Suite
à un article du blog CGC Média publié le mercredi 20 mars intitulé « Pflimlin
voudrait pousser l’État à la faute en utilisant son Conseil d’Administration
qu’il ne s’y prendrait pas autrement ! », une extrême fébrilité
régnait au 8ème étage du siège de France Télé.
Il y était question du formidable
enfumage auquel se préparait Pflimlin qui a convoqué le Conseil
d’Administration pour ce vendredi 22 mars. Autrement dit les administrateurs auraient voté une fois
encore sans trop savoir d’ailleurs ce qu’ils approuvaient.
Chacun imagine aisément que comme ces scénarii ne sont que des pistes, une cinquième et ultime mouture bien distincte des 4,5 autres aurait vu le jour après coup, engageant du même coup la responsabilité de l’État en donnant mandat à Pflimlin par le biais de ses administrateurs.
Chacun imagine aisément que comme ces scénarii ne sont que des pistes, une cinquième et ultime mouture bien distincte des 4,5 autres aurait vu le jour après coup, engageant du même coup la responsabilité de l’État en donnant mandat à Pflimlin par le biais de ses administrateurs.
Il
semble que la manœuvre soit à présent éventée.
Pflimlin n’ayant visiblement pas
obtenu de « Bercy » la rallonge de quelques dizaines de millions
qu’il réclamait (30M€ au minimum
selon nos informations), s’apprêtait donc à se faire voter par les
administrateurs en Conseil d’Administration un mandat
spécifique destiné
« rechercher un plan d’économies » basé sur 4 scénarii et demi « remettant
en cause de l’équilibre du COM »…pas celui qui n’a pas encore été signé naturellement !
Le
blog CGC Média révèle en exclusivité les contours de ces scénarii
élaborés par Pflimlin et sa garde rapproché après présentation au comité
stratégique.
Après avoir glosé sur la trajectoire actuelle des
dépenses de France Télévisions qui résulterait, selon Pflimlin, de
l’ensemble des engagements pris entre le printemps 2011 et l’été 2012 dans le
cadre du COM [qu’il a lui-même fait
signer à l’État] prévoyant notamment :
- « la montée en charge des Outre-mer 1ère
et de la chaîne nationale France Ô, le développement des programmes régionaux
de France 3, le renforcement de la grille de France 4, des obligations
croissantes de financement de la création
audiovisuelle et cinématographique, ainsi que le développement numérique
de l’entreprise, ce dernier étant d’ailleurs essentiellement financé par
redéploiement – aucune autre mission de l’entreprise n’a dans ce cadre été
remise en cause »;
- mais aussi de l’acquisition, pour des montants
significatifs, souvent plusieurs années à l’avance, et avec l’accord du CA, des
droits sportifs de compétitions majeures ;
- d’un processus de production fondé sur une
anticipation comprise entre un et trois ans (achat des programmes, négociation
avec les producteurs, planification complexe des moyens de production –
studios, équipement et personnels – des émissions assurées en interne), qui
fait peser sur 2013 et une partie de 2014 un ensemble de « coups
partis » [sur lesquels Pflimlin s’est lui-même engagé !];
- des effectifs qui ne peuvent être
significativement réduits à très court terme [alors que Pflimlin a
exposé les ETP depuis son arrivée et n’a cessé de recruter [ très souvent à haut
niveau et faisant ainsi bondir la masse salariale de près de 100M€ ];
- de charges non salariales (et hors
programmes) adossées essentiellement à des contrats pluriannuels (diffusion,
Médiamétrie, INA par exemple) ou à des contrats de charges courantes difficiles
à dénoncer avant d’avoir modifié la structure de l’entreprise, etc…;
Pflimlin a donc l’intention de faire avaler aux
administrateurs le « principe » d’économies [qui refuserait une telle
perspective ?! ] avec ces 4 scénarios et demi que voici :
-Scénario
1 :
Rappel du
COM 2011-2015 (pour mémoire comme il dit)
Scénario
2 :
« Tendanciel » (budget 2013
glissé de hausses de prix sur 2013-2016, selon des hypothèses de glissement
par nature de charges présentées à l’État)
Scénario
3
« Optimisé » :
Mise en œuvre, à périmètre de missions inchangé,
de toutes les mesures de productivité
identifiées, notamment sur les effectifs…Autrement dit le plan de
licenciement.
Scénario 4 : « Plan d’affaires »
Mesures impactant le périmètre actuel des missions et
supposant des décisions et/ou un fort soutien des pouvoirs publics….Prise en compte d’une nouvelle
chaîne jeunesse en journée sur canal France 4.
Et
enfin Scénario 4 bis : « Plan d’affaires bis » (idem)
Maintien
de France 4 et développement d’une offre jeunesse numérique.
Pflimlin Pflimlin qui se prend une nouvelle fois
pour le législateur, considère que dans tous ces scénarios, les 49 M€ de
redevance supplémentaire avec en base l’équivalent du produit des 2 €
supplémentaires votés par le Parlement avec la loi de finance 2013 ne seront pas remis en cause
dès 2014 !
Passons
vite sur le scénario 3 qui fait
état d’un hypothétique effort par rapport à la trajectoire du COM au regard des
ressources disponibles.
-
REX
(Résultat d’Exploitation) prévisionnel 2015 vs le COM existant avec
-
Une perte de
ressources publiques -201M€
-
Moins-value
publicitaire -90M€
-
Dégradation
résultats opérationnels filiales (principalement régie FTP) -33M€
-
Baisse des
prélèvements (versements au CNC, des droits d’auteurs et des commissions de régie) +46M€
-
Effort de
contrainte des charges opérationnelles de l’entreprise +182M€
-
REX = -89M€ …un déficit résiduel qui reste très élevé et atteindrait
même - 106 M€ en 2016.
Et
intéressons-nous plus particulièrement aux scénarios 3 (« optimisé ») et 4 concernant les personnels et
donc les ETP (Équivalent Temps Plein) autrement dit le «Plan de
départs» que Pflimlin qualifie de «trajectoire très ambitieuse».
Pflimlin commence déjà par y mettre un bémol en
indiquant que « la compatibilité intégrale avec un plan de départs volontaires
n’est pas assurée dans un calendrier aussi serré »
Voici ce qu’il prévoit « au-delà du coût des départs, estimés en scénarios 3
(« optimisé ») et 4 à respectivement 62 et 89 M€ sur l’exercice 2013,
la trajectoire indicative de masse salariale aboutirait à une économie d’environ
60M€ en 2016 par rapport au scénario tendanciel (à effectifs constants) »
Dans tous les cas de figure Pflimlin se défausse et
cornerise l’État sur qui il fait porte la responsabilité de ces
présentations : « Les
scénarios 4 et 4 bis reposent essentiellement sur des évolutions du périmètre
de France Télévisions et/ou supposent des décisions fortes de la part de
l’État. »
Bim !
et d’ajouter « Instruits ces
dernières semaines sur le plan technique, ils comportent de nombreux risques ou
aléas, politiques, sociaux, financiers ou d’image/d’audience pour l’entreprise,
et la valorisation de leurs impacts demandera à être précisée lors de leur mise
en œuvre » et de tacler derechef l’État …ça au moins c’est
fait !
Ainsi,
–7M€ environ devront être réalisés sur l’Info, l’effort
portera sur l’ensemble de l’activité, et notamment sur le coût des magazines
d’info (au-delà, relative préservation de l’information nationale, des
mesures étant déjà intégrées dans le scénario « optimisé »)
– 50 à – 60 M€ entre 2013 et 2016 sur le Programme
national avec notamment une réduction des engagements de création en valeur,
obtention d’évolutions réglementaires permettant une utilisation plus souple
des droits de diffusion ainsi que la révision des moyens consacrés à France 4
et France Ô pour préserver la capacité de France 2, France 3 et France 5 à
tenir leur rang, autour de leurs marques et offres phares avec cerise sur le gâteau, baisse sensible des
budgets (renégociations suite à audits) et de l’offre de flux (notamment à des
heures de faible écoute) et des acquisitions (éco d’environ 55M€ donc)
et beaucoup de redifs ce que Pflimlin appelle « l’ effort majeur de circulation des
programmes entre chaînes du groupe »
–10M€
environ devront être réalisés sur les Sports avec remise en cause totale ou partielle de la
couverture de certaines compétitions…c’est Daniel Bilalian qui va pouvoir dire merci à
Patino.
–15M€ voire -20M€ devront à réaliser sur France 3 avec plusieurs scénarios misant sur
le recentrage sur l’information régionale et les prises d’antenne
événementielles (PAE) avec comme variante la diminution du format des stations
locales, sans réduction du maillage du réseau et en prime corollaire une
diminution sensible des effectifs dont la compatibilité avec un plan de départs
volontaire demande à être vérifiée.
–10M€ environ devront être réalisés sur la diffusion : suppression de la diffusion en
ondes moyennes des radios outremer, refacturation à Radio France du transport
de France Inter et France Culture en outremer (ou abandon) et, pour la
diffusion des 24 décrochages régionaux de France 3, compensation par l'État du
contrat TNT Sat ...
–15M€ voire -20M€ seront à réaliser sur les « autres
charges diffuseur » (coûts de structure)
Et
le meilleur pour la fin l’Offre jeunesse aux deux options étudiées comme
le précise bien Pflimlin soi-disant « à la demande de l’État »...et lui qui donnait des interviews aux média pour dire combien il était indépendant !!!!!!!
l’une
avec une chaîne jeunesse en canal hertzien (en substitution de France 4
jusqu’à 20h, sans publicité, et avec sortie du capital de Gulli),
l’autre
avec une plateforme numérique jeunesse, prolongeant et enrichissant les
contenus existant notamment sur France 3 et France 5 que Pflimlin relativise en
précisant que si « cette dernière option est retenue à ce stade par
l’entreprise comme hypothèse centrale dans les chiffrages détaillés …le surcoût
sera d’environ 18M€ !
Tout
cela sur fond de (dixit FTV):
- dégradation
ininterrompue des perspectives publicitaires depuis l’été 2012 (-90M€ en 2015) comme l’écrit Pflimlin,
- résultats déficitaires
de l’entreprise et autres résultats opérationnels (filiales commerciales + activités numériques)
(-30M€ en 2015),
- équation budgétaire plus que
contrainte,
- contexte social
interne compliqué (entreprise unique toujours en cours de construction après
une fusion à marche forcée, négociation collective pas encore achevée,
construction budgétaire 2013 difficile)
Et trésorerie négative
-70 M€ en 2016 vs trésorerie de l’ordre de -230 M€ au 31/12/16.
Chacun imagine aisément les têtes à l'Élysée, à
Matignon ou encore rue de Valois en découvrant de tels documents où l’État pleinement
mis en cause est sommé de prendre « des décisions fortes» [à croire que ce n’était pas le cas !!!!!] et soumis aux administrateurs qui
étaient prêts à tomber dans le panneau en les approuvant !
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