L’Arcom va-t-elle refuser de renouveler les fréquences TNT pour C8 et CNews ?
Alors que l’autorité régulatrice de la communication examine le renouvellement des autorisations de diffusion pour C8 et CNews, les chaînes de télévision contrôlées par Vincent Bolloré après ces élections législatives anticipées sont sur la sellette.
« Demander leur interdiction sur la TNT n’est pas attenter à la liberté d’expression, comme le clament les médias Bolloré. Il s’agit seulement de faire respecter la loi, piétinée depuis de nombreuses années par ces deux chaînes. » écrit Le Club Médiapart dans la tribune que le site média laisse à François Bonnet président du FPL (*), précisant bien que la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus, le blog mis en lumière étant personnel.
(*) Le Fonds pour une
Presse Libre (FPL) est un organisme à but non lucratif ayant pour objet de
défendre la liberté de l’information, le pluralisme de la presse,
l’indépendance du journalisme.
Extraits:
« C’est l’heure
de vérité pour l’Arcom qui doit, ce mois-ci, se prononcer sur le renouvellement
– ou non – de quinze chaînes de la TNT dont les
autorisations de diffusion expireront début 2025…
La TNT, ce sont des
fréquences publiques, en nombre limité mais accessibles par voie hertzienne
partout sur le territoire, et donnée gratuitement par l’État à des opérateurs
privés. Seule contrepartie : ces chaînes doivent scrupuleusement
respecter un cahier des charges fixé dans une convention négociée entre
l’opérateur et l’autorité administrative pour une durée de dix ans.
Ces conventions, qui
découlent de la loi de 1986 sur l’audiovisuel, sont donc scrutées de près, bien
sûr quand il s’agit de chaînes payantes (Canal+ ou Paris Première, par
exemple), mais particulièrement quand il s’agit de chaînes gratuites, donc de
médias de masse accessibles partout et par tout le monde.
D’où le débat qui
s’est noué ces dernières années sur deux chaînes contrôlées par l’homme
d’affaires Vincent Bolloré (via le groupe Vivendi) : C8 et CNews. La première
s’est tout entière construite autour des émissions de l’animateur Cyril
Hanouna. La seconde (ex-Itélé) est au coude-à-coude avec BFM-TV pour le titre
de première chaîne d’information en continu.
Depuis leur rachat par
Vincent Bolloré, ces chaînes ont été transformées en porte-voix de
l’extrême-droite et mises au service du projet idéologique de « guerre
civilisationnelle » de l’homme d’affaires. Plus grave encore, leurs
formats (clashs incessants, débats plutôt qu’information, sensationnalisme,
fausses nouvelles) et leurs thématiques (insécurité, immigration, faits divers
transformés en faits de société, etc.) ont progressivement diffusé dans
l’ensemble du système audiovisuel d’information, jusque parfois dans le service
public.
Les 10 millions de
voix - un score historique - obtenues par le Rassemblement national lors des
élections législatives sont venues relancer le débat, nécessaire et légitime,
sur la responsabilité des médias dans cette progression spectaculaire de
l’extrême-droite, devenu premier parti politique dans notre pays.
Nier cette
responsabilité, en soulignant combien il existe bien d’autres coupables, c’est
s’aveugler. Les médias de masse gratuits (télés et radios) façonnent largement
notre espace public. Ils sont les principaux organisateurs des débats qui
traversent la société. Cette fonction sociale leur donne une responsabilité
particulière.
D’où la nécessité d’une régulation démocratique par les lois et règlements que l’autorité administrative indépendante chargée de la régulation de la communication audiovisuelle et numérique en France, a la responsabilité de faire appliquer…
Ce qu’elle n’a fait
qu’avec une extrême timidité jusqu’à maintenant. Deux événements l’ont
spectaculairement souligné cette année. Le premier est la décision du Conseil d’Etat, saisi par
Reporters sans Frontières, qui en février a ordonné à l’Arcom d’établir de
nouveaux critères permettant de mesurer le respect du pluralisme au sein de
chacune des chaînes diffusées sur la TNT.
Le deuxième est la commission d’enquête parlementaire sur
les conditions d’attribution de ces fréquences TNT, dont les auditions et le
rapport final ont établi combien l’Arcom était une autorité faible ou
hésitante, mal armée face à des opérateurs privés puissants...»
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