L’incommensurable irresponsabilité de l’Arcom sur fond de pathétique allégeance au « Pouvoir ».
Dire qu’il y a encore quelques semaines, une majorité de médias (ressassant à l’envie, les arguments de certains conseillers élyséens) expliquaient que « Delphine Ernotte n’avait en face d’elle, aucune candidature sérieuse et qu’elle était la seule à même de prendre la présidence de la future holding France Medias » !
Et si l’affaire dite Cohen/Legrand qui agite le monde médiatique aujourd’hui et fait publier par la JDD un dossier de trois pages avec en Une le départ d’Ernotte, n’était en réalité qu’un contre feu pour que l’on ne parlât pas de la plainte pénale déposée à l’été par la CGC de l’Audiovisuel, visant à faire annuler le troisième parachutage ernottien mais aussi de la demi-douzaine des autres dossiers judiciaires la concernant !?
Que les députés enjoints par une lettre ouverte de FO - le syndicat qui a signé pendant 10 ans tous les accords qu’Ernotte lui a présenté - s’exécutent et déclenchent une commission d’enquête qui selon le calendrier de l’Assemblée nationale, ne sera probablement jamais ouverte et risque, en tout cas de ne déboucher sur rien, une chose est sure : la saisine du procureur de la République par la CGC avec l’instruction judiciaire qui suivra sur fond d’un conflit d’intérêt majeur existant mais surtout s'agissant de la fallacieuse décision concoctée par l’Agence pour parvenir aux fins des « commanditaires », fera exploser le scandale.
Alors même que la mère du fils d’Ajdari patron de l’Arcom venait de produire ès qualité puisqu’à la tête de la DGMIC (service de contrôle du secteur au ministère de la Culture) et à la demande de Rachida Dati, un document de 22 pages adressé aux parlementaires mais également aux médias comme à l’Agence pour enfumer les uns et les autres sur l’impérieuse nécessité d’une holding commune aux sociétés de l’audiovisuel public (style ORTF), nombreux étaient ceux qui écrivaient que la reconduction d" Ernotte était " l’unique scénario " » méprisant au passage la poignée de challengers alibi et tentant de l'invisibiliser malgré les dossiers de haute tenue comme celui déposé par Frédérique Dumas qui, elle, proposait une vraie vison d'avenir une transformation indispensable de France Télévisions.
Ces derniers jours et ces trois pages dominicales, nous ont inspiré l'édito collégial que voici :
ÉDITO
ERNOTTE & CNEWS OU LES PIEDS DANS LE TAPIS
Le silence est souvent le
meilleur communiqué. En oubliant ces principes de base en politique, et en se
jetant dans la fosse organisée par les médias qu’elle dénonce, Delphine Ernotte
démontre qu’elle est toujours à côté de la plaque dans ce domaine.
Quand cette
dernière déclare au Monde, quelques jours après la sortie de « l’affaire
Legrand-Cohen » que CNews est une
« chaine d’opinion, d’extrême droite », elle se prend las pieds dans le tapis qu’elle a
placé bien en évidence devant elle. Pourquoi ?
- Tout
d’abord parce que la polémique touchait à sa fin et que les médias, y compris
ceux du groupe Bolloré, passaient déjà à autre chose (Zucman). Là, elle
leur donne le charbon pour rallumer les braises dans leurs chaudières.
- Ensuite
parce qu’elle offre les salariés de France Télés en pâture. Les défendre oui
(même si Patrick Cohen est, en fait, payé par le groupe Mediawan…ce qui n’enlève
en rien, la responsabilité éditorial du
groupe public) mais coller une
étiquette sur un média concurrent, c’est descendre dans l’arène, s’y exposer et y
exposer tous les salariés de France TV.
C’est une
faute professionnelle incroyable surtout lorsqu’on déclare dans
une intox de 30 pages ridiculement intitulée « RÉCONCILIER » : « Le
service public se distingue depuis toujours, en renonçant pour sa part à
souffler sur les braises et à en faire le ferment d’une division nationale. »
- Enfin
et surtout, ça renvoie aux années 80-90 quand la Gauche fustigeait le vote des
« classes populaires » commençant alors à migrer vers le FN, pointant
et culpabilisant les téléspectateurs, auditeurs, lecteurs des médias du groupe
Bolloré.
On voit aujourd’hui où cette « bien-pensance »
nous a mené. Ne pas en avoir tiré de morale de l’histoire 30 ans plus tard,
c’est affligeant. Ces Français qui regardent CNews ou Canal +, écoutent
Europe 1, lisent le JDD, sont aussi NOS téléspectateurs, réguliers ou
occasionnels mais aussi NOS financeurs (car
c’est bien une fraction de la TVA que paient tous les Français qui finance la télé
publique)
Les pointer du doigt à travers
des médias qu’ils suivent, c’est créer chez eux un sentiment de stigmatisation
et les coller dans des cases, c’est grave…sauf à considérer qu’ils sont perdus
pour l’audiovisuel public.
Est-ce le rôle de France TV, est-ce le devoir de celle que l’ARCOM a maintenu Ernotte en des termes aussi pitoyable : "L'Autorité a fait le choix de privilégier la continuité à la tête du groupe, dans un contexte marqué par des incertitudes majeures". Autrement dit, la chienlit dure depuis une décennie mais dans le(s) doute(s) on va continuer !!
Il nous semblait que les missions de la télé publique était plutôt de rassembler, d’organiser le débat pour élever la réflexion de chacun et non pas de trancher entre les bons et les mauvais. Rassembler, c’est le cas ponctuellement, comme lors de la soirée contre l’illettrisme et de son doc « J’ai pas les mots ». Trop rarement. En empiétant sur le rôle de l’ARCOM ou du ministère ou d’élus ayant des mandats, Delphine Ernotte, est une nouvelle fois sortie du devoir de réserve et de neutralité que fixent les textes. Ce n’est cependant qu’une production logique de sa pensée du 6ème arrondissement, où depuis longtemps, elle ne veut plus voir la France telle qu’elle est mais « telle qu’on voudrait qu’elle soit » comme elle le déclarait devant l’Assemblée Nationale en juillet 2023.
La France hors-sol, celle des
petites élites rabougries parisiennes, entrainant inextricablement le Pays vers
ce que le Pouvoir est censé empêcher :
le chaos. Comme d’autre dirigeants français, satisfaits d’eux,
entre eux, Delphine Ernotte oublie consciencieusement que dans la mission
qu’on lui a confiée, il n’y a pas de camp d’en face. Il n’y a que des Français
à informer, divertir, éduquer. Rien de moins.
Personne n’est intouchable et
le troisième parachutage peut être le saut de trop qui fait s’écraser l’irréfléchi…
A moins comme le croient
certains, c’est que le machiavélisme soit de mise et que ce dérapage soit
contrôlé, n’ayant pour but que de parler de cette affaire et du
rempart qu’elle prétendrait être contre la droite contre Bolloré, le groupe
Canal, Europe 1 et CNews (dont elle vient de recruter 2 collaborateurs de « L’Heure
des Pros » pendant 4 ans).
Le meilleur moyen,
imagine-t-elle d’éviter de parler du rapport de la Cour des comptes dont
le toujours président Pierre Moscovici a laissé entendre qu’il partait (*) ou bien des diverses procédures pénales
(7 au total) qui planent sur la tête d’Ernotte – la dernière en date
étant la plainte visant à l’annulation de la mascarade du 14 mai dernier la
reconduisant, condamnant son auteur et ses complice mais aussi rendant l’intéressée
inéligible - voire encore, de la plainte déposée pour « détournement
de fonds publics » s’agissant des 112.123€ dépensées au Majestic de
Cannes (¤) !
Si elle
imagine qu’ainsi elle fera taire La Lettre, Off Investigations, Blast,
Médiapart, Le Canard et quelques autre qui n’auraient plus que ça à la bouche ou au
clavier, elle se goure dans les grandes largeurs.
Sa démission voire son
éviction sont devenues inéluctables….
(*)
(¤)