Et si la "commission Copé" – enfin ce qu’il devrait en rester – n’avait plus pour finalité que faire passer la charte hors la loi élaborée pour France Télévisions par le cabinet d’avocats Gide Loyrette et Nouel !?
Le 13/09/2007, "Capital.fr" publiait un article intitulé : " Jean-François Copé intègre le cabinet d’avocats Gide Loyrette et Nouel" . Le site web du mensuel écrivait notamment " Le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, Jean-François Copé, vient de rejoindre en tant que collaborateur l’un des plus importants cabinets d’avocats d’affaires français: Gide Loyrette et Nouel."
Précisant que " Jean-François Copé, avait prêté serment au mois de mai devant la Cour d'appel de Paris, en présence du bâtonnier, Yves Repiquet".
L’article ajoutait "Récemment présenté à ses associés, Jean-François Copé qui y travaillera à temps partiel, le vendredi et le samedi, devrait mettre son important carnet d’adresses au service de certains dossiers clés de ce cabinet international, qui est notamment le conseil... de l'Etat dans le projet de fusion entre GDF et Suez. "
Qu’est-ce qui avait bien pu pousser, son nouvel employeur, à cette embauche ?
Quels bénéfices escomptait-il tirer de cette collaboration avec le président du groupe majoritaire à l’Assemblé Nationale ? Pour éviter tout risque de conflit d'intérêt, sur quels types de dossiers - donc pas en rapport avec l'État – sur quels types de dossiers, le maire de Meaux et président de la Communauté d'agglomération, le député de Seine-et-Marne et président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, et l’actuel mais alors futur président de la commission audiovisuelle qui porte son nom, allait-il intervenir ?
D’autant que "mettre son important carnet d’adresses au service de certains dossiers clés de ce cabinet international ", déontologiquement il ne pouvait en être question !
Pas plus, le nouvel entrant, ne pouvait-il justement utiliser ses relations pour faire aboutir tel ou tel dossier dans lequel était impliqué le cabinet d’avocats pour lequel il collaborait !
Si en septembre 2007, l’information est reprise alors par plusieurs titres de Presse, personne ne s’interroge vraiment, sur le fait que ce cabinet d’avocats de renom, l'un des plus importants en France (environ 650 avocats dans 21 bureaux répartis sur les 5 continents) engage ainsi cet avocat « novice » puisque qu’il n'a prêté serment qu'en mai 2007 ?
Prêter serment devant le bâtonnier, c'est-à-dire que JF Copé a répondu "Je le jure" à l'injonction "d'exercer ses futures fonctions avec "dignité, conscience, indépendance, probité et humanité", selon le texte du serment de l'ordre des avocats et surtout avec "toute la déontologie qui s’impose pour l’exercice de la fonction".
Alors oui, le 651ème et quelques, avocat dudit cabinet, avait eu beau prêter serment "jurer, cracher, qu’il n'allait pas s'occuper d'affaires en rapport avec l'État" comme s’en était, à l’époque, défendu son entourage à l'annonce de la nouvelle, personne n’imaginait ensuite ce qui allait se passer dans les premiers mois de janvier 2008.
L’avocat d’affaire, entre autres président du groupe UMP à l'Assemblée Nationale allait être nommé président de la commission audiovisuelle sur « l’avenir de la télé publique » qui porte son nom.
Alors même que celui, vraisemblablement désœuvré en tout cas voire pas assez occupé avec toutes ses charges et mandats politiques obtenus grâce au suffrage des électeurs, avait juré de ne pas s'occuper d'affaires en rapport avec l'État, le voila qui acceptait de s’occuper d’une commission sur un holding : France télévisions dont l’État est propriétaire à 100%.
Adieu pauvre Perrette, veau, vache, cochon, couvée et adieu serment d’indépendance, de conscience, d’indépendance, de probité et autre principe déontologique de non mélange des genres !
Que le cabinet Gide Loyrette et Nouel qui l’emploie "travaille avec France Télévisions depuis douze ans", ne semble pas émouvoir outre mesure le prestigieux salarié !
Que le cabinet Gide Loyrette et Nouel ait donc aidé à élaborer le "projet de disposition législative" de France Télévisions, commandé par son PDG, Patrick de Carolis, dans le soi-disant objectif de répondre aux exigences de la lettre adressée à ce sujet par le Président de la République à la ministre de la Culture et de la Communication, ne semble pas plus le troubler.
Que Le canard enchaîné du 3 octobre 2007, révélât l'existence d’un projet de «charte organisationnelle» dite de gouvernance que Patrick de Carolis tente de mettre en œuvre à marche forcée–contrevenant par parenthèses à la loi audiovisuelle d’août 2000 en ce qu’elle consacrait, entre autres, la séparation des pouvoirs entre le holding et les chaînes- projet qui aurait dû rester secret sans le journal satirique mais projet dont le cabinet Gide Loyrette et Nouel avait été chargé et dont la CGC Médias dénonce depuis des mois et des mois l’illégalité, cela ne suffisait apparemment pas à faire s’interroger son nouvel avocat sur l’évidente nécessité qu’il y avait à ne pas prendre ce dossier et à s’en déporter.
C’est certain, JF Copé ne pouvait être concerné. Ce dossier, le cabinet Gide Loyrette et Nouel l’avait accepté avant qu’il ne le rejoignit officiellement. Tout comme le dossier de la fusion GDF/Suez pour lequel le cabinet Gide Loyrette et Nouel avait aussi été conseil avant que JFCopé ne rejoigne ses rangs.
Le plus grand des hasards qui a fait que le directeur délégué de France Télévisions auprès du président Carolis, en charge de la stratégie, de l’innovation et de la communication, soit l’ex-directeur-adjoint du cabinet de Jean-François alors ministre du Budget, et "ami du député-maire de Meaux" ne devait en rien laisser supposer quoi que ce soit.
Le monde étant toujours très petit, que deux autres anciens collaborateurs du président du groupe UMP et donc président de la commission audiovisuelle sur « l’avenir de la télé publique » qui porte son nom, travaillent également à France Télévisions, l’une attachée de presse personnelle de Carolis et l’autre directeur général du holding de télé publique, n’était pas non plus de nature à laisser planer le moindre doute.
Tous ceux qui imagineraient que le cabinet collaborant avec le chef des députés de la majorité - à ce titre chargé de leur faire adopter le budget du groupe France Télévisions et éventuellement chargé au travers d’une commission de faire des propositions sur son mode de financement ou encore celui de la gouvernance projet du cabinet précité- puisse se retrouver comme dirait un célèbre coureur cycliste, "à l’insu de son plein gré" confronté à un maillage étroit de personnes d'influence voire soupçonné de collusion, ont de bien mauvais esprits.
Qu’à France Télévisions, on se soit, hier, fait fataliste : «Si la commission explose vraiment, ce n’est peut-être pas plus mal. Ça pourrait créer un électrochoc et qu’on se rende compte que cette histoire de suppression de la pub ne tient pas la route» (dixit Libération 29 mai 2008), ne trompe personne.
Qu’aux pistes de réflexion sur la compensation du financement suite à la suppression de la pub sur la télé publique, ait pu se substituer comme une finalité le seul projet –éventuellement soumis après coup au législateur- élaboré par le cabinet Gide Loyrette et Nouel, et l’on se demandera encore pourquoi les député socialistes et les élus communistes annonceraient, mercredi prochain durant la séance plénière de la commission quitter la commission Copé sur l’avenir de la télé publique sans pub, qu’ils la quitte !!!
Après tout cela, Jean-François Copé, avocat d’affaire, homme politique, président à plus d’un titre et par dessus président de son club politique « Génération France » peut bien réunir ses amis au Concorde Lafayette, une semaine avant le rendu du rapport Copé sur la télé publique (si tant est qu’il y ait encore matière à rendre quoi que ce soit] pour une fiesta dînatoire à thème « l'avenir de la Télévision Publique et la place des médias dans notre société », participer au pince-fesses organisé hier matin à France Télévisions pour lui et certains membres de la commission, il y a fort à penser que le contexte et particulièrement « le mélange permanent des genres » ne soit porteur de confusion mais surtout de suspicion.
Que Didier Mathus, (futur ex membre de la commission) indique «La commission est ridiculisée, elle n’a plus lieu d’être.», qui en serait surpris ?
Que son président, avocat d’affaire, réplique «Nous avons toutes les raisons de continuer à travailler ensemble pour remettre au président de la République un rapport complet, équilibré et audacieux.» , on peut comprendre pourquoi !
Tout dépend bien entendu de ce qu’audacieux signifie et surtout si audace ne finira pas par rimer avec mascarade !
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