vendredi 29 avril 2022

Le projet de fusion TF1/M6 a été accepté par les actionnaires du groupe M6.

Le projet de fusion TF1/M6 a été accepté par les actionnaires du groupe M6.

Les actionnaires du groupe M6 ont validé, ce mercredi, le projet de fusion entre TF1 et M6. Cette dernière créerait une formidable force de frappe au sein de l’audiovisuel français, après que l’Autorité de la concurrence aura rendu sa décision prévue à l’automne.

Bien entendu, l’enjeu publicitaire est énorme…le nouveau groupe pourrait capter près de trois quarts du marché publicitaire mais ce n’est pas le seul angle que devront avoir à l’esprit celles et ceux qui donneront leur feu vert.

« Quels sont les enjeux de telles reconfigurations en termes d’informations et de divertissement ? Sont-elles dangereuses pour le pluralisme de la presse, pilier démocratique ? Outre le versant financier, quel est l’avantage d’une telle fusion pour concurrencer les plateformes ? Quels sont les garde-fous à la disposition de l’Arcom et de l’Autorité de la concurrence pour le projet de TF1 et de M6 ?... » s’interroge L’Obs qui a sollicité l'avis de l’économiste Marianne Lumeau, maître de conférences à l’Université d’Angers et spécialiste de l’économie du numérique pour tenter d’obtenir quelques éléments de réponse.(*)

Étrange paradoxe, cette concentration, intervient au moment où la président de la République parle de supprimer la CPA (ex-redevance audiovisuelle pour le service public) !

Il faut dire qu’en qualifiant la gouvernance de France Télévisons de « Honte de la République », il pensait surement plus à un sursaut qu’à la chienlit abyssale dans laquelle la télé publique a été plongée depuis une bonne demi-douzaine d’années !

(*) Extraits de l’article de L’Obs : «  Fusion TF1/M6 : « L’enjeu majeur, c’est d’arriver à capter l’attention des consommateurs »

Grappiller jusqu’à 75 % du chiffre d’affaires du marché publicitaire. Une fusion entre M6 et TF1 créerait un véritable mastodonte dans l’audiovisuel français. Et les actionnaires du groupe M6 ne comptent pas s’en priver…

La concentration médiatique dans l’audiovisuel semble de plus en plus inéluctable. Pourquoi les chaînes et radios se regroupent-elles ?

Le but est d’être plus concurrentiel face aux grandes plateformes numériques telles Netflix ou Amazon Prime, à trois niveaux : en termes de marché publicitaire, de production audiovisuelle et de développement du streaming. Une fusion des groupes TF1 et M6 aura un impact sur le marché publicitaire hors-ligne [les spots télévisés et radiophoniques, NDLR] mais moins en ligne où Meta et Google sont vraiment en position hégémonique. Netflix parle également aujourd’hui d’introduire la publicité pour pouvoir attirer des nouveaux consommateurs qui ne veulent pas payer d’abonnement alors qu’avant c’était une fin de non-recevoir... Sur le développement de la production audiovisuelle francophone, il peut y avoir une capacité de financement plus importante par la mutualisation et donc, la création de programmes originaux diffusés sur les chaînes et en replay. Enfin sur le streaming, cela va être difficile de concurrencer l’immense catalogue de séries et de films disponible sur Netflix ou Amazon Prime. Sauf peut-être sur la jeunesse avec la puissance de Tfou Max et de Gulli…

La consommation de la télévision est-elle amenée à disparaître au profit de ces géants de l’audiovisuel ?

La suite après la publicité

Les réseaux sociaux numériques sont vraiment rentrés dans les pratiques de consommation des Français. Pour autant, les acteurs traditionnels, et notamment la télévision, n’ont pas disparu. Même chez les plus jeunes. Ils vont - aussi bien pour leurs pratiques informationnelles que pour des consommations de séries ou de films - avoir recourt à une consommation en ligne en différé ou en direct. C’est plutôt la disparition du poste de télévision chez les plus jeunes qui serait à l’œuvre et pas tant une disparition de la consommation des programmes télévisuels.

Outre le versant financier, quel est l’avantage d’une fusion pour concurrencer les plateformes ?

L’enjeu majeur, c’est d’arriver à capter l’attention. On a tous 24 heures dans une journée et on va allouer notre attention à différents médias. Plutôt que de regarder le rapprochement TF1-M6 au prisme du prix ou de la qualité, il faut l’analyser en termes de temps d’attention des consommateurs. Aujourd’hui, le groupe public France Télévisions et Radio France est celui qui concentre le plus d’attention des consommateurs, sauf chez les plus jeunes (18-24 ans) où c’est Meta. Avec la fusion, d’après les simulations, sur l’ensemble de la population, il serait le premier groupe en termes de temps d’attention. Sur les jeunes, il viendrait talonner Meta.

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En ligne, il y a ce que l’on appelle des marchés bifaces. Ils mettent en interaction deux catégories d’utilisateurs : les consommateurs et les annonceurs publicitaires. En général, les grandes plateformes mettent en place des « dark paterns », des designs trompeurs, pour conserver l’attention du consommateur le plus longtemps possible. C’est par exemple le fait de scroller indéfiniment sur les réseaux sociaux. Cela active un biais comportemental que l’on a : la peur de rater quelque chose d’important. Le problème, c’est les comportements addictifs qui en découlent, des questions de réglementation commencent d’ailleurs à émerger sur le sujet…

D’un côté la concentration de ces grands groupes privés s’opère, de l’autre le gouvernement prévoit de supprimer la redevance audiovisuelle pour le service public. Faut-il y voir un danger pour la transmission de l’information ?

Il faut préserver la concurrence, qu’il y ait le plus de médias possible sur le marché. Cela permet de conserver le pluralisme et ainsi, de garantir l’indépendance de l’information. D’abord face au gouvernement. Quand il y a peu de médias et qu’ils sont aux mains du pouvoir, comme en Russie par exemple, l’information est biaisée. Ensuite, cela permet de garantir l’indépendance de l’information face aux lobbies ou encore face aux propriétaires des médias. Là, on peut citer l’exemple malheureux du groupe Vivendi (Canal+ et Europe 1), détenu par Vincent Bolloré, qui semble interagir sur la ligne éditoriale des différents médias qu’il a rachetés.

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Quels sont les garde-fous à la disposition de l’Arcom et de l’Autorité de la concurrence pour le projet de TF1 et de M6 ?

-50% la première année avec Google En choisissant ce parcours d’abonnement promotionnel, vous acceptez le dépôt d’un cookie d’analyse par Google. Pour encadrer cette fusion, il y a la loi du 30 septembre 1986, relative à la liberté de communication. Si TF1 et M6 fusionnent, l’Arcom ne laissera probablement pas le groupe garder toutes ses chaînes de télévision. L’Autorité de la concurrence régule, elle, le marché publicitaire. Elle calculera si cette fusion est souhaitable ou non. »

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