mardi 30 octobre 2012

Pflimlin et Patino qui ont nommé un directeur « qui ne veut pas dire grand-chose » (dixit) organisent une conférence interne sur le sujet...l’instant de Razon !!!

Pflimlin et Patino qui ont nommé un directeur  « qui ne veut pas dire grand-chose » (dixit) organisent une conférence interne sur le sujet...l’instant de Razon !!!

Il y a quelques 3 ou 4 semaines, France Télévisions organisait une conférence interne où elle présentait les "nouvelles écritures"…"un département en plein boum" selon Pflimlin!

"Au-delà de ce nom qui ne veut pas dire grand-chose", ainsi a débuté Boris Razon ( * un aperçu en bas de post) en charge de la présentation et de l’animation en tant que directeur du secteur donc directeur du "pas grand-chose". La conférence avait pour but de persuader tout un chacun de la nécessité de ce "secteur en pleine croissance" supposé "faire le lien entre les programmes télé et le web."

Nouvelles écritures – nouveaux modèles – donc nouveaux téléspectateurs ?!

Voila donc le concept de Pflimlin, Patino et consort pour capter de nouvelles « attentions ». Aujourd’hui les enfants et les adolescents vivent dans un monde d’images - images bien souvent agressives, transgressives et immorales – "que leur offrir de bien pour qu’ils construisent leur identité ?"

Les axes thématiques sont "la fiction, l'animation-jeunesse, le documentaire et le magazine…"Le but affiché est de "faire du spectateur une cible privilégiée". Cette cible marketing vivante sera "accrochée" à sa télé par "la mise en place d'outils web très performants créant un lien permanent. "

Ça c’est du lourd ! Selon Boris Razon, le but est de permettre au public de devenir auteur participatif de sa série préférée ou de son programme favori par l'outil web, entre le "jeu dont vous êtes le héros" et "les jeux vidéo". (Rien de nouveau sous le soleil…à part peut-être comme les cobayes de laboratoires qu’il faudra attendre le moyen ou long terme pour voir les dégâts). Pour  les programmes d’animation jeunesse et/ou les séries la cible privilégiée sera donc les enfants et les adolescents…L'objectif énoncé clairement,  que "l'illusion soit approfondie dans la réalité"…ça c’est profond ! Ou comment faire disparaitre les frontières entre réel et fiction et permettre aux programmes d'entrer dans vos vies par le moyen de multiples nouveaux écrans avec en prime un modèle économique fort qui se déploie dans le même temps intégrant la publicité sur internet.

Voici quelques uns des « aphorismes » lancés lors de cette conférence par le « transmédiatique » Boris Razon (attention ça décoiffe !) :

"L'image vaut 4.000 mots"…
"Le contenu ne nous intéresse pas "…
"Notre but est de rendre le citoyen plus intelligent"…etc…

Le blog CCG en reste baba…"rendre le citoyen plus intelligent"…ce pauvre citoyen-téléspectateur qui avant Pflimlin, Patino et Razon devait vraiment être une buse… et que dire de ces futurs enfants et adolescents attardés, sans culture écrite, abreuvés par des programmes sans contenu rivés 24h sur 24 sur leurs multiples écrans ?

Quels contenus offrir aux enfants même si Boris Razon déclare "Le contenu ne nous intéresse pas "… ? Le questionnement est d’ordre psychologique et civique.

De multiples recherches psychos-sociologiques montrent que certains enfants et adolescents ont des problèmes de construction d’identité du fait d’un manque de repères dans le monde qui les environne.
Repères impossibles à construire quand la frontière entre la fiction et le réel n’existe plus…ce que Boris Razon appelle sûrement "l'objectif de l’illusion approfondie dans la réalité" !!!!
Lorsque tout est permis dans la fiction : tuer dans les jeux vidéo, pirater un programme à la télévision, être voyeur, délateur dans un cadre précis de programme … les enfants et adolescents les plus fragiles risquent de tout se permettre dans la réalité. Aujourd’hui, force est de constater que la violence des jeunes ne cesse de progresser.

Tout ce projet des « nouvelles écritures » n’est donc pas sans poser des tonne de questions car il n'y a aucun garde-fous et groupe d’études psychosociologiques sur le public concerné : enfants, pré-ados et adolescents et par la suite adultes. L’impact sur les jeunes téléspectateurs est donc préoccupant.
La télévision de Service Publique n’a pas pour mission de « mettre en danger » les jeunes téléspectateurs.

Heureusement que des lois internationales protègent les enfants auxquels s’intéressent tant ces nouveaux « concepteurs ».

CONVENTION RELATIVE AUX DROITS DE L'ENFANT PLACEE SOUS LE HAUT- COMMISSARIAT DES NATIONS UNIES AUX DROITS DE L’HOMME 

Article 3 :  Dans toutes les décisions qui concernent les enfants, qu'elles soient le fait des institutions publiques ou privées de protection sociale, des tribunaux, des autorités administratives ou des organes législatifs, l'intérêt supérieur de l'enfant doit être une considération primordiale.

Article 17 : Les Etats parties reconnaissent l'importance de la fonction remplie par les médias et veillent à ce que l'enfant ait accès à une information et à des matériels provenant de sources nationales et internationales diverses, notamment ceux qui visent à promouvoir son bien-être social, spirituel et moral ainsi que sa santé physique et mentale.
Alinéa e) A cette fin, les Etats parties favorisent l'élaboration de principes directeurs appropriés destinés à protéger l'enfant contre l'information et les matériels qui nuisent à son bien-être, compte tenu des dispositions des articles 13 et 18.

Voila qui n’arrange pas forcément les affaires du « nouvel écrivain transmédia » et de ses acolytes…pas plus d’ailleurs que les études qui prouvent la dangerosité de la consommation excessive de la « mal-télévision ».

Eh oui, après la malbouffe, il y a la « mal-télévision »…point n’est question de dire ici que la télévision est un mal sociétal mais la comparaison avec la nourriture est à propos : Mieux vaut manger de bonnes choses de temps en temps et les apprécier que de se gaver de nourritures grasses et mauvaises pour la santé. Pour la télévision c’est quasiment pareil.
Mieux vaut consommer des programmes de qualité que de travailler sur un volume considérable de programmes indigestes et refourgués par certains producteurs extérieurs dont l’étique en la matière est discutable.

A quand des avertissements sur les programmes : « attention ce programme peut nuire à la santé mentale et causer de graves troubles psychologiques » ?!

Sur le sujet, l’article du quotidien « Le Monde » du 8 octobre 2011, pages 4 et 5 du cahier Science & Techniques, intitulé « La Télévision tue » est édifiant. En voici quelques lignes :

"Chaque heure passée devant la télévision après l’âge de 25 ans ampute l’espérance de vie de 21,8 minutes. En 2008, le 9,8 milliards d’heures de télévision absorbées  par les Australiens a réduit de 21,6 mois l’espérance de vie des hommes de et 18 mois celle des femmes. Regarder la télévision 3 heures pas jour pendant vingt ans ampute en moyenne l’espérance de vie d’une année.

Les personnes soumises à deux heures de télévision quotidienne ont un risque de développer un diabète de type 2 accru de 20% et voient leur probabilité de souffrir d’une affection cardio-vasculaire augmenter de 15%. Leur mortalité, toutes causes confondues, est accrue de 13%.

Chaque heure quotidienne de télévision entre 40 et 59 ans augmente de 30% la probabilité de développer la maladie d’Alzheimer.

Chaque heure quotidienne que les enfants de moins de 3 ans passent à regarder la télévision commerciale correspond à un doublement du risque de voir survenir des problèmes d’attention 5 ans plus tard. Regarder la télévision avant l’âge de 2 ans est associé à des retards de langage, à des retards cognitifs et, plus tard dans la vie, à des résultats scolaires plus faibles et des troubles de l’attention, avec un temps de concentration réduit.

Les résultats de plus de 2000 études et revues de littérature scientifique ont montré que l’exposition à des contenus violents augmente le risque de comportements agressifs chez certains enfants et adolescents, en les désensibilisant à la violence. Aucune de 3500 études menées sur le sujet n’a mis en avant un effet de catharsis selon lequel la violence télévisée permettrait aux enfants de se « libérer de la violence qu’ils ont en eux. »

Un adolescent américain moyen passe à peu près 8 heures par jour devant un écran, quel qu’il soit.

L’introduction de la télévision dans une petite ville canadienne au milieu des années 70 a montré que les préadolescents et adolescents de cette ville, qui avaient une perception moins stéréotypée du sexe opposé et une représentation plus égalitaire des couches sociales avant l’accès à la télé voyaient après l’introduction de celle-ci, leur fréquentation de réunions associatives baisser de près de la moitié et leur pratique sportive de 25%.

La télévision est un problème majeur de santé publique.

Les dizaines de milliers d’études publiées à ce sujet depuis les années 70 sont toutes concordantes, sans aucune exception. Pourquoi ne sont-elles pas relayées par les médias et les « décideurs » ? "

L’année 2012 est certes, l’année de l’autisme qui vise à expliquer et comprendre ce problème dont souffrent de nombreuses personnes mais avec  Pflimlin, Patino et Razon, on va peut-être trouver le remède ! Quel paradoxe, la société essaie de résoudre ses maux et en parallèle, certains « mentalistes » plongent leurs congénères dans une société de contenus audiovisuels de plus en plus pauvres et souvent au fond bien peu profond.
Dire qu’en 2004 lorsque Patrick Le Lay patron de TF1 avait annoncé s’agissant des coupures publicitaires : « Pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible (...) », il y avait eu un tollé.
Que dire aujourd’hui des propos de Boris Razon, l’homme des nouvelles écritures et du transmédia qui veut "rendre le citoyen-téléspectateur plus intelligent avec une image qui vaut 4.000 mots et en faisant fi du contenu" ?!

L’expérience mise en place, cet été, sur la série "Plus belle la vie" dont Pflimlin s’attribue à loisir la paternité, tendait-elle déjà à "rendre le citoyen-téléspectateur plus intelligent" ??
 
Un téléspectateur hacker et voyeur.

Le principe était très particulier. Dans le scénario de la série "Plus belle la vie", la mairie avait mis en place des caméras de vidéo surveillance sur le quartier du Mistral. Un hacker dans la série les piratait.
Le but était alors de faire participer les téléspectateurs via la connexion au site internet pour être hacker à la place du hacker de la série et par la même de le piéger. L’objectif de cette expérience était donc de permettre aux téléspectateurs de pirater les caméras de vidéo surveillance du Mistral et ainsi d’être voyeur à la place du voyeur pour ensuite travailler entre hackers-téléspectateurs pour démasquer le hacker de la série. De plus, le blog du personnage journaliste de la série devenait un vrai blog actif dans « la vraie vie » avec tous ces allers-retours fiction – réalité, ces possibilités d’être spectateur + co-scénariste + hacker + voyeur…

Le résultat n’en déplaise à Pflimlin, Patino et Razon, a été un véritable fiasco – c’est le moins qu’on puisse dire – avec seulement 10.000 internautes qui ont participé au coup d’envoi…Mais ce ne serait qu’un début puisque "le projet est lancé à vitesse grand V"...alors là! 

Si c’est ça, la grande trouvaille de Pflimlin, Patino, Razon et consort pour justifier un nouvel avenant au COM avec la bénédiction de la Ministre sur les «nouvelles missions » de la télé publique, il y a franchement de quoi s’inquiéter !
(*)

 

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