Le total de l’actif
immobilisé baisse de 13 M€ de 2012 à 2013.
Cette
baisse masque en réalité deux phénomènes: une
augmentation forte des dépenses en logiciels et une réduction dramatique des
investissements en programmes et en matériels techniques.
Sur 2013, les investissements en
logiciels ont ainsi augmenté de 16M€ sur un an avec les résultats
calamiteux que connaît France Télé depuis 5 ans,
sur entre autres, les logiciels RH
(Papyrhus) et de gestion (Ariane)… c
Chaque
année pourtant depuis 2010, Pflimlin promet « un parfait fonctionnement à
venir » moyennant quelques investissements supplémentaires qui ressemblent
plus au tonneau des Danaïdes qu’à une performance reconnue….à ce train-là le Siège d’Oracle sera
probablement intégralement financé.
Mais
surtout, cette baisse traduit une
réduction marquée des investissements dans les programmes et les
installations techniques et matérielles (qui sont les valeurs patrimoniales de
la télévision) qui font cruellement défaut à l’entreprise actuellement.
Ainsi,
chacun pourra toujours constater que le parc de caméras de reportages n’est
toujours pas intégralement en HD (cela se voit évidemment sur les JT du
soir à titre d’exemple exemple par rapport à TF1) ou encore que les bancs de
montages ne sont encore pas tous compatibles avec la « full HD »
(H.264) alors même que le futur repose maintenant sur la 4K (H.265) !
La
direction a beau pérorer sur les innovations de France télévisions en matière
de numérique, flambant ainsi le budget de l’État dans des stands de domotique
du futur…la mission actuelle qui est
demandée à France TV (à savoir offrir un service de qualité) n’est toujours pas
assurée du fait d’une étrange priorisation des dépenses budgétaires.
Le parc matériel et technologique baisse
donc en valeur de 4M€, tandis que les stocks de programmes reculent, eux, de 6
M€.
Le plus inquiétant réside sans doute dans
la sincérité de ces chiffres comme l’avait, du reste, souligné
justement un récent comité d’Audit par la voix de Christophe Beaux.
Comme pour les comptes 2011 dont les
niveaux de provisions et dépréciations respiraient plus « le jeu
d’écriture » comptable que la véritable estimation des stocks
de programmes, ceci afin de réduire
la perte d’exploitation initialement évaluée à-60M€, il semblerait que pour 2013 encore, les
amortissements et dépréciations de programmes aient été sérieusement
sous-évalués.
En effet, le niveau d’amortissement de
programmes en 2013 chute de 55 M€ par rapport à 2012.
Bizarre
vous avez-dit bizarre, comme c’est étrange…
Il y a fort à parier que « la valeur
patrimoniale » du stock de programmes est inférieure d’une bonne
cinquantaine de millions à ce qui est indiqué dans le bilan.
Ainsi,
à amortissements et périmètre comparable à 2012, le stock de programmes serait non pas en baisse de 6M€ mais de
62M€ !!
Et
comme il faudra tôt ou tard constater la valeur réelle des nanars achetés par
l’équipe en place, Pflimlin le numéro 1 et Patino le numéro 2 et dont chacun
imagine bien qu’ils n’auront pas été dépréciés comptablement, c’est le successeur de Pflimlin qui s’y
collera avec un bon paquet de millions (60 à 70) à passer en pertes en 2015.
Merci qui ?
« Le passif» de l’entreprise,
ensuite.
Que
nous apprend-t-il ? Beaucoup de choses en réalité.
Les capitaux propres fondent au soleil
(-118M€) soit le quart des capitaux partis en fumée en 1 an.
Les provisions pour risques et charges
explosent : +80 M€ !
Les profanes pourraient se dire que ces 80M€
sont le fait de la provision des indemnités dues au Plan de Départs Volontaires
(en retraite pour une bonne partie) ! Il n’en est rien…non, il s’agit
essentiellement de provisions pour « risques » (+70M€).
Quels sont ces risques ?
France Télévisions se garde bien de le
dire mais il suffira de se référer à
l’explosion du nombre des contentieux prud’homaux pour se douter que ces 70M€
correspondent aux montant que devra débourser FTV pour sa gestion sociale
calamiteuse autant qu’irresponsable du plan de départ non assumé
pratiqué sauvagement sur les non permanents (près de 400 postes saqués en
2013) et sur les CDI que la direction voudrait lourder en douce.
Les
chiffres sont têtus, L’expérience prouve que les condamnations de première instance sont, la plupart du temps alourdies
en Appel, et qu’en douteuse gestionnaire des fonds publics, l’équipe de Papet
ne connaît qu’une stratégie: celle de nier les faits et d’aller le plus loin
possible dans les procédures. Nul ne sera étonné que vu le foutoir qui règne en interne, ce montant
soit susceptible de doubler voire de tripler dans les deux ans à venir.
Là encore, le successeur de Pflimlin
devra affronter un tsunami de charges pour contentieux soigneusement planquées
et qu’on aura laissé pourrir dans le placard du prédécesseur.
Venons-en au compte résultat:
Là
encore, malgré les auto-félicitations de l’équipe en place et la propagande
outrancière en la matière, il n’y a pas de quoi être fier.
Les dépenses de gestion courante continuent
d’augmenter vertigineusement (+11M€). Ceci prouve clairement
que les efforts ne sont pas faits au bon endroit.
La politique de Pflimlin qui a conduit au
désastre actuel montre que les programmes (valeur en stock) ont
« trinqué », que les dépenses internes n’ont pas baissé et que les
investissements technologiques ont reculés… incroyable enfumage, une fois
encore, surtout en prétendant sans cesse être à la point du numérique !
Le chiffre d’affaires commercial (hors
dotations de l’État) plonge de 121 M€, en lien direct avec l’écroulement de
l’access de France 2 et avec la gestion calamiteuses des grandes comptes
clients.
Là aussi, on peut raisonnablement
s’interroger sur la présentation du document de France Télévisions.
Pourquoi mettre le chiffre
d’affaires constaté d’avance sur une ligne à part ?
La réponse semble évidente….cela permet berner tout le monde par
une présentation fallacieuse des chiffres bruts, destinés à atténuer la gamelle
de 2013 sur la pub et le parrainage.
Plus grave, cette présentation permet de faire croire
que la baisse des ressources du groupe est principalement liée à la réduction
de la dotation de l’État alors que le chiffre d’affaires commercial se gamelle
de 121M€ : - 22% de 2012 à 2013, sans que l’État y soit vraiment pour quelque chose
mais simplement du fait des mauvais choix répétés de l'équipe en place.
Là encore l’attelage
Pflimlin-Patino va laisser des traces. L’échec
du 1er semestre 2014 sur l’access pèsera certainement encore très
lourd dans les chiffres de 2014 et ce n’est pas la coupe de monde de foot qui
va sauver les meubles cette fois puisque c’est la concurrence qui diffuse
et non la télé publique !
Concernant les provisions pour dépréciations,
comme indiqué un peu plus haut, la
baisse de 55M€ est plus que suspecte d'autant que les périmètres n'ont pas
changé et que les nanars annulés ou indiffusables ont plutôt augmenté.
A périmètre de dépréciation comparable à 2012, le résultat
serait probablement plus proche de -170 M€ que -115 M€.
Curieux, n'était-ce pas le chiffre annoncé plus ou moins par Fabrice Lacroix quelques
semaines avant d'annoncer ce miraculeux redressement de dernière minute à
-115 M€ qui avait fait s'étonner le comité d'audit sur les incroyables
différences d'estimations de résultat à quelques jours à peine d'intervalle
?
A moins que tout cela ne
soit (encore) la faute d'Ariane, cette énorme usine à gaz (plutôt que fusée) comptable voulue et mise en
place par Schwartz qui a déjà explosé plusieurs fois depuis 2009 et a conduit
au désastre de 2011 dont certain(e)s ont fait les frais ?!... »
Il
convient de rajouter que l'évolution des emplois, avec la progression continue de
l’encadrement (environ +200 par an) s'accompagne d'une suppression des contrats
des non permanents (la plupart du temps
violente) portant sur près de 400 postes.
Depuis
2012 c'est là que s'est joué le vrai drame social, avec un plan de suppression de l'emploi non avoué (conduisant à des
contentieux prud'homaux par centaines de non permanents sous contrats précaires
depuis des années voire décennies).
Cette situation est le reflet d'une mise à
mort de l'audiovisuel public depuis 2005 environ (sous Carolis) consistant à
transférer la production interne à l'extérieur, dans des boites privées (souvent
dans une grande opacité), transformant FTV en seul diffuseur,
laissant le champ libre à la production privée (avec la bénédiction des
producteurs).
La progression des engagements d'achats
et de coproductions a ainsi explosé depuis 10 ans.
Dans le même laps de temps, tout a été
fait pour réduire la production interne, jugée (*) « trop chère et incontrôlable » (non du fait d'une réalité, mais du fait d'une
incapacité de gestion de la productivité et d'une absence de mesure fiable des
coûts dans Ariane) comme peau de chagrin.
Cette politique suicidaire a conduit FTV à
supprimer de plus en plus l'activité interne, créant ainsi du sous-emploi
(surtout dans les Régions), conduisant à la constatation absurde que l'emploi
interne serait couteux. Chacun sait que le coût d’un emploi technique interne est
en gestion analytique, déterminé en fonction du prix du loyer, des charges et
autres dépenses internes…Donc moins les gens sont programmées, plus ils coûtent
cher.
En
d'autres termes, moins on pédale, moins on avance et plus le cycliste coûte
cher au kilomètre parcouru.
L'expérience Viastella a démontré l'exact
inverse des postulats fait par les directions successives de FTV de 2005 à 2014
: plus on augmente l'activité
interne, plus les coûts de productions baissent (optimisation de l'outil de
production rapporté aux coûts fixes et aux volumes produits).
Les choix de Pflimlin en la matière,
largement amorcés sous Carolis, sont donc catastrophiques.
En réduisant la production interne, et
en supprimant des emplois de production au bénéfice des dépenses internes non
maîtrisées et des producteurs privés (ou considérés à tort comme tels, MFP par
exemple) on a transformé FTV en
simple outil de diffusion hertzienne et linéaire, sans réflexion sur l'avenir.
Une coquille vide qui ne fait que
diffuser devient vulnérable, car aujourd'hui le sens de l'évolution commerciale
des contenus va vers la
désintermédiation. A savoir du producteur au
consommateur-spectateur. C'est ce que montrent les réseaux de diffusion américains
tels que HBO et Netflix qui ont évolué progressivement de la diffusion vers la
production propre (idem BBC).
Ceux que les proches de Patino ont
récemment qualifiés de néo-barbares sont peut-être bien les représentants du
paradigme qui prévaudra dans les 10 ans à venir : des sociétés de production de
qualité (Game of Thrones, House of cards, Downtown abbey….) distribués sans
intermédiaire.
Qu’en
sera –t-il coté flux et info, où FTV ne se différencie pas beaucoup de l'offre
privée et pose ainsi la question de sa légitimité !?
Si
rien ne change, FTV n'aura plus guère de raison d'exister dans la fiction,
puisque celle-ci sera disponible en accès à la demande avec Netflix ou HBO (ils
viendront eux aussi en France). Ni Pflimlin, ni Patino ne l’ont vraiment intégré
…il est temps pour celui ou celle qui va prendre les rennes de répondre à ces
défis.
(¤ quelques chiffres et quelques tableaux pour Fabrice Lacroix)