mardi 31 octobre 2017

Une plainte pour harcèlement sexuel et moral vise apparemment l’ex bras droit de Thierry Thuillier sur France Télés qu’il a fait venir sur TF1 et qu'il connait bien.



Une plainte pour harcèlement sexuel et moral vise apparemment l’ex bras droit de Thierry Thuillier sur France Télés qu’il a fait venir sur TF1 et qu'il connait bien.

Dans un article au vitriol publié ce 31 octobre et intitulé «"Attention à Monier" : enquête surl'ex-ponte de France 2 accusé de harcèlement sexuel », le site BuzzFeed fait état de la plainte qu’a déposée contre lui qu’Anne Saurat-Dubois, aujourd’hui journaliste pour BFM-TV.

Anne Saurat-Dubois, journaliste pour BFM-TV, attaque donc son ancien chef pour harcèlement sexuel selon BuzzFeed qui écrit un long article sur le sujet que le blog CGC Media vous propose de découvrir intégralement  ci-après:



"Treize autres journalistes qui travaillaient sous ses ordres racontent les dérives de celui qui dirige aujourd'hui la rédaction de LCI. Anne Saurat-Dubois, journaliste pour BFM-TV, attaque son ancien chef pour harcèlement sexuel. Treize autres journalistes qui travaillaient sous ses ordres racontent les dérives de celui qui dirige aujourd'hui la rédaction de LCI. 

 Joint par téléphone, Éric Monier n'a pas souhaité répondre.


«Horresco referens», du latin pour «je frémis en le racontant». C'est l'une des maximes préférées d'Éric Monier, directeur de la rédaction de LCI. Une phrase que pourrait prononcer aujourd'hui Anne Saurat-Dubois, journaliste pour BFM-TV, qui a décidé de briser le silence. La journaliste a porté plainte lundi auprès du procureur de Paris. Elle accuse Éric Monier de harcèlement sexuel et de harcèlement moral, lorsque celui-ci était directeur de la rédaction de France 2. 

Selon Anne Saurat-Dubois, son refus de coucher avec son supérieur hiérarchique a entraîné la fin de son parcours professionnel à France 2. En plus de son témoignage, BuzzFeed News a pu s'entretenir avec 13 journalistes, dont 12 femmes, qui ont travaillé avec Éric Monier. Ces témoins racontent le sexisme pesant qu'il faisait régner, ses remarques de «gros dégueulasse» et l'avertissement que les femmes se passaient entre elles : «Ne restez pas seule avec lui.» Des informations qu'Éric Monier n'a pas souhaité commenter.


Plainte pour harcèlement sexuel et moral


Ce 31 octobre, les services du procureur de Paris ont reçu la plainte d’Anne Saurat-Dubois. La journaliste porte plainte contre Éric Monier pour harcèlement sexuel et harcèlement moral. 

Selon nos informations, c'est un déjeuner en 2012 qui est au cœur de la plainte. Alors que la jeune journaliste travaille en CDD pour France 2, Éric Monier lui propose un bilan de compétences autour d’un déjeuner. Elle prépare une note sur son travail et les marges de progression qu'elle pense avoir au sein de la rédaction. «La discussion a très vite dérapé sur sa vie sexuelle. Il me parle de sa vie sexuelle d'avant, quand il était correspondant à l'étranger», raconte la journaliste à BuzzFeed News. «À ce moment-là je suis extrêmement mal à l'aise. Et là il continue, me dit que son type, c'est les blondes de 25 ans. Là, je me tasse sur ma chaise, je commence à trembler. Puis il m'a fait une proposition ferme.» Proposition que la journaliste doit refuser plusieurs fois.


C’est alors qu’Éric Monier en serait venu aux menaces, expliquant à la journaliste qu’il pouvait faire de sa vie «un enfer», si elle s’obstinait à repousser ses demandes. Sous le choc, la journaliste quitte son travail quelques jours, et revient à France 2 avec l'espoir que cette menace ne sera pas mise à exécution. «Tout le monde sait qu'il faut pas déjeuner seule avec lui» lui expliquent les collègues à qui elle raconte le déjeuner avec Éric Monier. «Tout le monde était au courant de son comportement».


Deux journalistes qui ont recueilli les confidences d'Anne Saurat-Dubois dans les mois qui ont suivi le déjeuner avec Éric Monier confirment le récit de la jeune femme auprès de BuzzFeed News. Le premier, qui n'a pas souhaité témoigner, même sous couvert d'anonymat, nous a fait part de la détresse de la jeune femme, et de la volonté d'Éric Monier, selon lui, de mettre fin au plus vite à son parcours à France 2.


De son côté, Claire*, qui occupe actuellement un poste de responsabilité à France Télévisions et qui préfère témoigner anonymement, confirme les difficultés rencontrées par Anne Saurat-Dubois pour travailler sereinement au sein de la rédaction. À l'époque, elles travaillent toutes les deux pour l'émission «Télématin». «On devait tester tous les jeunes journalistes en plateau. Pour voir s'ils étaient bons à l'antenne. Sauf Anne. Elle a été refusée.» Pourtant, un membre de la production de l'émission décide de passer outre. «Éric Monier est devenu agressif quand il l'a appris, sa réaction semblait personnelle, et pas professionnelle, d'autant qu'Anne était très douée dans ce qu'elle faisait», se souvient Claire. Finalement, la jeune femme lui raconte le comportement d'Éric Monier, les avances refusées, et la rancœur de son patron. «J'ai su tout de suite que c'était vrai, je n'ai pas été surprise une seconde», explique Claire, qui a elle aussi eu vent des rumeurs qui courent sur le comportement du directeur de la rédaction à l'égard des femmes.


«Avec une robe pareille, vous pouvez rester.»


Les 12 autres femmes journalistes à qui nous avons parlé évoquent le comportement dérangeant, la façon de regarder les femmes, de leur parler.


Mathilde* arrive à France 2 fin 2010. Elle a 21 ans. Un matin, alors que se tient la conférence de rédaction quotidienne où l'on décide des thèmes qui seront traités dans les journaux de la chaîne, elle se voit attribuer un sujet, mais demande si elle peut rester un peu plus longtemps pour assister à la fin de la conférence. Réponse d'Éric Monier, selon le récit de Mathilde : «Avec une robe pareille, vous pouvez rester.» Autour de la table, personne ne relève. «Je me suis dit que c'était un gros dégueulasse, mais que ce n'était pas grave», se rappelle la jeune femme. Et puis elle raconte l'anecdote à ses collègues femmes à la cantine. «Tout le monde savait qu'il était dégueulasse.» Elle se prépare alors à ne pas céder à ses avances. «J'ai instauré très vite mon refus. Je l'ai traité comme on traite un vieux lourd dans un mariage. Il ne me faisait pas peur.» Viennent ensuite les invitations à déjeuner. Tout le monde lui intime de ne pas s'y rendre. Mathilde déjeunera tout de même plusieurs fois avec Éric Monier. Au cours de l'un de ses déjeuners, il lui demandera même si elle pense qu'il a «un problème avec les femmes et avec le sexe».

«Surtout, ne lui laisse pas croire qu'une ouverture est possible»

Après son passage à France 2, Mathilde recroisera Éric Monier en 2015, alors qu'ils travaillent tous les deux chez Elephant, la société qui produit «Sept à Huit» pour TF1. Une société qu'Éric Monier rejoint après avoir été écarté de France 2. Mathilde et sa collègue d'alors, Sandra*, se souviennent parfaitement de cette scène. Un jour, Éric Monier entre dans un bureau où se trouve un rédacteur en chef et plusieurs femmes journalistes et leur jette : «Joli cheptel !»

Avant Elephant, Éric Monier était connu comme le loup blanc à France 2. Celui avec lequel une femme ne doit pas se retrouver seule trop longtemps. Inès* a été prévenue avant même de commencer son travail pour la chaîne. Embauchée en 2015, elle reçoit un coup de fil quelques jours avant le début de son contrat. Une ancienne journaliste de la chaîne la félicite et lui explique au téléphone : «Fais attention à Éric Monier.» Une autre journaliste, Laura*, a reçu le même avertissement en arrivant à France Télévisions en 2014. «On m'a dit qu'il avait quelques soucis avec les femmes.» On lui conseille alors d'adapter son comportement en sa présence : «Il faut essayer de ne pas trop s'en approcher. Faut pas lui faire de grand sourire. Et surtout, ne lui laisse pas croire qu'une ouverture est possible.»

«Il m'a inspectée comme il l'aurait fait avec un poulet dans une boucherie»


Au-delà du «regard graveleux» d'Éric Monier, que plusieurs femmes évoquent, il y a ses remarques. 

Alice* y a eu droit. Elle travaillait à «Télématin» depuis quelques semaines quand Éric Monier lui a parlé pour la première fois. «Un matin, alors qu'il ne m'avait jamais adressé la parole, il s'arrête devant moi, me regarde des pieds à la tête sans aucune gêne, sans même tenter d'être discret et déclare : "Ah ouais pas mal..." Et puis il a continué son chemin, sans rien ajouter. Son attitude était sans équivoque, il m'a inspectée comme il l'aurait fait avec un poulet dans une boucherie.»


Les précautions sont de mise. À tel point que Flore* change sa façon de s'habiller pour se rendre dans son bureau, un jour où il la convoque pour évoquer son travail. «C'était en août, donc il faisait chaud. Mais je me souviens que par réflexe, je m'étais mis un vêtement avec un col au ras du cou pour être sûre qu'il n'y ait aucun malentendu. J'ai ressenti comme toutes les nanas une certaine gêne, un malaise à côté de lui, de par son regard et sa façon de poser ses yeux sur nous. Mais on ne peut pas poursuivre quelqu'un pour un regard graveleux.» Preuve que la réputation d'Éric Monier est bien connue, Flore se rappelle l'une des premières remarques qu'on lui a faites en commençant son contrat à France 2 : «Bah alors, t'es passée sous le bureau pour avoir ton boulot ?»

«Je ne me suis jamais autant sentie déshabillée du regard»


«Je ne me suis jamais autant sentie déshabillée du regard que par ce type» confirme Zoé*, qui a quitté France 2 en 2013. Elle se souvient d'une soirée à la rédac' où les journalistes décompressent en buvant quelques verres. Éric Monier est présent. Il complimente les fesses d'une journaliste. Puis se lâche à nouveau. «Là, il se lance sur les prostituées africaines. Il explique qu'elles sont les meilleures de la terre [Éric Monier a longtemps été correspondant en Afrique, notamment à Dakar, ndlr]. C'était glauque et gênant, ça n'avait rien à faire dans une soirée de service.»



Désormais directeur de la rédaction de LCI


Pourquoi ces témoignages ne font-ils surface que deux ans après ? Sans doute parce qu'Éric Monier n'est pas n'importe qui.  

Si la plupart des journalistes qui nous ont parlé ont préféré rester anonymes, c'est aussi parce que l'homme appartient au premier cercle de Thierry Thuillier.


A l'époque où Éric Monier est accusé d'avoir harcelé Anne Saurat-Dubois, Thierry Thuillier était directeur de l'information de France 2. Il l'a été de 2010 à 2015. Il a donc été son supérieur hiérarchique tout au long de la période où il a été directeur de la rédaction. C'est d'ailleurs toujours le cas aujourd'hui, puisque Thierry Thuillier est directeur général adjoint du pôle information du groupe TF1, faisant de lui l'un des journalistes les plus influents de la presse audiovisuelle française.


Dominique Pradalié, secrétaire général du Syndicat national des journalistes (SNJ), ex-déléguée syndicale centrale du SNJ à France Télévisions, assure que la direction de France 2 a été avertie des méthodes «brutales» du directeur de la rédaction. «En dépit des rumeurs et des évidences, aucune des femmes n'a voulu pousser plus loin. Mais ce que je sais, c'est que moi-même, et à plusieurs reprises dans des réunions avec la direction, j'ai fait état de sa brutalité et de la façon abominable dont il parlait aux gens.»


Pour Claire*, ex-journaliste de «Télématin», le limogeage d'Éric Monier en 2015 n'est pas un hasard. «Je pense que la direction de France Télévisions a fait son boulot, avec les éléments dont elle disposait.» À l'époque, les articles sur le départ d'Éric Monier évoquaient des «problèmes relationnels et de management avec certains salariés», sans donner plus de détails. Les agissements problématiques d'Eric Monnier ont semble-t-il cessé depuis qu'il travaille à LCI. S'ils avaient eu vent de la réputation d'Éric Monier à France 2, plusieurs journalistes de LCI nous ont affirmé n'avoir jamais été témoin ou avoir entendu parler de comportements déplacés du directeur de la rédaction depuis qu'il travaille au sein de la chaîne d'information.


Joint par téléphone, Éric Monier n'a souhaité apporter «aucun commentaire» sur la plainte déposée par Anne Saurat-Dubois. «Je connais la personne que vous évoquez, oui, en effet, mais je ne suis pas au courant de ce que vous me dites, du tout.» Interrogé sur les autres témoignages que nous avons recueillis, Éric Monier a simplement indiqué «ne pas savoir» de quoi nous lui parlions. «J'aimerais connaître la réalité de cette plainte et puis on en reparle le cas échéant» nous a indiqué le journaliste.


Joint par téléphone et par mail, Thierry Thuillier n'a pour le moment donné suite à nos sollicitations."


*Les prénoms ont été modifiés à la demande des témoins qui, travaillant toujours dans le milieu du journalisme, craignent des répercussions sur l'évolution de leur carrière.

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