dimanche 14 juillet 2024

L’Arcom va-t-elle refuser de renouveler les fréquences TNT pour C8 et CNews ?

L’Arcom va-t-elle refuser de renouveler les fréquences TNT pour C8 et CNews ?

Alors que l’autorité régulatrice de la communication examine le renouvellement des autorisations de diffusion pour C8 et CNews, les chaînes de télévision contrôlées par Vincent Bolloré après ces élections législatives anticipées sont sur la sellette.

« Demander leur interdiction sur la TNT n’est pas attenter à la liberté d’expression, comme le clament les médias Bolloré. Il s’agit seulement de faire respecter la loi, piétinée depuis de nombreuses années par ces deux chaînes. » écrit Le Club Médiapart dans la tribune que le site média laisse à François Bonnet président du FPL (*), précisant bien que la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus, le blog mis en lumière étant personnel.

(*) Le Fonds pour une Presse Libre (FPL) est un organisme à but non lucratif ayant pour objet de défendre la liberté de l’information, le pluralisme de la presse, l’indépendance du journalisme.

Extraits:

« C’est l’heure de vérité pour l’Arcom qui doit, ce mois-ci, se prononcer sur le renouvellement – ou non  –  de quinze chaînes de la TNT dont les autorisations de diffusion expireront début 2025…

La TNT, ce sont des fréquences publiques, en nombre limité mais accessibles par voie hertzienne partout sur le territoire, et donnée gratuitement par l’État à des opérateurs privés. Seule contrepartie : ces chaînes doivent scrupuleusement respecter un cahier des charges fixé dans une convention négociée entre l’opérateur et l’autorité administrative pour une durée de dix ans.

Ces conventions, qui découlent de la loi de 1986 sur l’audiovisuel, sont donc scrutées de près, bien sûr quand il s’agit de chaînes payantes (Canal+ ou Paris Première, par exemple), mais particulièrement quand il s’agit de chaînes gratuites, donc de médias de masse accessibles partout et par tout le monde.

D’où le débat qui s’est noué ces dernières années sur deux chaînes contrôlées par l’homme d’affaires Vincent Bolloré (via le groupe Vivendi) : C8 et CNews. La première s’est tout entière construite autour des émissions de l’animateur Cyril Hanouna. La seconde (ex-Itélé) est au coude-à-coude avec BFM-TV pour le titre de première chaîne d’information en continu.

Depuis leur rachat par Vincent Bolloré, ces chaînes ont été transformées en porte-voix de l’extrême-droite et mises au service du projet idéologique de « guerre civilisationnelle » de l’homme d’affaires. Plus grave encore, leurs formats (clashs incessants, débats plutôt qu’information, sensationnalisme, fausses nouvelles) et leurs thématiques (insécurité, immigration, faits divers transformés en faits de société, etc.) ont progressivement diffusé dans l’ensemble du système audiovisuel d’information, jusque parfois dans le service public.

Les 10 millions de voix - un score historique - obtenues par le Rassemblement national lors des élections législatives sont venues relancer le débat, nécessaire et légitime, sur la responsabilité des médias dans cette progression spectaculaire de l’extrême-droite, devenu premier parti politique dans notre pays.

Nier cette responsabilité, en soulignant combien il existe bien d’autres coupables, c’est s’aveugler. Les médias de masse gratuits (télés et radios) façonnent largement notre espace public. Ils sont les principaux organisateurs des débats qui traversent la société. Cette fonction sociale leur donne une responsabilité particulière.

D’où la nécessité d’une régulation démocratique par les lois et règlements que l’autorité administrative indépendante chargée de la régulation de la communication audiovisuelle et numérique en France, a la responsabilité de faire appliquer… 

Ce qu’elle n’a fait qu’avec une extrême timidité jusqu’à maintenant. Deux événements l’ont spectaculairement souligné cette année. Le premier est la décision du Conseil d’Etat, saisi par Reporters sans Frontières, qui en février a ordonné à l’Arcom d’établir de nouveaux critères permettant de mesurer le respect du pluralisme au sein de chacune des chaînes diffusées sur la TNT.

Le deuxième est la commission d’enquête parlementaire sur les conditions d’attribution de ces fréquences TNT, dont les auditions et le rapport final ont établi combien l’Arcom était une autorité faible ou hésitante, mal armée face à des opérateurs privés puissants...»






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