Olivier Schrameck
a-t-il pris, sous serment, les sénateurs pour des billes ?
Le blog CGC Média a déjà relaté plusieurs
des interventions d’Olivier Schrameck qui s’exprimait, le 7 juillet 2015, sous
serment devant la commission d’enquête
du Sénat (¤) comme le lui avait fait jurer sa présidente Marie-Hélène Des Esgaulx mais concernant la revente de « Numéro 23 » pour
près de 90 millions d’euros a de quoi surprendre.
Schrameck explique aux sénateurs concernant l’agrément que le CSA « attendre des services du
CSA, le rapport dont il ne connait pas plus que vous [la
commission d’enquête, ndlr] à ce stade et selon l'étude d'impact qui est en cours
d'élaboration… » alors que « le Monde » du 9
juillet - écrit le 8 dans l’après- midi
donc - indique dans son article «Le rapport du CSA ne préconise pas d’enlever son
autorisation à Numéro 23 » !!!!!
Pascal Houzelot très proche d'Olivier Schrameck comme le révélait, il y a peu, "Le Canard enchaîné", peut se frotter les mains!
Il est pourtant
particulièrement troublant de prendre connaissance
d’une telle info livrée avec force détails (*) lorsque Schrameck indique la veille concernant les deux voies du CSA de s’autosaisir
«Il apparaît mais nous
attendons le rapport et je ne le connais pas plus que vous, des
services du CSA à ce stade et selon l'étude d'impact est en cours
d'élaboration, que l'ensemble des critères qui sont énumérés par les articles
29, 30, 30-1 et 31 de la loi, sont susceptibles d'être appliqués. Nous verrons
quelle sera la consistance de l'étude d'impact qui sera élaborée par le Conseil
supérieur de l'audiovisuel. »
Le sénateur Jacques Mézard a eu beau s’interroger en
séance « En
tout cas, nous lisons les uns et les autres la Presse parfois sans
enthousiasme, parfois en le déplorant mais il n'en reste pas moins qu'il y a eu
toute une série d'informations sur ce qui s'est passé mettant en cause quand
même, en réalité, des fuites importantes » ;
Marie-Hélène Des Esgaulx le présidente de la commission a eu beau
faire jurer l’intéressé et lui rappeler: "Votre audition est ouverte au public et à la
presse. Elle fait l'objet d'une captation vidéo. Avant de vous passer la
parole, je vais vous demander de prêter serment. En conséquence, je vous
invite à prêter serment de dire toute la vérité rien que la vérité. Levez la
main droite et dites je le jure"Je suis également tenu de vous
indiquer que tout faux témoignage de commission serait possible des
peines prévues aux articles 134-13 à 134-15 du Code pénal » ;
ils ont dû s’étrangler en lisant la quotidien
du lendemain après-midi.
(*) Extrait du Monde «Le rapport du CSA ne préconise pas d’enlever son
autorisation à Numéro 23 » :
"Une des plus grosses
menaces qui plane sur « Numéro 23 » s’éloigne : dans son rapport rendu le jeudi 9 juillet,
que Le Monde a pu consulter,
le rapporteur indépendant du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) « ne propose pas au CSA de retirer, sur le
fondement de l’article 42-3 de la loi du 30 septembre 1986, l’autorisation
qu’il a accordée [...] à la société Diversité TV France ». Une sanction qui s’applique en cas de
changement de contrôle au sein de la société qui édite une chaîne. Le
CSA avait sollicité l’avis du rapporteur car il avait des doutes sur le poids
réel d’un actionnaire russe.
Le rapporteur relève
toutefois que « la détermination d’un
concert et d’un contrôle conjoint (…) est un exercice d’appréciation délicat ».
Juridiquement, il estime que la«
détermination en fait des décisions des assemblées générales » est
constituée mais pas « l’action de
concert », en « l’absence
d’éléments suffisants permettant d’affirmer qu’il y une intention des
actionnaires d’avoir une politique commune » et notamment en« l’absence de droit de regard » de
l’actionnaire russe sur le budget annuel et les programmes.
Soupçonnés d’avoir cédé
une part du contrôle à son actionnaire russe, voire d’avoir anticipé avec lui
la revente de Numéro 23, les dirigeants de la chaîne avaient argué que le
pacte d’actionnaires ne contenait que de banales mesures de protection des
actionnaires minoritaires. Le CSA avait des doutes sur l’arrivée au capital de
Numéro 23, fin 2013, du groupe audiovisuel russe UTH, contrôlé à 50 %
par USM, la holding du milliardaire Alicher Ousmanov, troisième homme le plus
riche de Russie, selon Forbes. Pour
10 millions d’euros, cette société a acquis 15 % de la chaîne et
conclu un pacte d’actionnaires. De plus, Numéro 23 a émis pour
5 millions d’euros des obligations à bons de souscription d’actions
achetées par Qipco, un fonds d’investissement qatari. Or, en France, il est
interdit pour une chaîne d’avoir un actionnaire hors Union européenne qui
détienne plus de 20 % du capital. Sous peine de voir son autorisation
d’émettre annulée. Le changement de contrôle de la société est puni de la même
sanction.
Le document ne préconise donc pas de sanction. Mais il appartient désormais au CSA de suivre, ou non, cet avis du
rapporteur, un conseiller d’État dont le travail sera présenté au collège de
l’autorité avant fin juillet….
Symbole d’une « spéculation »
« Oui, ça me choque », a encore dit Fleur Pellerin, la ministre de la culture, mercredi
8 juillet, devant l’association des journalistes médias concernant la
transaction qui est, pour certains, le symbole d’une « spéculation » sur les chaînes de la TNT survenue
moins de trois ans après l’attribution gratuite de nouveaux canaux… »
(¤) Extrait de la retranscription intégrale des réponses d’Olivier
Schrameck à la commission d’enquête.
Olivier
Schrameck : « En ce qui concerne la chaîne "Numéro 23"
de la TNT....je tiens à être à nouveau extrêmement clair sur deux points:
- Le premier, je vais me permettre une seconde et dernière fois de me citer
moi-même comme lorsque j'étais entendu devant les commission des affaires
culturelles avant même d'être nommé, j'ai dit que la "diversité" ne
saurait dans mon esprit se résumer à une chaîne qui s'en prévalut.
- Le second, c'est que les choix ont été faits en mars 2012, mis en œuvre en novembre 2012 et que l'ouverture de ces chaînes a eu lieu le 12 décembre 2012. Je n'exerçais aucune responsabilité au Conseil supérieur l'audiovisuel et je ne me considérais pas comme ayant vocation à en exercer à aucune de ces dates. Donc j'ai trouvé en quelque sorte du collège précédent les décisions que je viens de mentionner. [ça c’est pour Boyon, ndlr]
- Le second, c'est que les choix ont été faits en mars 2012, mis en œuvre en novembre 2012 et que l'ouverture de ces chaînes a eu lieu le 12 décembre 2012. Je n'exerçais aucune responsabilité au Conseil supérieur l'audiovisuel et je ne me considérais pas comme ayant vocation à en exercer à aucune de ces dates. Donc j'ai trouvé en quelque sorte du collège précédent les décisions que je viens de mentionner. [ça c’est pour Boyon, ndlr]
J'ai toujours entendu le président de la chaîne "Numéro 23" dire - je
ne pourrais pas en dire beaucoup là-dessus puisque ce sont des affaires en
instruction - il l'a dit publiquement par conséquent ça je peux le
reprendre - "qu'il n'avait aucune intention de revendre à court terme
la chaîne qui lui avait été attribuée". Il l'a a dit en plusieurs
lieux et plusieurs reprises.
Face au contrat qui a été annoncé, le Conseil supérieur de l'audiovisuel
a usé des deux voies qui lui sont ouvertes par la loi: la première est la
vérification des modifications de contrôle qui ont été opérées et ce en
application des alinéas un et deux de l'article 42-3 de la loi.
Elle a débouché sur la saisine par le directeur général, en vertu de l'a
article L.42–7 du rapporteur indépendant du conseil d'État lequel a, presque
immédiatement dans un délai de 48 heures, notifié des griefs notamment au vu
d'un pacte d'actionnaires à la société "Numéro 23" et très
prochainement, il rendra public son rapport comme la loi le prévoit et
le décret d'application, en laissant un délai minimal, ce qui ressort lui
des travaux préparatoires, de 15 jours pour qu'il puisse en être discutés par
les parties y compris lors d'une séance publique où ce rapport sera présenté.
La décision, elle, étant prise en dehors du rapport du rapporteur.
Il s'agit du seul cas de la loi où la mise en demeure ne soit pas prévue.
La sanction, le cas échéant, si elle est proposée par le collège
directement applicable, constitue à un retrait de fréquence.
Donc selon « Le Monde », ce
ne sera pas le cas, ndlr !!!!!
La deuxième voie, c'est celle de l'agrément prévu par les cinquième et
sixième alinéas du même article 42-3. Il a été introduit par la loi du 15
novembre 2013 comme support d'une "taxation" de 5 % (a-t-on dit à
l'époque) et vous vous souvenez qu'à deux reprises, le Conseil constitutionnel
a été conduit à imposer des censures au motif que les dispositions prévues ne
l'avaient pas été dans le cadre approprié soit de la loi ordinaire soit de la
loi de finances.
Les travaux préparatoires sont muets sur les conditions dans lesquelles le
conseil supérieur de l'audiovisuel doit attribuer ou ne pas attribuer
l'agrément. Je dis simplement que dès lors que c'est un agrément, il a
vocation à être ne pas être attribué et ne saurait être automatique dans un
sens dans un autre. Ce n'est pas une politique de guichet mais une
politique d'appréciation.
Il apparaît mais
nous attendons le rapport et je ne le connais pas plus que vous, des services
du CSA à ce stade et selon
l'étude d'impact est en cours d'élaboration, que l'ensemble des critères qui
sont énumérés par les articles 29, 30, 30-1 et 31 de la loi, sont susceptibles
d'être appliqués.
Nous verrons quelle sera la consistance de l'étude d'impact qui sera
élaborée par le Conseil supérieur de l'audiovisuel.
Il va de soi que cette étude d'impact évidemment sera soumise à la
procédure dont je viens de parler, en vertu de la décision de l'assemblée du
contentieux. Nous ferons en sorte bien entendu de rendre public le plus
rapidement possible cette étude d'impact mais je voudrais souligner auprès de
vous que la multiplicité d'études d'impact auxquelles nous devons procéder avec
cette procédure doublement contradictoire qui touche en même temps "Numéro
23", les décisions relatives à "LCI", "Paris Première"
ou d'autres, les conséquences considérables du basculement de la bande 700 et
de l'extension des services haute-définition liés à l'adoption de la norme de
compression Mpeg4, les demandes très nombreuse dont nous sommes saisis par des
chaînes qui les ont rendues publiques concernant par exemple, "W9",
"D17", "D8", "Chérie 25" font que la charge pour
le Conseil supérieur de l'audiovisuel est tout à fait considérable mais charge,
j'en porte devant vous l'assurance sera menée avec le plus grand sérieux,
la plus grande minutie et le respect scrupuleux de la loi…. »
Lire aussi l'article de "Lyon Capitale": "Numéro 23 : le CSA désormais seul face à ses responsabilités"
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