vendredi 22 mars 2013

Panique à la présidence de France Télé ce jeudi 21 mars à la veille d’un Conseil d’Administration qui pourrait bien ne pas avoir lieu !


Suite à un article du blog CGC Média publié le mercredi 20 mars intitulé « Pflimlin voudrait pousser l’État à la faute en utilisant son Conseil d’Administration qu’il ne s’y prendrait pas autrement ! », une extrême fébrilité régnait au 8ème étage du siège de France Télé.

Il y était question du formidable enfumage auquel se préparait Pflimlin qui a convoqué le Conseil d’Administration pour ce vendredi 22 mars. Autrement dit les administrateurs auraient voté une fois encore sans trop savoir d’ailleurs ce qu’ils approuvaient.
Chacun imagine aisément que comme ces scénarii ne sont que des pistes, une cinquième et ultime mouture bien distincte des 4,5 autres aurait vu le jour après coup, engageant du même coup la responsabilité de l’État en donnant mandat à Pflimlin par le biais de ses administrateurs.

Il semble que la manœuvre soit à présent éventée.

Pflimlin n’ayant visiblement pas obtenu de « Bercy » la rallonge de quelques dizaines de millions qu’il réclamait (30M€ au minimum selon nos informations), s’apprêtait donc à se faire voter par les administrateurs en Conseil d’Administration un mandat spécifique destiné « rechercher un plan d’économies » basé sur 4 scénarii et demi « remettant en cause de l’équilibre du COM »…pas celui qui n’a pas encore été signé naturellement !

Le blog CGC Média révèle en exclusivité les contours de ces scénarii élaborés par Pflimlin et sa garde rapproché après présentation au comité stratégique.

Après avoir glosé sur la trajectoire actuelle des dépenses de France Télévisions qui résulterait, selon Pflimlin, de l’ensemble des engagements pris entre le printemps 2011 et l’été 2012 dans le cadre du COM  [qu’il a lui-même fait signer à l’État] prévoyant notamment :

- « la montée en charge des Outre-mer 1ère et de la chaîne nationale France Ô, le développement des programmes régionaux de France 3, le renforcement de la grille de France 4, des obligations croissantes de financement de la création  audiovisuelle et cinématographique, ainsi que le développement numérique de l’entreprise, ce dernier étant d’ailleurs essentiellement financé par redéploiement – aucune autre mission de l’entreprise n’a dans ce cadre été remise en cause »;

- mais aussi de l’acquisition, pour des montants significatifs, souvent plusieurs années à l’avance, et avec l’accord du CA, des droits sportifs de compétitions majeures ;

- d’un processus de production fondé sur une anticipation comprise entre un et trois ans (achat des programmes, négociation avec les producteurs, planification complexe des moyens de production – studios, équipement et personnels – des émissions assurées en interne), qui fait peser sur 2013 et une partie de 2014 un ensemble de « coups partis » [sur lesquels Pflimlin s’est lui-même engagé !];

- des effectifs qui ne peuvent être significativement réduits à très court terme [alors que Pflimlin a exposé les ETP depuis son arrivée et n’a cessé de recruter [ très souvent à haut niveau et faisant ainsi bondir la masse salariale de près de 100M€ ];

- de charges non salariales (et hors programmes) adossées essentiellement à des contrats pluriannuels (diffusion, Médiamétrie, INA par exemple) ou à des contrats de charges courantes difficiles à dénoncer avant d’avoir modifié la structure de l’entreprise, etc…;

Pflimlin a donc l’intention de faire avaler aux administrateurs le « principe » d’économies [qui refuserait une telle perspective ?!  ] avec ces 4  scénarios et demi que voici :

-Scénario 1 :
Rappel du COM 2011-2015  (pour mémoire comme il dit)

Scénario 2 :
« Tendanciel » (budget 2013 glissé de hausses de prix sur 2013-2016, selon des hypothèses de glissement par nature de charges présentées à l’État)

Scénario 3  « Optimisé » :
Mise en œuvre, à périmètre de missions inchangé, de toutes les mesures de productivité  identifiées, notamment sur les effectifsAutrement dit le plan de licenciement.

Scénario 4 : « Plan d’affaires »
Mesures impactant le périmètre actuel des missions et supposant des décisions et/ou un fort soutien des pouvoirs publics….Prise en compte d’une nouvelle chaîne jeunesse en journée sur canal France 4.

Et enfin Scénario 4 bis : « Plan d’affaires bis » (idem)
Maintien de France 4 et développement d’une offre jeunesse numérique.

Pflimlin Pflimlin qui se prend une nouvelle fois pour le législateur, considère que dans tous ces scénarios, les 49 M€ de redevance supplémentaire avec en base l’équivalent du produit des 2 € supplémentaires votés par le Parlement avec la loi de finance 2013 ne seront pas remis en cause dès 2014 !

Passons vite sur le scénario 3 qui fait état d’un hypothétique effort par rapport à la trajectoire du COM au regard des ressources disponibles.
-        REX (Résultat d’Exploitation) prévisionnel 2015 vs le COM existant avec
-        Une perte de ressources publiques -201M€
-        Moins-value publicitaire -90M€
-        Dégradation résultats opérationnels filiales (principalement régie FTP) -33M€
-        Baisse des prélèvements (versements au CNC, des droits d’auteurs et des commissions  de régie) +46M€
-        Effort de contrainte des charges opérationnelles de l’entreprise +182M€
-        REX = -89M€ …un déficit résiduel qui reste très élevé et atteindrait même - 106 M€ en 2016.

Et intéressons-nous plus particulièrement aux scénarios 3 (« optimisé ») et 4 concernant les personnels et donc les ETP (Équivalent Temps Plein) autrement dit le «Plan de départs» que Pflimlin qualifie de «trajectoire  très ambitieuse». 

Pflimlin commence déjà par y mettre un bémol en indiquant que  « la compatibilité intégrale avec un plan de départs volontaires n’est pas assurée dans un calendrier aussi serré » 

Voici ce qu’il prévoit «  au-delà du coût des départs, estimés en scénarios 3 (« optimisé ») et 4 à respectivement 62 et 89 M€ sur l’exercice 2013, la trajectoire indicative de masse salariale aboutirait à une économie d’environ 60M€ en 2016 par rapport au scénario tendanciel (à effectifs constants) » 

Dans tous les cas de figure Pflimlin se défausse et cornerise l’État sur qui il fait porte la responsabilité de ces présentations : «  Les scénarios 4 et 4 bis reposent essentiellement sur des évolutions du périmètre de France Télévisions et/ou supposent des décisions fortes de la part de l’État. » 

Bim ! et d’ajouter « Instruits ces dernières semaines sur le plan technique, ils comportent de nombreux risques ou aléas, politiques, sociaux, financiers ou d’image/d’audience pour l’entreprise, et la valorisation de leurs impacts demandera à être précisée lors de leur mise en œuvre » et de tacler derechef l’État …ça au moins c’est fait ! 

Ainsi, 

–7M€ environ devront être réalisés sur l’Info, l’effort portera sur l’ensemble de l’activité, et notamment sur le coût des magazines d’info (au-delà, relative préservation de l’information nationale, des mesures étant déjà intégrées dans le scénario « optimisé »)

– 50 à – 60 M€ entre 2013 et 2016 sur le Programme national avec notamment une réduction  des engagements de création en valeur, obtention d’évolutions réglementaires permettant une utilisation plus souple des droits de diffusion ainsi que la révision des moyens consacrés à France 4 et France Ô pour préserver la capacité de France 2, France 3 et France 5 à tenir leur rang, autour de leurs marques et offres phares  avec cerise sur le gâteau, baisse sensible des budgets (renégociations suite à audits) et de l’offre de flux (notamment à des heures de faible écoute) et des acquisitions (éco d’environ 55M€ donc)
et beaucoup de redifs ce que Pflimlin appelle « l’ effort majeur de circulation des programmes entre chaînes du groupe »

–10M€ environ devront être réalisés sur les Sports avec  remise en cause totale ou partielle de la couverture de certaines compétitions…c’est Daniel Bilalian qui va pouvoir dire merci à Patino.

–15M€ voire -20M€ devront à réaliser sur France 3 avec plusieurs scénarios misant sur le recentrage sur l’information régionale et les prises d’antenne événementielles (PAE) avec comme variante  la diminution du format des stations locales, sans réduction du maillage du réseau et en prime corollaire une diminution sensible des effectifs dont la compatibilité avec un plan de départs volontaire demande à être vérifiée

–10M€ environ devront être réalisés sur la diffusion : suppression de la diffusion en ondes moyennes des radios outremer, refacturation à Radio France du transport de France Inter et France Culture en outremer (ou abandon) et, pour la diffusion des 24 décrochages régionaux de France 3, compensation par l'État du contrat TNT Sat ...

–15M€ voire -20M€ seront à réaliser sur les  « autres charges diffuseur » (coûts de structure)

Et le meilleur pour la fin l’Offre jeunesse aux deux options étudiées comme le précise bien Pflimlin soi-disant  « à la demande de l’État »...et lui qui donnait des interviews aux média pour dire combien il était indépendant !!!!!!!

l’une avec une chaîne jeunesse en canal hertzien (en substitution de France 4 jusqu’à 20h, sans publicité, et avec sortie du capital de Gulli)

l’autre avec une plateforme numérique jeunesse, prolongeant et enrichissant les contenus existant notamment sur France 3 et France 5 que Pflimlin relativise en précisant que si « cette dernière option est retenue à ce stade par l’entreprise comme hypothèse centrale dans les chiffrages détaillés …le surcoût sera d’environ 18M€ !

Tout cela sur fond de (dixit FTV):

- dégradation ininterrompue des perspectives publicitaires depuis l’été 2012 (-90M€ en 2015) comme l’écrit Pflimlin,

- résultats déficitaires de l’entreprise et autres résultats opérationnels (filiales commerciales + activités numériques) (-30M€ en 2015),

-  équation budgétaire plus que contrainte, 

- contexte social interne compliqué (entreprise unique toujours en cours de construction après une fusion à marche forcée, négociation collective pas encore achevée, construction budgétaire 2013 difficile

Et trésorerie négative -70 M€ en 2016 vs trésorerie de l’ordre de -230 M€ au 31/12/16.

Chacun imagine aisément les têtes à l'Élysée, à Matignon ou encore rue de Valois en découvrant de tels documents où l’État pleinement mis en cause est sommé de prendre  « des décisions fortes» [à croire que ce n’était pas le cas !!!!!] et soumis aux administrateurs qui étaient prêts à tomber dans le panneau en les approuvant !

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