Rémy Pflimlin, un budget 2012 en trompe l’œil pour la signature du COM le 15 novembre !
Hier, Martine Martinel députée chargée de rendre un rapport sur les crédits média du budget 2012 à l'Assemblée Nationale plantait le décor… « les incertitudes sur la situation financière qui pèsent sur l'AEF (l'Audiovisuel Extérieur de la France) comme sur France Télévisions ne permettaient pas de voter les budgets 2012 !!! »
Rémy Pflimlin n’en a cure. Quant à la « zone de turbulences avec l'élection présidentielle qui approche et les crispations qu’il suscite à l'Elysée », il affirme que « Tout ce que l'on entend ici et là est inexact » et qu’ «il a avec l’Etat actionnaire, des relations de grande confiance au regard du Chef de l'Etat qui le laisse travailler puisqu’ayant même approuvé ses propositions pour le contrat d'objectifs et de moyens (COM)».
Le contrat d'objectifs et de moyens (COM) de France Télévisions officiellement signé pour quatre ans, le 15 novembre avec l'Etat, prévoit bien une progression des ressources publiques de 2,2 % jusqu'en 2015…les moyens ils les a d’ores et déjà obtenus. CQFD ! Il implique aussi, son conseil d'administration où siègent les représentants de l’Etat, qui selon ses dires, le suit en adoptant ses orientations stratégiques sans réserve !!!!
Son budget ?! Une simple formalité !? Pas si sûr. Rémy Pflimlin n’imagine quand même pas enfumer les parlementaires et l’actionnaire comme il enfume les salariés ?
1°) Des recettes publicitaires en forte baisse
Les recettes publicitaires de France Télévisions – comme notre blog l’avait déjà évoqué à l’été –seront à un niveau bien inférieur aux années passées. La crise est loin de tout expliquer !
Après une grille de premier semestre, certes largement inspirée de l’équipe précédente, une grille d’été qui, elle, n’a pas répondu aux attentes du public et enfin suivie d’une grille de rentrée catastrophique qui a fait fuir les derniers téléspectateurs attachés aux valeurs des grille publiques vers les chaînes privées traduit bien l’échec de l’équipe Pflimlin.
Cette nouvelle direction à qui beaucoup avait pourtant accordé deux grilles avant de porter un jugement, est clairement en train de couler la télé publique qu’il s’agisse des programmes engendrant des audiences en chute libre comme de la désorganisation qui est totale.
Aujourd’hui, la messe est dite…entre autres « enfumages », la direction qui répète fallacieusement que les prévisions publicitaires de France Télévisions seraient en hausse !!! Ce que Pflimlin et ses équipe omet de dire, c’est que cela s’entend « PAR RAPPORT AUX PRÉVISIONS » (illusoires donc) qui étaient fixées, de toute façon, très en-dessous du réalisé de l’exercice précédent et dont Rémy Pflimlin espérait en plus de la rallonge obtenue grâce au COM, qu’elles seraient compensées intégralement. Le constat est sans appel.
2°) Fini les 400 millions d'euros par an que l’Etat devaient verser à France Télé – dans le contexte de crise financière que connaît le Pays mais plus largement l’Europe – ça fait tâche ! Rappelons que la France a finalement été traduite devant la Cour de Justice de l’Union Européenne pour la mise en place de la taxe sur les opérateurs destinée à financer la fin de la publicité sur les chaînes publiques ; « La Commission considérant que cette taxe est incompatible avec les règles européennes en matière de télécoms ». En septembre 2010, la commission Européenne avait déjà écrit à Paris pour dire « que ces «taxes télécoms» étaient bel et bien incompatibles avec le droit de l'UE dans le domaine des télécommunications, qui prévoit que les taxes imposées aux opérateurs de télécommunications doivent être spécifiquement et directement liées à la couverture des coûts de la réglementation du secteur des télécommunications ».
3°) La compensation des exonérations de redevance audiovisuelle.
Après la loi relative à la communication audiovisuelle de 2009, les familles modestes comme les personnes atteintes de handicap auditif ou visuel, ont été exonérées de la redevance devenue Contribution à l'audiovisuel public.
Le budget de l’Etat compense donc ces exonérations de redevance présentées comme un élément de la politique sociale du Pays. Seulement, répercussions de la grave crise financière qui sévit, il y a de plus en plus de familles modestes et l’Etat est de moins en moins frileux (c’est peu dire) à dépenser. Rappelons qu’en 2007, la redevance représentait près de ¾ (75 % des ressources du service public de l'audiovisuel), soit 2 milliards d’euros…en contrepartie de la redevance perçue, le groupe France Télévisions s'était engagé à l’époque à n'effectuer aucune coupure publicitaire des longs métrages (cinéma et téléfilms) diffusés sur son réseau de chaînes. Aujourd’hui qu’il n’y a plus de pub après 20h, chaque parlementaire, chaque français, chaque contribuable peut imaginer les montants !
4°) Tous les feux sont au rouge.
Quelles solutions pour rééquilibrer cette descente annoncée dans les déficits ?
Dans toute entreprise, on chercherait des économies mais pas à France Télévisions.
A commencer par l’inflation des dépenses pour la diffusion de programmes espérant ainsi palier autant que possible la catastrophique baisse d’audience des nouveaux programmes. Le SNPCA-CGC avait déjà alerté sur l’effet dévastateur des programmations / déprogrammations et des provisions constituées…(voir notre blog du 20/10/11 : « Entre programmations, déprogrammations et dépréciations… »).
Pflimlin doit donc trouver d’autres pistes d’économie :
a) Les frais de personnel ? Certainement pas, du moins pour l’ensemble des nouveaux directeurs engagés à des niveaux de rémunération dignes de leur statut, à défaut très souvent de fonction effective. Des millions d’euros annuels non prévus !
Enfin, « fort heureusement », une partie est financée par une économie sur d’autres personnels ; ceux qui sont présents depuis des années, qui ont contribué à la mise en place des réformes successives, à qui l’avis n’a même été demandé et dont une partie est à l’origine des synergies tant défendues par l’actuelle équipe.
Après une augmentation des salaires de 0,8% en 2010 (pour une inflation de 1,8% sur la même période) et une soi-disant augmentation de 600 € (moins de 450 euros en réalité) en 2011…
« Généreuse augmentation » qui ne compense même pas l’absence de versement pour 2011 de prime d’intéressement axés sur les résultats 2010…Une première dans l’histoire de France Télévisions qui risque fort de se renouveler avec le refus de l’équipe actuelle de négocier un nouvel accord d’intéressement.
Sans doute présument-ils que le résultat de leur gestion catastrophique et de leurs incompréhensibles décisions conduira à un résultat négatif et qu’il n’y a donc pas lieu à « récompenser » des salariés à qui sont portant demandés des efforts les plus significatifs.
Quelles sont alors les autres charges qui peuvent être compressées ?
b) La fameuse politique de réimplantation immobilière qui devait donner une marge de manœuvre significative. Tu parles.
Sera-t-elle plus efficacement mise en œuvre alors même que plus de 75% de m2 dans le nouvel immeuble sont encore vacants et que ceux occupés ont été réduits en moyenne de 3 m2 par agent ré implanté ? Des économies virtuelles difficiles à évaluer lorsque tous les baux ont été reconduits (il y a même des immeubles sans réelles affectations) et que de nouveaux (pour des locaux somptueux d’ailleurs) ont été signés (Microsoft de l’autre côté du périphérique, entre autres) …
La question demeure. Quand l’impact de toutes ces politiques seront-elles effectivement présentées à l’état actionnaire ? Quelle sera la position de la direction actuelle ?
Pflimlin n’aura, de fait, que 2 possibilités.
- soit présenter la réalité des choses dès la présentation de comptes 2011,
- soit les reporter sur 2012.
Mais là, ce sont de nouvelles interrogations :
- Qu’il s’agisse du budget présenté au Conseil d’Administration ou du plan d’affaires qui signé entre l’Etat et l’actuelle équipe, comment dans de telles conditions, peuvent-ils présenter des comptes en équilibre…sans qu’aucun arbitrage n’ait été rendu ????
- Dégrader 2011 ou maquiller 2012 ? Quelle sera alors la réaction de l’actionnaire ?
Il semblerait aujourd’hui que de nombreuses voix s’élèvent pour mettre fin à cette gabegie organisée, particulièrement au moment où France Télévisions fait l’objet d’une enquête préliminaire ordonnée par le Parquet dans le cadre d’une plainte pénale pour « prise illégale d’intérêts et délit de favoritisme » . L’actionnaire n’étant visiblement plus prêt à se laisser mener en bateau, en tirerait ainsi toutes les conséquences et prendrait toutes les mesures indispensables pour permettre, enfin, à France Télévisions, d’affronter les défis à relever.
On parle de nouveaux administrateurs nommés à France Télévisions.... Un signe !?
Et si l’on revenait finalement à la question implicite de Martine Martinel à l'Assemblée Nationale : « Comment un dirigeant qui mentirait aux salariés, mentirait aux média, mentirait aux administrateurs, mentirait aux parlementaires ou mentirait à l’actionnaire (donc aux contribuables, aux français, dans le cadre d’une entreprise totalement publique)…pourrait-il effectivement être maintenu à la tête de l’entreprise ????