L’ex-N+1 d’Ernotte
chez Orange comme deux de ses collègues, coupables de « harcèlement
moral institutionnel » et condamnés à un an de prison dont huit
mois avec sursis.
La justice a tranché…ce vendredi
20 décembre, trois anciens dirigeants de France Télécom (devenu
Orange en 2013) – Didier Lombard, président-directeur général entre
2005 et 2010, Louis-Pierre Wenès, ex-numéro 2 et n+1 de Delphine
Ernotte et Olivier Barberot, ex-directeur des ressources humaines – ont
été déclarés coupables de « harcèlement moral
institutionnel » dix ans après la vague de suicides survenue dans
l’entreprise.
Il convient de se projeter ici quelques
semaines en arrière et rappeler justement les propose de l'ex-numéro 2 de
France Télécom Louis-Pierre Wenès qui, le 23 mai dernier, indiquait à la
barre comme l’avait alors relaté Paris Match, que « l’entreprise
allait dans le bon sens ».
Louis-Pierre Wenès patron d’Ernotte (son
n+1) dont La Tribune écrivait « Elle a appliqué la politique
budgétaire ultra rigoureuse imposée par son ancien patron le « Cost
killer » Louis Pierre Wenèss, Delphine Ernotte reconnait que cette implication
l’avait éloigné des réalités humaines presque « intimes », de
l'entreprise et de ses salariés ». Cette dernière lors des
réunions du Comité exécutif du Groupe, n’avait d’ailleurs jamais émis
la moindre protestation s’agissant la politique de son n+1 et encore moins
celle de France Télécom.
La seule manifestation d’indignation qu’avait
osé l’ex-Orange avant son exfiltration, avait fait l’objet d’un mail
adressé à quelques 110.000 salariés le jour de la mise en examen de Stéphane Richard
l’ex pédégé de la boite et ancien dircab de Christine Lagarde (ci-après)
L’entreprise France Télécom (Orange) qui a été condamnée à une amende de 75.000 euros
- la peine maximale dans le procès – a pour sa part indiqué qu’elle ne
ferait pas appel de ce jugement ce qui n’est pas le cas de Didier Lombard le premier
des ex-dirigeant à l’avoir indiqué faire appel de cette condamnation, qui
par la voix de son avocat Jean Veil, à la sortie du tribunal, n’a pas hésité à invoquer
une « faute de droit complète » et une « décision
de politique totalement démagogique »...Didier Lombard qui avait osé utiliser l'abjecte formule de "mode des suicides " !
Le Tribunal qui a examiné en détail les
cas de trente-neuf salariés - dix-neuf se sont suicidés, douze ont tenté
de le faire, et huit ont subi un épisode de dépression ou un arrêt de travail –
a donc reconnus coupables les trois ex-dirigeants à un an de prison, dont
huit mois avec sursis, et 15 000 euros d’amende, pour avoir mis en
place une politique de réduction des effectifs « jusqu'au-boutistes »
sur la période 2007-2008. Les autres prévenus ont été reconnus coupables de
complicité de harcèlement moral.
Il a notamment retenu pur entrer en voie
de condamnation : « Une réduction des effectifs "à marche
forcée", le volontariat des départs n’étant le cas échéant qu’un "simple
affichage".
C’est la notion même de harcèlement moral « institutionnel »,
« systémique » fruit d’une stratégie d’entreprise « visant
à déstabiliser les salariés, à créer un climat anxiogène et ayant eu pour objet
et pour effet une dégradation des conditions de travail » qui fait
ainsi jurisprudence.
« Aucune émotion lors des audiences » a dénoncé à l’unisson
l’ensemble des parties civiles notamment Raphaël Louvradoux dont le père
s’est immolé à l’époque devant les locaux de l’établissement de Mérignac qui
indiquait au micro d’Europe 1, ne rien avoir perçu venant des prévenus aujourd’hui
condamnés : « Ils n’avaient pas peur, ils sont même allés
jusqu’à faire des blagues quand ils ne faisaient pas la sieste… ».