Pflimlin et Patino qui ont nommé un directeur « qui ne veut pas dire grand-chose » (dixit) organisent une conférence
interne sur le sujet...l’instant de Razon !!!
Il y a quelques 3 ou 4 semaines, France Télévisions
organisait une conférence interne où elle présentait les "nouvelles écritures"…"un département en plein
boum" selon Pflimlin!
"Au-delà de ce nom qui ne veut pas dire grand-chose", ainsi a débuté Boris
Razon ( * un aperçu en bas de post) en charge de la présentation et de l’animation en tant que directeur du
secteur donc directeur du "pas grand-chose". La conférence
avait pour but de persuader tout un chacun de la nécessité de ce "secteur
en pleine croissance" supposé
"faire le lien entre les programmes
télé et le web."
Nouvelles
écritures – nouveaux modèles – donc nouveaux téléspectateurs ?!
Voila donc le concept de Pflimlin, Patino et
consort pour capter de nouvelles « attentions ». Aujourd’hui les
enfants et les adolescents vivent dans un monde d’images - images bien souvent
agressives, transgressives et immorales – "que
leur offrir de bien pour qu’ils construisent leur identité ?"
Les axes thématiques sont "la fiction, l'animation-jeunesse, le documentaire et le
magazine…"Le but affiché est de "faire
du spectateur une cible privilégiée". Cette cible marketing vivante
sera "accrochée" à sa télé
par "la mise en place d'outils web
très performants créant un lien permanent. "
Ça c’est du lourd ! Selon Boris Razon, le but est de permettre au public de devenir auteur participatif de sa série préférée ou de son programme favori par l'outil web, entre le "jeu dont vous êtes le héros" et "les jeux vidéo". (Rien de nouveau sous le soleil…à part peut-être comme les cobayes de laboratoires qu’il faudra attendre le moyen ou long terme pour voir les dégâts). Pour les programmes d’animation jeunesse et/ou les séries la cible privilégiée sera donc les enfants et les adolescents…L'objectif énoncé clairement, que "l'illusion soit approfondie dans la réalité"…ça c’est profond ! Ou comment faire disparaitre les frontières entre réel et fiction et permettre aux programmes d'entrer dans vos vies par le moyen de multiples nouveaux écrans avec en prime un modèle économique fort qui se déploie dans le même temps intégrant la publicité sur internet.
Voici quelques uns des « aphorismes »
lancés lors de cette conférence par le « transmédiatique »
Boris Razon (attention ça décoiffe !) :
"L'image vaut 4.000 mots"…
"Le contenu ne nous intéresse pas "…
"Notre but est de rendre le citoyen plus
intelligent"…etc…
Le blog CCG en reste baba…"rendre le citoyen plus
intelligent"…ce pauvre citoyen-téléspectateur qui avant Pflimlin,
Patino et Razon devait vraiment être une buse… et que dire de ces futurs
enfants et adolescents attardés, sans culture écrite, abreuvés par des
programmes sans contenu rivés 24h sur 24 sur leurs multiples écrans ?
Quels contenus offrir aux enfants même si Boris
Razon déclare "Le contenu ne nous intéresse pas "… ? Le
questionnement est d’ordre psychologique et civique.
De multiples recherches psychos-sociologiques
montrent que certains enfants et adolescents ont des problèmes de construction
d’identité du fait d’un manque de repères dans le monde qui les environne.
Repères
impossibles à construire quand la frontière entre la fiction et le réel
n’existe plus…ce que Boris Razon appelle sûrement "l'objectif de l’illusion approfondie
dans la réalité" !!!!
Lorsque tout est permis dans la fiction :
tuer dans les jeux vidéo, pirater un programme à la télévision, être voyeur,
délateur dans un cadre précis de programme … les enfants et adolescents les
plus fragiles risquent de tout se permettre dans la réalité. Aujourd’hui, force
est de constater que la violence des jeunes ne cesse de progresser.
Tout ce projet des « nouvelles écritures »
n’est donc pas sans poser des tonne de questions car il n'y a aucun garde-fous et groupe d’études
psychosociologiques sur le public concerné : enfants, pré-ados et
adolescents et par la suite adultes. L’impact sur les jeunes téléspectateurs
est donc préoccupant.
La télévision de Service Publique n’a pas pour
mission de « mettre en danger »
les jeunes téléspectateurs.
Heureusement que des lois internationales protègent les
enfants auxquels s’intéressent tant ces nouveaux « concepteurs ».
CONVENTION RELATIVE
AUX DROITS DE L'ENFANT PLACEE SOUS LE HAUT- COMMISSARIAT DES NATIONS UNIES AUX
DROITS DE L’HOMME
Article 3 : Dans
toutes les décisions qui concernent les enfants, qu'elles soient le fait des
institutions publiques ou privées de protection sociale, des tribunaux, des
autorités administratives ou des organes législatifs, l'intérêt supérieur de l'enfant doit être une considération
primordiale.
Article 17 : Les Etats parties reconnaissent l'importance de la
fonction remplie par les médias et veillent à ce que l'enfant ait accès à une
information et à des matériels provenant de sources nationales et
internationales diverses, notamment ceux qui visent à promouvoir son bien-être social, spirituel et moral ainsi que sa
santé physique et mentale.
Alinéa e) A cette fin, les Etats parties favorisent
l'élaboration de principes directeurs appropriés destinés à protéger l'enfant contre l'information
et les matériels qui nuisent à son bien-être, compte tenu des
dispositions des articles 13 et 18.
Voila qui n’arrange pas forcément les affaires du « nouvel
écrivain transmédia » et de ses acolytes…pas plus d’ailleurs que les études qui prouvent la dangerosité
de la consommation excessive de la « mal-télévision ».
Eh oui, après la malbouffe, il y a la
« mal-télévision »…point n’est question de dire ici que la télévision
est un mal sociétal mais la comparaison avec la nourriture est à propos : Mieux vaut manger de bonnes choses de temps
en temps et les apprécier que de se gaver de nourritures grasses et mauvaises
pour la santé. Pour la télévision c’est quasiment pareil.
Mieux
vaut consommer des programmes de qualité que de travailler sur un volume
considérable de programmes indigestes et refourgués par certains producteurs extérieurs
dont l’étique en la matière est discutable.
A quand des avertissements sur les
programmes : « attention ce
programme peut nuire à la santé mentale et causer de graves troubles
psychologiques » ?!
Sur le sujet, l’article du quotidien « Le Monde »
du 8 octobre 2011, pages 4 et 5 du cahier Science & Techniques, intitulé « La Télévision tue » est
édifiant. En voici quelques lignes :
"Chaque
heure passée devant la télévision après l’âge de 25 ans ampute l’espérance de
vie de 21,8 minutes. En 2008, le 9,8 milliards d’heures de télévision
absorbées par les Australiens a réduit
de 21,6 mois l’espérance de vie des hommes de et 18 mois celle des femmes. Regarder la télévision 3 heures pas jour
pendant vingt ans ampute en moyenne l’espérance de vie d’une année.
Les personnes soumises à
deux heures de télévision quotidienne ont un risque de développer un diabète de
type 2 accru de 20% et voient leur probabilité de souffrir d’une affection
cardio-vasculaire augmenter de 15%. Leur mortalité, toutes causes confondues,
est accrue de 13%.
Chaque heure quotidienne de
télévision entre 40 et 59 ans augmente de 30% la probabilité de développer la
maladie d’Alzheimer.
Chaque heure quotidienne que
les enfants de moins de 3 ans passent à regarder la télévision commerciale
correspond à un doublement du risque de voir survenir des problèmes d’attention
5 ans plus tard. Regarder la télévision
avant l’âge de 2 ans est associé à des retards de langage, à des retards
cognitifs et, plus tard dans la vie, à des résultats scolaires plus faibles et
des troubles de l’attention, avec un temps de concentration réduit.
Les résultats de plus de
2000 études et revues de littérature scientifique ont montré
que l’exposition à des contenus violents
augmente le risque de comportements agressifs chez certains enfants et
adolescents, en les désensibilisant à la violence. Aucune de 3500 études
menées sur le sujet n’a mis en avant un effet de catharsis selon lequel la
violence télévisée permettrait aux enfants de se « libérer de la violence
qu’ils ont en eux. »
Un adolescent américain
moyen passe à peu près 8 heures par jour devant un écran, quel qu’il soit.
L’introduction de la
télévision dans une petite ville canadienne au milieu des années 70 a montré que les
préadolescents et adolescents de cette ville, qui avaient une perception moins
stéréotypée du sexe opposé et une représentation plus égalitaire des couches
sociales avant l’accès à la télé voyaient après l’introduction de celle-ci,
leur fréquentation de réunions associatives baisser de près de la moitié et
leur pratique sportive de 25%.
La télévision est un problème majeur de santé publique.
Les dizaines de milliers
d’études publiées à ce sujet depuis les années 70 sont toutes concordantes, sans
aucune exception. Pourquoi ne sont-elles pas relayées par les médias et les «
décideurs » ? "
L’année 2012 est certes,
l’année de l’autisme
qui vise à expliquer et comprendre ce problème dont souffrent de nombreuses
personnes mais avec Pflimlin, Patino et
Razon, on va peut-être trouver le remède ! Quel paradoxe, la société
essaie de résoudre ses maux et en parallèle, certains « mentalistes »
plongent leurs congénères dans une société de contenus audiovisuels de plus en
plus pauvres et souvent au fond bien peu profond.
Dire qu’en 2004
lorsque Patrick Le Lay patron de TF1 avait annoncé s’agissant des coupures
publicitaires : « Pour
qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont
pour vocation de le rendre disponible : c’est-à-dire de le divertir, de le
détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola,
c’est du temps de cerveau humain disponible (...) »,
il y avait eu un tollé.
Que dire aujourd’hui des propos de Boris Razon,
l’homme des nouvelles écritures et du transmédia qui veut "rendre
le citoyen-téléspectateur plus intelligent avec une image qui vaut 4.000 mots
et en faisant fi du contenu" ?!
L’expérience mise en place, cet
été, sur la série "Plus belle la
vie" dont Pflimlin s’attribue à loisir la paternité, tendait-elle déjà à "rendre le citoyen-téléspectateur plus intelligent" ??
Un téléspectateur hacker et voyeur.
Le principe était très particulier. Dans le
scénario de la série "Plus belle la vie", la mairie avait mis en
place des caméras de vidéo surveillance sur le quartier du Mistral. Un hacker
dans la série les piratait.
Le but était alors de faire participer les téléspectateurs via la connexion au site
internet pour être hacker à la place du hacker de la série et par la même de le
piéger. L’objectif de cette expérience était donc de permettre aux
téléspectateurs de pirater les caméras de vidéo surveillance du Mistral et
ainsi d’être voyeur à la place du voyeur pour ensuite travailler entre
hackers-téléspectateurs pour démasquer le hacker de la série. De plus, le blog
du personnage journaliste de la série devenait un vrai blog actif dans « la
vraie vie » avec tous ces allers-retours fiction – réalité, ces
possibilités d’être spectateur +
co-scénariste + hacker + voyeur…
Le résultat n’en déplaise à Pflimlin, Patino et Razon, a été un véritable fiasco – c’est le moins qu’on puisse
dire – avec seulement 10.000 internautes qui ont participé au coup d’envoi…Mais
ce ne serait qu’un début puisque "le
projet est lancé à vitesse grand V"...alors là!
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