L’ex Orange a encore taclé l’État et l’a rendu quasiment responsable de
TOUT.
« Vous ne pouvez pas dire que je ne me bats pas pour vous ! Je défends
mes troupes et j'ai toujours protégé l'info » a chanté hier l’ex Orange aux représentants de la SDJ avant de s’en
prendre à l’État. Elle se serait insurgée contre les invraisemblables mesures
d'économies imposées par la Tutelle donc l’actionnaire…elle dit même « avoir mené le combat à fond » !
« Quand on m'a annoncé début
septembre, moins 50 millions, ça a été un sacré choc. Je n'ai pas réussi mais
je me suis battu contre cette décision » s’est-elle étranglée lors de la réunion en présence Yannick Letranchant, directeur de
l'information, Pascal Doucet-Bon, directeur délégué à l'information et Arnaud
Lesaunier, directeur des ressources humaines qui a duré une heure et demi.
Sur fond de rengaine habituelle « je
n’étais pas au courant et je découvre… », elle a d’abord tenté d’endormir ceux qui lui demandaient
des comptes : « C'est une
crise incroyable de violence pour moi aussi. On ne veut pas mettre à mal
les magazines d'information…On a besoin d'un service public indépendant, je
passe ma vie à défendre ça, je rencontre des députés, je vais voir la Tutelle »
Il faut quand même oser !
La SDJ qui a d'abord exprimé le sentiment
de la Rédaction assommée par les différentes annonces d'économies de ces
derniers jours – « Cette Rédaction
qui ne comprend plus » et lui demande « Comment elle compte restaurer
la confiance ? » – n’a visiblement pas plus compris en
sortant qu’en entrant qui, comment et pourquoi la direction avait choisi de
s’en prendre aux « magazines qui sont la fierté de la Rédaction et que les
salariés concernés veulent continuer à
produire en interne et en toute indépendance pour une information de service
public ».
«C'était des pistes de travail » a toussoté Yannick Letranchant qui a, de plus, tenu à préciser que « l'arbitrage ne se ferait que ce
mercredi matin » !
« Peut-être un défaut de
communication mais cela n'a jamais été une hypothèse. Les chiffres qui circulent sont faux. Vous ne
pensez quand même pas que je pense que 4 personnes peuvent faire un envoyé
spécial par semaine ! » a cru devoir renchérir la dierction
qui parle évidemment d’une seule et même voix (qui en douterait ?) !
Chacun aura pu constater l’incongruité du
propos de l’un et de l’autre : Ernotte
devait donc rendre des arbitrages sur quelque
chose qu’elle semblait quasiment découvrir !!
Concernant les différentes pistes
d'économies évoquées ces derniers jours (d'abord la réduction des diffusions des
magazines Envoyé spécial et Complément d'enquête, puis la réduction drastique
des effectifs annoncée aux équipes lundi 27 novembre), Ernotte a prouvé une fois
encore qu’elle n’avait certes pas la connaissance de l’entreprise mais qu’elle
connaissait le sujet dont elle était bien à l’origine.
Attention sur l’air de je retiens 2, je
divise par 3 et je multiplie par 0,75 – si vous avez compris, vous dites !
– elle a indiqué « Pour les
magazines du jeudi, 3 ETP (équivalents temps plein) seront supprimés à compter
de septembre 2018. Ce qui correspond à peu près à 5 ou 6 postes à
répartir entre les 2 émissions sur un effectif de 42 personnes (dont 25 rédacteurs) » !
Ces postes seront « à trouver sur
l'effectif global, pas uniquement sur l'effectif des journalistes » a ajouté la « comptable ETP » qui s’est « engagée à ce que cela ne concerne pas
plus de 6 postes » ! Arnaud Lesaunier s'est même dit prêt à
rencontrer les équipes des magazines pour explorer d'autres pistes d'économies,
sans toucher aux ETP avant qu’Ernotte ne s’égosille « Si on est capable de maintenir la production en interne, avec 36
ETP, banco ! ».
« Par ailleurs, les détachements entre JT et mags se poursuivront sur
des périodes plus courtes. (3 mois maximum) » a-t-elle enfin clamé, affirmant
que « C'est bien que les deux
s'enrichissent mutuellement. Il faut une respiration pour la Rédaction de
manière globale. Cela peut être profitable à tout le monde ».
En guise de conclusion, elle s’est également
vantée d’avoir par ailleurs soi-disant réduit le nombre d'ETP réclamés à
l'information de 36 à 30.
La SDJ a demandé où allaient donc être
supprimés les 27 ETP restants !? La réponse de Yannick Letranchant a été
immédiate « Dans les autres
secteurs de l’info : magazines (13h15 et 19h) , modes de fonctionnement,
moindre recours aux CDD et piges JRI (déjà engagé) … mais le JT ne sera pas touché, car il est
déjà trop tendu ».
Ni l’ex Orange,
ni son monsieur info n’avaient sûrement plus à l’esprit les propos tenus lors d’une
réunion concomitante sur l’emploi avec les IRP. Là où devant un parterre médusé elle disant ne pas savoir combien
il y avait réellement d’ETP en tout et à combien cela revenait de produire en
interne, les chiffres étaient naturellement tout autres :
- Hors la chaine du canal 27 de la TNT « franceinfo : », si le bilan fait apparaître +58 ETP, il faut prendre en compte les 178 ETP créés pour la chaîne info en continu, ce qui fait qu'au bout du compte, le secteur Info hors chaîne info a déjà perdu
100 ETP depuis un an !
Alors les incantations finales de l’ex
Orange - « Je favorise l'info, je
l'assume, c'est dans les chiffres et ils sont publics, sans pour autant qu'il
n'y ait aucun effort sur les effectifs. Les effectifs qui ne sont pas diminués
à l'info le sont dans les autres directions. » ou encore «Nous avons fait un effort sur l'info, parce que j'ai bien conscience
que c'est très tendu à la rédaction. Nous avons favorisé l'info par
rapport aux autres directions, et nous l'assumons» - ont forcément
fini par agacer un peu plus les représentants de la SDJ qui se sont
étonnés que les seules pistes d'économies envisagées soient des suppressions
d'effectifs : « d'un côté,
on se sépare des CDD et de l'autre, on dépense de l'argent pour acheter des
reportages à des sociétés de production extérieures. »
Bien entendu, l’effet produit est à l’inverse de celui qu’escomptait la bande des quatre !
La SDJ a fidèlement restitué à l'assemblée
générale le contenu de cet entretien.
Échaudée par ces crises à répétition, la Rédaction
qui reste inquiète s’est dite en colère.
La brutalité des annonces à l'équipe des
magazines lundi 27 novembre, les changements de pistes et les doutes sur les intentions de Delphine Ernotte n'ont pas été levés.
En conséquence et sans grande surprise, l’AG s'est prononcée à une large
majorité pour l'organisation d'un vote de motion de défiance contre Delphine
Ernotte.
Les modalités et la date de ce
vote restent à définir avec les différentes SDJ des rédactions nationales.