Le projet de fusion TF1/M6 a
été accepté par les actionnaires du groupe M6.
Les actionnaires du groupe M6 ont
validé, ce mercredi, le projet de fusion entre TF1 et M6. Cette dernière créerait
une formidable force de frappe au sein de l’audiovisuel français, après que l’Autorité de la concurrence aura rendu sa décision prévue à l’automne.
Bien entendu, l’enjeu publicitaire
est énorme…le nouveau groupe pourrait capter près de trois quarts du marché publicitaire
mais ce n’est pas le seul angle que devront avoir à l’esprit celles et ceux qui
donneront leur feu vert.
« Quels sont les enjeux
de telles reconfigurations en termes d’informations et de divertissement ?
Sont-elles dangereuses pour le pluralisme de la presse, pilier démocratique ? Outre
le versant financier, quel est l’avantage d’une telle fusion pour concurrencer
les plateformes ? Quels sont les garde-fous à la disposition de l’Arcom et de
l’Autorité de la concurrence pour le projet de TF1 et de M6 ?... » s’interroge
L’Obs qui a sollicité l'avis de l’économiste Marianne Lumeau, maître de
conférences à l’Université d’Angers et spécialiste de l’économie du numérique pour
tenter d’obtenir quelques éléments de réponse.(*)
Étrange paradoxe, cette
concentration, intervient au moment où la président de la République parle de supprimer
la CPA (ex-redevance audiovisuelle pour le service public) !
Il faut dire qu’en
qualifiant la gouvernance de France Télévisons de « Honte de la République »,
il pensait surement plus à un sursaut qu’à la chienlit abyssale dans
laquelle la télé publique a été plongée depuis une bonne demi-douzaine d’années !
(*) Extraits
de l’article de L’Obs : « Fusion TF1/M6 : « L’enjeu
majeur, c’est d’arriver à capter l’attention des consommateurs »
Grappiller jusqu’à 75 % du
chiffre d’affaires du marché publicitaire. Une fusion entre M6 et TF1 créerait
un véritable mastodonte dans l’audiovisuel français. Et les actionnaires du
groupe M6 ne comptent pas s’en priver…
La concentration
médiatique dans l’audiovisuel semble de plus en plus inéluctable. Pourquoi les
chaînes et radios se regroupent-elles ?
Le but est d’être plus
concurrentiel face aux grandes plateformes numériques telles Netflix ou Amazon
Prime, à trois niveaux : en termes de marché publicitaire, de production
audiovisuelle et de développement du streaming. Une fusion des groupes TF1 et
M6 aura un impact sur le marché publicitaire hors-ligne [les spots télévisés et
radiophoniques, NDLR] mais moins en ligne où Meta et Google sont vraiment en
position hégémonique. Netflix parle également aujourd’hui d’introduire la
publicité pour pouvoir attirer des nouveaux consommateurs qui ne veulent pas
payer d’abonnement alors qu’avant c’était une fin de non-recevoir... Sur le
développement de la production audiovisuelle francophone, il peut y avoir une
capacité de financement plus importante par la mutualisation et donc, la
création de programmes originaux diffusés sur les chaînes et en replay. Enfin
sur le streaming, cela va être difficile de concurrencer l’immense catalogue de
séries et de films disponible sur Netflix ou Amazon Prime. Sauf peut-être sur
la jeunesse avec la puissance de Tfou Max et de Gulli…
La consommation de la
télévision est-elle amenée à disparaître au profit de ces géants de
l’audiovisuel ?
La suite après la publicité
Les réseaux sociaux numériques
sont vraiment rentrés dans les pratiques de consommation des Français. Pour
autant, les acteurs traditionnels, et notamment la télévision, n’ont pas
disparu. Même chez les plus jeunes. Ils vont - aussi bien pour leurs pratiques
informationnelles que pour des consommations de séries ou de films - avoir
recourt à une consommation en ligne en différé ou en direct. C’est plutôt la
disparition du poste de télévision chez les plus jeunes qui serait à l’œuvre et
pas tant une disparition de la consommation des programmes télévisuels.
Outre le versant
financier, quel est l’avantage d’une fusion pour concurrencer les plateformes ?
L’enjeu majeur, c’est
d’arriver à capter l’attention. On a tous 24 heures dans une journée et on va
allouer notre attention à différents médias. Plutôt que de regarder le
rapprochement TF1-M6 au prisme du prix ou de la qualité, il faut l’analyser en
termes de temps d’attention des consommateurs. Aujourd’hui, le groupe public
France Télévisions et Radio France est celui qui concentre le plus d’attention
des consommateurs, sauf chez les plus jeunes (18-24 ans) où c’est Meta. Avec la
fusion, d’après les simulations, sur l’ensemble de la population, il serait le
premier groupe en termes de temps d’attention. Sur les jeunes, il viendrait
talonner Meta.
Netflix, Apple TV, Disney+ :
qui racontera nos histoires demain ?
En ligne, il y a ce que l’on
appelle des marchés bifaces. Ils mettent en interaction deux catégories
d’utilisateurs : les consommateurs et les annonceurs publicitaires. En général,
les grandes plateformes mettent en place des « dark paterns », des designs
trompeurs, pour conserver l’attention du consommateur le plus longtemps
possible. C’est par exemple le fait de scroller indéfiniment sur les réseaux
sociaux. Cela active un biais comportemental que l’on a : la peur de rater
quelque chose d’important. Le problème, c’est les comportements addictifs qui
en découlent, des questions de réglementation commencent d’ailleurs à émerger
sur le sujet…
D’un côté la
concentration de ces grands groupes privés s’opère, de l’autre le gouvernement
prévoit de supprimer la redevance audiovisuelle pour le service public. Faut-il
y voir un danger pour la transmission de l’information ?
Il faut préserver la
concurrence, qu’il y ait le plus de médias possible sur le marché. Cela permet
de conserver le pluralisme et ainsi, de garantir l’indépendance de
l’information. D’abord face au gouvernement. Quand il y a peu de médias et
qu’ils sont aux mains du pouvoir, comme en Russie par exemple, l’information
est biaisée. Ensuite, cela permet de garantir l’indépendance de l’information
face aux lobbies ou encore face aux propriétaires des médias. Là, on peut citer
l’exemple malheureux du groupe Vivendi (Canal+ et Europe 1), détenu par Vincent
Bolloré, qui semble interagir sur la ligne éditoriale des différents médias
qu’il a rachetés.
Sandra Laugier, philosophe : «
Il manque encore une pensée critique des séries »
Quels sont les
garde-fous à la disposition de l’Arcom et de l’Autorité de la concurrence pour
le projet de TF1 et de M6 ?
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dépôt d’un cookie d’analyse par Google. Pour encadrer cette fusion, il y a la
loi du 30 septembre 1986, relative à la liberté de communication. Si TF1 et M6
fusionnent, l’Arcom ne laissera probablement pas le groupe garder toutes ses
chaînes de télévision. L’Autorité de la concurrence régule, elle, le marché
publicitaire. Elle calculera si cette fusion est souhaitable ou non. »