Carolis : "Un bilan tout en trompe l’œil…Après lui qui d’autre ? Lui, lui et encore lui"
L’interview de Patrick de Carolis que publie le JDD de ce 5 février 2010 est surréaliste. Dans un numéro de prestidigitation des plus immodestes, il essaie de faire passer un des bilans les plus désastreux de la télé publique pour une réussite qu’on verrait rarement « même dans le secteur privé! » (la tournure de phrase est de l’intéressé) !
Souvenez-vous Marc Tessier, le prédécesseur de PdC avait à quelques mois de son départ, pratiqué le même exercice. Le Nouvel Economiste l’avait même désigné « manager de l’année 2004 ».
Il convient donc de démontrer, ici, point par point que ces affirmations ne reflètent en rien la réalité.
I) Le projet présenté au CSA le 6 juillet 2005 est loin, bien loin d’avoir été respecté.
A la question du JDD: « quel bilan tirez-vous de votre quinquennat? », PdC a beau prétendre que « l’heure du bilan n’est pas arrivée », l’exercice d’autosatisfaction auquel il se livre, tout au long de l’article, ne trompe personne.
PdC au JDD: « J’avais présenté un projet au CSA que j’ai respecté. Je souhaitais reconquérir l’audience avec des programmes de qualité et préparer l’arrivée de la TNT »
Dans les grandes lignes :
- 1°) PdC au CSA: « Je prévois un plan pour relancer le soutien à la production et à la création. Ce plan est à la fois ambitieux et réaliste. Il sera financé par un redéploiement budgétaire à l’occasion de l’élaboration des grilles de programmes et, à partir de Janvier 2007, par l’affectation prioritaire de l’effet d’aubaine financier lié à l’ouverture de la publicité pour la grande distribution sur les chaînes généralistes. »
« L’effet d’aubaine financier» voila comment PdC appelait l’ouverture du marché publicitaire à la grande distribution : aubaine.
Rappelons aussi qu’à l’été 2007, c’est le même PdC qui était allé défendre auprès de Nicolas Sarkozy, François Fillon et Christine Albanel, l’augmentation de la durée de la pub (alors 8 min/h) et la coupure d’émission jeux ou dites de flux.
C’est à cette époque qu’il expliquait lui-même « avoir réussi à convaincre et sûr d’obtenir gain de cause ». Le Président de la République et son 1er ministre, avaient fini selon PdC par accepter la proposition, dans le but d’aider le service audiovisuel à améliorer ses programmes avec 75 à 100 millions de bénéfice par an, « France Télévisions devant fortement affirmer son identité de service public à travers une offre culturelle plus dense, plus créative, plus audacieuse».
Et PdC de sortir en janvier, juste après l’annonce de la suppression de la pub par le Chef de l’Etat : "Le Président de la République a fait connaître ce matin son souhait de « revoir profondément le cahier des charges de la télévision publique », et de « réfléchir à la suppression totale de la publicité sur les chaînes publiques » de télévision, en compensant l'incidence financière de cette suppression. Cette orientation claire, donnée par notre actionnaire, entraîne évidemment de nombreuses conséquences pour le groupe France Télévisions, car elle modifie profondément notre modèle économique. Ces conséquences sont d'ores et déjà étudiées avec précision, à l'intérieur de notre Groupe, en liaison permanente avec notre actionnaire. A plusieurs reprises, depuis deux ans, j'ai demandé à notre actionnaire une clarification de notre mode de financement..."
Cette déclaration à l’ensemble des salariés de France Télévisions vient contredire totalement la présentation de PdC au CSA, pire elle est en opposition totale à la démarche de PdC à l’été 2007.
- 2°) PdC au CSA: « S’agissant de la redevance, je m’emploierai à défendre avec force et détermination la position du Groupe en mettant en avant la nouvelle ambition éditoriale. Une augmentation de la redevance se mérite. C’est à la lumière des performances qualitatives et financières de France Télévisions que j’évoquerai l’évolution de cette redevance avec l’Etat actionnaire et avec les parlementaires».
L’augmentation de la redevance dont il écrivait évoquer l’évolution avec l’Etat, il savait que le Président de la République ne la souhaitait pas…sinon pourquoi aurait-il prôné : l’augmentation de la durée de la pub (alors 8 min/h) et la coupure d’émission jeux ou dites de flux ?
- 3°) PdC au CSA: « Dans le cadre de la nouvelle partition de Service Public, la personnalité des chaînes doit être clarifiée.
France 2 par exemple, souffre d’une crise identitaire. Son audience (19,5% au premier semestre) s’érode et vieillit. Un effort soutenu s’impose pour qu’elle soit réellement perçue comme une grande chaîne généraliste caractérisée, dans l’information comme dans les programmes, par le foisonnement d’idées, l’audace, l’ouverture sur le monde, la réactivité évènementielle.
France 3, grande chaîne de la proximité, de l’authenticité, du lien entre les générations, du patrimoine, de la valorisation du tissu social, souffre d’une faiblesse de programmes nationaux et régionaux et d’une grave érosion de son audience (14,5% au premier semestre).
Pour ces deux chaînes comme pour France 4, France 5 et RFO, je présenterai demain devant vous une série d’orientations et de propositions qui devront être mises en œuvre dès le début 2006. »
19,5% pour France 2 au premier semestre 2005 auxquels s’ajoutent les 14,5% de France 3 et les quelques 3,5% pour France 5 qui placent France Télévisions autour alors de 38% (dixit PdC) est à dix mille lieues des engagements de PdC qui « souhaitait reconquérir l’audience »
L’audience est passée de 42% avant Tessier et lui-même (France 2 + France 3 + France 5) à quelques 31% au global (chiffres Médiamétrie) pendant son mandat:
France 2 tombé à 16,7% de part d'audience en 2009 contre 17,5% en 2008,
France 3 qui fait également une chute spectaculaire en passant à 11,8% en 2009 et
France 5 qui reste quasiment stable puisque la part d'audience en 2008 était de 3% et de 3,1% en 2009
Quant à la « crise identitaire dont souffrait France 2 et la faiblesse des programmes nationaux et régionaux avec une grave érosion de son audience dont souffrait France 3 » PdC n’y a pas remédié, c’est clair.
- 4°) PdC au CSA: « Parallèlement, et au plus vite, la cohérence éditoriale et l’harmonisation dans les genres et les publics comme dans les contenus et dans la programmation, seront sensiblement renforcées. Pour mettre un terme aux rivalités souvent stériles, je proposerai aux rédactions de créer un nouvel esprit, de clarifier leurs missions éditoriales respectives et de mettre en commun, par étape et dans la concertation, un certain nombre d’outils logistiques et techniques dans le respect de leur spécificité.»
C’est sûrement dans « le respect de la spécificité des rédactions et de leurs missions éditoriales respectives » que PdC prône, à présent leur « rapprochement, sinon leur "fusion" ».
- 5°) PdC au CSA: «Gérer un groupe aussi large et multiforme que France Télévisions, c’est aussi mobiliser ses forces, libérer ses énergies et moderniser son dialogue social. Une partie des moyens de MFP sera ainsi consacrée au développement de projets imaginés par les collaborateurs du Groupe. Sur le plan social, je propose d’ouvrir deux chantiers avec les représentants du personnel : celui de la mobilité, essentielle dans un Groupe au périmètre aussi large ? et celui de l’égalité salariale entre hommes et femmes à qualification équivalente, entreprise par entreprise».
La mobilité, depuis cette présentation en 2005 devant le CSA, elle est restée lettre morte.
L’égalité salariale entre hommes et femmes à qualification équivalente, entreprise par entreprise, il a fallu attendre fin 2009 pour que craignant le rapport remis au Parlement par la HALDE, le 24 décembre 2009, France Télévisions fasse passer 1.800 mesures sans concertation, ni critères que l’ensemble des organisations syndicales ont dénoncées.
Un rapport sur le bilan de la politique de gestion des ressources humaines des sociétés nationales de programmes de l’audiovisuel public (Radio France, France Télévisions et la société de l’audiovisuel extérieur de la France - SAEF), afin de lutter contre les discriminations et de mieux refléter la diversité de la société française. [Pour voir le http://halde.fr/IMG/pdf/rapport-SNP.pdf]
La HALDE y met en évidence le fait que la situation des trois sociétés auditées ne se différencient pas de celle des grandes entreprises françaises, alors même qu’elles sont censées être exemplaires : certaines actions ciblées par publics sont mises en œuvre (handicap, salariés âgés, égalité entre hommes et femmes, diversité « sociale »), avec des résultats variables. La dimension de prévention des discriminations, fondée notamment sur la revue des processus de gestion des ressources humaines, est encore peu prise en compte.
La HALDE souligne page 27 : « Un premier niveau de traitement doit permettre de relever d’éventuels écarts injustifiés, en lien avec une caractéristique discriminatoire, entre salariés en situation de « travail comparable » (et non seulement « de travail égal »). Ce qui n’a, à l’évidence, pas été le cas pour France Télévisions.
La HALDE de poursuivre : « Les écarts constatés (ex : faible présence de femmes parmi les plus hautes rémunérations, indications de rémunérations globalement inférieures des salariés nés hors de l’Union européenne) doivent donner lieu à une analyse approfondie, destinée à en identifier l’origine et les causes. »
Une « méthodologie » qu’aurait dû suivre France Télévisions mais qu’elle n’a pas suivie.
Enfin, « le développement de projets imaginés par les collaborateurs du Groupe auxquels MFP devait consacrer une partie des moyens », il n’a jamais été réalisé….les dits collaborateurs attendent toujours !!!
Les manquements au projet présenté devant le CSA ne s’arrêtent pas là et sont nombreux….Il ne s’agit, là, que d’exemples édifiants et parlants.
- 6°) PdC au CSA: « Je proposerai au prochain Conseil d’Administration [2005] de la holding France Télévisions une réorganisation afin d’en faire un outil simplifié, au service de cette nouvelle ambition et plus proche de chacune des chaînes».
« Une réorganisation plus proche de chacune des chaînes », on peut dire qu’avec l’usine à gaz que tente de mettre en place PdC, la formule présentée au CSA a de quoi laisser pantois.
Et PdC d’ajouter «Elle est sur le point d’être finalisée. Nous avons fusionné cinq entreprises en dix mois. C’est plus rapide que la plupart des fusions dans le secteur privé! »
Mais quelle fumisterie… Elle n’est bien évidemment pas sur le point d’être finalisée. Cette réforme que PdC prétend « subir » mais qu’il affirme « mener à terme en laissant de côté son avenir personnel qui ne doit pas interférer avec cet enjeu », n'est absolument pas aboutie puisque le "fonctionnigramme" (auquel personne en comprend rien) il l'a mailé aux salariés, en totale entrave puisqu'il le remettait le même jour aux élus. Il sait donc pertinemment qu'il n'a fait l'objet d'aucune consultation et n'est donc pas applicable.
Sa réorganisation – car il s’agit bien de sa réorganisation – voila ce qu'en disait Christine Albanel à David Pujadas le 21 octobre 2008 au JT de 20h: " Ce n'est pas l'État qui dit vous allez faire ça, ça et ça. Le rôle de l'État c'est quoi? C'est de fixer le cap, d'exprimer une ambition, des attentes et de garantir les financements c'est ça qui est important; après...vous savez la réforme elle était voulue d'ailleurs par Patrick de Carolis qui souhaitait justement la création de cette société unique qui l'avait demandée à l'été 2007".
Aujourd'hui, elle n’est ni comprise, ni souhaitée.
PdC qui affirmait au CSA pour France Télévisions vouloir « mobiliser ses forces, libérer ses énergies et moderniser son dialogue social », à l’été 2007 n’imaginait pas en expliquant à toute la Presse et aux pouvoirs publics que « sa réforme (réorganisation) non seulement était comprise mais surtout que les salariés la souhaitaient », que ces derniers dans un référendum montreraient et prouveraient le contraire.
En effet, les résultats du référendum interne à France Télévisions organisé depuis le 17 janvier dernier par 6 syndicats et présentés le 28 janvier 2010, ont sonné sonnent comme un désaveu pour PdC.
Appelés à se prononcer sur la réforme portée depuis des mois par Carolis – la transformation de France Télévisions en une entreprise unique -, les 2.250 salariés (sur 9.184 permanents, soit 1 salarié sur 4, ndlr) qui se sont exprimés ont envoyé un signal clair à la direction.
A la question:
"Estimez-vous avoir été suffisamment informé(e) sur votre place, votre fonction et vos conditions de travail dans la nouvelle organisation ?", 93,3 % des votants ont répondu "Non".
A la question :
"Souhaitez-vous le maintien des garanties de vos textes conventionnels P.T.A. et Journalistes ainsi que de vos accords d’entreprise ?", 95,9 % des votants ont répondu "Oui".
C’est le même PdC qui disait « moderniser son dialogue social », qui conteste ce référendum en expliquant avec dédain que seulement 25% des salariés ça n’est rien et que ce référendum ne vaut rien !
En revanche, le sondage commandé et effectué auprès un millier de sondés l’année dernière par TNS Sofres pour dire si « oui ou non Carolis devait être reconduit », lui, il est valable !
Si l’on ramène 1.000 et quelques sondés sur 63 millions de téléspectateurs potentiels aux 2.250 sur 9.184 salariés ça ne fait que 0,0000016 %....
Et France Télévisions de prétendre, il convient de citer, que : « ce sondage portait plus largement sur "la satisfaction" des téléspectateurs s’agissant des programmes et qu’il n’était pas destiné à être publié ».
Le journal « Libération » qui écrivait, à l’époque: « Et vous, vous en pensez quoi, de Patrick de Carolis ? Rien ? Eh bien, vous n’êtes pas représentatif de la population qui, à en croire un sondage TNS Sofres dans son écrasante majorité (94 % !) ont plébiscité Patrick de Carolis avec 85% des sondés qui souhaiteraient la reconduction de son mandat », avait finalement bien compris la manœuvre.
Avoir eu le culot d’expliquer que « le sondage portait sur "la satisfaction" des téléspectateurs sur les programmes » alors qu’y étaient glissées des questions pour "tester l'image de l’actuel dirigeant et la comparer à ses prédécesseurs" c’était déjà une véritable farce.
Avoir ajouté que ce sondage «pas destiné à être publié » était représentatif (au prix où sont les sondages de ce type), et affirmer que celui des salariés ne l’était pas, c’est lamentable et méprisant.
II) Qui peut, en conséquence, être surpris de la réponse faite par PdC à la question du JDD: « Que pensez-vous de la liste de vos potentiels successeurs? » : « Ce n’est plus une liste, c’est un annuaire… » ?!
Et puisque « 94 % des sondés ont plébiscité Patrick de Carolis en souhaitant la reconduction de son mandat » !!! Il peut bien y avoir un annuaire ou une liste, si PdC dit qu’il sera « en mesure de donner une réponse, après la réforme », qui pourrait bien le contredire.
Lui qui indiquait à l’adresse du Président de la République, il y a peu par Presse interposée que: " Le Chef de l’Etat doit avoir une vision qui dépasse son mandat", doit être assuré que le «nom que le Chef de l'État avait déclaré avoir en tête », c’était bien le sien !
III) L’affirmation selon laquelle, en réponse à la question du JDD : « cette réforme passe par la réduction des effectifs de 10% », PdC indique : « Il n’y aura pas de plan social, mais un dispositif de départs volontaires à la retraite qui pourrait concerner 900 personnes sur trois ans. Elles ne seront pas systématiquement remplacées, nous aviserons au cas par cas…. » est totalement farfelue.
Ce soi-disant plan de départs volontaires à la retraite qui pourrait concerner 900 personnes, n’a jusqu’à présent fait l’objet que de : 19 demandes !
Dans ces dernières, France Télévisions imaginerait même de comptabiliser pour 2009 ceux des salariés qui sont partis au cours du 2ème semestre et dont le départ après préavis se faisait en fin d’année !
Encore un effet d’annonce. Du reste, sur ces soi-disant 900 départs, un tiers environ n’est pas éligible. Sur la liste des 234 nominations « directeurs, sous-directeurs et conseillers », un autre tiers environ serait concernés mais vu la « promo » ne répondra pas au courrier. Resterait un tiers d’éligibles….faudrait-il encore que tous soient d’accord pour partir dans de piètres conditions !
Comment croire ce dont Philippe Seguin de la Cour des Comptes doutait, à savoir ces 900 départs annoncés ? [entre 1349 hypothèse haute et 844 hypothèse basse selon FTV pour être précis]
Pour couronner le tout, PdC et son équipe, René Maisonneuve en tête avait fait le même coup en 2007 avec les soi-disant 900 départs qu’il avait déjà « lancé » dès la fin du premier semestre 2007 et qui se décomposaient comme suit :
-600 lettres d’incitation à faire valoir les droits à la retraite avaient été adressées aux salariés du groupe âges de 56,5 à 63 ans (voire 64 ans)
-300 départs qualifiés de « naturels » par France Télévisions étaient prévus et dixit le direction : non remplacés.
Résultat, à l’automne 2007, France Télévisions avait dû admettre que seulement 26 demandes sur France 3, 9 demandes sur France 2 et 1 seule pour France 5 avaient été enregistrées. On était loin, bien loin des 900 départs annoncés !!!
Tout au plus France Télévisions avait pu tabler, en fin d’année 2007, sur une centaine de demandes. Précision de taille et qui a son importance : les salariés concernés faisant valoir leur droit à la retraite, quittant donc à leur demande la société (donc pas officiellement à l’initiative de l’employeur) voyaient donc leurs faibles indemnité imposées contrairement à un licenciement ou une mise à la retraite à 65 ans venant de l’employeur où elles ne le sont pas. D’où le peu d’intérêts pour la démarche.
Fin 2008, France Télévisions n’avait pas eu plus de 150/180 demandes (grand maximum). Il est bien évident que les 420/450 salariés qui n’avaient alors pas donné suite pour diverses raisons, n’ont pas l’intention de donner suite aujourd’hui…surtout qu’ils savent à présent pour certains qu’ils pourraient très bien demander à travailler jusqu’à 70 ans.
Carolis peut toujours (itw au Figaro) : " reconnaître que son groupe est contraint à des sérieuses économies en démentant fermement tout projet de plan social seulement l’ouverture d’un guichet de départs volontaires à la retraite pour 900 salariés du groupe", tout cela n’est pas sérieux.
C’est la démonstration qu’il n’est pas facile de considérer les salariés comme la Presse, les politiques ou les pouvoirs publics pour des naïfs à qui l’on pourrait raconter en boucle la même histoire éculée !
IV) Oser prétendre, toujours en réponse au JDD que : « la révision des conventions collectives et accords sociaux doit aboutir début juin. », c’est du même tonneau.
Contrairement à ce que PdC a affirmé partout depuis des mois et des mois, son calendrier n’a jamais été tenable et ne sera jamais tenu. (il ne reste que 15 jours pour négocier un texte style Convention Collective de l’Audiovisuel qui avait pris quasiment 2 ans pour voir le jour).
L’ensemble des syndicats a finalement décidé, après 8 réunions dont les dernières sans la présence du SNPCA-CGC, de la CFDT et du SNJ qui avaient quitté la table, laissant l’alliance CGT/FO et la CFTC à ne parler que du préambule du « nouvel accord » a publié, le 4 février 2010, à17H30, un communiqué commun :
Déclaration des organisations syndicales CFDT, CFTC, CGC, CGT, FO, SNJ de France télévisions lors de la séance du 4 février 2010.
Après avoir pris connaissance de la véritable déclaration de guerre que constituent l’ensemble des textes remis au 29 janvier, contre les salariés du service public et contre ses missions, les organisations syndicales demandent à la direction de renoncer notamment à :
- son système de salaires et classification des emplois
-la remise en cause des commissions paritaires
-à son dispositif sur le temps de travail, notamment le forfait jour
- sa volonté de détruire le statut de journaliste.
Les organisations syndicales décident de se retrouver ce 5 février pour travailler sur des propositions alternatives communes. »
En tout état de cause, c’est le 16 février 2010 que la procédure sur le fond, à l’initiative de la CGC, de la CFDT et du SNJ vient devant le Tribunal de Grande Instance de Paris.
Les 3 syndicats demandeurs veulent faire dire au TGI que les Conventions Collectives sont toujours bien applicables et que si elles ne l’étaient pas, leur délai de survivance plus favorable que le Code du travail (3 ans en plus des 3 mois de préavis pour la convention Collective de l’Audiovisuel) les mèneraient largement après le 7 juin…pour la CCCPA en juin 2012.
IV) Toujours en réponse au JDD sur l’éventuel maintien de la publicité sur le service public, au moins en journée qui ferait s’interroger sur la pertinence de cette cession, PdC répond : « C’est l’aboutissement d’une procédure précise et transparente conduite avec nous par la Banque Rothschild, et sous le contrôle de Bercy. »
« Aboutissement » signifie : réussite, issue favorable….Pour PdC la vente de la régie c’est l’aboutissement donc d’une stratégie qui s’inscrit dans le cadre actuel de la loi?!
Pourtant, juste après, il explique que « La vente n’est pas faite. Loin s’en faut. Nous sommes simplement entrés dans une phase de négociation exclusive. Il s’agit maintenant d’installer des verrous et des conditions particulièrement strictes pour empêcher tout risque de conflits d’intérêts et tout mélange des genres. Un nouveau conseil d’administration se tiendra, une fois ces garanties obtenues ».
PdC qui écrivait, voila deux ans, aux salariés de la régie pub: "Je serai naturellement très vigilant sur l’impact de la décision de Président de la République de supprimer la pub sur le service public en réorganisant en même temps l'entreprise, travail mené depuis deux ans en totale concertation avec l'actionnaire et que nous souhaitons amplifier, en particulier pour les collaborateurs de notre régie publicitaire, dont la pérennité de l’avenir professionnel au sein de notre groupe sera ma première préoccupation."
Mais c’est bien PdC qui vend… Et il dit avoir « demandé par écrit à l’Etat actionnaire de France Télévisions de me confirmer que ce cadre de la loi qui prévoit la fin totale de la publicité en novembre 2011 n’était pas appelé à évoluer » mais sans attendre la réponse, il se félicite de la privatisation à hauteur de 70%.
Au cas où la publicité serait maintenue avant 20 heures, il ne remettrait pas pour autant sa décision en question et ne reviendrait pas sur le processus de cession… « Son conseil d’administration a décidé fin 2008 d’entériner la suppression de la publicité en soirée dès le 5 janvier 2009, les grilles de programmes, la nouvelle politique commerciale de la régie sans pub en soirée étaient prêtes depuis plusieurs mois et la ressource publique pour compenser la fin de la publicité était déjà votée. »
Que le Conseil d’Etat condamne cette procédure...ça ne le touche pas. De toute façon, il le dit et le répète à loisir : « France Télévisions n’a subi aucune influence. Si je devais me soucier de tous ceux qui prétendent avoir l’oreille du pouvoir, ma journée n’y suffirait pas. »
Eh ! oui, il est comme à ça PdC…il décide seul.
V) Quant à l’incertitude concernant la "taxe télécom" contestée par Bruxelles, PdC indépendant qu’il est, rejette le tout sur l’Etat [donc sur le contribuable, finalement]
« Si cette taxe –non affectée à France Télévisions– était annulée, cela poserait un problème au budget de l’Etat, pas au notre. » dit PdC.
La meilleure preuve en est que le Gouvernement a retenu 35 millions sur les 450 millions prévus parce que comme le rappelle PdC : « La surperformance de la régie » était au rendez-vous…Cession de la régie surperformante donc, qu’il maintient. Cherchez l’erreur !
C’est sûr qu’avec un déficit prévisionnel de 135 millions d’euros, quelques millions en plus ou en moins, quelle importance ! L’Etat comblera puisque PdC affirme « avoir deux ans d’avance sur le plan d’affaires ».
Eh ! oui rappelez-vous, c’est bien le même PdC qui le 24/11/2008 réunissait les syndicats de France Télévisions pour "faire le point avant le début du débat parlementaire du 25 novembre et mettre en garde contre une réduction des taxes".
D’où la célèbre formule PdC « le compte n'y est pas ».
C’est lui qui expliquait que « même si les recettes publiques du groupe devraient bénéficier "d'une garantie de la Tutelle", la décision des députés de limiter la taxation des chaînes commerciales (le passage de la taxe de 3% à 1,5 % amendé) était grave et pouvait entraîner la faillite de France Télévisions. »
Cette liste étayée et détaillée, sans être exhaustive constitue déjà un devoir de vérité auquel les salariés ont droit, tout comme les lecteurs et/ou les téléspectateurs.
Il fallait que cela soit dit et que le JDD ne restât pas sur de fausses impressions !
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