Laetitia
Recayte l’éphémère patronne de FTP-FTD-MFP
(Le Studio) à France Télés, chargée d’une énième mission autour de la SVOD et
de la transposition de la directive SMA (services de médias audiovisuels) !
Au cas où l’annonce serait passée inaperçue,
c’est l’intéressée elle-même Laetitia
Recayte l’éphémère patronne de FTP-FTD-MFP (Le Studio) à France Télés
qui vient de la propager sur les réseaux sociaux.
Alors que Pascal Lechevallier pour
ZDNet publie un excellent article intitulé « Audiovisuel
: comment la France a raté le marché de la SVOD » Laetitia
Recayte explique le pourquoi du comment de sa désignation !
« L'audiovisuel et le cinéma
sont visiblement des sujets qui inspirent. Pas un jour sans une tribune, un
colloque, un débat… Des constats, encore des constats, mais où sont les
propositions concrètes pour qu'audiovisuel et cinéma français se développent à
l'ère numérique ? » écrit-elle dans une 1ère publication à laquelle elle
répond immédiatement « Sans doute la raison pour laquelle
les ministres de la culture et de l'économie ont confié une mission sur le sujet
à Dominique Boutonnat et à moi. Notre enjeu n'est pas de constater mais d'aller
au-delà et d'être concret. »
C’est ce que disait, lors de son
allocution du 27 mars 2019, dans le cadre de Séries Mania, Franck Riester, le
ministre de la Culture et de la communication qui déclarait : « Il s’agit d’évoluer avec un environnement concurrentiel
entièrement nouveau mais surtout de préserver notre modèle dans ce qu’il a de
protecteur de notre ambition culturelle. Plus largement, les débats sont
nombreux sur les relations entre les diffuseurs et les producteurs. Certains
proposent une libéralisation très poussée, comme l’Autorité de la concurrence
dans son rapport rendu public il y a quelques semaines. Beaucoup pointent la
grande complexité de notre réglementation (…) C’est à la fois un enjeu culturel
et économique – je le rappelle, l’audiovisuel et le cinéma représentent 0,8% de
notre PIB. C’est pourquoi, avec le
ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire, nous avons décidé
d’engager une mission pour explorer les pistes d’évolution possibles du cadre
législatif et réglementaire, et préparer au mieux la transposition de la directive SMA. Elle sera confiée à
Laetitia Recayte et Dominique Boutonnat. »
Du
concret à venir donc…c’est le but de la mission !
Bon, Netflix et les autres n’oint qu’à bien se tenir … C’est pourquoi, avec le ministre de l’Économie
et des Finances Bruno Le Maire, nous avons décidé d’engager une mission pour
explorer les pistes d’évolution possibles du cadre législatif et réglementaire,
et préparer au mieux la transposition de la directive SMA. Elle sera confiée à Laetitia Recayte et Dominique Boutonnat. »
« Un rapport de plus qui viendra
compléter la collection de rapports déjà rédigés sur le sujet depuis 10 ans » écrit ZDNet qui ajoute
« A
trop vouloir protéger un modèle qui a fait ses preuves dans un univers 100%
analogique, l’audiovisuel français est en train de passer à côté de son avenir
numérique, en particulier avec la SVOD. Reste le Replay qui fait le boulot mais
qui offre bien peu de perspectives de recettes directes à date pour les auteurs
et les producteurs. Netflix, Apple, Amazon, Disney, Warner et les autres ont la
voie libre pour se déployer et poursuivre leur conquête du public. »
Quant à Salto (Sal quoi ??) plus
personne n’en parle…sauf pour en rire !
Le blog CGC Média vous
propose de découvrir l’article très
complet de ZDNet précité ainsi que les tableaux l’illustrant. (cliquez ici)
Extrait :
"Business : Alors
que Netflix caracole en tête du marché SVOD français, pas un jour ne se passe
sans qu’un professionnel ne se penche sur les raisons de cette situation. La
faute à qui ? Que faire ? Quel rapport rédiger ?
Dans un article paru le 3
mai dans les Échos, Julien
Jourdan, professeur de stratégie au sein du groupe Management Organisation de l’université Paris-Dauphine (PSL Research University), publie
un article intitulé « Cinéma français :
comment survivre à l’ère Netflix » dans lequel il conclut « il faut enfin inciter massivement
encourager la création de nouveaux services de diffusion. »
Après avoir dénoncé tous les maux
dont souffre le secteur de l’audiovisuel (soutien, régulation, embouteillage en
salle…) il oublie néanmoins d’évoquer l’attitude des grands groupes médias
français qui, à l’unisson, ont refusé de se lancer dans l’aventure de la SVOD
dès 2007, alors que Netflix balbutiait ses gammes SVOD sur le marché américain.
Dans une autre tribune parue le 3
mai, cette fois dans le Figaro,
Christophe Tardieu, ancien Directeur Général du CNC, écrit : « Et comme rien ne peut s’imposer de
façon verticale et technocratique, il est temps de mettre tous les acteurs
concernés autour d’une table, des financeurs aux exploitants de salle, en
passant par les producteurs, les diffuseurs et les distributeurs, pour inventer
les mesures à prendre par les professionnels comme par les pouvoirs publics
pour que puissent vivre encore le cinéma français et le modèle de l’exception
culturelle. » Mais le sujet de fond est-il bien celui de la survie du
cinéma français et de la préservation du modèle de l’exception culturelle
?
En faisant la promotion de l’entre soi, cette tribune ne fait
que conforter le fait de poursuivre dans la voie qui a mené tout l’audiovisuel
dans le mur en matière de SVOD.
En effet, la profession donne le
sentiment de vouloir maintenir à tout prix les conditions réglementaires,
financières et d’organisation du marché comme si la SVOD n’existait pas. Or,
cela fait 10 ans que la SVOD tisse sa toile sans qu’aucun grand groupe n’ait
réellement eu le courage de s’y investir. Impossible de ne pas re-partager ici l’expérience
des années 2005 à 2008.
La préhistoire de la SVOD
Alors que plusieurs sites de VOD
indépendants démarraient leur activité en France (DorcelVision, Vodéo, Iminéo,
Glowria), les chaînes de télévision avaient d’autres préoccupations
stratégiques que de se lancer dans le marché à la demande transactionnel ou par
abonnement. De plus, en 2005, les studios américains n’étaient pas vraiment
organisés pour gérer les droits dématérialisés : en effet, les droits
transactionnels étaient logés dans les entités vidéo (DVD) alors que les droits
par abonnement étaient logés dans les entités TV. Si bien que les chaînes
voyaient d’un mauvais œil le fait qu’une exploitation additionnelle vienne se
greffer sur des droits qu’elles considéraient comme ultra stratégiques. Autre
difficulté, et non des moindres, la possibilité de mutualiser les droits à
l’acte et par abonnement. Bref, du côté des ayants droit, l’arrivée des offres
dématérialisées à la demande n’étaient pas dans le top des priorités. Et dans
les chaînes, l’idée de voir se développer une offre à la demande par abonnement
s’appuyant plus sue le broadband que sur le broadcast, ne recueillait que très
peu de suffrages.
Les séries, la locomotive
Le lancement en 2007 des
premières séries américaines simultanément à leur diffusion locale, ce qu’on
appelle aujourd’hui US+24 ouvrit les yeux de tout le marché qui, à l’époque,
n’avait d’attention que pour le cinéma.
D’un coup d’un seul, un gisement
de fans était prêt à payer pour voir des séries, diffusées épisode par épisode,
par pack de 2 ou 3 épisodes, et parfois même par saison. En une année, ce sont plus d’un million d’épisodes qui se vendront sur
le seul site VOD de TF1.
Dès mai 2007, conscient que les
séries et que le modèle par abonnement avaient un réel potentiel, car moins
contraints que le cinéma par la chronologie des médias, je déclarais dans les
colonnes du journal les Échos : « Nous sommes toujours à la recherche
d'un modèle économique. Nous testons toutes les possibilités. Celui d'ABC peut
en être un (AVOD). Nous regardons également des offres d'abonnements de vidéo à
la demande ».
Hélas, l’idée de lancer une offre
de vidéo à la demande par abonnement ne trouva aucun soutien de la part de la
chaîne. C’est même Free qui, profitant des tergiversations de TF1, capta les
droits des principales séries de l’époque diffusées par TF1 (Universal, Disney
et Warner) pour les intégrer dans une offre à la demande par abonnement, Free
Home Vidéo (FHV). Lancé en juin 2007 avec assez peu de programmes, FHV trouva
une seconde jeunesse début 2008 en ajoutant la plupart des séries qui
cartonnaient sur TF1. Puis ce fut le lancement de CanalPlay Infinity qui
remplaça FHV le 1er juillet 2012. On connait la suite de l’histoire de
CanalPlay, la volonté de Canal de ne pas concurrencer son offre linéaire à 40
euros.
L’avenir
de la TV ne passe pas par la SVOD
Si Netflix a pu se développer sans réelle opposition de la part des grands
groupes médias, c’est tout simplement que ces groupes n’ont pas cru à la SVOD
et n’ont pas voulu y investir le moindre euro.
Du côté de TF1, après le refus de se lancer dans l’aventure de la SVOD en
2008, puis en 2009 et enfin en 20190, on apprenait via BFMBusiness en 2013 que
l’éventualité d’un projet de SVOD était abandonnée. La presse mentionnait
les propos du PDG de la Une de l’époque : « Je
ne peux pas lancer une activité qui va être percluse d'obligations par rapport
à des compétiteurs qui eux vont caracoler à la fois avec des modèles
économiques très supérieurs aux nôtres et sans aucune des obligations que la
régulation impose aux acteurs français. A un moment donné, il faut se dire que
la mondialisation existe. »
La même année, l’Express rapportait les propos de Nicolas de Tavernost, PDG
de M6, dans un article intitulé : « M6 laisse tomber ses projets dans la VOD
sur abonnement » et écrivait : « La
SVOD est un marché qui me paraît extrêmement difficile", a relevé
Nicolas de Tavernost , laissant le soin aux "grands
acteurs plus forts" que M6 de se développer sur ce marché. » Il
précisait même à cette époque que «
les discussions avec TF1 n'ont finalement jamais eu lieu. »
Netflix
seul maître à bord
Le baromètre de la VOD/SVOD publié par le CNC met en évidence la domination
absolue de Netflix : en janvier 2019, 18,0 % des internautes déclaraient avoir
visionné un programme en SVOD (+2,5 points par rapport à janvier 2018) et 52,6
% des consommateurs de SVOD déclaraient avoir visionné un programme sur Netflix
(+8,1 points par rapport à janvier 2018) ; 9 séries américaines figuraient
parmi les 10 programmes les plus visionnés. En février 2019, 17,0 % des
internautes déclarent avoir visionné un programme en SVOD (+3,0 points par
rapport à février 2018) et 54,8 % des consommateurs de SVOD déclarent avoir
visionné un programme sur Netflix (+10,3 points par rapport à février 2018),
neuf séries américaines figurent parmi les 10 programmes les plus visionnés
avec, en première position, The Umbrella Academy puis Riverdale et Sex
Education. Le simple fait de mélanger TVOD, SVOD, EST, avec la présence de
sites qui n’existent plus est une preuve de plus que le marché de la SVOD n’a
pas été appréhendé à sa juste valeur.
En
attendant le prochain rapport
Dans son allocution du 27 mars 2019, dans le cadre de Séries Mania, Franck
Riester, le ministre de la culture et de la communication déclarait : « Il s’agit d’évoluer avec un environnement
concurrentiel entièrement nouveau ; mais surtout de préserver notre modèle dans
ce qu’il a de protecteur de notre ambition culturelle. Plus largement, les
débats sont nombreux sur les relations entre les diffuseurs et les producteurs.
Certains proposent une libéralisation très poussée, comme l’Autorité de la
concurrence dans son rapport rendu public il y a quelques semaines. Beaucoup
pointent la grande complexité de notre réglementation (…) C’est à la fois un
enjeu culturel et économique – je le rappelle, l’audiovisuel et le cinéma
représentent 0,8% de notre PIB. C’est pourquoi, avec le ministre de l’Économie
et des Finances Bruno Le Maire, nous avons décidé d’engager une mission pour
explorer les pistes d’évolution possibles du cadre législatif et réglementaire,
et préparer au mieux la transposition de la directive SMA. Elle sera confiée à Laetitia Recayte et Dominique Boutonnat. »
Un rapport de plus qui viendra compléter la collection de rapports déjà
rédigés sur le sujet depuis 10 ans. A trop vouloir protéger un modèle qui a
fait ses preuves dans un univers 100% analogique, l’audiovisuel français est en
train de passer à côté de son avenir numérique, en particulier avec la SVOD.
Reste le Replay qui fait le boulot mais qui offre bien peu de perspectives de
recettes directes à date pour les auteurs et les producteurs. Netflix, Apple,
Amazon, Disney, Warner et les autres ont la voie libre pour se déployer et
poursuivre leur conquête du public."
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