lundi 27 mai 2019

Déclaration liminaire lue au CSE de France Ô Malakoff face à la pseudo transformation de l'entreprise où tout le monde fait tout...et n'importe quoi !


Déclaration liminaire lue au CSE de France Ô Malakoff face à la pseudo transformation de l'entreprise où tout le monde fait tout...et n'importe quoi !

Souvenez-vous, de l’échange (dit du « smartphone ») que relatait le blog CGC Média entre l’ex Orange et l’un des cadres qu’elle convoquait le 4 mai 2016 pour déclamer son plan stratégique en 11 points ! 

L’échange dit du smartphone donc (*) aurait pu faire sourire à l’époque face à un auditoire consterné - « Nous entrons dans une nouvelle ère. Aujourd’hui les outils ont changé. On peut maintenant faire un reportage avec un smartphone. » déclarait Ernotte - mais aujourd'hui il révolte.

(*) Échange entre le réfractaire et l’ex Orange.

- Elle lançant : « Aujourd’hui les outils ont changé. On peut maintenant faire un reportage avec un smartphone. »
- Du fond de la salle, un intervenant :« Non ».
- Elle répondant :« Si, si…aujourd’hui, on peut maintenant faire un reportage avec un smartphone. » 
- Derechef l’intervenant en riposte : « Non ».
- Elle se demandant si elle n’avait  pas à nouveau dérapé : « Ah bon ?! »

Trois ans plus tard, voilà que France Télés  remet ça avec le smartphone comme le prouve la déclaration liminaire lue ce jour au CSE de France Ô Malakoff mais plus grave, considère que puisque tout le monde ou presque en a un (de smartphone), alors tout  le monde est capable de partir faire des reportages pour les éditions du groupe !!!!

Pauvre télé publique qu’il faudra des années au nouvel arrivant avant d’imaginer pouvoir la remettre sur pied.

(*) Déclaration liminaire CSE Malakoff mai 2019 intitulée « À contre sens ! »

« Ton combat est passéiste ! C’est un combat d’un autre âge ! ». Les journalistes et certains personnels de reportage de la rédaction de France Ô n’en sont toujours pas revenus...Qu’un très haut cadre, qui plus est journaliste, se permette une telle réponse à l’interpellation d’un collaborateur demandant pourquoi des techniciens se retrouvaient sur un tableau de service de la rédaction en qualité de... rédacteur journaliste, est tout simplement sidérant, inquiétant et dangereux.

« Aujourd’hui, tout le monde fait tout. Tout le monde est journaliste. Il suffit d’avoir un smartphone et c’est bon ! » a poursuivi ce haut cadre. [Dans le droit fil de ce que déclarait Ernotte en 2016, ndlr] Les bras des membres de la rédaction en sont tombés... Idem pour les élus du SNPCA-CGC et de l’UNSA !

Devant la bronca suscitée, le très haut cadre a renvoyé la discussion aux ateliers web sur la ligne éditoriale…

En d’autres termes : tel Pilate, je refile le problème à d’autres, je me frotte les mains et je n’assume rien pour ne surtout pas avoir à m’opposer à la grande vague de «modernisation du numérique !»

Et peu importe les dégâts et les conséquences sur ce qui est publié sur le web – info ou divertissement - de surcroît, dans le cadre du service public.

Car tout l’enjeu est là : La transformation obligée, nécessaire, l’adaptation de nos médias aux bouleversements du numérique nous renvoient indubitablement à une responsabilité forte de la part de France télévisions. D’ABORD parce que FTV assure des missions de service publique avec l’argent du contribuable…Une manne qui, de facto, l’oblige au plan moral et avec laquelle elle doit être extrêmement vigilante !

Dans tous les cas : elle se doit de ne surtout pas faire n’importe quoi ! Plus qu’une autre société audiovisuelle, elle se doit de faire SENS ! Dans le respect des missions inhérentes au service public, dans le respect des français qui financent l’entreprise par la redevance [La taxe audiovisuelle, ndlr].

Dans le cadre de sa mission d’informer, cela commence par respecter intrinsèquement les droits et devoirs de la profession de journaliste, la déontologie liée à l’obtention de la carte de presse…

Idem pour ses missions de divertissement et d’éducation, la aussi : la création est nécessaire mais pas n’importe quoi ni n’importe comment.

Entendre : « ça génère des clics ! Des likes, on fait de l’audience : on y va ! » Non, certainement pas !!! 

Pendant qu’on y est : pourquoi pas du porno, des jeux abrutissants, du trash qui générerait de l’audience ! Mais quelle audience ?!? Sauf que…Non, ce n’est pas respectueux des valeurs prônées par le service public et par ce que le législateur formule dans le cadre de la loi sur l’audiovisuel public. Il y a des règles. Il y a aussi des droits et des devoirs.


Qui contrôle ce qui est publié, édité sur le web ?

Comment l’internaute va t’il faire le distinguo entre ce qui est de l’info, du divertissement, de la promo, de la pub..?

Comment rester crédible dans notre mission d’informer si on ne s’y retrouve plus, si on ne sait plus qui fait quoi ?

Plus grave encore : comment entendre un langage en interne d’une direction qui nous demande de lutter contre les fake News et qui  même temps réduit les capacités des journalistes de l’entreprise à faire leur boulot, à enquêter, à vérifier, à analyser les choses ? C’est justement ce manque de rigueur professionnelle et le fait que nos directions nous permettent de moins en moins de faire du terrain que nous contribuons par nous-même au développement des fake news, ou à leur alimentation. De quoi paumer un peu plus le citoyen français dans sa capacité à savoir si notre travail d’information est un produit journalistique ou pas…

Le web offre de bonnes et belles choses à lire, à voir et écouter. Mais c’est aussi un véritable fourre-tout qui aujourd’hui déroute, met à mal notre démocratie et nos savoirs.

Quand l’UNSA-CGC se rend compte que certains collègues journalistes de cette entreprise participent eux-mêmes, alimentent les fausses nouvelles et/ou la désinformation en publiant tout et n’importe quoi sur leurs réseaux sociaux sans même vérifier la date de l’article, la véracité, l’authenticité du site qui met en ligne... c’est gravissime ! Plus que jamais il y a urgence à revenir aux fondamentaux !!!

Oui à la création ! Oui oui oui !!! Oui à l’originalité. Oui à la capacité de tout un chacun dans cette entreprise quel que soit son statut de participer à la création, la mise en œuvre, à l’émergence de produits numériques qui valorisent les cultures, les économies, les territoires et les espérances des habitants d’outre-mer. Mais pas à n’importe quel prix, pas au sacrifice du respect de nos métiers, des valeurs et des missions qui sont les nôtres, pas au prix d’offrir tout et n’importe quoi au prétexte que ça génère de clics, de l’audience, et donc de la publicité !

C’est juste notre entreprise et ses personnels ainsi que notre démocratie qui sont en jeu ! Et si ces valeurs sont respectées, alors, si et seulement si, nous n’iront plus à contre sens…Mais pour aller de l’avant - pas comme cela - et surtout pas avec précipitation !

Malakoff - le 27 mai 2019"

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