dimanche 20 février 2022

France Télés : La privatisation ne doit pas être la conséquence de la colère de l’Élysée.

France Télés : La privatisation ne doit pas être la conséquence de la colère de l’Élysée.

C’est quasiment un appel au soulèvement des peuples qu’Ernotte a lancé il y a peu, en des termes qui dépassent l’entendement, dénonçant pêlemêle « Le pouvoir politique qui cherche souvent à nous faire taire [les médias publics, ndlr !], à nous manipuler, à contester notre rôle, voire nous supprimer. D’autres, qui sont souvent les mêmes, limitent nos ressources ou restreignent notre mission. » (sic) 

« Face aux terribles perturbations médiatiques qui menacent nos démocraties aujourd’hui, nous sommes la meilleure réponse pour l’avenir » (sic) ajoute l’ex-Orange qui invite les peuples à se soulever en ces termes « Nous devons redoubler d’efforts, mes amis. Redoubler d’efforts car il y a un besoin urgent de préserver notre modèle de pluralisme et de liberté des médias. Redoubler d’efforts pour défendre la liberté de la presse qui n’a jamais été aussi affaiblie, attaquée et menacée qu’en ce début du 21ème siècle. Nous devons mener une offensive directe et frontale contre la désinformation, contre la manipulation» (sic)  

Sur plus de 5 minutes d’un message vidéo qui en compte presque 6, en anglais – à moins d’une minute en français, voilà qui va plaire à Jean-Michel Blanquer, Ministre de l'Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports « la dame de chez Suez » toute vêtue de son costume de Reines des neiges, va pilonner, pilonner et encore pilonner avant d’admonester « les membres de l’Union européenne, à des actions concertées visant à peser sur les grandes décisions prises à Bruxelles pour l’avenir numérique…et à aider nos Membres les plus vulnérables, en ces temps difficiles ». (sic)  

N'ayant à l’évidence, pas encore compris que l’UER ce n’est pas juste l’Union européenne mais 69 membres représentant 113 organisations dans 56 pays (presque 30 de plus que l’UE dont l’Ukraine, la Russie, la Turquie, l’Azerbaïdjan et tant d’autres), l’ex-Orange s’est donc adressée à certains d’entre eux pour déclarer « nos démocraties montrent des signes inquiétants de faiblesse ». (sic)  

Après avoir copieusement affirmé le 12 janvier dernier à Pleyel, quitte à créer autant de crises diplomatiques, que quatre des pays de l’Union menaçaient leurs médias publiques : « En République tchèque, en Slovénie, en Hongrie, en Pologne, les médias publics sont menacés dans leur indépendance, dans leur autonomie vis-à-vis des pouvoirs politiques, menacés dans leur liberté d’exercer et d’informer librement » - propos immédiatement repris par Roch-Olivier Maistre son fan numéro 1 qui est finalement à la régulation, ce que la clef à molette est à la mayonnaise qui en rajoutait « plus inquiétant encore, les récentes tentatives de mise au pas, à Budapest, Prague ou Varsovie. » - là voilà probablement victime d’un dédoublement de personnalité.

L’infirmière TV d’un soir - passée épidémiologiste en chef dans son adresse à l’Europe: « La pandémie se poursuit et risque de durer » (sic) - se prend pour ce qu’elle n’est évidemment pas !  

Elle n’est pas Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne depuis 2019…Elle n’est pas non plus Věra Jourová, la vice-présidente de la Commission européenne, en charge de la défense des valeurs de l'Union et de la transparence de la vie publique européenne

Pas plus n’assure-t-elle la Présidence française du Conseil de l'Union européenne tout comme elle n’est pas à la tête d’un organisme supranational législatif qui viserait à « peser sur les grandes décisions prises à Bruxelles pour l’avenir numérique des membres de l’Union européenne…en espérant que ces projets de textes majeurs qui y seront présentés cette année pour réglementer les plateformes mondiales,  se répandront dans d’autres pays et auront équivalents dans le monde afin de  profiter à tous ». (sic)

Chacun imagine dès lors assez aisément, la colère de certains en France mais aussi hors de nos frontières à la lecture du verbatim de la vidéo (en anglais donc mais sous-titrée en français) que le blog CGC média publie en fin de post (*) et ses mises en garde qui en ont irrité plus d’un. 

Pour autant, la privatisation d’une ou deux chaines de France Télés que certains mauvais conseilleurs soufflent à l’oreille d’Emmanuel Macron et dont ils lui avaient expliqué qu’une fois prolongée l’ex-Orange aurait pu en être chargée, ne peut et ne doit pas être la conséquence de la colère de l’Élysée mais aussi de Matignon ou de la Représentation nationale qui se demandent comment l’Exécutif a pu laisser s’abimer la télé publique à ce point et tolérer ces dérives récurrentes, sans rien dire ou faire.

 

Verbatim

« Chers amis, chers collègues

Tout d’abord permettez-moi de vous souhaiter du fond du cœur et depuis Paris, une très belle et très heureuse nouvelle année, plus clémente, pleine de liberté et avec une touche d’insouciance. Que cette nouvelle année soit aussi l’occasion de nous retrouver enfin en personne pour parler de notre belle Union, pour réaffirmer à quel point nous sommes fiers de nos organismes, fiers du dévouement de nos collègues, de notre formidable public, de notre impact démontré dans nos pays et nos sociétés en difficulté. Fiers de voir notre information professionnelle, libre et indépendante continuer à faire vivre nos démocraties. Fiers de nos fictions, de nos reportages sportifs, de nos documentaires, de nos programmes de divertissement éducatif qui rassemblent et jouent un rôle essentiel dans la vie de nos citoyens qui nous font toujours plus confiance. Fiers aussi des projets qui ont rassemblé, en grand ou en petit ombre, dans ces domaines.

Je pense à la réussite de nos productions, de grandes séries, au système d’échange novateur, de nouvelles en ligne traduites automatiquement, à notre démarche commune à l’égard des droits sportifs les plus importants, à nos actions concertées visant à peser sur les grandes décisions prises à Bruxelles pour l’avenir numérique des membres de l’Union européenne

Je pense à l’échange croissant des contenus et des technologies visant à aider nos Membres les plus vulnérables, en ces temps difficiles. 

Je pense aux milliers de réunions en ligne qui nous ont aidés à identifier ensemble des solutions pour traverser cette terrible pandémie. Enfin, je pense au travail fondamental accompli par Noël et ses équipes pour nous rassembler et je tiens ici, à les en remercier chaleureusement. 

Vous savez bien, comme moi que par sa stature l’UER nous donne les moyens nos ambitions. Car nos défis n’ont pas disparu : au contraire, ils se sont renforcés. La pandémie se poursuit et risque de durer, nos démocraties montrent des signes inquiétants de faiblesse.


Le pouvoir politique cherche souvent à nous faire taire, à nous manipuler, à contester notre rôle, voire nous supprimer. D’autres, qui sont souvent les mêmes, limitent nos ressources ou restreignent notre mission.

Nos nouveaux concurrents numériques souvent de dimensions mondiales, ont gagné du terrain dans la vie quotidienne de nos citoyens, surtout les plus jeunes.

Nous devons donc redoubler d’efforts, mes amis. Redoubler d’efforts car il y a un besoin urgent de préserver notre modèle de pluralisme et de liberté des médias. Redoubler d’efforts pour défendre la liberté de la presse qui n’a jamais été aussi affaiblie, attaquée et menacée qu’en ce début du 21ème siècle. Nos médias publics contribuent au récit démocratique grâce à leurs forces, leur liberté et leur indépendance.

 

Face aux terribles perturbations médiatiques qui menacent nos démocraties aujourd’hui, nous sommes la meilleure réponse pour l’avenir.

Nous devons mener une offensive directe et frontale contre la désinformation, contre la manipulation, contre la culture du « clash » et du « buzz ». 

À Bruxelles, plusieurs textes majeurs présentés cette année pour réglementer les plateformes mondiales, nous aideront au moins au sein de l’Union européenne. Nous espérons que ces projets de loi sont équivalents dans le monde et se répandrons dans d’autres pays pour profiter à tous.

Nous devons redoubler d’efforts aussi pour réaliser des fictions de qualité, des documentaires qui expliquent le monde dont raffolent le jeune public. Notre Union a lancé des initiatives importantes pour offrir de nouvelles opportunités de coopérations. Et je suis convaincue que les industries culturelles et créatives sont la clé d’une croissance inédite et vertueuse. [Le surréaliste euro qui génère trois euros de PIB, selon  Ernotte, ndlr]

Redoubler d’efforts pour innover ensemble et identifier de nouvelles solutions, de nouveaux formats pour un public toujours plus large et faire connaître nos progressions vers une transformation numérique réussie. Redoubler d’efforts pour mieux mettre en lumière la diversité et les multiples cultures de notre Union.

L’inclusion et le respect sont bien sûr au cœur de tout contenu unique et reconnaissable. En bref, en envisageant l’avenir des médias publics de notre vaste Union, je vois des valeurs et des projets communs. Je vois des convictions partagées. Je vois aussi une responsabilité commune envers les générations futures. 

(Quelques mots seulement en français

Vous le savez, l’audiovisuel public de l’UER contribue avec force à réunir les citoyens, à partager du commun. Nos sociétés ont plus que jamais besoin de se rassembler. Et nous sommes déterminés, tous ensemble, à porter toujours plus haut cette mission. Pour cette année 2022 qui s’ouvre, permettez-moi de partager avec vous l’espoir de visions et de projets communs pour nos belles maisons, leur personnel et nos citoyens. A chacune et chacun d’entre vous, j’adresse mes vœux de paix, de joie et de succès tant personnel que professionnel. Très bonne année à tous et à toutes.

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