Pour Le Figaro, « La suppression de la CAP n'est pas une si grosse affaire »…Ah bon?!
Après le vote par le Sénat de la suppression de la CAP(ex-redevance), Le Figaro dans une analyse signée du chroniqueur et consultant Michaël SadouN pose la question «Et si la suppression de la redevance TV encourageait l'audiovisuel public à davantage de pluralisme?»
Le blog CGC Media qui pense qu’il ne s’agit plus d’un problème de compétence donc de gouvernance comme Emmanuel Macron l’avait dit en 2017 en la qualifiant de « Honte de la République », vous propose de découvrir ci-après la tribune en question qui nous laisse plutôt dubitatifs.
Le blog CGC Média ne voit, en effet, pas le rapport qu’il y aurait entre la suppression d’une taxe parafiscale et plus de pluralisme Au sein de l’audiovisuel public qui rappelons-le, fait pourtant partie des obligations du cahier des missions et des charges et de COM ?!
Puis en s’interrogeant ainsi, cela laisse entendre que pendant des dizaines d’années l’audiovisuel public n’aurait servi que des intérêts partisans et rien d’autre!
« FIGAROVOX/TRIBUNE - Le samedi 23 juillet, les députés ont validé la suppression de la redevance qui finance l'audiovisuel public. Pour Michaël Sadoun, cette mesure invite le service public, bénéficiant par ailleurs de nombreuses garanties, à plus de neutralité.
Le 23 juillet, l'Assemblée nationale a voté par 170 voix contre 57 la suppression de la CAP (contribution à l'audiovisuel public), parmi une série de mesures destinées à protéger le pouvoir d'achat des Français. En d'autres termes, dès l'automne, près de 27 millions de foyers ne paieront plus les 138 euros qui permettent de financer l'audiovisuel de service public, télé (France télévisions, Arte, l'INA, TV5 Monde) comme radio.
En plus de peser sur les ménages, la CAP souffrait de plusieurs obsolescences, dont la première était son conditionnement par la possession d'un téléviseur chez soi. À l'heure où un nombre croissant de ménages ne sont plus équipés, notamment chez les jeunes, cette redevance semblait injuste.
Côté médias, cette suppression implique que les sommes allouées à l'audiovisuel public passeront désormais par le budget de l'État, ce qui suscite l'inquiétude des concernés. La redevance, née en 1974, a en effet accompagné un mouvement de dissolution de l'ORTF par Giscard d'Estaing, associant dans l'imaginaire collectif la liberté journalistique à l'idée d'une taxe dédiée non dépendante de la volonté politique.
Néanmoins, le politique peut déjà disposer du service public à sa guise, en fixant le montant de la redevance chaque année et en compensant les pertes de la redevance dues notamment à la baisse du nombre de foyers équipés en téléviseurs – si bien que déjà 15% des finances de l'audiovisuel public viennent du budget de l'État. Enfin, on peut relativiser l'indépendance du service public par le poids que l'exécutif peut prendre sur la nomination des présidences de médias publics par l'Arcom.
Le gouvernement n'a enfin cessé d'exprimer son attachement à l'audiovisuel public, Rima Abdul Malak garantissant une compensation «à l'euro près» de l'ancienne redevance. L'affectation d'une partie de la TVA, idée émanant d'un rapport de l'Inspection Générale des finances et reprise par un amendement voté par LR et LREM, pourrait notamment maintenir le mécanisme actuel de garantie de ressources.
La suppression de la CAP n'est donc pas une si grosse affaire pour le financement du service public, qui en l'état, bénéficie de fortes garanties politiques. Elle a pourtant suscité une vive réaction de la Société des journalistes de France 2, qui a publié dès le 21 juillet une vidéo où les animateurs vedettes du groupe contestent la mesure au nom de «l'indépendance du service public».
Mais qu'en est-il vraiment de cette indépendance ? La France peut bien sûr se féliciter d'avoir aménagé des cases où l'information et la culture ne sont a priori pas soumis au pouvoir de l'argent et aux pressions politiques. Cependant, il rode toujours une méfiance populaire, qui s'exprime par exemple dans la proposition du RN de privatiser l'audiovisuel de service public. D'où vient que, selon Harris Interactive, 34% seulement des Français considèrent les chaînes de télévision publiques comme indépendantes ?
Cette indépendance ne fait pas l'unanimité car l'audiovisuel public est perçu comme une émanation de la «gauche élitaire» – il est d'ailleurs paradoxalement bien plus populaire chez les CSP+ que dans les classes populaires, qui lui préfèrent par exemple TF1.
Cette orientation naturelle se ressent dans les programmations: en 2021, les matinales infos ont été particulièrement inégalitaires en matière de temps de parole, iniquité prolongée pendant les élections présidentielles et surtout législatives. Selon l'Arcom, qui comptabilise le temps de parole des différents partis, la Nupes a par exemple bénéficié de 73% du temps de parole sur France 5 en mai 2022, au cœur de la campagne législative.
Il est ainsi curieux de voir tant de journalistes s'inquiéter de leur indépendance quand celle-ci n'est remise en cause que par leur engagement politique. Peut-on reprocher aux Français de se méfier d'un groupe télévisuel dont la présidente Delphine Ernotte déclarait qu'il y avait «trop d'hommes blancs» à la télévision ? Derrière l'absence de protestation populaire suite à la suppression de la CAP, on devine une désaffection progressive des Français pour les médias traditionnels en général, et en particulier pour un service public qui manque souvent à son devoir, exigeant mais nécessaire, de neutralité.
La liberté d'expression a plus à craindre du corporatisme journalistique et du politiquement correct que de l'emprise de l'exécutif ou de la main de quelques milliardaires.
Pour que l'information reste diverse et libre de toute exigence de rentabilité, souhaitons que l'audiovisuel de service public reste fort. La suppression de la redevance n'y changera rien, et lui donnera même sûrement une raison de plus de tendre vers la neutralité et l'objectivité.
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