Catherine Lemorton présidente PS
de la commission des affaires sociales à l’Assemblée : les révélations de
Médiapart qui empoisonnent son candidat Benoit Hamon.
Comme s’il n’y avait déjà pas suffisamment d’affaires
dans "cette campagne 2017 qui sent mauvais" (dixit François
Hollande à Franz-Olivier Giesbert dans l’interview qu’il
lui donne à paraître dans « L’Obs » du 13 avril), voilà que Médiapart dans une enquête particulièrement
étayée et documentée, lance un nouvelle fois l’alerte.
Chacun se souvient de l’affaire dite Cahuzac
que le titre de Presse avait révélé et qui avait pourri – n’ayons pas peur de
mots – les premiers mois du quinquennat Hollande…il y en a eu d’autres depuis
des affaires mais celle nouvelle-ci vaut tout de même son pesant de cacahuètes.
Catherine Lemorton présidente PS
de la commission des affaires sociales à l’Assemblée nationale –
attention, tout est quasiment là – a « dû embaucher sa propre fille, Léa
Lemorton, dans le cadre d'un contrat à durée déterminée du personnel en renfort…après
avoir viré une collaboratrice en maladie.»
Il semble que du côté PS l’affaire
soit prise très au sérieux.
Pour
Benoit Hamon qui déclarait publiquement s’agissant de l’enquête préliminaire
sur les emplois des filles de Bruno Le Roux éphémère ministre de l’Intérieur
"L’exemplarité
s’applique à tous. Qu’il est difficile de demander une règle pour les
uns et qu’elle ne s’applique pas aux autres…Nous avons aujourd’hui une forme de soupçon qui pèse sur la classe politique et
la vie politique tout entière. Il faut
pouvoir lever le soupçon et c’est souvent mieux de le faire en prenant des
décisions, difficiles, j’imagine, brutales…", l’affaire semble très sérieuse et entendue.
Le
premier Secrétaire du PS pourrait donc très rapidement « prendre la décision, difficile et brutale » de retirer Catherine Lemorton l’investiture du parti
pour les législatives 2017.
Et comme le dit Médiapart qui cite cette ancienne assistante administrative qui vivra
quelques hauts et beaucoup de bas avec la députée (sic) : « Comme
employeur, elle était minable. Elle est
censée représenter le peuple. Mais je suis le peuple. Et il faut voir
comment elle se comporte. Elle ne mérite
pas le mandat qui lui est confié. ».
Qu’ajouter à cette redite
de la position du candidat PS à la magistrature suprême ?! « Elle ne mérite pas le mandat qui
lui est confié. Elle est censée représenter le peuple mais le peuple, c’est
nous ! »…Surement pas ses proches et sa famille !
Extrait :
« Catherine
Lemorton (PS) est la présidente de la commission des affaires sociales de
l’Assemblée nationale.
Cela ne l’a pas empêchée de licencier
à deux reprises des assistantes parlementaires en arrêt maladie. D’autres parmi
ses anciens collaborateurs ont été humiliés. Et choqués par le comportement
d’une députée, chantre de la transparence, qui n’hésite pas à faire profiter
ses enfants de l’argent public.
Toulouse (Haute-Garonne), envoyé spécial.- Catherine Lemorton est une députée
réputée pour son bagout et son sens de la répartie. Quand il s’agit de parler de sa relation avec ses assistants
parlementaires et de son rapport à l’argent public, elle préfère pourtant se
réfugier dans le silence. Elle n'a pas retourné nos multiples appels.
Le 16 mars, elle ne s’était déjà pas présentée à l’audience des prud’hommes de Toulouse,
lors de laquelle il lui était
reproché d’avoir licencié une assistante en arrêt maladie.
Plus gênant encore : selon notre enquête, c’est la deuxième fois que la
présidente de la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale
licencie de la sorte. Nous avons également retrouvé plusieurs de ses
anciens assistants qui ont été choqués voire traumatisés par les méthodes de la
députée. Mais là non plus, l’élue de
Haute-Garonne, toujours prompte à promouvoir la transparence et à dénoncer les
« patrons voyous », n’a pas souhaité nous répondre….
Véronique Dufor, elle, ne rechigne,
pas à s’exprimer. À 44 ans, elle a envie que tout le monde connaisse le vrai
visage de celle qui l’a employée pendant huit ans, avant de la licencier….Avec le recul, elle juge que son
premier jour, en septembre 2007, était prémonitoire. « Il était prévu
que je remplace à 9 heures quelqu’un qui n’était pas encore informé de son
licenciement. »
Véronique, son ancienne assistante administrative
vivra quelques hauts et beaucoup de bas avec la députée. « Comme employeur, elle était minable. Elle est censée
représenter le peuple. Mais je suis le peuple. Et il faut voir comment elle se
comporte. Elle ne mérite pas le mandat qui lui est confié. »…
Médiapart qui publie la lettre de
licenciement surréaliste adressée à Véronique, ajoute « embauchée le 1er septembre 2007, les soucis physiques
commencent en novembre 2014, avec des douleurs aiguës au coude, qui
s’aggraveront de mois en mois. En mars 2015, elle est arrêtée une première
fois. Elle revient. Puis est de nouveau arrêtée trois mois. Après ses congés du
mois d’août, elle n’est toujours pas en mesure de reprendre, est à nouveau mise
en arrêt maladie, et, le 27 août 2015,
reçoit une convocation en vue d’un licenciement : «… Comme je vous l’ai exposé, vos absences répétées et prolongées
perturbent le fonctionnement de la permanence, il est nécessaire de pourvoir à
votre remplacement pérenne. »
Une autre ancienne assistante parlementaire, Lamia, a
versé à l'audience un témoignage sur l’honneur. Catherine Lemorton aurait
annoncé à ses assistants qu’elle avait déjeuné avec le directeur de la CPAM et
qu’il allait faire casser l’arrêt [maladie, ndlr]. Contacté, le directeur
dément. Il explique que Catherine Lemorton lui a bien parlé du dossier mais au
sujet d’une question purement technique, « la demandee subrogation. Je n’ai pas le souvenir qu’elle
m’ait demandé quoi que ce soit d’autre ».
Quoi qu’il en soit, les conseillers prud'homaux
doivent avant tout répondre à une autre question : le licenciement est-il
irrégulier car sans cause réelle et sérieuse ? Selon l'article L. 1132-1 du Code du travail, aucun salarié ne peut en
effet être sanctionné ou licencié en raison de son état de santé.
Licencier pendant un arrêt maladie n’est pas
absolument impossible, selon la jurisprudence. Mais l’employeur doit alors
établir « la perturbation du fonctionnement de l’entreprise »,
et le fait qu’il doive impérativement remplacer le salarié de manière
définitive.
En 2011 déjà, Catherine Lemorton
avait licencié une de ses assistantes pendant un arrêt maladie de plusieurs
mois. Cette assistante-là, « choquée », n’avait pas eu la
force d’attaquer la députée, et six ans plus tard, elle se dit encore trop « traumatisée »
pour raconter son histoire.
Véronique Dufor avait assisté, impuissante, à ce
licenciement. Quand cela lui est tombé dessus à son tour, elle a décidé de ne
pas se laisser faire. « Car où est la preuve de la perturbation de la
structure ? » demande Me Claude Yéponde, qui ne voit
pas quel problème insoluble posait l’absence de sa cliente. À l’appui de sa
démonstration, il cite des SMS de Catherine Lemorton, qui prend des nouvelles
de son assistante et l’encourage à bien se reposer pendant les premiers mois de
son congé : le 16 mars 2015 : « Si tu dois continuer à te
reposer, tu n’hésites pas. Tu fais prolonger ton arrêt de travail » ;
le 8 juin : « Ne te prends pas la tête ! Tu t’arrêtes
autant que nécessaire et on s’organise. Bisous » ; le 24 juin, « Pas
de problème. On organisera l’équipe en fonction. »….
Du matériel informatique pour la
famille aux frais du contribuable
Cependant, Catherine Lemorton n’explique pas pourquoi
il était impossible de recourir à un contrat à durée déterminée. D’autant qu’il
était de toute façon prévu qu’en octobre 2015, soit un mois plus tard,
Véronique parte pour un an en formation…
Par ailleurs, la seconde condition
pour pouvoir licencier un salarié pendant son arrêt maladie consiste à l'avoir remplacé « dans un délai raisonnable et
de façon pérenne ». Or
Catherine Lemorton a bien embauché un nouveau contrat à durée indéterminée
(CDI), mais seulement trois mois plus tard, en décembre 2015.
Pour tenter de démontrer un dysfonctionnement de la
permanence en l’absence de Véronique Dufor, Catherine Lemorton fait valoir qu’elle a notamment dû embaucher du
personnel en renfort, en l’occurrence sa propre fille, Léa Lemorton, dans le
cadre d'un contrat à durée déterminée, du 1er avril 2015 au 31 mai
2015.
En pleine affaire Fillon, l’emploi familial fait
sourire les conseillers prud'homaux.
Médiapart qui publie également des
documents probants comme la facture de l'achat d'ordinateur du 14 janvier 2014
et le courrier de Catherine Lemorton au trésorier de l'Assemblée nationale pour
se faire rembourser sur son compte IRFM l'ordinateur, ainsi qu’une des fiches
de paie de Léa Lemorton, précise « Plusieurs
anciens assistants parlementaires nous ont confirmé le fait qu'à une époque,
Catherine Lemorton avait justifié l’embauche de sa fille par le fait qu’elle était « perdue », qu’il fallait lui donner des « repères » et que ce
contrat lui permettait de se « raccrocher
à quelque chose ».
Ainsi, chaque député peut piocher
dans une enveloppe pluriannuelle de plusieurs milliers d’euros destinés à
couvrir ses dépenses en équipements informatiques. Mais comme le montrent
certaines notes tapées ou manuscrites auxquelles nous avons eu accès, Catherine Lemorton a profité de ce budget pour
acheter du matériel à ses filles (ordinateurs, téléphones portables, etc.),
avant de se le faire rembourser sur son compte d'indemnités représentatives des
frais de mandat (IRFM)…
Catherine Lemorton n’est certes pas la première
députée à fournir un emploi à l'un de ses enfants. Ni à détourner l’argent
public de son objet initial à des fins privées. Est-ce pour autant une
excuse ? « Quand on a
fait de la transparence et de l’éthique son cheval de bataille, on doit le
mettre en application au quotidien », juge Lamia, qui a été son
assistante pendant plus de quatre ans…. »
Surtout lorsqu’on s'est fait nommer
à la Présidence de la Commission des affaires sociales à l’Assemblée Nationale et qu’on ose
briguer un nouveau mandat parlementaire de représentation du Peuple….et ce sera
le mot de la fin.