Lettre recommandée AR n° 2C
061 228 7044 6
Paris, le 27 septembre 2012
Madame la Ministre de la Culture et de la Communication,
Voila quelques jours, Rémy Pflimlin donnait la primeur à la Presse de toute une série d’annonces impliquant le Gouvernement donc les Tutelles sur la situation à France Télévisions, concernant notamment:
-
« Les discussions engagées avec le Gouvernement
afin de redéfinir les termes de l’équilibre entre
missions, obligations de service public et moyens pour les atteindre,
tout en confirmant ses missions essentielles » ; (sic)
-
Son projet de
« régionalisation » de France 3 avec, entre autres, le passage
à des régions de « plein exercice » (voir par exemple « Les Échos » du10/07/12);
-
La fusion
des rédactions ;
-
et surtout « le
plan de réduction des effectifs avec une accentuation
du nombre de départs de l’entreprise basés sur le volontariat qui n'est pas à exclure »
(sic)
Rémy Pflimlin après avoir affirmé que « ces
discussions avaient eu lieu tout l’été avec vous-même et/ou vos services »
s’agissant des sujets précités, puis d’en démentir une partie en séance
du CCE Comité Central d’Entreprise de France Télévisions devant une
cinquantaine de membres, suite à votre interview datée du 11 septembre donnée
au quotidien « Le Monde », dans un communiqué qu’il a adressé à
l’ensemble des salariés, fait porter la responsabilité à l’État de lasituation catastrophique que connait l’entreprise et qui a justifié le vote par
les élus d’un droit d’alerte.
Rémy Pflimlin écrit dans son communiqué : « En 2013, les ressources publiques versées à l’entreprise, comme les recettes de publicité, seront ainsi en
retrait sensible par rapport à ce que prévoyait le contrat d’objectifs et de
moyens.
Le redressement des finances publiques impose à tous des efforts : il est
légitime que France Télévisions y contribue dans ce contexte de crise.
France Télévisions doit donc se préparer à une amplification des mesures
d’ajustement qu’elle a déjà engagées pour s’adapter à cette situation
économique. »
A la lecture des propos de Rémy Pflimlin, chacun
comprend ainsi qu’il s’agit d’un problème de financement public, d’une
décision de l’actionnaire de diminuer les ressources publiques de France
Télévisions avec en conséquence une réduction des effectifs avec un plan de départ
qui intègrerait le volontariat.
Les déclarations de Rémy Pflimlin qui parle ès
qualité en votre nom mais également au nom de l’Exécutif sont lourds de sens.
Soit l’État est responsable de « cette situation économique » comme
le dit et l’écrit Rémy Pflimlin à l’envi et ce qu’il qualifie de « contexte de crise » ne serait que temporaire, soit en réalité les
problèmes de France Télévisons sont structurels et beaucoup plus profonds.
Il
semble bien que cette deuxième hypothèse prévale, sinon pourquoi les élus
du CCE auraient-ils unanimement lancé le principe d’un droit d’alerte ?!
La CGC Média
a pourtant suffisamment alerté sur les nombreuses dérives constatées à
France Télévisions et l’extrême désorganisation qui s’y est installée
durablement depuis ces 3 dernières années.
Aujourd’hui
l’atmosphère à France Télévisions est à couper au couteau. Les salariés dans
leur quasi-totalité subissent un climat anxiogène sans nom que trois rapports
d’experts (dont un de la médecine du travail) ont du reste confirmé. L’inquiétude
et la souffrance se déclinent au quotidien. Le mal être est généralisé. Les arrêts
de travail ont explosé. Les "inaptitudes physiques et psychologiques"
se multiplient. La démotivation est son comble, etc…
Les méthodes de gestion du personnel sont totalement abstraites, à cent
mille lieues de la réalité où les relations sociales et tout simplement
humaines font cruellement défaut.
Les instances de représentation du personnel CHSCT, CE, CCE ,
DP sont bafouées en permanence.
Personne ne sait plus qui fait quoi
tellement les strates se sont multipliées, les recrutements se sont enchaînés (environ 800 sur 2010/2012) et les « titres ronflants »
démultipliés. La désorganisation est partout, à tous les niveaux.
Rémy Pflimlin
annonce le chiffre de 550 postes
supprimés (mais il a recruté quelques 800 collaborateurs depuis son
arrivée) sous couvert soi-disant de « prolonger le plan de départ
volontaire actuel qui doit s’arrêter en 2012 [ce qui juridiquement ne
tient pas une seule seconde !] voire à aménager les modalités et le périmètre ».
Depuis quand Madame la Ministre de la Culture et de la Communication « prolonge-t-on
un PSE » conclu pour une période donnée qui de surcroît nécessite
un long processus et par dessus tout une
autorisation administrative ?
Depuis
quand, le PSE dont parle Rémy Pflimlin qu’aucune
organisation syndicale à France Télévisions n’a validé, verrait-il « ses
modalités d’application aménagées et son périmètre modifié » ?
Enfin comment serait-il possible de discriminer les salariés permanents
des salariés non permanents – ce que la loi interdit –
au nom d’un « plan de départs » voulu et demandé (selon
Rémy Pflimlin) par le Gouvernement donc vous-même Madame la Ministre, plus
particulièrement en fonction de ce qu’écrit aujourd’hui le Figaro : «Pour éviter de couteuses indemnités de départ, France télévisions se concentrera d’abord sur les emplois non permanents ».
Personne
ne peut abandonner ces femmes et ces hommes qui sont la richesse et le moteur
de France Télévisions qui aiment leur maison mais la voient sombrer.
France Télévisions dans ce dramatique état des lieux, se
retrouve par de nombreux aspects semblables à « France Télécom »
(dont les dirigeants sont mis en examen) et plus récemment « La Poste » longtemps sa
sœur jumelle. France Télévisions est aujourd'hui dans le déni permanent et
se contente de tenir des propos lénifiants afin de donner l'illusion que
les « choses seraient sur les rails » (il n’en est rien) et
que tout un tas de mesures auraient déjà été mises en place (là aussi
il n’en est rien).
Faudra-t-il
attendre que le nombre de suicides déjà survenus à France Télévisions (une
demi- douzaine) atteigne celui de
France Télécom ou dépasse celui de « La Poste »
De
très nombreux salariés – trop nombreux serait plus juste – se retrouvent mis
sous pression, sans travail, déconsidérés, poussés à la faute quand ce n’est
pas vers la porte.
D’autres
croulent sous la tâche et ne trouvent plus personne à qui parler de leur
condition ! De flopées de CDD historiques voient leur contrats stoppés ou
bien voient leur activité modifiée unilatéralement sans pouvoir dire mot.
Les
absences pour maladie et/ou grossesses ne sont quasiment plus remplacées, c’est
tout juste si les départs congés le sont (il arrive très souvent que des CDI pour lesquels la direction a
pourtant obligation de fournir un poste fixe soient utilisés comme
bouche-trous).
Madame
la Ministre
de la Culture
et de la Communication,
personne ne pourra dire "on ne
savait pas que c'était à ce point là" ou encore "si on avait su!"…
Au nom de tous ces salariés que nous
défendons et représentons qui ne méritent pas un tel sort, nous vous supplions
d’arrêter le massacre avant qu’il ne soit trop tard et de sauver l’entreprise
en agissant sans délai.
Dans
l’attente de vous rencontrer, nous vous prions de croire, Madame la Ministre de la Culture et de la Communication, en
notre considération la meilleure.
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