Un
jugement de la Cour d’Appel de Paris qui devrait faire jurisprudence pour les CDDU
historiques virés par France Télévisions qui refuserait d’appliquer le
jugement pour cause de Coronavirus !
La Cour d’Appel
de Paris, le 20 février dernier, vient de rendre un arrêt dont la portée est immense
concernant dizaines pour ne pas dire les centaines d’intermittents que la direction
de France Télévisions qualifie à tort de CDDU en violation des dispositions de
la convention collective étendue qui pose tout un tas de règles.
La Cour d’appel
intervenait après une décision du conseil de prud'hommes de Paris saisi
en référé qui avait dit n’y avoir lieu, en l’espèce, à statuer sur les
demandes de requalification et de réintégration présentées par une collaboratrice
historique de Télématin.
La salariée
qui saisissait la juridiction avait adressé plusieurs messages en vue de
faire connaître son "souhait d'intégrer
pleinement" la société France Télévisions et sollicitait la
fixation d'un rendez-vous, s’était vu signifier qu'il n'y avait pas de poste pour
elle "
à
pourvoir et donc licenciée " tout ce que pouvait lui proposer France Télés, c'était une
fin de collaboration dont les modalités resteraient à définir avecle service
juridique ayant été saisi à ce sujet."
Après
avoir relevé que France Télés n’avait communiqué comme de coutume, des conclusions
et des pièces communiquées qu’à la dernière minute et hors des délais pourtant
clairement fixés, les déclarant irrecevables comme « portant
atteinte au principe de la contradiction », la Cour d’Appel a
donné pleinement raison à la salariée et condamné sévèrement la société.
La
Cour n’a pas retenu l’habituel argumentaire de France Télés qui prétend
régulièrement que « le recours au CDD d'usage est parfaitement régulier
dans le secteur de l'audiovisuel, le salarié étant assuré de percevoir entre
deux contrats courts des revenus versés par l'assurance chômage et que la
société a(urait) lancé en décembre 2014 un plan quinquennal de réduction
de la précarité qui a conduit à l'embauche de très nombreux salariés en CDD »
…ce soi-disant plan qui est une vaste fumisterie !
La
Cour d’Appel a redit le droit « En application en outre de l’article
R.1455-6 du code du travail, la formation de référé peut toujours prescrire les
mesures de remise en état qui s'imposent pour prévenir un dommage imminent ou faire
cesser un trouble manifestement illicite.
En
application de l’article L.1242-1 du code du travail, le contrat de travail à
durée déterminée, quel que soit son motif, ne peut avoir ni pour objet ni pour
effet de pourvoir durablement un emploi lié à l’activité normale et permanente
de l’entreprise ; en application de l’article L.1242-2 du code du travail, un
contrat de travail à durée déterminée ne peut être conclu que pour l'exécution
d'une tâche précise et temporaire, et seulement dans certains cas déterminés
par la loi.
Dans
les secteurs d’activité définis par décret dans lesquels il est d’usage
constant de ne pas recourir au contrat à durée indéterminée, le recours à
l'utilisation de contrats à durée déterminée successifs doit être justifié par
des raisons objectives qui s'entendent de l'existence d'éléments concrets
établissant le caractère par nature temporaire de l'emploi.
En
particulier, le recours au contrat à durée déterminée d’usage, autorisé par
l’article D.1242-1 6° du code du travail dans le domaine de l’audiovisuel,
est limité par le principe général posé par l’article L.1242-1 du code du
travail, en ce sens qu’il ne doit pas permettre de pourvoir durablement un
emploi lié à l’activité normale et permanente de l’entreprise… »
En
conséquence, la Cour statuant par arrêt contradictoire :
Dit
que la rupture des relations contractuelles par la société France Télévisions
est intervenue en violation du droit fondamental d'ester en justice,
Ordonne
la réintégration de la salariée au sein de la société France Télévisions dans
ses fonctions aux conditions contractuelles antérieures à la rupture,
Dit
que la réintégration doit être organisée par la société France Télévisions dès
la signification de l'arrêt et sous astreinte provisoire de 500 euros par jour
de retard constaté 15 jours après la signification de l'arrêt,
Condamne
la société France Télévisions au paiement des sommes provisionnelles à valoir
sur l’indemnité de requalification et de provisions pour les salaires exigibles
depuis le licenciement,
Condamne
la société France Télévisions aux dépens de l'instance en référé et au paiement
de l’article 700 du code de procédure civile.
France
Télévisions prétendrait que la réintégration ne pourrait avoir lieu du fait de
l’épidémie de Coronavirus !!
Foutaises
dès l’instant où la salariée est requalifiée donc CDI, elle doit être traitée
comme les autres quand bien même une partie de l’activité est suspendue.
Ce jugement
de la Cour d’Appel de Paris devrait faire jurisprudence pour les CDDU historiques
virés par France Télévisions ces derniers mois après des années de
collaborations récurrentes (de 10 à 30 ans de collaboration)
et l’astreinte provisoire de 500 euros par jour de
retard qu’elle devra régler à la salariée, devrait être salée en cas de refus.
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