte de plus de 15 millions d ' euros), a organisé un concert sur son parvis. Sans compter l ' exfiltration du couple Macron des Bouffes du Nord qui valut , cette fois, une réaction du ministre de la Culture, sortant de son silence pour dénoncer «les agissements de quelques militants politiques qui ont voulu perturber une pièce» d'inacceptables». 

Le soir même, Franck Riester posait en revanche tout sourire avec Reed Hastings, PDG de Netflix, lors de l'inauguration des premiers locaux de la plateforme de streaming sur le sol parisien. Même si le ministre compte bien faire monter le niveau d'obligations de financement à la création des plateformes consacrées aux séries et au cinéma à 25%% du chiffre d'affaires, au lieu des 16 %% envisagés initialement,  le hasard du calendrier fait ricaner chez les manifestants . Et leur donne davantage de raisons de poursuivre la mobilisation.

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