Si Pflimlin pense avoir berné les sénateurs lors de son audition du 4 avril 2012, il se trompe dans les grandes largeurs.
Le 4 avril dernier, la Commission pour le contrôle de l'application des lois sous la présidence du sénateur David Assouline et composée des sénateurs Marie-Christine Blandin, Catherine Morin-Dessailly & Jacques Legendre a entendu, pendant plus d’une heure, Rémy Pflimlin sur l'application de la loi relative à l'audiovisuel public.
Ce dernier était pour ce faire, accompagné de Martin Ajdari (pour les finances) et Bruno Patino (pour le numérique); les propos tenus sont non seulement surréalistes mais surtout totalement déconnectés de la réalité voire trompeurs (lire le compte-rendu du Sénat)
Voici en dix points, le plus invraisemblable numéro de propagande jamais réalisé !
(*) (en bas de post retrouvez la retranscription exacte de l’intervention de Pflimlin devant les sénateurs)
Sans répondre à la question initiale qui lui était posées par le co-rapporteur Jacques Legendre : « Nous nous livrons à un exercice délicat. Il ne s'agit pas de reprendre le débat sur la loi, qui a suscité des positions divergentes, mais, dans un esprit républicain, de s'assurer que la loi votée par le Parlement est correctement appliquée et de se dire inquiet, entre autres,de « l'apparition, après le JT de 20H du parrainage que les téléspectateurs voient bien comme de la pub mais aussi le fait qu’au lieu de commencer à 20h35 la soirée – ce qui permettait aux téléspectateurs de voir 2 films ou 2 programmes sans se coucher trop tard, les programmes débutent quasiment comme ceux du privé vers 20h45 voir 21h le week-end ! …Ce que l'on a voulu chasser par la porte ne revient-il pas par la fenêtre ? Estimez-vous respecter l'esprit de la loi ? »
Pflimlin qui ne répondra pas au co-rapporteur se contentera devant les sénateurs forcément décontenancés (on le serait à moins), d’un auto satisfécit des plus insensés sur l’air de « Je subis…et si vous ne comprenez pas que rien n’est ma faute, alors là ! »
Dans la série, « je ne répond surtout pas à la question qui fâche » et dans la grande tradition du « petit Marchais illustré » : « Monsieur Marchais, ce n’est pas la question que je vous ai posée ! Peut-être mais c’est la réponse que je vous donne », Pflimlin va lire son texte où il a notamment :
1°) Chargé Patrick de Carolis, son prédécesseur d’avoir laissé l’entreprise totalement désorganisée ; Carolis avec qui il a pourtant signé un nouveau contrat de producteur pour des « Des Racines et des Ailes » via Anaprod (sa boîte de prod) mais aussi un CDD depuis le printemps 2011 au sein de ladite prod puis récemment un troisième sur France 2 avec « Le grand tour ».
Extrait : Pflimlin lors de son intervention sur son 2ème axe stratégique dit aux sénateurs de la commission : « La nouvelle équipe que je dirige depuis 18 mois, a pris en charge une entreprise totalement désorientée, désorganisée par la mise en place à marche forcée de l’entreprise unique en un an. »
Ce faisant Pflimlin n’a fait que confirmer ce que dit, écrit et diffuse le SNPCA-CGC depuis plus de trois ans, à savoir que « la mise en place à marche forcée de l’entreprise unique en un an, a laissé une entreprise totalement désorientée, désorganisée, exsangue. »
2°) Dénoncé la précipitation de l’Etat qui suite aux recommandations de la commission Copé, a voulu mettre en place une réforme irréaliste.
Extrait : « A tous ceux qui ont l’impression que le fonctionnement de France Télévisions n’est pas clair, pas fluide, je veux le dire aujourd’hui, vouloir faire cela en un an et même deux n’était pas réaliste. »
3°) S’en est pris à l’Etat, à plusieurs reprises en le taxant de le prendre à la gorge !
Extrait : « Prioritairement, France Télévisions a besoin de se projeter dans un cadre financier stabilisé afin d’affronter les défis qui l’attendent. C’est l’objectif du COM contrat d'objectifs et de moyens 2011-2015 que j'avais souhaité négocié à mon arrivée; pourtant cet objectif a déjà été contredit par deux arbitrages correctifs diminuant les ressources publiques affectées à France Télévisions.
Autre extrait : « Je souhaite réformer profondément les structures de France Télévisions, ses fonctionnements internes autour d’objectifs de cohésion et d’efficacité afin d’affecter prioritairement nos marges de manœuvres aux contenus et notamment à la création dans un univers de ressources publiques que nous savons nécessairement contraint. »
4°) Attribué le manque de recettes publicitaires (environ -20M€ au 1er trimestre) qu’il a pourtant fixées à 425M€ pour 2012, aux nouvelles chaines de la TNT !
Extrait : « les deux arbitrages correctifs du COM diminuant les ressources publiques affectées à France Télévisions, sont pour nous une source d’inquiétudes, d'autant que nos perspectives publicitaires déjà moroses du fait du contexte général, seront affectées par l'arrivée des nouvelles chaînes privées de la TNT. »
Rappelons que Pflimlin avait, lui-même jugé « "ambitieux" et "volontariste" l'objectif de recettes publicitaires de 425 millions d'euros par an pour son groupe, inscrit dans son contrat d'objectifs et de moyens (COM) 2011-2015 » lors de sa dernière audition à l'Assemblée nationale !
5°) Annoncé, de fait, le prochain plan social
Extrait : « Dans ce paysage en constante évolution, nos collaborateurs ne pourront construire un groupe uni et adapté aux mutations du secteur audiovisuel et du numérique qu'à l’aide de trajectoire pluriannuelle tenant le plus grand compte du corps social, surtout si ces effectifs doivent diminuer. »
6°) Essayé de faire croire à des évolutions tout en gagnant du temps, en expliquent que depuis presque 2 ans qu’il est là (juillet 2010), il n’a rien à son actif sauf un foutoir comme jamais.
Extrait : « Fusionner 8 sociétés, 5 chaînes et même 14 avec celles des Outremers, rassemblant plus de 10.000 collaborateurs, des chaînes que l’histoire a conduit à se construire en opposition les unes aux autres, cela demande du temps..Du temps pour négocier les statuts collectifs, pour exposer la nouvelle organisation aux Instances de Représentation des Personnels et aux personnels, pour rapprocher et fluidifier les procédures et les outils de travail notamment informatiques comme pour regrouper physiquement les collaborateurs des nouveaux services communs »
7°) Tiré sur les autres télés publiques européennes, en se déclarant au dessus de la moyenne :
Extrait : « Au 1er trimestre 2012, France Télévisions est forte de 30 % de l’audience de nos concitoyens. D’après l’Union Européenne de Radio Télévision, la moyenne des audiences des groupes audiovisuels publics en Europe s’établit juste en-dessous de 29% ».
8°) Raillé les audiences de la concurrence TF1 particulièrement:
Extrait : « En prenant l’évolution de France 2 qui demeure la grande chaîne généraliste alternative aux chaînes privées historiques, elle résiste mieux que TF1 dans la TNT. L’écart entre ces deux chaînes est de 9 points d’audience aujourd’hui, il était de 17 points en 1992 année typique de bonne santé pour les deux chaînes. A l’époque TF1 avait 41% de l’audience nationale et France 2 en avait 24. En 2011, TF1 compte 24% de l’audience nationale et France 2 rassemble 15% des audiences. Sur la même période France 3 est passée de 13,6 à 9,7 de part d’audience. »
9°) Vilipendé les Producteurs dans leur conception « analogique » de la télé à l’heure où le numérique prévaut:
Extrait : « L’essor des nouveaux usages numériques, délinéarisés, la télévision de rattrapage et la vidéo à la demande, ces nouvelles pratiques audiovisuelles des français gomment la force de prescription des chaines. Nous devons renforcer notre rôle d'éditeur de programmes en complément de celui de diffuseur. Les producteurs ne comprennent pas tous, notamment dans le domaine du documentaire et de la fiction. »
10°) Renvoyé les parlementaires, sénateurs et députés, à leurs contradictions…en leur donnant rendez-vous pour la fin de son mandat en 2016 (enfin le croit-il)!
Extrait : « La question qui vous appartient du maintien ou de la suppression de la publicité en journée au 1er janvier 2016 ; elle doit être posée à l’aune de la volonté de l’Etat de nous assigner des objectifs plus nombreux comme par exemple le financement de la création ou l’essor de l'audiovisuel Outremer. Nous partageons ces défis avec tous les audiovisuels publics européens. Ils conditionnent les trois axes de la stratégie que je conduis à France Télévisions.
Conclusion : Il aura fallu une demi-heure et deux nouvelles questions, celle de Mr Legendre qui ne s’est visiblement pas laissé balader par Pflimlin qui n’a pas répondu à sa première question pour la reposer différemment : « La révision du mode de financement était une façon de protéger les chaînes publiques contre la tyrannie de l'audimat. Or, à vous entendre, la préoccupation majeure reste d'attirer le téléspectateur en début de soirée, et de le conserver. Cela signifie-t-il que le souci de l'audimat reste premier, hors toute question de financement ? Les critères sur lesquels sont jugés les producteurs, les responsables de chaînes, sont-ils liés à leur capacité à attirer le plus grand nombre de téléspectateurs plutôt qu'à leur qualité ? L'audimat plutôt que le « qualimat » ? », appuyé par le président de la commission lui-même David Assouline : « Nous ne sommes pas d'accord sur tout avec Jacques Legendre mais je le rejoins sur cette question. On nous a dit que le réflexe demeure, au lendemain d'une diffusion, d'appeler à la première heure le producteur pour l'informer de l'audimat. Et le recul horaire ne procède-t-il pas de la même logique ? Passer à 20h45 pour permettre au téléspectateur de basculer sur le début de vos programmes ? » pour que Pflimlin déclare :
« Au-delà de la souplesse légitime que requiert le traitement par le « 20h » d’une actualité dont la densité est par nature variable, la question même de la pertinence d’un horaire réglementaire de début de soirée doit être posée et débattue. C’est toute la culture télévisuelle qui doit évoluer si nous voulons continuer à animer l’audiovisuel de création en France et ne pas nous mettre hors-jeu. Ce chantier est une révolution culturelle pour nous tous; sa mise en œuvre indispensable nécessite du temps afin de afin de faire évoluer notre écosystème et nos missions traduites sous forme d’engagements et de Cahier des charges. »
Et là c’est le top du top, Pflimlin confond écosystème avec système économique !!!!
Rappelons à Rémy Pflimlin, qu’un écosystème désigne l'ensemble formé par une association ou communauté d'êtres vivants (ou biocénose) et son environnement biologique, géologique, édaphique, hydrologique, climatique, etc. (le biotope). Les éléments constituant un écosystème développent un réseau d'échange d'énergie et de matière permettant le maintien et le développement de la vie. Le terme fut forgé par Arthur George Tansley en 1935[1] pour désigner l'unité de base de la nature. Unité dans laquelle les plantes, les animaux et l'habitat interagissent au sein du biotope. Dans l'écosystème, le rôle du sol est de fournir une diversité d'habitats, d'agir comme accumulateur, transformateur et milieu de transfert pour l'eau et les autres produits apportés.
Pflimlin confondrait-il donc « désirs » avec « réalités » ?
(*)
Audition de Rémy Pflimlin, président de France Télévisions par la commission du sénat sur l'application de la loi relative à l'audiovisuel public.
Mr. David Assouline, Président : « Votre audition constitue le point d'orgue de nos travaux, qui doivent aboutir à un rapport sur la loi relative à l'audiovisuel public. Le chantier qu'elle a ouvert est immense ; nous ne pourrons explorer tous les sujets au fond et nous nous concentrerons sur quelques-uns. Nous avons entendu des points de vue multiples - dirigeants, partenaires, acteurs, magistrats de la Cour des comptes...
La suppression de la publicité en soirée sur les chaînes de l'audiovisuel public emportait deux conséquences : assurer un financement alternatif et garantir une répercussion sur la qualité des programmes, en particulier en prime time. L'entreprise unique était l'outil de la réforme, même si l'on sait que vous avez tenu à préserver l'autonomie des chaînes. Sur la question du financement, deux moyens s'offraient à l'État pour compenser la perte de recettes : une taxe sur la publicité transférée, qui n'a donné, d'autant plus que la crise financière est passée par là, que des résultats décevants -dix millions d'euros- et une taxe sur les fournisseurs d'accès, dont on sait que le principe a été contesté par la Commission européenne. Un jugement sera bientôt rendu, et nous devrions savoir où l'on va entre janvier et juin de l'an prochain, mais la probabilité est forte, si l'on en croit les responsables de la Commission européenne que nous avons entendus, d'une sanction.
Les législateurs que nous sommes doivent en tenir compte, d'autant que se posera le problème du remboursement, si les opérateurs saisissent la justice française par la suite. Quelle alternative pour combler le manque à gagner, telle est donc la question.
Certains, constatant une dérive dans l'heure d'ouverture de la soirée, passée de 20 heures 35 à 20 heures 45, voire à 21 heures le dimanche, s'inquiètent. Ils voient aussi dans le parrainage qui, pour le téléspectateur, équivaut à de la publicité, un détournement.
La qualité du service public a-t-elle gagné au change ? N'a-t-on pas vu Le Paris de Maupassant abandonné au profit d'œuvres que l'on nous dit plus en phase avec le public ?
Quant à la fusion, tous nos interlocuteurs ont évoqué un paquebot là où ils auraient préféré une vedette rapide. Les réformes successives font, semble-t-il, que l'on s'y perd et que l'on peine à identifier le bon interlocuteur.
Le média global, malgré un retard à l'allumage, paraît en bonne voie. La Cour des comptes considérait que 250 millions étaient nécessaires. Nous vivons un contexte difficile, mais si l'on ne poursuit pas avec de vrais moyens dans cette compétition, on risque de prendre du retard. Comment anticipez-vous l'avenir ?
Mr. Jacques Legendre, co-rapporteur : « Nous nous livrons à un exercice délicat. Il ne s'agit pas de reprendre le débat sur la loi, qui a suscité des positions divergentes, mais, dans un esprit républicain, de s'assurer que la loi votée par le Parlement est correctement appliquée et de voir si des difficultés qui n'avaient pas été anticipées posent des problèmes d'application.
J'ai été un soutien enthousiaste de cette loi qui devait donner, pour moi, à notre audiovisuel public, sa signature culturelle, une nature différente de celle des télévisions commerciales, grâce à un mode de financement tout autre. Il est certes utile d'observer comment ont évolué les recettes, mais il n'en reste pas moins qu'il s'agissait de libérer le public de la publicité sur une tranche horaire. Or je m'inquiète de l'apparition, après le journal télévisé, du parrainage. Ce que l'on a voulu chasser par la porte ne revient-il pas par la fenêtre ? Estimez-vous respecter l'esprit de la loi ? » .
Mme Marie-Christine Blandin, présidente de la commission de la culture indique d’entrée de jeu : « Je suis ici en tant qu’auditrice :"je suis tellement avide de vos réponses que je ne vais pas prendre de minutes sur votre temps de parole" ».
qui sans répondre à la question (après les politesses d’usage, Madame la Présidente, Monsieur le Président, etc….) commence son blablabla : "Je suis heureux de pouvoir échanger sur les modalités d’application de la loi du 5 mars 2009 qui a modifié en profondeur notre organisation, notre modèle économique et la programmation des soirées de France Télévisions. Je voudrai d’abord rappeler que le service public doit être dans un rapport de confiance avec les citoyens car il est porteur des valeurs républicaines et d’une grande responsabilité dans la façon dont nous informons quotidiennement les français. Nous les aidons à comprendre le monde et nous nous attachons à les divertir mais aussi dans la manière dont nous reflétons la Société dans sa diversité et dont nous efforçons de parler à chacun donc à l’ensemble des publics… ".
Dans la série, « je ne répond surtout pas à la question qui fâche » et dans la grande tradition du « petit Marchais illustré » : « Monsieur Marchais, ce n’est pas la question que je vous ai posée ! Peut-être mais c’est la réponse que je vous donne », Pflimlin va lire son texte.
"A l'heure d’un renforcement dans l’offre privée de la TNT dont beaucoup s'accordent à dire qu'elle n'a pas enrichi qualitativement le paysage audiovisuel, l'identité du service public s'affirme plus que jamais [quelle vaste fumisterie !!! ndlr] dans l'exigence de différence de nos offres avec celle des chaînes commerciales. Oui, France Télévisons est un groupe dont la qualité des programmes constitue cette alternative et contribue fortement à informer, enrichir et divertir le téléspectateur.
La mission centrale de France Télévisions, la première du fameux triptyque des fondateurs de l’audiovisuel public qui est d’informer nos concitoyens dans le pluralisme, ne s’était pas aussi bien portée depuis longtemps. [ça aussi, il faut oser !!! ndlr]. Je rappelle que les rédactions de France Télévisions, sont depuis mon arrivée, placées sous une direction unique en référence à « l’entreprise unique ».
Sur France 2, le "20H" est revenu à des niveaux d’audience inédits depuis 15 ans [une grosse contre-vérité qui devrait faire plaisir à certains des prédécesseurs de Pflimlin…il faut oser !!! ndlr] Nous avons reconstruit avec "Des paroles et des actes" la grande émissions politique qui manquait à notre Pays. France 2, est actuellement le lieu du débat démocratique audiovisuel. [La concurrence n’a qu’à aller se rhabiller…c’est du reste surement pour cela que les politiques préfèrent aller sur TF1 que sur FTV !!!!]
France 3 avec ses 24 éditions régionales et 49 éditions locales simultanées, remplit son rôle central d'information régionale de proximité pour nos concitoyens. Le "19/20", hormis en Ile-de-France et dans les régions qui l’entourent, fait de France 3 la première chaîne sur la tranche très loin de toutes les autres chaînes avec des parts d'audience qui vont de 20 à 30 % dans certaines régions. [Et la brosse à reluire, marche à plein régime !!! ndlr].
L'information a retrouvé sur France Télévisions, ce rôle central et constitue une alternative crédible et forte, indépendante et pluraliste, aux offres privée.
La lecture des audiences nationales de France 3 doivent être interprétées au regard du chemin résolument régional que cette chaîne emprunte depuis mon arrivée. [Là encore il faut oser !!! Prétendre pour Pflimlin que France 3 voire FR3 avant son arrivée « n’empruntait pas un chemin résolument régional et de proximité », ça devrait faire rire dans les chaumières…de proximité bien entendu !!! ndlr]. Les comparer à celles des chaînes commerciales qui ne remplissent aucune de nos missions de service public, n’a pas des sens.
En matière d’éducation des téléspectateurs, je n’insisterais pas sur la popularité et les audiences croissantes de France 5 qui montrent bien à quel point nos concitoyens souhaitent une télévision qui permet de partager la connaissance, le savoir et la culture.
Et nous pouvons être tout aussi fiers de la réaction du public et de l’accueil critique reçu par l’exceptionnel documentaire "Guerre d'Algérie, la déchirure", diffusé en première partie de soirée sur France 2 il y a quelques semaines.
France Télévisions propose, en permanence, une offre documentaire exceptionnelle s’adressant à tous, à des niveaux de qualité et d’engagement qui montrent la singularité du service public dans le PAF.
France 4 vient encore d’en administrer la preuve face à M6 [Laquelle de preuve ? On ne le saura jamais ! ndlr] ainsi que le reconnaît Isabelle Morini-Bosc Rédactrice en Chef de Télé Magazine, le plus lu des magazines de programmes télé en France. [Que Médiamétrie qui place très très souvent M6 devant F3 se le tienne pour dit mais également les Télé 7 Jours et autres Télé Poche, Télé Z, etc..qui ne pèsent pas grand-chose face à Télé Magazine !!!! ndlr]
Dans le domaine de la "Création" dont vous savez qu’elle est primordiale dans mon action, la nouvelle saison de la fiction "Un village français" sur France 3 démarre avec un succès critique et public. Elle traite des drames de l'Occupation allemande et constitue l’exemple de ce qu’est depuis toujours la raison d’être de France Télévisions : « Raconter la Grande Histoire, expliquer le monde, à travers la vie et l'histoire des hommes. »
Sur France 2, la série "Fais pas ci, fais pas ça" est un autre exemple de succès critique et public que nous seuls pouvions accompagner patiemment dans la rencontre des téléspectateurs. Comme la série "Les hommes de l'ombre", elle est emblématique de la ligne éditoriale contemporaine que j’ai souhaité impulser pour les fictions de France 2. Depuis deux vendredi et encore vendredi prochain, la série en six épisodes "Antigone 34" montre l'engagement de France 2 dans de nouvelles écritures françaises et européennes, cap que l'arrêt de la publicité après 20h nous permet de prendre en privilégiant très clairement certains soirs l'innovation sur l'audience.
Cela montre aussi le chemin à parcourir pour conquérir de plus jeunes publics sur ces nouvelles formes de création et l'opiniâtreté dont les équipes de programmes doivent faire preuve, face aux attaques des commentateurs au moindre revers d'audience. Dans le sport, avec l’arrivée des qatari dans ce domaine, France Télévisions devient le seul véritable garant d’une offre de sport gratuite. Dans le contexte budgétaire que vous connaissez, nous avons sécurisé sans surenchères tous nos droits sportifs essentiels sur les 4 prochaines années: Après le Tournoi des six nations, la communauté nationale va se rassembler sur France Télévisions devant Roland-Garros, le Tour de France et les Jeux olympiques. Dans toute l'Europe, à l'heure de la TNT et son audience fragmentée, les groupes cherchent à conquérir les publics. Nous avons su, à France 4, jouer cette partition, pour rencontrer les téléspectateurs français.
Là encore, France Télévisions offre aux français une alternative, unique, démocratique et pleinement de service public
Dans toute l’Europe, à l’heure des audiences fragmentées de la TNT, les groupes audiovisuels cherchent à reconquérir des téléspectateurs plus jeunes, grâce à l’une de leurs chaînes : BBC 3 au Royaume-Uni, ZDF Néo en Allemagne, RAÏ Quatro en Italie. C’est à France 4 de jouer cette partition essentielle. Elle n’est pas la caricature que certains cherchent à en faire ; elle est en train de réussir sa rencontre avec les téléspectateurs car elle apporte une richesse qualitative que tous les baromètres confirment. [Quels baromètres ???? ndlr] Bien sûr elle pourra encore progresser dans ses missions, jour mieux son rôle d’expérimentation, faire émerger des nouveaux talents, notamment, en matière de fictions. Mais elle est déjà la seule chaîne nouvelle de la TNT qui soutienne à ce point la création et la production documentaire, la seule qui diffuses des courts métrages, la seule qui diffuse des films d’art et essai, la seule qui dépasse nettement ses obligations de programmation films français qu’elle va encore renforcer grâce à un accord que j’ai signé avec la profession du cinéma il y a une semaine. Enfin son antenne en est la preuve permanente, elle est pleinement ce partenaire du spectacle vivant qui est le cœur de son cahier des charges. [Quelle langue de bois, c’est incroyable de sortir de tels racontars, ndlr]
Fin 2010, la France a connu une évolution exceptionnelle avec l’arrivée de la TNT dans tous les Outremers de la République. Dans un dispositif opéré par France Télévisions et majoritairement composé de ses chaînes, je tiens à saluer le travail des équipes qui dans un délai particulièrement serré, ont réalisé ce saut démocratique pour nos concitoyens. Nous avons désormais 9 chaînes dénommées « premières » qui ont partout des parts d’audience considérables. Elles ne rediffusent plus comme avant le meilleur des programmes des chaînes nationales et font mieux que résister face à une concurrence élargie. France Ô pour sa part devenue pleinement chaîne nationale a engagé une nouvelle étape et construit son repositionnement autour de l’ouverture à toutes les cultures du monde.
Au 1er trimestre 2012, France Télévisions est forte de 30 % de l’audience de nos concitoyens. D’après l’Union Européenne de Radio Télévision, la moyenne des audiences des groupes audiovisuels publics en Europe s’établit juste en-dessous de 29%. [Alors là, c’est le pompon. Taper sur les autres pour se justifier !…ndlr]
En prenant l’évolution de France 2 qui demeure la grande chaîne généraliste alternative aux chaînes privées historiques, elle résiste mieux que TF1 dans la TNT. L’écart entre ces deux chaînes est de 9 points d’audience aujourd’hui, il était de 17 points en 1992. [et de bien plus à l’époque des postes à galène !!!! ndlr] année typique de bonne santé pour les deux chaînes. A l’époque TF1 avait 41% de l’audience nationale et France 2 en avait 24. En 2011, TF1 compte 24% de l’audience nationale et France 2 rassemble 15% des audiences. Sur la même période France 3 est passée de 13,6 à 9,7 de part d’audience.
Je le crois, dans un secteur qui a tant changé en France et dans le monde, France Télévisions résiste bien et continue d’assumer les missions télévisuelles qui doivent être les siennes auprès des concitoyens. Ces missions, notre raison d’être, ne sont pas différentes du passé.
La révolution numérique renforce même notre utilité en tant que porteur des valeurs de la communauté nationale dans le monde des contenus et du numérique. Pour reprendre la formule du cinéaste italien Rossellini, des montre plus que jamais combien il est utile de porter les valeurs, d'être, comme disait Rossellini, plus que jamais France Télévisions doit être une « grande encyclopédie populaire des temps modernes », une encyclopédie vivante sans cesse en mouvement qui place l’accompagnement de la création en son centre.
Ce qui a complètement changé, c’est le contexte dans lequel il nous faut exercer nos missions. Avec 6 nouvelles chaînes, la TNT va encore renforcer l’offre privée et limiter proportionnellement le service public. L’inflation sur les droits audiovisuel, ceux du sport en premier lieu, va continuer sa course et limiter encore notre capacité d’achat de programmes; la télévision connectée qui met en France la puissance de Google au centre du jeu, va nous imposer à court terme de revoit totalement nos modèles. L’essor des nouveaux usages numériques, délinéarisés, la télévision de rattrapage et la vidéo à la demande, ces nouvelles pratiques audiovisuelles des français gomment la force de prescription des chaines. Nous devons renforcer notre rôle d'éditeur de programmes en complément de celui de diffuseur. Les producteurs ne comprennent pas tous, notamment dans le domaine du documentaire et de la fiction.
Ce contexte commun à tous les audiovisuels publics en Europe, c'est celui d’une concurrence inédite dans l’histoire de l’audiovisuel public. Je veux ici vous faire passer un seul message, aider le groupe France Télévisions à aider le patrimoine commun des Français pour relever les défis qui sont les siens.
Prioritairement, France Télévisions a besoin de se projeter dans un cadre financier stabilisé afin d’affronter les défis qui l’attendent. C’est l’objectif du COM contrat d'objectifs et de moyens 2011-2015 que j'avais souhaité négocié à mon arrivée; objectif déjà contredit par deux arbitrages correctifs diminuant les ressources publiques affectées à France Télévisions. C’est pour nous une source d’inquiétudes, d'autant que nos perspectives publicitaires déjà moroses du fait du contexte général, seront affectées par l'arrivée des nouvelles chaînes privées de la TNT.
La question qui vous appartient du maintien ou de la suppression de la publicité en journée au 1er janvier 2016, doit être posée à l’aune de la volonté de l’Etat de nous assigner des objectifs plus nombreux comme par exemple le financement de la création ou l’essor de l'outre-mer audiovisuelle. Nous partageons ces défis avec tous les audiovisuels publics européens. Ils conditionnent les trois axes de la stratégie que je conduis à France Télévisions.
Premier axe : Offensive dans le numérique. Nous y allouions de très importantes ressources, plus de 100M€ sure les 3 prochaines années dont le premier acte a été le lancement de notre plateforme d’informations qui sera suivi bientôt d’une plateforme sur le sport. J’ai considéré l’information et le sport comme les deux priorités à court terme de mon mandat.
Deuxième axe : La poursuite de la construction de l’entreprise unique et la réforme des structures de France Télévisions.
La nouvelle équipe que je dirige depuis 18 mois, a pris en charge une entreprise totalement désorientée, désorganisée par la mise en place à marche forcée de l’entreprise unique en un an.
A tous ceux qui ont l’impression que le fonctionnement de France Télévisions n’est pas clair, pas fluide, je veux le dire aujourd’hui, vouloir faire cela en un an et même deux n’était pas réaliste.
L’entreprise unique était et reste une nécessité ; c’est l’évidence même dans le paysage qui est le nôtre. Fusionner 8 sociétés, 5 chaînes et même 14 avec celles des Outremers, rassemblant plus de 10.000 collaborateurs, des chaînes que l’histoire a conduit à se construire en opposition les unes aux autres, cela demande du temps.
Du temps pour négocier les statuts collectifs, pour exposer la nouvelle organisation aux Instances de Représentation des Personnels et aux personnels, pour rapprocher et fluidifier les procédures et les outils de travail notamment informatiques comme pour regrouper physiquement les collaborateurs des nouveaux services communs. Dans ce paysage en constante évolution, nos collaborateurs ne pourront construire un groupe uni et adapté aux mutations du secteur audiovisuel et du numérique qu'à l’aide de trajectoire pluriannuelle tenant le plus grand compte de ce corps social, surtout si ces effectifs doivent diminuer.
Car la télévision n'est faite que par le désir et le travail d’hommes et de femmes. J'ai établi une feuille de route interne en application de nos grands chantiers stratégiques qui conduira France Télévisions à une étape importante d'achèvement de l'entreprise unique fin 2013. En adoptant une méthode nouvelle, respectueuse des personnes qui pour moi prime sur toute autre valeur, des étapes sociales importantes ont enfin été franchies : La signature d’une nouvelle convention pour les journalistes et la négociation en cours sur le temps de travail.
Au cœur de cet axe stratégique fondamental se place la réforme de France 3 engagée pour moderniser cette chaîne. Dès mon arrivée, il s'est agi de mobiliser tout le potentiel sous employé des équipes et augmenter sensiblement leur production tout en baissant le coût de production.
Je souhaite désormais passer à une autre étape conforme à celle que j’avais indiquée lors de mes auditions en 2010, une étape qui s’inspire – toute chose égale par ailleurs – de l’ARD allemande. Pour constituer des pôles régionaux d'excellence audiovisuels, numériques et culturels, une ambition qui associe tous les acteurs locaux publics, associatifs ou privés, tant il est aujourd’hui patent que l’offre privée locale qui fondait de nombreux espoirs il y a dix ans, n’a pas partout trouvé sa place ou son modèle économique.
Je souhaite réformer profondément les structures de France Télévisions, ses fonctionnements internes autour d’objectifs de cohésion et d’efficacité afin d’affecter prioritairement nos marges de manœuvres aux contenus et notamment à la création dans un univers de ressources publiques que nous savons nécessairement contraint.
Troisième axe stratégique : A l’heure du morcellement des audiences, c’est la construction de véritables synergies dans notre bouquet de chaînes, ce qui implique d’adapter pour les réaffirmer les identités et les lignes éditoriales de chacune en renforçant le socle de valeurs qui nous est commun.
Les chaines privées qui dominent la TNT ont complètement transformé leur programmation en soirée, en profondeur. Elles l’ont modifié dans la façon dont les français regardent la télévision. Ayant perdu une partie de leur puissance aux heures de grande écoute, elles travaillent désormais à capter les téléspectateurs le plus longtemps possible. Les notions même de première, deuxième et troisième partie de soirée disparaissent. Le téléspectateur fait son choix vers 21h et reste captif de la même chaîne jusqu’au coucher. Les grandes émissions de divertissement du privé durent désormais plus de trois heures, les épisodes de séries sont programmés bord à bord et les coupures publicitaires n’interviennent qu’une fois le téléspectateur reconquis par chaque nouvel épisode. La capacité qu’avait le service public de bien exposer des programmes plus exigeants grâce au report des téléspectateurs en deuxième et troisième partie de soirée, n'existe plus.
Au-delà de la souplesse légitime que requiert le traitement par le « 20h » d’une actualité dont la densité est par nature variable, la question même de la pertinence d’un horaire réglementaire de début de soirée doit être posée et débattue. C’est toute la culture télévisuelle qui doit évoluer si nous voulons continuer à animer l’audiovisuel de création en France et ne pas nous mettre hors-jeu. Ce chantier est une révolution culturelle pour nous tous; sa mise en œuvre indispensable nécessite du temps afin de afin de faire évoluer notre écosystème et nos missions traduites sous forme d’engagements et de Cahier des charges."
Et c'est après cette longue et fastidieuse lecture – un comble – que Pflimlin se dit prêt à répondre aux questions !!!
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