La
lettre de France Télés aux précaires (certains seulement) qui va faire bondir
les Prud’hommes et le ministère du travail.
Dans un courrier générique (* ci-dessous) envoyé le 22 novembre
dernier à quelques-uns seulement « des salariés qui collaborent
régulièrement avec l'entreprise », le responsable du dialogue social
leur explique sans sourciller que l’entreprise va pouvoir continuer à violer la loi « en continuant à faire à leurs
services pour répondre à ses besoins toujours sous CDD » en leur indiquant
également qu’ils « bénéficierons désormais d’avantages » auxquels ils
avaient pourtant déjà droit légalement et cerise sur le gâteau que leur « candidature
sera examinée en priorité pour le comblement des postes à pourvoir en CDI ».
Assez croustillant de constater que la direction envoie un courrier fin novembre qui indique que "de nouvelles règles de gestion sont en vigueur depuis le 1er
janvier 2018"
La lettre qui consacre, en
réalité, une succession de nombreux CDD requalifiables en CDI et qui – redisons-le
– n’a été adressés qu’à quelques destinataires réguliers (la notion de
réguliers étant visiblement très aléatoires pour l’entreprise de Service
Public) ne manquera pas de faire bondir les
Prud’hommes comme le ministère du travail qui devrait apprécier le "sous réserve du respect des règles légales".
L’État
en laissant France Télés agir de la sorte, devient en quelque sorte complice d’une
précarisation à outrance au sein du Service public que reconnait l’entreprise et
qui ne respecte par ailleurs, ni les textes en vigueur, ni le Code du travail.
EtSachant que l’ex Orange
vient d’annoncer au CSE nouvellement constitué en dépit de diverses mises en demeures et de plusieurs procédures en
cours dont une plainte au Pénal, un plan de départs (qui pourrait selon ses vœux se traduire par un millier de
départs à moindre coût évidemment!) c’est quasiment se foutre du monde.
Quant au paragraphe de fin «Nous désirons à, travers ce traitement
particulier valoriser votre
collaboration avec l'entreprise dans l’attente d’une possibilité de consolidation de
votre situation, lorsqu'elle sera
réalisable et si vous en manifestez le souhait », elle est d’ores et déjà considéré comme une
énième provoc !
Pour être plus clair, cela
signifie pour l’intéressé que l’entreprise
peut continuer à le faire travailler dans les mêmes conditions précaires – attention, là il est valorisé ! – peut
toujours faire la demande de consolider sa situation (à savoir
sa régularisation en permanent) mais qu’il devra attendre qu’un poste se libère
(dans un contexte de suppressions de postes collectives et en sachant que de très
nombreux postes ne sont pas remplacés).
Chacun aura noté l’intitulé de
la missive « Dialogue social »…deux mots qui ne sont utilisés à France
Télés que pour la galerie.
(*)
Madame,
Monsieur,
Dans
le cadre de sa politique portant sur l’emploi des salariés non permanents,
France Télévisions a mis en place de nouvelles règles de gestion depuis le 1er
janvier 2018.
Il
a été décidé en particulier de conforter la situation des salariés qui
collaborent régulièrement avec l'entreprise.
Nous
avons ainsi le plaisir de vous indiquer que votre attachement à l'entreprise,
qui s'inscrit dans les critères définis, a été reconnu et vous permet d'être
considéré(e) comme collaborateur dit « régulier ».
A
ce titre, vous bénéficiez désormais des avantages suivants :
-
L'entreprise pourra faire appel à vos services pour répondre à ses besoins sous
CDD sans application des seuils de collaboration nouvellement mis en place,
sous réserve du respect des règles légales.
-
Vous serez contacté(e) en priorité sur les propositions de CDD, dans le ou les
établissements où vous collaborez majoritairement,
-
Votre candidature sera examinée en priorité pour le comblement des postes à
pourvoir en CDI,
-
Vous pourrez bénéficier du « Pass mobilité » en cas de candidature sur un poste
à pourvoir en CDI entraînant un déménagement.
Nous
désirons à, travers ce traitement particulier valoriser votre collaboration
avec l'entreprise dans l’attente d’une possibilité de consolidation de votre
situation, lorsqu'elle sera réalisable et si vous en manifestez le souhait.
Vous
pouvez, bien entendu, vous adresser à votre DRH pour toutes précisions
complémentaires.
Je
vous prie de croire, Madame, Monsieur, à l'assurance de ma sincère
considération.
Stéphane CHEVALLIER