jeudi 19 janvier 2012

Lettre ouverte aux administrateurs de France Télévisions sur les comptes et le budget France Télévisions.

Lettre ouverte aux administrateurs de France Télévisions sur les comptes et le budget France Télévisions.



Mesdames, Messieurs les administrateurs,


Dès le 27 décembre 2011, la CGC écrivait entre autres sur son blog média, un article intitulé : «Rémy Pflimlin ne devrait présenter son budget 2012 qu’au seul Conseil d’Administration de France Télévisions».

L’organisation syndicale y évoquait un budget en trompe-l’œil de France Télévisions absolument pas présenté préalablement aux instances compétentes de représentation des salariés, soit les Comités d’Entreprises, soit le C.C.E. Comité Central d’Etablissements.


C’était en fin d’année dernière et quelques jours plus tard, début janvier 2012 une fois encore la CGC Média avait raison. Nous donnions une explication à cet article: Rémy Pflimlin a choisi délibérément de n’aborder ce sujet que devant le seul Conseil d’Administration de janvier 2012, squeezant ainsi le CCE et les CE qui non seulement doivent être informés légalement et consultés préalablement alors qu’ils avaient bien des tonnes de questions à poser.


Et surtout Rémy Pflimlin a fait en sorte que les élus et les syndicats qu’ils représentent, ayant d’extrêmes doutes sur la sincérité des comptes, ne puissent faire jouer aucune des trois possibilités légales dont ils disposent :

- les élus avaient la possibilité de voter le recours à une expertise en la matière ;
-
les élus avaient la possibilité de demander la présence des commissaires aux comptes ;

-
les élus avaient la possibilité de voter un DROIT D’ALERTE que ce dernier voulait éviter à tout prix.


Rien de tout cela, n’a été porté à la connaissance des administrateurs de France Télévisions.

Pas plus, les administrateurs de France Télévisions n’ont été au courant de l’échange entre les financiers et le directeur général chargé des finances pour France Télévisions: Martin Ajdari.


Dans un courrier commun après qu’ils aient été fortement incités à signer des "lettres d'affirmation internes" (c’est ainsi que Martin Ajdari qualifie ces écrits pour certifier les comptes), ils indiquaient clairement avant le mail en réponse.de l’intéressé : « En pleine période de clôture et à l'approche du séminaire de la Direction financière, il ne nous paraît pas opportun de rompre la cohésion des équipes. Cette note semble traduire un manque de confiance de la Direction financière sur l'implication et l'engagement de chacun de ses collaborateurs dans l'arrêté des comptes de l'entreprise. »

Martin Ajdari qui répond à leur courrier commun par un mail donc, avec entres autres formules invraisemblables :


« Comme vous le savez (autant et mieux que moi), nous avons depuis quelques semaines quelques "petits" soucis dans le cadre des opérations (et outils, et procédure) de clôture de nos comptes. » Effectivement les administrateurs auraient été en droit d’avoir connaissance de ces problèmes et de ces écrits en droit de savoir.


Ou encore « Loin d'être une mise en doute des compétences et de l'engagement des responsables invités à les signer, c'est au contraire supposé être une marque de confiance car la signature devient alors. Dour les CAC, un gage d'exhaustivité et de sincérité.


C'est en tout cas en ce sens que la procédure m'a été présentée et que je la comprends. Peut être le temps a t- il manqué pour en faire l'exégèse. ».


Les administrateurs auraient été également en droit de savoir que contrairement à ce qu’ils pensaient, à savoir que le directeur général insuffle la dynamique, fixe les objectifs et détermine les procédures, à France Télévisions le financier du groupe écrit avoir découvert la procédure qui « lui a été présentée et qu’il la comprend »…Encore heureux, ce n’est jamais que le numéro 2 de France Télévisions !!!!!


Il aurait été souhaitable que les administrateurs avant d’être consultés, sachent quels étaient « les quelques "petits" soucis observés dans le cadre des opérations de clôture de nos comptes. » qu’évoque Martin Ajadari.


Il aurait été souhaitable que les administrateurs avant d’être consultés isolément pour le budget 2012, que les recettes publicitaires prévues sont un leurre. Que s’asseyant sur une récente analyse pourtant commandée par le groupe dont Pflimlin se serait bien passé, certes les prévisions de recettes publicitaires pour France TV étaient en 2011 presque atteintes (422 millions d'euros de recettes, comme le confirmait il y a peu « Les Échos », légèrement en-dessous des 425 millions prévus dans le Contrat d'Objectifs et de Moyens (COM), pour 2012 et jusqu’en 2015, la passage de 425 à 450 millions d'euros, chiffre validé jeudi dernier à l'issue d'un conseil d'administration, est tout simplement irréaliste et posait de très sérieuses questions sur la sincérité de ce budget.


Il aurait été souhaitable que les administrateurs avant d’être consultés, sachent que s’agissant des soi-disant 485 départs dont Patrice Papet ne cesse de parler aux journalistes, non seulement les partenaires sociaux n’ont pas vu la trace du bout d’une preuve du moindre document le prouvant mais pire, que sans registre unique du personnel qui n’existe toujours pas pour France Télévisions depuis l’arrivée du trio Pflimlin/Ajdari/Papet, ils sont incapables de le vérifier.


Il aurait été souhaitable que les administrateurs avant d’être consultés, sachent que les « dizaines de recrutements effectués en 2009 et qui représenteraient [selon Papet] 1,9% de glissement de la masse salariale » - l’année juste avant l’arrivée du trio Pflimlin/Ajdari/Papet , n'est rien par rapport aux 400 recrutements dont la moitié à haut niveau de salaire avec un glissement de la masse salariale de 5 à 6% auxquels ils ont procédés.


Il aurait été souhaitable que les administrateurs avant d’être consultés, sachent que les 485 soi-disant départs – dont la CGC Média maintient que dans ce chiffre il y a encore des départs transactionnels négociés – ne représentent absolument pas une économie mais un réel surcoût puisque l’enveloppe globale des quelques 400 recrutements a très, très largement dépassé les soi-disant départs….sinon pourquoi le porte-parole RH de Pflimlin, Patrice Papet, se répandrait-il partout en annonçant 5% de réduction des effectifs qui correspondent selon lui à un millier d’emplois ? !


Il aurait été souhaitable que les administrateurs avant d’être consultés, sachent que présenter de tels comptes dont nombreux vous disent aujourd’hui qu’ils ne parieraient pas sur leur sincérité, c’est un peu comme si dans cette période de crise aigüe, l’annonce d’une croissance en hausse au niveau du Pays était faite à 1,5 alors que l’ensemble des analystes la prévoient aux alentours de 0,5% !


Et lorsque nous disons « Il aurait été souhaitable que les administrateurs avant d’être consultés, sachent… », c’est pour dire « Il aurait été souhaitable que l’Etat avant d’être consulté sache… »

Nous l’avons dit et répété, nous avons alerté et tiré les sonnettes d’alarme…Combien de jours, de semaines (guère plus) avant que nos décideurs s’aperçoivent que France Télévisions est en train de couler et ne se relèvera pas si rien n’est fait pour éviter le naufrage annoncé.


Pflimlin a une fois de plus, en procédant de la sorte, voulu éviter tout débat mais surtout toute contradiction…plus grave, il a délibérément entravé la bonne marche de l’entreprise en prenant les administrateurs donc l’État pour un simple bureau d’enregistrements.


Mesdames, Messieurs les administrateurs, pour être le plus complet possible voici donc les deux écrits précités que nous avons en notre possession, 1°) le mail de Martin Ajdari et 2°) la lettre des financiers.



1°) De : Ajdari Martin


Envoyé: vendredi 6 janvier 2012 18:57


Objet: Réponse à la note de clôture adressée aux financiers de proximité et à la direction.


« Bonsoir à tous,


Je me permets d'intervenir dans ce débat pour éclairer une demande qui aurait sans doute gagnée à être explicitée et répondre à une préoccupation en réaction qu'un échange moins formel aurait sans doute permis de lever.

Pour faire bref, et vous priant tous de m'excuser pour l'éventuelle imperfection technique des termes que j'emploie, d'autant que je n'ai que parcouru la note de clôture :


Comme vous le savez (autant et mieux que moi), nous avons depuis quelques semaines quelques "petits" soucis dans le cadre des opérations (et outils, et procédure) de clôture de nos comptes.



Pour favoriser une certification dans les meilleures conditions de ces comptes, au printemps, nos CAC ont suggéré que certaines des zones ou procédures identifiées comme comportant des incertitudes (car nos problèmes ne leur ont pas échappé) fassent l'objet de sortes de "lettres d'affirmation internes", telles que certains d'entre vous en ont comme moi déjà connues.



Loin d'être une mise en doute des compétences et de l'engagement des responsables invités à les signer, c'est au contraire supposé être une marque de confiance car la signature devient alors. Dour les CAC, un gage d'exhaustivité et de sincérité.



C'est en tout cas en ce sens que la procédure m'a été présentée et que je la comprends. Peut être le temps a t- il manqué pour en faire l'exégèse.



Mais ces questions, celle de la confiance comme celle de la certification, sont trop importantes pour France Télévisions pour que subsiste un malentendu. Donc merci aux uns et aux autres, si ma réponse est erronée, incomplète ou incompréhensible, de me le faire savoir.


Et merci surtout à tous de vos efforts que je sais intenses, dans un contexte difficile. Ils sont essentiels à la bonne marche de cette entreprise.


Martin Ajdari »




et 2°) lalettre commune

« Nous avons lu avec beaucoup d'attention la note de clôture qui nous a été adressée le jeudi 5 janvier. Nous sommes pour le moins très surpris d'avoir à certifier par écrit à la Directrice financière que nous allons assumer nos responsabilités dans le cadre tendu de la clôture des comptes. Nous interprétons cette note comme un manque de respect et de reconnaissance de notre travail et comme une marque de défiance vis-à-vis de la finance de proximité.


En pleine période de clôture et à l'approche du séminaire de la Direction financière, il ne nous paraît pas opportun de rompre la cohésion des équipes. Cette note semble traduire un manque de confiance de la Direction financière sur l'implication et l'engagement de chacun de ses collaborateurs dans l'arrêté des comptes de l'entreprise.



Malgré un contexte 2011 difficile, marqué par la mise en place d'un système Ariane Il non stabilisé à ce jour, (*) par des processus de gestion pour lesquels nous avons encore un gros effort de pédagogie à faire auprès des opérationnels, par un modèle de gestion en cours de finalisation et par le changement d'organisation des services comptables, nous avons régulièrement réalisé les travaux d'analyse nous permettant de produire les situations budgétaires de nos domaines/secteurs.




Si les travaux tels qu'ils ont été effectués jusqu'à présent ne correspondent pas à ce que la Direction financière attend de nous, il nous semble urgent de revoir les procédures de gestion et les rôles et responsabilités des divers intervenants de la finance (finance de proximité, comptabilité, contrôle de gestion central...).

(*) estimation totale du coût total d’Ariane I et d’Ariane Il [non stabilisé à ce jour, comme le dit le courrier] environ 50 millions d’euros. [ la aussi la direction ne fournit aucun document sur d’éventuels appels d’offres, des cahiers des charges et encore moins des montants alloués !!!!]


Comme disait Rémy Pflimlin au journaliste du Monde le 15 novembre dernier désavouant un peu plus le Chef de l’Etat sur l’exemplarité qu’il exigeait des dirigeants publics: « Sur un budget qui fait 3 milliards d'euros, des contrats de quelques milliers d'euros ce n'est pas un sujet ».

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