Frédéric
Taddeï tire à boulets rouges sur la direction
de France Télévisions.
Dans un entretien que publie « Le
Point » avec l’ex animateur forcé
de quitter France Télévisions, au titre qui ne laisse guère de doute sur la
tonalité de « La télévision est devenue une médiocratie », Frédéric Taddeï qui rejoint RT
France tire les leçons de ce départ et critique vertement le paysage télévisuel
actuel.
Extrait
« Comment analyseriez-vous
qu'en 2018 vous ayez besoin d'aller sur RT France pour faire à peu
près la même émission qu'il y a deux ans sur France Télévisions ? »
Parce que, entre-temps, la direction de France Télévisions a changé. Ce qui
était encouragé hier ne l'est plus aujourd'hui.
La télévision pratique désormais le nivellement par le bas. On préfère ce
qui est moyen, pas trop nul quand même, mais pas trop bien non plus.
La télé est devenue une médiocratie. Alain Deneault a écrit un excellent livre
sur ce sujet : comment un système se met à promouvoir ce qui n'est ni bon
ni mauvais, ce qui est médiocre, c'est-à-dire moyen.
C'est le règne du conformisme.
Surtout, ne pas sortir du rang. Mais moi, c'est en sortant du rang que j'ai
fait Paris dernière, D'art d'art, Ce soir ou jamais ou les émissions que j'anime sur Europe 1. Et
je continue en allant sur RT.
Vous avez dit, dans une interview que votre émission Hier, aujourd'hui, demain, que vous
avez animée durant la saison 2016-2017, dérangeait France Télévisions.
Pourquoi, selon vous ?
Parce qu'elle sortait du rang, elle
aussi. « Trop intelligente, m'a-t-on dit, ça risque de faire fuir le
téléspectateur. » Résultat, alors qu'elle était prévue pour passer
vers 22 h 30 et bien qu'elle coûtait très cher, elle n'a
jamais été diffusée avant minuit, de peur que, en la voyant, les
téléspectateurs ne se sauvent sur M6 ou TF1 ! J'ai préféré tirer ma
révérence.
J'ai dit dans Le Monde que
France Télévisions était devenue un gâchis. Emmanuel Macron a été plus
dur que moi : il a carrément dit que c'était « une honte ».
Et quelques mois plus tard, on m'a retiré D'art d'art que j'animais depuis
seize ans….
Dans l'article qui présentait votre émission sur le site de
RT France, vous avez dit qu'un bon journaliste « c'est quelqu'un qui est
capable de penser contre les autres et contre lui-même ». Est-ce que pour
vous, c'est aussi quelqu'un qui va contre sa direction ?
Oui, tout à fait. Un
bon journaliste, à mes yeux, c'est quelqu'un qui est capable de penser contre
ses employeurs, contre ses collègues, contre son milieu, contre ses amis,
contre sa famille, et aussi, j'y tiens, contre lui-même. Il y a des gens
dont les positions me déplaisent fortement que j'invite tout de même à débattre
dans mes émissions. C'est ça, la
démocratie. Et je me fais un point d'honneur de ne pas le montrer, de les
traiter de la même manière que les autres. C'est pour cela que les
téléspectateurs me respectent, je pense. Et c'est aussi pour cela que certains
me détestent. Mais tant pis. Si c'est le prix à payer pour faire honnêtement
mon travail, je suis prêt à le payer…. »
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