Jean-François Copé, maire de Meaux et président de la Communauté d'agglomération, député de Seine-et-Marne et président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, actuel président de la commission audiovisuelle qui porte son nom et qui planche sur le financement de France Télévisions suite à la suppression de la publicité, mais surtout depuis l’an dernier avocat du cabinet d’affaires Gide Loyrette et Nouel, s'est déclaré ce vendredi 30 mai sur Europe : "tout a fait favorable à l'instauration d'une deuxième coupure publicitaire dans les programmes des chaînes privées. On n'en a pas encore parlé dans la commission mais j’y suis favorable".
Jean-François Copé, a même ajouté, comble du cynisme : "Il n'est pas question que les télévisions privées soient appauvries, si on n'augmente pas les espaces publicitaires pour accueillir la publicité supprimée sur la télévision publique ".
C’est donc l’avis de Jean-François Copé qui pour l’occasion se fait l’avocat du privé. La mascarade va-t-elle durer encore longtemps ?
Selon le président-avocat, il n’est donc pas question que les télévisions privées s’appauvrissent du fait de l’annonce de la suppression de la pub !Faut-il se pincer ? Le rêve et en l’occurrence, il s’agit là d’un cauchemar, va-t-il se terminer ?
Donc si l’on en croit l’avis du président de la commission éponyme qui vole au secours du privé, l’annonce en janvier 2008 faite par Nicolas Sarkozy chef de l’État sur l’éventuelle suppression de la pub sur les télés publiques devrait appauvrir les télés privées qui franchement n’avaient pas besoin de cela !!! Quand même cette télé publique qui risque d’appauvrir le privé, c’est ballot, non ?
Avec un tel discours isolé puisqu’il semble bien qu’après les députés socialistes et parlementaires de « gauche » ce soit, à présent les producteurs qui menacent de quitter la commission Copé, quelle crédibilité peut bien encore avoir cette commission où la mission première celle de rechercher des pistes de financement pour la télé publique, tout d’abord dévoyée en bureau d’enregistrement de la « réforme » Carolis avec son projet de charte et de chantiers hors la loi élaboré avec l’aide du cabinet Gide Loyrette et Nouel et qui déboucherait, à présent, en ardent plaidoyer pour les télés privées dont TF1 rappelons-le est leader.
Dès lors, il est grand temps que l’avocat-président rende public le rapport de 13 pages que TF1 a adressé à la commission sur ce que doit devenir le service public audiovisuel sans financement publicitaire et surtout quels devront en être les contenus.
Il faut bien se rendre à l’évidence, qu’est-ce que c’est que cette télé publique qui appauvrit la concurrence privée ?
C’est par conséquent pour éviter cela que le président-avocat de la commission s’exprime seul mais engage la commission toute entière. C’est pour cela qu’il préconise que l'application de la directive Télévision sans frontières soit élargie sur ces sujets de publicité avant la suppression de la publicité à la télé publique et que donc "la seconde coupure publicitaire pour les chaînes privées puisse être inscrite dans le projet de loi audiovisuel à l'automne".Que c’est bête quand même que personne n’ait imaginé (sauf Jean-François) que cette 2ème coupure - l'article 73 de la loi de 1986 sur l'audiovisuel n’autorise pour l’instant qu’une seule coupure dans les fictions de 90 minutes et les films – puisse renforcer la compétitivité, le développement de la programmation d'œuvres audiovisuelles à la télévision et agir comme un levier pour augmenter justement leur programmation à la télé (privée, cela va sans dire !) ".
C’est quand même un peu idiot de ne pas avoir imaginé que pendant que TF1 et M6 allaient engranger des millions et des millions d’euros supplémentaires du fait de « l’arrivée massive de publicitaires en manque d’écrans » - la taxation des recettes publicitaires supplémentaires ainsi récupérée, taxe "très faible de l'ordre de 0,5%" dont la collecte serait de l'ordre de 80 millions d'euros [environ 0,5% du total, c'est-à-dire environ un gain pour le privé de quelques 1,5 - 1,6 milliards d’euros de recettes supplémentaires pour le privé voire plus] qui serait une « aubaine » notamment pour l’INA qui pourrait ainsi financer ses travaux sur les droits de la mémoire audiovisuelle. Encore une fois, comment personne n’avait-il imaginé avant que les 1,5/1,6 milliards supplémentaires au privé permettraient à l’INA d’assurer une partie de ses missions.
Puisque >"L'essentiel" pour le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, avocat pour le cabinet Gide Loyrette et Nouel, étant "de faire entrer dans ce club de la télévision", les fournisseurs d'accès internet et de téléphonie mobile "qui font un chiffre d'affaires extrêmement important" [et donc de plébisciter la démarche télévisuelle de la filiale de France Télécom : Orange, anciennement financée intégralement par les contribuables français mais qui, avec le chiffre d’affaire qu’on connait, ne devrait sans doute pas immédiatement s’appauvrir( !)], pourquoi imaginer quelque arrière pensée que ce soit.
Quant aux éventuels surcoûts du fait de cette nouvelle taxe dans le secteur précité que « Bruxelles et Viviane Reding commissaire européenne, responsable de l'éducation et de la culture sont prêts à légitimer sans sourciller », puisque que JF Copé qui en évoque la faiblesse en raison de la forte concurrence, affirme que « les consommateurs n'auraient pas à subir d'augmentation de prix ni de perte de pouvoir d’achat, la concurrence prévalant dans ce secteur étant extrêmement forte », nous voila rassurés.
Au risque donc de flinguer le fragile équilibre qui s’était instauré entre public et privé, Jean-François Copé président-avocat qui fait le maximum pour empêcher l'implosion de sa commission et tente de faire croire que les rangs se resserrent autour de lui, met donc ses « talents » d’avocat au service du plus faible : le privé.
Alors si le président-avocat qui s’imagine peut-être Secrétaire d’État à la Communication (pour service rendu) a en plus le soutien de la Ministre qui déclare quelques minutes après ‘l’intreview de JF Copé sur Europe 1 "Même si à ce stade nous ne faisons aucun commentaire sur le principe même de cette coupure publicitaire parce que nous voulons notamment débattre de son
opportunité avec les auteurs des films et fictions, qui veulent que l'on
préserve l'intégrité de leurs œuvres ; cette seconde coupure pourrait
renforcer la compétitivité, le développement de la programmation d'œuvres
audiovisuelles à la télévision et agir comme un levier pour augmenter la
programmation de ces œuvres" que dire de plus ?
Enfin, il est probable qu’avant même que ne soient rendues publiques les conclusions de la commission Copé, avant même que ce dernier n’ait réuni les amis de son club politique « Génération France » au Concorde Lafayette le 18 juin (jour de l’appel) pour une fiesta dînatoire à thème « l'avenir de la Télévision Publique et la place des médias dans notre société », les décisions prises seront les suivantes :
• Pas de pub après 20h sur la télé publique
• Une nouvelle taxe sur la « concurrence » audiovisuelle et/ou sur la « toile », où l’on fait comme si l’accord de Bruxelles était déjà tombé
• Et des mécanismes de compensation du fait de ce manque de recettes publicitaires, qui s’ils ne garantissent pas la pérennité du service public, représentent déjà un effort significatif
Ainsi, elle devrait être sauvée cette pauvre télé publique qui « saigne à blanc » la concurrence privée !
30 mai 2008
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