Lundi 21 octobre
à 0h21 le blog GCG Média publiait un article intitulé « La nomination de Thuillier aux
programmes ne sauvera pas Pflimlin ! » renvoyant à celui du 18 indiquant
que le responsable de la
Rédac Thierry Thuillier devait être nommé par Pflimlin pour
remplacer à la tête des programmes de France 2 Vilamitjana qui selon nos informations,
resterait salarié de France Télévisions !!!!
Et oui, il est
comme ça Pflimlin, il vire mais il n’arrive pas à se détacher vraiment. C’est
toujours plus facile du reste lorsqu’il s’agit de l’argent du contribuable.
Invraisemblable…
La Presse qui
depuis hier s’est largement exprimée sur cette nomination et sur sa pertinence,
a peut-être occulté un ou deux aspects non négligeables d’un scénario écrit en
filigranes.
La
démission de Patino était entendue après celle de Vilamitjana, ce dernier
expliquant d’ailleurs dans les diners en ville ne pas vouloir porter seul la
responsabilité du dernier échec – le plus flagrant – celui de JITVB.
Seulement voilà, démissionner
dans un tel contexte alors que la
Presse a fait de vous avec Martin Ajadari votre collègue des
finances à France Télé, l’un des deux successeurs que le CSA devrait désigner
pour prendre la place de Jean-Luc Hees à la tête de Radio France, ça fait un
peu désordre !
En revanche, dans quelques semaines – en espérant que la fièvre soit retombée – partir en expliquant qu’il n’est pas possible de travailler avec le nouveau venu et reprendre sa liberté pour voler vers d’autres cieux….ce n’est pas la même chose !
A France Télévisons, les éléments de langage du jour sont :
- Les salariés sont plutôt content que ce soit Thuillier
- Certains syndicats pensent d’ailleurs à lever le préavis de grève du 7 novembre prochain.
Quant à savoir si la solution trouvée est viable, là encore le blog CGC Média vous propose de découvrir in extenso (pour la 2ème fois en quelques jours) l’article de Bruno Roger-Petit chroniqueur au Nouvel Obs qui pose la question en forme de réponse : "Thierry Thuillier nommé pour sauver France 2 après l'affaire Aram : mission impossible ?"
L'onde de
choc attendue est au rendez-vous. L'effet domino généré par l'échec de
l'émission de Sophia Aram vient de faire sa première victime, le directeur des
programmes de France 2, Philippe Vilamitjana, éjecté au profit de Thierry Thuillier.
Thierry Thuillier
pourra-t-il sauver France 2 ?
La question est
cruciale, car la chaîne publique, ce "joyau" comme le disait
autrefois Jean-Pierre Elkabbach, président de France télévisions, est en grave
péril. Audience en chute libre, rentrées publicitaires en panne, dépenses
engagées en dépit du bon sens, image en berne, programmes ringards,
inadaptation aux mutations du monde.
Et cette suspicion
enfin, dont il est impossible de se départir à l'égard d'une équipe, dont
Thierry Thuillier fait partie intégrante depuis le début, qui a été nommée par
le seul Nicolas Sarkozy, alors président de la République omnipotent,
sur les conseils de Claude Guéant, secrétaire général de l’Élysée, sans que la
question de la compétence du président Pflimlin et de son équipe ne soit jamais
questionnée, discutée, interpellée.
Le péché originel
est là, toujours présent. Cette équipe fait-elle encore et toujours la télé de
Sarkozy ?
Un
journaliste plus qu'un homme de programmes
Quelles que
soient les qualités de Thierry Thuillier, une poigne de fer qui jamais ne se
relâche sur ses équipes, une détermination farouche qui confine à
l'obstination, l'affirmation d'une capacité de travail sans limite qui est
aussi l'expression d'une revendication sociale propre aux produits de la
méritocratie républicaine, la tâche qui lui est assignée relève de la mission
impossible.
Car pour
apprécier la capacité du nouvel élu de Rémy Pfimlin à réussir, il faut aussi,
par delà l'environnement économique, médiatique, social, culturel et politique
mentionné ci-dessus, prendre en considération le facteur humain. Les
institutions ne sont rien d'autre que ce que les hommes en font.
De ce point de
vue, si l'on veut évaluer les marges de manœuvre de Thierry Thuillier, il est
utile de dresser un tableau du paysage institutionnel, donc humain, dans lequel
il va être appelé à évoluer.
Commençons par le
personnage lui-même. Thuillier n'est pas un homme de programmes. C'est un
journaliste. Est-il de la trempe d'un Pierre Desgraupes ou d'un Hervé Bourges ?
Pour ce que l'on
en connait, l'homme pense, agit et vit journalisme 24h sur 24. Il est de ceux
qui font la télévision mais qui, paradoxalement, ne la regardent jamais, faute
de temps.
Quelles sont les
conceptions de Thierry Thuillier en matière de magazines culturels ? Quelle
idée se fait-il des évolutions de la fiction française en état de mort clinique
? Quelle révolution pour les émissions de variétés ?
Quelle sera sa
réaction quand sa rigueur morale se confrontera à une certaine réalité de la
télévision publique : les prés carrés, les rentes de situation, les amitiés des
uns et des autres qui l'emportent sur les compétences, les talents, les projets
et qui débouchent sur des catastrophes industrielles où se perd l'argent du
contribuable ?
Un
étrange attelage à la tête de la chaîne
Selon les premières
informations qui circulent, rapportées par des plumes avisées des choses de la
télévision, la nomination de Thierry Thuillier ne fait pas que des heureux.
Question : comment Bruno Patino, censé être le numéro
deux du groupe France télévisions, peut-il apprécier la nomination d'un Thierry
Thuillier façon homme fort chargé de redresser la barre de France 2, surtout si
ce même Thuillier conserve la direction de l'information de France 2 et France
3 ?
Pour le moins,
c'est un bien étrange attelage que le président Pfimlin, qui en est à sa quatrième expérimentation en trois ans à la tête de
France 2, vient de mettre en place. Depuis trois ans, au gré des
circonstances, les deux hommes ont alterné les périodes d'alliance objective et
de guerre plus ou moins froide. La rumeur leur a souvent prêté des ambitions
communes, donc concurrentes. Ainsi installés l'un et l'autre aujourd'hui, dans des positions qui ne peuvent que
générer de l'antagonisme, l'affrontement peut-il être évité ?
La résolution de l'équation Patino/Thuillier est
déterminante. Surtout dans un
contexte où le président du CSA, Olivier Schrameck, a (semble-t-il) décidé de
garder un œil de plus en plus alerte sur l'évolution des événements au sein de
France télévisions, notamment sur le tandem Patino/Thuillier. Une inclination qui fait suite aux
entretiens qu'il a pu avoir avec les intéressés (le trio Pflimlin, Patino,
Thuillier) lors de son accession à la tête du CSA.
Selon certaines sources, le président du CSA aurait
été assez étonné de voir Bruno Patino l'entretenir davantage d'internet,
d'écrans connectés, de tablettes, de Twitter que des choses de la télévision
elle-même. Le président du CSA
douterait donc de la compétence des intéressés au regard de l'instrument dont
ils sont en charge.
Il y a
urgence
Derrière le CSA
se profile l'État-actionnaire, éternellement placé dans une situation ambiguë
par rapport à la télévision publique. Or, il se trouve que l’État actionnaire
est aujourd'hui incarné par un gouvernement socialiste, qui doit faire avec une
direction de France télévisions née "sarkozyste". Pour le moment, les
apparences sont préservées. depuis que l'affaire de l'émission de Sophia Aram a
déclenché la tempête, Aurélie Filippetti se tient à distance.
La ministre de la Culture a pourtant reçu la semaine dernière le
président Pflimlin, un peu à la peine, compte tenu du contexte, et lui aurait
conseillé de faire "le dos rond".
Précision : l'un des conseillers d'Aurélie
Filippetti, Kim
Pham, a occupé de 2007 à 2012 la fonction de directeur général adjoint
chargé de la gestion et de l’organisation de... France télévisions. D'où une question, encore. Que pourra bien murmurer à
l'oreille de la ministre, au sujet de Thierry Thuillier, celui qui fut un
collègue de travail de Thuillier Thierry?
Dans un tel
contexte, institutionnel et humain, à hauts risques, la tache du nouveau patron
de France 2 parait bien compliquée. Il y a pourtant urgence. Un syndicat de l'audiovisuel a mis en ligne sur son blog
une note que la direction des études de France télévisions (sans que soit
indiqué qui en est l'auteur ni qui en est le commanditaire) aurait, si l'on en
croit ce syndicat, été transmise au président Pflimlin.
Cette note dresse
le tableau des incohérences qui minent aujourd'hui l'image et l'audience de
France 2 et se termine ainsi :
"Il faut
faire un audit de la programmation de France 2 pour relever tous les points
problématiques : il y a des spécialistes en interne, comme en externe.
Il faut
challenger la programmation de France 2 et la forcer à faire des propositions
d’aménagements à court et moyen terme. Ou la réorganiser.
Les fautes
professionnelles commises ne peuvent pas rester sans suite, car une partie de
la dérive de France 2 est liée à ces erreurs. Et si France 2 coule, tout le
groupe coule."
Rien ne
prédisposait Thierry Thuillier à se retrouver, par la force des choses, face à
un tel défi. "Si France 2 coule, tout le groupe coule". La responsabilité du nouveau directeur
des programmes de France 2 est immense, voire écrasante. Mission impossible ou
mission impossible ? "
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