Pour Ernotte et son aboyeur: avec les dingos d'en face ( (du groupe Bolloré) qui veulent la privatisation, les LR qui changent d'avis comme de chemise et Ajdari qui philosophe et relaie les voix du Seigneur...On nage en plein délire
Des propos qui
dépassent l'entendement et doivent conduire sur le champ, à la
destitution du nocif tandem.
Les 200 Tops managers une nouvelle fois appelés à comparaitre devant l'ex-Orange et son ex-dircab dans le cadre du webinaire mensuel où chacun doit approuver les indécents propos de contentements de la grande prêtresse et vénérer le binôme, n’en sont pas encore revenus. L’ex-Orange flanquée de son pathétique aboyeur, a déversé son fiel sur ses têtes de turc préférées ces derniers temps, en ajoutant Ajdari qui en prend pour son grade depuis sa visite au Sénat mais également les parlementaires LR qu'elle taxe d'être des girouettes !
Verbatim
« D’où viennent toutes ces critiques sur le Service public et pourquoi? » et « Comment allons-nous répondre aux discussions lancées par Martin Ajdari sur l’impartialité du Service public ?»
D’où ça vient toutes ces critiques? Il y a sûrement un biais idéologique mais pas que.
C’est CNews et un certain bord politique qui appellent à la privatisation du Service public. On peut imaginer que certains se verraient bien reprendre France 2 pour compléter Europe 1, CNews et le JDD par exemple. [Vincent Bolloré et son groupe donc, ndlr] Je dis bien par exemple. Donc ça se double d’un intérêt économique très fort qui marche avec l’intérêt idéologique. En tout cas, c’est plus de puissance. Donc voilà. D’ailleurs, ils ne s’en cachent pas et c’est quelque chose qui commence à se dire maintenant de manière régulière sur les antennes de CNews.
En tout cas, ça commence à gagner. Il commence à gagner une partie des députés LR qui n’étaient pas sur cette ligne là jusqu’à présent et qui était pour un service public fort donc c’est un vrai sujet. Je crois qu’il faut le dire. S’ils nous tapent dessus, c’est parce qu’on est importants et donc intéressants. Il y a des bouts qu’on aimerait bien récupérer.
Comment on répond à la question de Martin ( Ajdari) ?
On se mord un peu la queue là-dessus, parce qu’en réalité le conseil d’État dans sa décision a demandé à l’Arcom - vous vous en souvenez - de préciser les règles sur l’impartialité et sur le pluralisme. A l'époque c’était Roch-Olivier Maistre qui a dit en gros, il faut un peu préciser les règles, enfin il a dit surtout « on va pas faire des règles à priori mais on va faire des règles ex post » quand on aura saisine sur un problème récurrent, signalé par un certain nombre de personnes donc c’était le règlement ex post.
Là Martin Ajdari n’a manifestement pas la même vue. Il faudrait peut-être que l’Arcom reprécise sa doctrine. Moi quand j’étais interrogée par l’Arcom, je leur ai demandé ce qu’était leur définition de l'impartialité (¤ faux). Comment on pouvait le matérialiser ? Parce que que nous, on n’est pas philosophes. On est dans l’action, on doit décider, on doit prendre des décisions tous les jours. On doit savoir qui on invite, qui on n’invite pas.
C'est totalement faux, elle n'a rien demandé du tout. Ernotte s'est contentée d'affirmer comme toujours elle doit poser la question à l'Agence pour connaitre la définition de l'impartialité, c'est consternant mais surtout ça prouve que pendant 10 ans elle ne l'a donc pas respectée ! (¤ Voir son audition intégrale en bas de post).
Donc c’est quoi l’impartialité ? C’est très difficile à définir. On sait que c’est pas la neutralité, ça c’est sûr mais à part ça ?
Qu'elle ouvre un dictionnaire quand même !
Ce travail là il faut qu’on le fasse d’une certaine manière. Il faut qu’on approche cette notion d’impartialité avec peut-être des sondages, des listes d’invités qu’on publie, de la transparence. En tout cas, il faut qu’on ait une sorte de, de genre de, de processus, de procédure qu’on pourra présenter pour ne pas se retrouver comme les lapins dans les phares avec l’Arcom qui nous dit, vous n’êtes pas impartiaux. Ah bon ?! Mais quand ? Ah bah, on sait pas mais c’est la perception! Il faut qu’on trouve parce qu’alors là, on s’en sort plus. Il faut qu’on prenne ça en charge et on va le faire.
Un aboiement plus tard, la violence des propos se fait plus intense :
Je l’ai dit, je pense que cette doctrine a priori, elle est indispensable parce que cette décision de l’Arcom a posteriori, elle était déjà très hypocrite. Elle a été prise au début parce qu’en fait, c’est nous qui sommes mis en accusation et eux en position de juges.
Depuis l’affaire Legrand/Cohen et encore plus depuis l’audition du président de l’Arcom avant-hier (au Sénat) elle est carrément devenue instable parce qu’en fait, non seulement, ils ne fixent pas de règles a priori mais qu’en plus on doit faire introspection. Maintenant, c’est même pas le tribunal, c’est les voix du Seigneur.
Donc il est très important, vu la séquence qui arrive de 18 mois où on est attaqué tous les jours et on a les dingos en face, qu’on ait des règles très claires dans un cadre doctrinaire et qu’on puisse faire sur le temps de parole ce qu’on fait depuis 30 ans [il faudrait aussi une calculette, 10 ans c'est déjà très long mais ça ne fait pas 30, ndlr] compter et qu’on puisse dire, regardez, allez sur le site Internet. C’est publié: 1 + 1 = 2. Parce que sinon, on va être que dans la subjectivité et dans l’introspection.
Là bref, tu dois te justifier ex post quand t’es attaqué et tu dois faire ta psychanalyse avant de faire un plateau. On nage en plein délire. Il faut qu’on ait des règles fixes et par ailleurs, on a une américanisation, une Trumpisation de l’espace public [le sempiternel wokisme ernottien qui veut voir la France telle qu'elle voudrait qu'elle soit et pas telles qu'elle est, ndlr] qui est en marche à grande vitesse donc il est impératif d’avoir une doctrine parce que si on n’en a pas, on va être une balle de flipper....
A suivre,
l'atomisation d'Aymeric Caron au moment où il a en charge une enquête pour avis à l'Assemblée nationale concernant France Télés, l'État premier responsable de cette situation ou encore le pépin Pigasse...
Un audiovisuel public fort, oui dix fois oui, mais pas avec de tels appels à l'insurrection et ces invectives en tous genres qui sont effectivement "la honte de la République" mais aussi mettent une cible dans le dos des personnels de France Télés qui n'attendent qu'une chose : la destitution immédiate du duo toxique.
(¤ Ernotte n'a jamais demandé quoi que ce soit à l'Arcom...La preuve)
Audition d'Ernotte
- Bonjour Madame, chers collègues, en application de la délibération du 11 mars 2025 relative aux modalités de nomination de la présidence de France Télévisions, au terme de la loi de 1986, les candidatures sont évaluées sur la base d'un projet stratégique, sur critères d'expériences et compétences, nous procédons ainsi à l'audition de Delphine Ernotte Cunci, en deux parties, à 14h, avec une première partie filmée, d'une heure, sur la présentation de votre projet stratégique, 30 minutes puis un premier échange avec le collège. Cet enregistrement sera rendu accessible sur le site de l'Arcom demain après-midi. Une seconde partie se déroulera à huis clos, d'une durée maximale d'une heure également. Je précise que le collège est composé de 8 membres, Antoine Boilley étant conduit à se déporter de cette procédure car il était salarié de France Télévisions il y a moins de trois ans. Il est 14h02, je vous laisse la parole pour 30 minutes maximum, et je me permettrai de vous faire un petit signe quand nous entrerons dans les cinq dernières minutes. C'est à vous.
« Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les membres du collège, il y a dix ans, 70% des Français s'informaient d'abord par le journal télévisé. Aujourd'hui, ils sont 90% et c'est principalement via leur téléphone portable. Il y a dix ans, Netflix venait d'arriver en France. Twitter était une immense salle de presse, on pensait encore que Dailymotion pouvait rivaliser avec YouTube et Facebook était un réseau social pour jeunes. Il y a dix ans, je présentais ma première candidature à la présidence de France Télévisions, j'avais contribué au déploiement du mobile en France et la 4G, et j'étais convaincue que c'était ainsi la société entière qui serait bouleversée. L'Arcom s'appelait encore le CSA et le principal débat consistait à savoir comment différencier France 2 de France 3. On parlait de retard sur le numérique. France Télévisions vivait sous le feu roulant des critiques et son président d'alors n'en avait pas été épargné, de manière assez violente et injuste. Il y a dix ans, j'affirmais, alors sans vraiment convaincre, que Google et Netflix étaient nos concurrents, non plus TF1 et M6. Il y a cinq ans, en plein Covid, je venais présenter une nouvelle candidature en disant que France.tv devait devenir la première plateforme de streaming et agréger les offres du service public. Cela semblait une chimère, c'est aujourd'hui une réalité. Il y a dix ans, certains disaient qu'il n'y avait pas une crise de la télévision mais une crise du téléviseur. En somme, notre métier allait continuer tel quel sur des écrans mobiles. Avec l'arrivée des téléviseurs connectés, le téléviseur a su s'adapter, mais pas encore la télévision. La régulation a évolué, l'Union européenne a adopté le DSA, le DMA, le Media Freedom Act. En quelques années, France Télévisions a fait évoluer son offre numérique, a épousé son époque. C'est le fruit de l'engagement de tous les salariés, que je tiens à saluer devant vous, encore et toujours. Je ne cesse d'admirer leur engagement, leur créativité et sens du service public. Malgré les économies nécessaires, l'entreprise a su s'adapter. En me donnant le temps d'agir, vous n'avez confié la meilleure aide pour l'action: la continuité. Le management, c'est la gestion du temps. Courir face à l'actualité et garder la ténacité dans le marathon des réformes. Aujourd'hui, nous vivons une accélération folle dont les dix dernières années ont été les prémisses. D'ici 2030, l'intelligence artificielle générative viendra tout bouleverser. La façon de s'informer, de produire des contenus, et d'interagir avec les publics ne sera plus jamais comme avant. C'est à cette rupture que nous devons nous préparer. Et l'enjeu n'est pas seulement de rester dans la course mais bien de prendre un temps d'avance. Alors pourquoi cinq nouvelles années? Pourquoi venir solliciter devant vous ce mandat après une transformation engagée dont vous avez tiré un bilan précis et documenté? J'ai une conviction inébranlable: il est impératif de rester contemporain dans une époque chahutée. Quand le chaos n'est pas loin, le sens de la mesure est plus important encore. Il y a quelques jours à peine, le président des États-Unis rayait les médias publics d'un trait de plume. Il y a quelques mois, nous nous demandions comment sauver France Télévisions en cas de privatisation. Dans ces temps troublés, la télévision doit être un roc, un espoir, un espace de réconciliation, il faut saisir les changements de la société, guetter les signaux faibles, ne jamais se réfugier dans l'ordinaire. L'attente la plus forte, c'est l'horizontalité. Hier avec une offre limitée, la parole venait du haut vers le bas, de Paris vers les régions. Cette époque est révolue, les publics ont des choix quasi illimités, ils sont acteurs des médias, parfois médias eux-mêmes. Nous sommes passés d'une ère où un média unique s'adressait à la masse à un moment où c'est un échange permanent. Il faut faire pivoter France Télévisions. Notre réussite sur le numérique est indiscutable, depuis le début de cette année, encore au mois d'avril, avec 39 millions de visiteurs uniques mensuels, nous sommes devenus cette année la première plateforme de streaming en France. La moyenne d'âge des utilisateurs est de 47 ans, au barycentre des plateformes. Il nous faut maintenant franchir une nouvelle étape, notre plateforme est encore trop perçue comme extension de la télévision linéaire. On ne peut plus penser les contenus sans penser dès leur conception à une distribution adaptée à chacun. Je veux faire de France.tv le carrefour numérique incontournable de notre pays, d'ici 2030. Cette plateforme sera nécessairement hybride, en étant capable d'offrir aux passionnés du direct les événements du pays et en proposant la souplesse avec la plus large offre de contenus français et européens. Pensés d'abord pour un environnement numérique, les contenus seront mieux diffusés ainsi sur le linéaire, vitrine de la diversité de France Télévisions. Cette mutation est engagée mais il faut aller plus loin. C'est notre système de marque qu'il faut simplifier, comme l'a fait la BBC, une marque unique. C'est notre organisation qu'il faut repenser. L'éditorial qui sera rapproché du numérique. C'est notre budget qui doit être réalloué, nos investissements se concentreront sur la plateforme, nous financerons en priorité les contenus qui y seront les plus performants et pertinents. Ce tournant de l'horizontalité, nous devrons savoir le prendre avec exigence, ce n'est pas que tout se vaut, mais au contraire de saisir des évolutions du temps pour continuer à apporter au public les meilleurs programmes. C'est d'abord l'information qui est concernée. Parce que la manière de s'informer a été bouleversée, nous devons répondre à ces aspirations légitimes de nos publics. Il nous faut un nouveau contrat pour l'information, je veux laisser sa place à l'information en continu. Depuis sa création, il y a presque dix ans, France Info a parcouru un long chemin, nous avons privilégié la course à la pertinence, ce qui est un atout mais aussi une contrainte, car nous ne pouvons pas céder à la facilité de l'audience rapide. Nos résultats se font encore attendre. Il nous faut mieux converger avec nos partenaires de l'audiovisuel et mieux réussir l'intégration de la chaîne à la rédaction de France Télévisions. La chaîne d'information continue a été trop longtemps vécue comme un appendice, elle doit maintenant être le cœur de l'information de France Télévisions. La donne mondiale a changé. Il nous revient d'être le rempart contre la manipulation de l'information. Aucun intérêt particulier ne nous freine, notre seule boussole, c'est la véracité des faits. La décision que vous avez prise en début d'année nous donne une chance unique. Nous mènerons la bataille partout où elle se déroule. La dissémination de notre offre est indispensable. Nous avons une force de frappe avec l'INA, avec le sens de l'actu, avec une ligne éditoriale partagée, nous contribuerons à un espace public apaisé. Mon autre préoccupation est de redonner ses lettres de noblesse aux débats politiques. On dit que le débat est partout mais en réalité, il n'y a jamais eu aussi peu d'échanges entre politiques et citoyens. Dans un moment particulier de notre histoire démocratique, le service public a la responsabilité de proposer des émissions politiques plus régulières. D'ici 2030, nous aurons les élections municipales, régionales, législatives en 2029. Alors que s'accroît la fatigue démocratique, c'est à l'audiovisuel démocratique de renforcer le lien par des émissions régulières et adaptées. Ailleurs en Europe, les campagnes se passent désormais sur TikTok, ce qui nous donne pour défi de réinventer les formes d'émissions politiques. Nous pouvons mêler la parole des citoyens à l'expertise en les confrontant aux enjeux de société. La décision du Conseil d’État de février 2024 nous donne l'occasion de réaffirmer notre attachement au pluralisme. Le service public a un devoir renforcé d'impartialité. Nous ne sommes pas là pour représenter une opinion plutôt qu'une autre, mais pour permettre à tous de s'exprimer. Et nous devons permettre une rencontre des points de vue plutôt qu'une exacerbation des clivages. La démocratie est à ce prix. [Les bras vous en tombent, ndlr]
Enfin il nous faut nous ancrer résolument dans les territoires. Le rapprochement en France 3 et France Bleu est un impératif démocratique, pas économique. J'ai fait du déploiement de la proximité une priorité. Je crois que cette lutte contre la fracture territoriale est un devoir. Au moment où de nombreux services publics reculent, nous devons assurer partout une égalité et continuité territoriale, nous le faisons en Outre-Mer depuis des années, avec les stations qui ont réussi. Le même mouvement a été engagé plus récemment dans l'Hexagone, en nous associant avec Radio France. Cela passe par une priorité donnée au numérique, c'est pourquoi je m'engage à concentrer toute l'offre locale sur la plateforme Ici. On a les gens, les modes de production, nous pourrons mieux nous déployer et couvrir le territoire. Nous pouvons être encore plus robustes avec des alliances avec la PQR. Nous avons commencé à renforcer nos relations avec les producteurs régionaux, nous pouvons aller plus loin en améliorant l'exposition des productions locales, notamment les documentaires régionaux et ultramarins. Pour rester contemporains, nous devons aller vers une télévision augmentée, né dans un univers de rareté, l'audiovisuel public devait viser la différence. A l'ère de la profusion, il n'y a pas d'autres choix que l'excellence, dans un monde où tout est payant, le service public est celui du ceux qui n'en ont pas toujours. Face au nivellement par le bas, le défi de l'audiovisuel public est d'assurer la qualité pour tous. Nous viserons à l'excellence éditoriale en faisant le choix de la création. Le festival de Cannes qui s'ouvre demain incarne le rayonnement culturel français. J'ai tenu à renouer le partenariat avec France Télévisions car il me semblait important d'en faire un rendez-vous populaire rassemblant autour de la passion française pour le cinéma. J'ai la même ambition pour la fiction française qui a allie de plus en plus succès et rayonnement international. De Kaboul à Sandre, nous avons renouvelé et diversifié notre offre, nous devons persévéré. Cette envie de renouveau doit être porté en flux, nous avons démarré ce virage éditorial, mais il est encore difficile de faire émerger les écritures. Nous devons faire émerger les formats français qui demain s'exporteront dans le monde entier. L'exception culturelle est parfois une réclamation, alors que ça fait de notre industrie l'une des plus créatives au monde. J'assume de défendre le soutien à un haut niveau de création, c'est indispensable. Je pense que nous devons tout faire pour préserver nos investissements dans les programmes, c'est cette vitalité qui nous permet de rester contemporain. Toutes les cultures ont leur place sur le service public, il n'y a pas de plus belle mission que de mettre en valeur toutes les cultures, le patrimoine, la création contemporaine. Cette ambition irrigue nos propositions, notre palette d'émissions culturelles se renouvellera sans cesse pour rester pertinente. Culture box a été une aventure durant le confinement et nous avons su continuer sans toucher à la programmation. C'est une pépinière de talents sans précédents. Avec le Canal 24, c'est une nouvelle ambition. 2024 a été riche en émotions, des Jeux olympiques de Paris, à la réouverture de Notre-Dame, nos écrans ont ébloui le monde entier. L'évènement sera l'avenir et la clé de la télévision de demain. Nous avons de nouveau les Jeux en France en 2030 et nous mettrons à profit l'expérience accumulée durant les Jeux de Paris. Il faut nous tourner vers les nouvelles générations. Rester contemporain, c'est évoluer sans cesse. Nous voyons tous autour de nous comment nos enfants ou ceux de nos proche consomment des programmes. L'imagination et l'inventivité sont une obligation. Ma priorité éditoriale est d'aller vers ces publics les plus jeunes, adapter nos formes à leurs usages. Je veux continuer à accroître nos investissements, nouer des relations solides avec les jeunes créateurs, d'abord avec l'animation française, pilier essentiel. Les talents de demain poussent sur YouTube aujourd'hui et je ne suis pas de celles qui s'en satisfont. Ils n'ont souvent plus besoin de la télévision pour émerger. Savoir les détecter, savoir travailler avec eux, c'est aussi prendre un temps d'avance. Pour jouer notre rôle auprès des plus jeunes, nous devons répondre aussi à une question fondamentale, celle du temps d'écran. Chaque jour émerge une nouvelle alerte sanitaire contre ce fléau, la télévision publique a une responsabilité particulière pour promouvoir un temps d'écran raisonné, adapté, notamment auprès des plus jeunes, particulièrement concernés par les enjeux de santé mentale. L'élargissement de nos publics, c'est aussi une meilleure représentation de tous. Nous ne devons pas relâcher nos efforts sur la représentation des femmes devant et derrière l'écran. Il nous reste à franchir un cap sur la place des catégories populaires. C'est un combat de tous les jours, parfois moqué ou méprisé, mais je l'assume pleinement car la juste représentation de tous est un enjeu de la télévision. Notre excellence va de pair avec l'exigence économique. Après dix ans de budget à l'équilibre, je me suis résolue à adopter un budget en déficit en 2025. Nous devons y remédier dans les plus brefs délais. Une entreprise publique se doit d'être à l'équilibre. Nous ne connaissons pas encore notre trajectoire budgétaire, mais nous savons l'ampleur de la crise des finances publiques. France Télévisions sait faire des économies, nous en avons fait de nombreuses, nous savons qu'il faudra continuer à en faire. Mais nous sommes à un stade où il est illusoire de rogner petit à petit sur une même organisation, il faut repenser le cadre. D'ici 2030, notre impératif économique est de diminuer les coûts de production. Pour produire autant, il faudra produire moins cher. Les moyens techniques plus légers, l'automatisation, nous ouvrent de nouvelles possibilités. L'intelligence artificielle va redéfinir les contours de la production. A nous d'en tirer les meilleurs profits. C'est une réalité qui s'impose à tous, producteurs et salariés. Je parlais de nouveaux partages de la valeur avec les producteurs, mais ils doivent s'engager sur la voie des économies. J'ai montré que nous savons renégocier des contrats historiques. Nous continuerons. Dans l'entreprise, nous allons travailler autrement. Un nouvel accord collectif est nécessaire pour assurer l'avenir de la télévision publique, préserver ses salariés. Seuls le dialogue et l'anticipation lucide peuvent éviter des évolutions brutales. La transparence est indispensable à toute transformation dans un contexte par ailleurs très chahuté. Cela passe par des alliances plus fortes et solides. Depuis plusieurs années, j'ai travaillé à renforcer nos intégration européenne avec les autres services publics. J'ai la même volonté pour la francophonie avec TV5 Monde et même si durant les dernières années, il y a eu des heurts, je n'ai jamais dévié de ma conviction de renforcer nos liens avec le secteur privé pour rester fort. La récente création de la Filière audiovisuelle est un excellent point d'appui pour que le secteur ne parle que d'une seule voix. Il est particulier de présenter devant vous aujourd'hui un projet pour France Télévisions sans parler de la holding discutée en ce moment au Parlement. Pour ma part, il n'y a pas de mystère, c'est le sens de l'histoire. Depuis le premier jour de mon action, je suis favorable au rapprochement, je l'ai été pour France Info, pour que France 3 et France bleu deviennent Ici. Le chemin parcouru a mené à ce rapprochement, en adaptant les structures, en réduisant nos coûts, nous nous sommes préparés à cela. Je comprends les inquiétudes des salariés, surtout dans le contexte économique actuel. Mais je crois, au contraire, d'une holding protégerait l'audiovisuel public, une arme de dissuasion contre la privatisation. Quel que soit le choix des parlementaires, vous pouvez compter sur moi pour défendre l'esprit de l'union. Je crois à un audiovisuel public fort et je ferai tout pour le défendre. Si vous me faites confiance pour un nouveau mandat à la tête de France Télévisions, j'engagerai ce projet sans tarder, j'ouvrirai au plus vite les discussions avec les organisations syndicales pour définir un nouveau cadre social, des discussions avec l’État sur la trajectoire budgétaire. Dès le 22 août, je mettrais en place 5 priorités, d'abord pour France Info, avec une grille augmentée, un nouveau studio, je veux voir la chaîne progresser dès la saison prochaine. Puis, le chantier d'une nouvelle organisation mêlant le numérique, les contenus pour parler à tous, exceller dans la distribution.
Basculer les contenus régionaux de France Info vers la plateforme Ici en clarifiant la promesse de cette offre avec un contenu uniquement local dès les prochains mois pour gagner en succès. Puis rebâtir un plan de coopération avec les partenaires de l'audiovisuel public en s'appuyant sur les conclusions de la mission Bloch. Si vous me faites confiance aujourd'hui pour présider à la destinée de cette belle entreprise, je souhaite que ce mandat soit celui du passage de témoin à une nouvelle génération. Je souhaite que parmi les publics qui grandissent aujourd'hui dans un monde saturé d'écrans, la télévision publique soit un point de repère, une balise qu'ils pourront retrouver durant leur vie. Je souhaite que parmi les créateurs d'aujourd'hui, les poètes qui veulent changer le monde à la force de leur imagination, l'espoir s'appelle France Télévisions. Je souhaite que dans un monde où se réveille la guerre, ceux qui ont le goût de la clarté, la soif d'informer, qu'ils sachent qu'il y a un média libre où on peut enquêter sans entraves, du bout du monde au coin de la rue. Que les jeunes qui entrent dans le monde du travail venir bâtir la télévision de demain soit prometteur, qu'émergent parmi eux les managers de cette entreprise de demain. La télévision publique a une histoire riche et dense, bâtie après la guerre par ceux qui voulaient éclairer les Hommes d'une nouvelle lumière, qui croyaient qu'une meilleure information de chacun assurerait la paix. Elle a eu une nouvelle jeunesse pour devenir le lieu de la différence, de l'exigence culturelle. Je suis candidate pour bâtir son avenir. Je vous remercie. -
- Merci beaucoup. On va passer à un premier échange avec les membres du collège. Et donc aux questions qu'ils pourraient vous poser. Commençons pas Juliette Théry.
- Merci Monsieur le Président, et merci Madame de votre présentation qui est très claire, très intéressante. J'ai une question qui concerne l'activité d'édition, dans un monde où de plus en plus le public a un accès direct aux programmes, soit directement par des offres purement numériques, vous l'avez dit, YouTube est un concurrent de France Télévisions, soit par des plateformes qui avancent de plus en plus vers un modèle hybride d'édition et de distribution. Donc dans ce contexte-là, et ces évolutions, comment selon vous préserver une offre et l'accès à une offre éditorialisée, c'est-à-dire sélectionnée de programmes, de contenus de service public qui ont toutes les caractéristiques de programmes du service public, que vous avez bien détaillées? Et de manière sous-jacente, concrètement, comment voyez-vous l'articulation entre l'activité d'édition, donc de sélection de programmes, et une activité de distribution qui tend plus vers une exhaustivité, dans ce contexte de plateformisation hybride? Merci.
- Alors c'est une question assez centrale pour les années qui viennent. Notre activité d'éditeur est évidemment première, c'est-à-dire que c'est la justification même de notre existence que d'être capable d'avoir d'abord une politique de l'offre, nous proposons de notre propre chef des programmes, et de savoir l'éditorialiser, d'abord pour que le plus grand nombre y ait accès, et également pour permettre à partir d'une découverte d'un documentaire, d'une fiction, d'aller un cran plus loin, de continuer à poursuivre soit la connaissance, l'acquisition de connaissances, la réflexion un peu plus loin avec d'autres programmes. Donc pour préserver cette offre, cette activité d'édition, le point central pour moi est vraiment de bâtir autour de la plateforme France.tv. C'est pour ça que récemment, nous l'avons ouverte à l'ensemble de nos partenaires de l'audiovisuel public. On regroupe aujourd'hui Arte, l'INA, bientôt les chaînes parlementaires, TV5 Monde, et il faudra je pense aller plus loin en hybridant les formats, en accueillant du texte, des podcasts, et en faisant une vitrine sur la télévision à l'offre magnifique de podcasts de Radio France. Donc déjà consolider, bâtir vraiment sur ce qui est d'ores et déjà notre première chaîne, France.tv. C'est pour ça d'ailleurs que je propose une organisation différente pour vraiment mettre cette plateforme au cœur. En matière de distribution, il y a deux choses différentes. Il y a comment on diffuse France.tv, comment on est présent sur l'ensemble des appareils connectés. Je crois que si on veut faire exister plus largement la télévision dans des univers où les concurrents sont Netflix, Disney, etc., il faut aller plus loin avec les partenaires, pour avoir ce portail d'intérêt général, pour permettre d'avoir accès en un clic aux chaînes linéaires et à la complétude de nos offres de la plateforme France.tv. Et puis il y a la marque. Un autre mode de distribution, c'est de distribuer les contenus les uns séparément de la plateforme. Je crois qu'il faut aussi qu'on le fasse plus, car c'est un moyen évident de toucher des jeunes publics qui regardent de moins en moins les médias traditionnels, qui sont de plus en plus sur YouTube et TikTok. Il va falloir qu'on trouve sur YouTube des compléments à ce qu'on peut avoir sur France.tv, voire même pour certaines œuvres ce qu'on a déjà commencé à faire, leurs œuvres dans leur intégralité, quand on sait que les publics ne peuvent être touchés que par ces moyens. Mais ça pose le sujet de: sommes-nous reconnus quand nous sommes sur YouTube? Est-ce qu'on sait que c'est France Télévisions? Est-ce que ça va inciter demain quelqu'un qui regarde un contenu sur YouTube à aller sur la plateforme France Télévisions. C'est pour ça que je pense que le mouvement que nous avons fait, que nous allons continuer à faire sur la marque est essentiel, il faut être reconnu, et c'est d'autant plus difficile dans l'environnement auquel nous faisons face. Donc oui, la marque doit être plus reconnue, c'est pour ça qu'on va avoir cette marque France.tv. - Dans la foulée, vous l'évoquiez, la réorganisation, le pôle premium, etc., comme c'est connecté à la question posée, si vous pouviez développer l'idée sous-jacente. Pourquoi ce n'est pas déjà le cas? Qu'est-ce que vous proposez de changer? - Nous avons eu une révolution assez forte en 2018 en décidant de passer d'une logique de chaîne à une logique beaucoup plus holistique, nous avons réorganisé la direction des antennes et programmes non plus par chaîne mais par genre de programmes. Et nous avons bien fait de la faire, c'est ce qui nous a permis d'avoir une offre à chaque instant beaucoup plus éclectique. Et je pense que cette façon de travailler n'est pas pour rien dans l'amélioration des audiences, des parts de marché dans le linéaire. Mais aujourd'hui, on est confronté à une petite limite, aujourd'hui concrètement les programmes sont pensés d'abord pour le linéaire, qui est le premier réflexe. Bien sûr on pense aussi à la plateforme car on l'éditorialise, et on pense aux réseaux sociaux puisqu'on met des extraits, on découpe le 20 heures par exemple pour donner accès aux différents sujets sur les réseaux sociaux, mais c'est après-coup, je dirais. Or, je pense qu'il faut penser les choses d'abord sur le numérique. Je vais prendre un exemple très concret. Je parle d'émissions politiques. Roumanie, c'est TikTok qui a fait l'émission politique, pas les médias privés et traditionnels. Qu'est-ce que ça veut dire en 2027, une émission politique qui ne serait pas pensée aussi en même temps avec sa déclinaison ou des formats qui peuvent être d'ailleurs assez différents sur YouTube, où on peut avoir des formats longs, ou sur TikTok des formats extrêmement courts? Donc dès la conception des programmes, il faut intégrer des formats et un mode de distribution différent. Le faire sans bouger le poids du corps vers le numérique, sans faire en sorte que la direction du numérique aujourd'hui qui est entre guillemets une direction à part entière, n'essaime dans toute la direction des antennes et des programmes, ça me paraît compliqué. Alors je ne présente pas un schéma d'organisation mais une philosophie d'organisation, et c'est pour ça que je propose qu'on mette ce chantier sur la table avec les équipes qui sont aujourd'hui en responsabilité, qu'on définisse les contours. L'objectif, c'est de passer le poids du corps du linéaire vers le numérique. Et de penser d'abord les contenus pour la plateforme France.tv. - Merci. Romain Laleix? - Madame, vous avez évoqué le budget 2025 en déficit, et la nécessité d'un retour à l'équilibre dans un contexte de très fortes contraintes sur les finances publiques. Pouvez-vous nous en dire plus sur vos priorités dans l'allocation des moyens de l'entreprise, sur les économies ou ressources nouvelles que vous envisagez pour déployer votre stratégie tout en garantissant la soutenabilité économique de France Télévisions? - Alors en effet, le conseil d'administration a voté un budget en déficit en décembre parce que, à l'époque, il n'y avait pas de solution intelligente sans toucher aux missions de service public, ce à quoi l’État ne souhaitait pas qu'on renonce, et à juste titre de mon point de vue, il n'y avait pas d'autre solution que d'avoir un déficit, qui ne peut être que temporaire, car ce n'est pas possible d'avoir une entreprise publique en déficit. Quelles sont les contraintes? Je ne raisonne que sur les charges, je ne peux pas raisonner autrement, on est en discussion avec l’État mais je n'ai pas d'idée sur la trajectoire financière. Je pense d'abord qu'il faut préserver les programmes. Je l'ai dit, on a fait beaucoup d'économies, des réductions d'effectifs et aussi beaucoup de baisses sur les coûts des programmes. Un média qui continue de baisser les coûts de ses programmes s'empêche de la créativité et du foisonnement nécessaire pour rester pertinent, dans un monde où il faut faire des formats pour YouTube et pour TikTok. On va avoir besoin de cette créativité. Si on ne veut pas faire de coupes sur le budget des programmes, il faut impérativement qu'on retravaille notre façon de fonctionner. On sait qu'on a des freins qu'il va falloir qu'on lève. Pour plusieurs raisons. D'abord car on a des freins aujourd'hui qui ne sont plus justifiés, je pense qu'il faut qu'on sache peut-être redimensionner certains moyens en fonction de l'activité. Il va falloir réduire aussi certains moyens, certains moyens de production, car on peut, aujourd'hui. Et il va falloir travailler une bonne fois pour toutes, rompre avec ce qui nous freine et aller vraiment vers de la polycompétence. Ce qui nous freine aujourd'hui, c'est l'accord social sur lequel on est depuis 2013, et qui était nécessaire, ce n'est pas une critique de l'accord de 2013, mais aujourd'hui, on est 12 ans plus tard, les métiers et technologies ont changé, l'intelligence artificielle est partout, le sera encore plus demain, donc il va falloir qu'on redéfinisse le cadre des métiers. C'est tout ça qui doit permettre de faire baisser, de mon point de vue, en quelque sorte les frais de personnel qu'on met en place pour tenir notre activité. Par ailleurs, vous avez aussi évoqué des ressources supplémentaires. Je ne crois pas... Des ressources publicitaires supplémentaires. C'est vrai que nous sommes en pleine discussion avec certaines grandes plateformes pour justement distribuer l'univers France.tv. Ça fait des recettes en plus. Je pense aussi que si on a une vision, celle que je souhaite, d'abord numérique, il y a des opportunités qu'on n'utilise pas. Je vais prendre un exemple simple: la réouverture de Notre-Dame. C'est quand même deux jours d'images qui ont intéressé le monde entier. Qu'est-ce qui nous empêche de faire une chaîne éphémère, très événementielle? Au moment des JO... On n'y a même pas pensé à l'époque car on n'était pas dans cette logique de comment toucher le plus large public, de penser dès la conception de l'événement à sa distribution la plus large possible. Donc je pense qu'il y a aussi des revenus supplémentaires à aller chercher sur la distribution de manière générale. - Catherine Jentile? - Vous avez beaucoup parlé de l'information en expliquant que vous vouliez que ce soit un pôle d'excellence, lui rendre ses lettres de noblesse en mettant beaucoup en avant France Info, mais dans le monde aussi que vous avez décrit avec l'émergence des plateformes, de l'intelligence artificielle, des fake news, quel est le processus que vous allez mettre en place pour justement lutter contre ces ingérences? Vous avez parlé des élections à venir, on sait qu'il y aura beaucoup d'ingérences. Quels processus vous avez mis ou allez-vous mettre en place pour que France Info soit une référence de ce point de vue de l'information? - Vous avez raison de dire que les challenges de demain sont importants, et on en a évidemment... J'en ai bien conscience. Nous avons développé ces dernières années, je dirais, un pôle sur la détection des fausses images, la vérification des fausses images et vidéos. Et à ce titre, l'intelligence artificielle peut nous y aider. Nous travaillons très bien avec l'agence de Radio France qui a vraiment là aussi un pôle d'excellence sur la vérification des faits et notamment c'est l'agence qui vérifie tout ce qui passe sur France Info. On a à l'INA de grands spécialistes de l'intelligence artificielle. Donc c'est ce que je propose dans mon projet, je pense qu'il faut qu'on mette ensemble ces capacités, avec leurs particularités, mais qu'on soit capable d'avoir un pôle audiovisuel trimédia, qui soit capable de détecter des fausses vidéos, images, des informations textuelles erronées. Et nous avons déjà des équipes. Et les mettre vraiment en résonance me semble une première chose à faire qui est assez essentielle. - Merci. Bénédicte Lesage? - Merci Monsieur le Président, Madame, vous n'en avez pas encore parlé mais vous l'évoquez clairement dans votre dossier, vous souhaitez l'exemplarité écologique pour France Télévisions avec pour objectif de réduire de moitié les émissions de gaz à effet de serre à horizon 2030. Pouvez-vous nous donner les mesures principales pour y parvenir? Et par ailleurs, car c'est tout aussi important, et dans la responsabilité d'un média du service public, comment envisagez-vous les évolutions éditoriales pour renforcer l'information, la sensibilisation des jeunes publics à la transition écologique? Et dernière question, après j'arrête je promets, vous parlez de renforcer l'usage de l'IA, comment pensez-vous allier les atouts qu'elle peut apporter et la nécessité d'un usage soutenable au niveau environnemental? Merci. - Alors, c'est un sujet très important, je vais commencer par l'évolution éditoriale et je reviendrai, je parlerai de l'IA, bien sûr. Ça a été un sujet très important ces dernières années. Dans tous les genres, que ce soit la fiction, le documentaire, l'information, énormément renouvelé et accru ce sujet du réchauffement climatique et de la manière concrète de lutter au quotidien pour nos concitoyens contre ce fléau-là. A l'information, on a créé un service météo climat, sur nos antennes, tous les jours maintenant, on a un bulletin météo qui parle de cela systématiquement, on a renouvelé les documentaires, on a de grandes émissions, de grands évènements, bientôt, un grand évènement sur les océans en juin. Ça, ça va rester un axe prioritaire de notre ligne éditoriale. En interne, il y a plusieurs choses. D'abord, dans la production, vous savez qu'on a été assez leaders sur Ecoprod et Vendargues qui est un centre de fabrication très important pour nous, totalement conforme au label Ecoprod. Vendargues a une extension et d'ailleurs, on se réjouit de voir M6 qui va nous confier, qui nous a déjà confiés la fabrication de son feuilleton quotidien. Je pense que Vendargues a été très précurseur sur l'écoproduction et ça n'y est pas pour rien. Nous devons convaincre, nous-mêmes, notre écosystème, d'adopter ces standards d'écoproduction. Après, je pense qu'il y a des choses qu'on peut faire dans l'entreprise au quotidien. Et pour aller un cran plus loin, nous avons lancé une convention citoyenne sur, justement, l'écologie et comment, quelles sont les propositions qui peuvent venir de cette convention citoyenne, très concrètes, qu'on pourrait, nous, direction, s'engager à prendre pour contribuer là aussi à ce que l'entreprise produit en matière de gaz à effet de serre. On a pris le pari de faire une convention citoyenne, c'est-à-dire de ne pas s'appuyer sur les spécialistes car dans chaque direction, il y a les correspondants qui ont ça dans leurs responsabilités, mais on va devoir convaincre tout le monde, peut-être ceux qui ne sont pas encore convaincus. On a tiré au sort, c'est en ça que ça reprend le système de la convention citoyenne, 80 salariés qui vont être réunis en plusieurs séminaires durant l'année et qui devront décider d'une feuille de route pour l'entreprise. - Sur l'IA? - Alors l'IA, bon, l'IA, aujourd'hui, c'est quand même assez bestial, c'est quand même le marteau pour écraser la mouche. Vous demandez à ChatGPT, à Perplexity, l'adresse de l'Arcom, vous dépensez une énergie folle pour une information que tout le monde connaît par ailleurs. Mais comme il y a eu un déménagement récent, peut-être faut-il vérifier. C'est purement bestial. Je pense que ça va évoluer. Dans certains métiers adjacents, on voit déjà des moteurs d'IA beaucoup plus spécialisés, qui prennent moins d'énergie. Par exemple, vous êtes EDF, vous avez besoin d'un modèle de langage pour interagir avec vos clients sur votre facture, vous n'avez pas besoin d'avoir ingéré tout Balzac et Proust pour interagir avec votre client. Il y a d'ores et déjà, car ce n'est pas possible de garder un système qui consomme autant, soit des moyens de réduire la consommation, comme les Chinois qui, semble-t-il, ont un processus déjà plus économe, et même, je pense qu'il y aura des petits modèles de langage adaptés à chaque situation qui permettront d'être efficace sur la situation sans consommer ce que ça consomme aujourd'hui.
- Merci.
- Merci. Denis Rapone. Il nous reste une douzaine de minutes avant la fin de cette première partie. Et après Benoît Loutrel.
- Merci Monsieur le Président, Madame, dans votre exposé, vous nous avez parlé du pluralisme tel que le Conseil d’État l'a défini avec une exigence qui est globale, le pluralisme ne se réduisant pas selon cet arrêt et la loi, le Palais Royal n'a fait que restituer, l'ensemble des programmes pour l'ensemble des intervenants. L'entreprise, telle que vous la voyez, comment elle prend en compte cette exigence nouvelle?
- C'est d'autant plus important pour nous qu'en tant que service public, nous avons un devoir d'exemplarité renforcé sur le pluralisme. Plusieurs choses, d'abord, je pense que, en effet, dans la vision du Conseil d’État, ça va au-delà des temps de parole des politiques, et même au-delà des temps d'élection. Et il faut veiller à l'équilibre, forcément toujours instable, des thématiques abordées dans les différentes quotidiennes, dans les différents magazines hebdomadaires, dans les différentes éditions d'information, leur angle et la diversité des personnalités amenées à s'exprimer dans ces différentes émissions. Et puis deuxièmement, je pense que le pluralisme, pour nous, c'est aller au-delà de faire en sorte que toutes les opinions s'expriment, c'est de faire en sorte que les opinions s'expriment dans la nuance et qu'il n'y ait pas de vision réductrice et confrontationnelle d'une même thématique. Mais réussir à faire passer la complexité des solutions des uns et la complexité des solutions des autres dans le débat. C'est ces choses qu'il faut réussir à mettre en place. Il faut en rendre compte aussi. On a décidé de mettre à disposition, à intervalles réguliers, la liste des intervenants de nos différentes émissions, la liste des thèmes qui ont été abordés, alors, ça ne suffira pas à prouver le pluralisme, mais c'est une manière d'être transparent, qui incitera aussi chaque producteur, chaque personne à s'interroger sur: est-ce qu'on a bien couvert la totalité du spectre? Est-ce qu'on n'a pas insisté sur un seul angle? D'abord, je crois à deux choses: on a besoin de débat interne. Ce débat, il est nécessaire, il a lieu régulièrement, évidemment, on n'en fait pas toujours état. Je sais que vous-mêmes, juste après le 7 octobre, à l'Arcom, vous aviez convié les responsables de l'information, pour discuter sur comment traiter ce sujet hautement inflammable. Je trouve que c'est une démarche qui va exactement dans le bon sens. Je me demandais si dans le même ordre d'idées, on ne devrait pas avoir nous aussi une forme de médiation plus forte, car la conflictualité augmente en volume et en agressivité, et je me demandais si, outre ces discussions préalables, cette façon collective de traiter des sujets qui est essentielle, plus c'est compliqué, plus il faut en débattre ensemble, mais s'il n'y avait pas aussi une place renouvelée à donner au comité d'éthique qui est sollicité quand il y a une polémique, mais relativement peu finalement, et si ce comité d'éthique, entre nous, irréprochable, qui ne dépend pas de France Télévisions, donc vraiment... Si on ne pourrait pas aussi le solliciter dans ces moments où on se pose des questions, peut-être en préalable, voire en médiateur pour éviter que tous ces conflits qu'on voit émerger ne finissent pas se judiciariser. Il y a quelque chose à inventer autour de la médiation avec le comité d'éthique. Je pense qu'il faut que nous soyons nous-mêmes plus en dialogue avec nos publics et créer un médiateur numérique, comme le médiateur qui répond aux courriers, là, l'ère est aux réseaux sociaux. Nous devons interagir de manière plus régulière.
- Benoit Loutrel? - Je voulais revenir sur le sujet de l'information, de la transformation de l'espace numérique, des réseaux sociaux. Vous dites dans votre projet stratégique qu'il faut reconnaître que les grands réseaux sociaux sont devenus des médias. Je partage cette idée, même si c'est dérangeant. Je me pose la même question sur les intelligences artificielles génératives, quand on rencontre des lycéens, pour eux, c'est naturel. Il faudra réformer leur inefficacité énergétique, mais je ne suis pas sûr qu'on pourra le combattre. Ma question: faut-il aller un cran plus loin? France Info devra-t-elle inventer des incarnations nouvelles propres aux réseaux sociaux pour aller dans ce temps de l'instantanéité qu'on n'a pas sur les chaînes d'information? Jusqu'où aller sur ce sujet là? Merci.
- Sur l'IA, nous avons une approche collective, c'est un sujet que je discute beaucoup avec mes partenaires services publics européens et au-delà, car nous avons rendu publique la semaine dernière une plateforme de revendication vis-à-vis des géants de la tech, commune, avec la plus grande association mondiale de presse écrite. Et donc on a là, on parle d'une seule voix, public, privé, presse écrite et audiovisuelle. C'est important. Ce qu'on demande en priorité, et donc on a un certain nombre de prérequis, et je suis d'accord, on ne pourra pas se passer d'exister dans les différents modèles de langage, mais pas à n'importe quelle condition. On a besoin que l'autorisation soit demandée, d'abord, que les contenus ne soit pas absorbés, ils le sont aujourd'hui, mais que demain, ce ne soit pas sans accord. Et que ça ne se passe pas sans distribution de la valeur. Et ce que la presse française produit chaque jour... Là, on voit qu'on rentre dans un problème. On a un certain nombre de revendications de ce type, mais on ouvre aussi la porte en disant qu'on souhaite négocier avec ces grandes plateformes d'intelligence artificielle, on souhaite discuter avec elles pour voir comment trouver des compromis de part et d'autre pour être parties prenantes de ces moteurs de recherche qui existent déjà aujourd'hui, et peut-être de ces médias demain. Est-ce qu'il faut avoir des incarnants différents? Sans doute. - Des influenceurs du service public. - Sur les journaux pour enfants et adolescents que nous avons déjà, que nous publions, que nous mettons à disposition sur YouTube tous les jours, ce sont des incarnants différents. Mais oui, il faut qu'on apprenne à travailler avec des influenceurs, qu'on apprenne leurs codes et qu'on trouve une façon de fonctionner. Et je veux dire par-là que si on travaille avec un influenceur qui n'a pas besoin de France Télévisions pour exister, il faut qu'il respecte nos règles déontologiques. Et donc il faut trouver des moyens qui soient mis sur la table pour fonctionner avec des journalistes de chez nous, ou avec des influenceurs externes qui garderont leur liberté, mais dans le respect de nos chartes déontologiques. Donc oui, c'est un tout nouveau monde à inventer.
- Merci Laurence Pécaut-Rivolier. Il reste quatre minutes.
- Protection des enfants, vous en avez parlé, sujet brûlant, d'actualité. France Télévisions a toujours participé aux campagnes de sensibilisation et prévention, mais au-delà de ça, que faire dans votre projet pour mettre plus en évidence la nécessité de protéger les enfants, qu'est-ce que France Télévisions peut faire de plus?
- On peut aller un cran plus loin sur la prévention. Aujourd'hui, quand un enfant regarde un dessin animé sur la plateforme Okoo, les parents peuvent limiter un temps d'accès. Donc on va importer cette manière de faire dans l'univers France.tv, pour mettre en fonction du profil de celui qui se connecte des limitations de temps d'écran dans l'univers France.tv. Et également des messages d'alerte quand on sait que tel adolescent qui n'est plus un enfant, mais qu'il regarde depuis longtemps, de mettre un petit message disant qu'il est temps d'arrêter. Je pense que mieux on connaît ces publics, et sur France.tv, la plateforme, on connaît nos publics, plus on sera à même de prévenir une consommation trop forte de ces usages. Mais ça ne suffit pas, il y a aussi l'offre éditoriale, et prendre en compte ce sujet majeur, qui va de pair avec le sujet de la santé mentale qui se dégrade très fortement chez les adolescents, les jeunes qui ont vécu le Covid. Je pense que c'est un sujet de documentaires, de fictions encore à traiter, et c'est un sujet qui monte car les enfants et parents sont souvent très démunis sur ces sujets-là.
- Merci. Nous sommes à 59 minutes, je pense que nous pouvons, sauf s'il y a une dernière question très rapide, en rester là pour cette première partie de l'audition. Donc merci beaucoup, nous allons mettre à terme à l'enregistrement de cette première partie. Et enchaîner le temps que quelques ajustements techniques aient lieu. Je vais vous demander un petit peu de patience.