Des chiffres et des lettres, façon Ville de Paris ou les bons comptes font les bon(ne)s
ami(e)s !
Alice Coffin la militante féministe et élue EELV
de la mairie de Paris qui proposait, il y a quelques jours en séance du conseil
de Paris, de compter le nombre de femmes dans
les théâtres parisiens avant d'attribuer des subventions, devrait se
pencher aussi sur France Télévisions où la sœur de l’adjointe d’Anne Hidalgo
à la Ville, a pourtant déclaré « la chasse à l’homme blanc de
plus de 50 ans ».
Si la militante féministe devait y compter les postes de femmes au
niveau du management à France Télés et ceux des hommes, elle aurait probablement quelques surprises.
Quant
à Carine Rolland qui lui a
répondu « Nous avons cette discussion de manière récurrente et presque
régulière désormais et c’est normal. Ce n’est même pas légitime, c’est normal »
ce serait pareil ! (* voir en fin de post le verbatim de l’échange)
« Statistiques de genre dans le théâtre ? » s’interroge
Marianne
qui y voit là une véritable dérive et poursuit « L'élue municipale
écolo Alice Coffin s'est encore illustrée par une demande d'une grande finesse
politique lors du Conseil de Paris du 2 juin dernier. Dans une séquence
repérée par le compte Twitter « Gauche Républicaine », la militante féministe,
après avoir intimé à la salle de lui faire « un peu plus de silence » et s'être excusée pour sa « fatigue », s'exprime sur l'attribution d'une subvention de 620 000 euros
au Théâtre de la Bastille. « Depuis un an s'enorgueillit-elle, on s'attache avec le
groupe écologiste, particulièrement au sein de la commission Culture, à
s'assurer que l'argent public alloué aux établissements culturels ne bénéficie
pas qu'à une seule catégorie d'artistes : les hommes. »
On croirait entendre l’ex-Orange et comme l’écrit le magazine
« Le ton est donné, l'ennemi tout désigné. »
« On est train de mettre en pratique des critères
idéologiques biologisants », s'insurge Isabelle Barbéris, maître de
conférence en arts de la scène et chercheuse au CNRS. « On va
assister à un phénomène de surenchère pour le mieux-disant, le plus vertueux
car le concept
d'intersectionnalité est calibré sur des logiques marketing et
donc de comptage… »
Et que va-t-on bien pouvoir compter ensuite? Les hommes et femmes de couleur,
celles et ceux issus de différentes confessions ou encore les femmes présentes dans
la salle pour savoir si le spectacle doit se jouer !!!
Non mais allo quoi ! Et
la Constitution française dans tout ça avec son article 1er : « La France est une
République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure
l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de
race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. Son organisation
est décentralisée.
La
loi favorise l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et
fonctions électives, ainsi qu’aux responsabilités professionnelles et
sociales. »?
S’il
faut subventionner comme le prône en réponse Carine Rolland « selon des critères de parité » au
théâtre, ce n’est guère demain qu’on rejouera, entre autres, les grandes pièces
du Répertoire…Mais où va-t-on ?
(*) Verbatim
Alice Coffin
Depuis 1 an on s’attache avec le
groupe écologiste, au sein de la commission culture, à s’assurer que l’argent
public alloué aux établissements culturels ne bénéficie pas qu'à une seule
catégorie d'artistes : les hommes.
Je m’appuie sur la DAC
33 relative au Théâtre de la Bastille mais ces remarques valent aussi pour la
DAC 15 sur le Théâtre Paris 14, la DAC 35 ou d’autres. Ce n’est pas concentré
que sur le Théâtre de la Bastille.
Par exemple, quelques
points de statistiques :
Le Théâtre Paris 14,
pour lequel nous votons une subvention pendant ce Conseil et qui compte 2
hommes à ses postes de directeurs, affiche une programmation avec, pour la mise
en scène, 8 hommes et 6 femmes - ça passe encore - mais en ce qui concerne les
auteurs des œuvres nous aboutissons à un total de 12 hommes et 3 femmes, soit
4/5e d’artistes hommes programmés.
Pour le Théâtre de la
Bastille, 4 hommes et un collectif sont à l’affiche.
En ce qui concerne le
théâtre des Bouffes du Nord j’avais déjà fait le décompte il y a quelques mois.
Il y a évidemment, dans
l’ensemble de ces théâtres, aussi, des femmes programmées et il y en a beaucoup
dans les délibérations que nous avons à examiner, je veux saluer ici la Maison
du Geste et de l’Image qui avait nommé une directrice en 2018 et qui avait une
programmation particulièrement féminine.
Je ne vise personne
spécifiquement ici mais je voulais entamer une discussion là-dessus : ce boulot
là, d’aller compter, qui est essentiel, d’aller faire des statistiques sur les
programmations, c’est du boulot qu’avait fait Aïssa Maiga pendant la cérémonie
des Césars en comptant les personnes noires dans la salle, c’est des techniques
d’information, et c’est là-dessus que je voudrais attirer l’attention : le
décompte, les statistiques sont des techniques dont on a besoin.
Ce travail là, pour nous
c’est difficile, on a pas les techniques ni les ressources pour le faire et ce
que j’aurais aimé savoir c’est si on pouvait envisager que ces chiffres-là
figurent dans les éléments d’informations qui nous sont donnés pour observer
les subventions, les délibérations, et que ça soit une information au même
titre que d’autres informations qui figurent dans les exposés de motifs.
Carine Rolland :
Nous avons cette
discussion de manière récurrente et presque régulière désormais et c’est
normal. Ce n’est même pas légitime mais c’est normal.
Il importe : si l’on
considère que la culture est au centre de la société et fait partie des leviers
que nous voulons utiliser pour la faire avancer et évoluer alors, bien sûr, la
question de la parité en fait complètement partie.
Juste
pour les établissements que vous avez cités, la programmation du Théâtre de la
Bastille est particulièrement masculine, il faut tout de même préciser que
c’est une programmation tronquée, une saison très amputée, à laquelle nous
pouvons assister désormais, du fait de la pandémie alors même que le Théâtre de
la Bastille devait accueillir de nombreuses metteuses en scène en 2020-2021.
Sur le Théâtre 14, même phénomène. À l’année, la programmation est d’ores et
déjà paritaire, si ce n’est que nous n’avons cette année que des demi-saisons.
Si sur les Bouffes du nord des marges de progression sont encore possibles, je
tiens à souligner l’ouverture de saison par une metteuse en scène, Jeanne
Candel, qui proposait Le Viol de Lucrèce.
Ces
trois précisions étant faites, vous savez que nous travaillons sur une
lisibilité plus grande des critères d’attribution des subventions, au titre
desquels la parité sera complètement partie prenante des critères. Nous y travaillons à toute force
avec la DAC et nous l’aborderons lors du prochain Conseil de Paris. Donc, lors
de la prochaine deuxième commission et lors du prochain Conseil de Paris, nous
vous ferons des propositions en ce sens et nous aurons donc l’occasion
d’avancer.