Ci-après l'article de Sylvain Besson Correspondant pour la France publié dans "Le Temps" (Genève) . Nous avons souhaité depuis le vote de l'amendement sur la réduction de moitié de la taxe sur le volume de recettes supplémentaires vers le privé, ajouter un commentaire additionnel. (quelques lignes en rouge à la fin de l'article)
"Deux colosses se regardent en chien de faïence, de part et d’autre de la Seine, un peu en aval de la Tour Eiffel. A gauche, le bâtiment de France télévisions, translucide et anguleux. A droite, la tour de TF1, ronde et opaque sous ses plaques de verre réfléchissant. Entre eux, les rôles ont toujours été bien répartis : à la Une celui du leader, agressif et tourné vers le profit, à France 2 et ses chaînes sœurs celui d’éternel poursuivant, financé par l’argent public.
Ce duopole a longtemps exercé une domination écrasante sur le paysage audiovisuel français. Mais aujourd’hui, l’ordre ancien est bouleversé. Sur un an, TF1 a subi une baisse qui a choqué les spécialistes, passant de 31,8% à 26,2% en audience cumulée. Ses recettes publicitaires ont fléchi de 3,7% durant la même période. L’érosion atteint aussi France 2, dont l’audience a baissé de 1%.
Ces dernières années, « les télévisions historiques – TF1, France 2, France 3, Canal+ et M6 – ont perdu 27% d’audience, commente Philippe Bailly du cabinet de conseil NPA. Le côté inquiétant, c’est que les pertes sur les cibles jeunes sont encore plus marquées, avec une audience de 45% pour les autres télévisions chez les 4-14 ans. »
L’irruption de la TNT, cette myriade de chaînes diffusées sur le câble, est la première cause de ce phénomène. Mais d’autres facteurs accentuent la tendance. « Le paysage télévisuel évolue à vitesse grand V, explique un spécialiste du secteur. La consommation se fait de plus en plus à la carte, en VOD [vidéo à la demande] ou sur Internet. Tu ne te dépêches plus pour rentrer chez toi de peur de louper un programme. Et les ados préfèrent regarder leur film au lit, sur leur ordinateur, plutôt qu’avec leurs parents dans le salon. »
Avec les chaînes d’information continue – il y en a trois en France –, la grand-messe de 20 heures n’est plus indispensable. Et l’indigestion de publicité, avec un tunnel de plus de 20 minutes après le journal du soir, encourage la migration vers la TNT, où le prime time commence dès 20h35.
Si TF1 a particulièrement souffert, c’est que ses programmes ont vieilli. De « Star Academy » à « Julie Lescaut », ses émissions phares tournent depuis des années, au risque de lasser le spectateur. Le 20 heures de Laurence Ferrari a eu des accès de faiblesse, passant deux fois sous la barre des 30% alors qu’il y a dix ans, des audiences de 40% ou plus étaient la norme.
En face, chez France télévisions, la chute est moins accentuée, mais l’atmosphère de crise est la même. Décidée par Nicolas Sarkozy, la suppression de la publicité en soirée doit être votée au parlement le 25 novembre. Elle entraînera la perte d’un milliard d’euros de revenus par an dès 2009.
Conséquence : « On fera moins bien avec moins », craint une journaliste de France 2. L’entreprise vient d’annoncer la suppression de 900 postes. Les syndicats pointent du doigt une longue liste de problèmes : direction jugée méprisante et passive, crainte d’ingérence politique dans les programmes, guerre ouverte entre les deux vedettes de l’information, David Pujadas et Arlette Chabot. Pour cause de grève des monteurs, la chaîne n’a pas été capable de suivre en direct l’élection présidentielle américaine.
Des deux « grandes télés », France 2 semble donc la moins armée pour réagir. « L’ambiance est au plus bas, personne ne prend de décisions, personne ne fait plus rien », regrette le syndicaliste Jean-Jacques Cordival. A TF1, en revanche, on prépare la riposte dans l’esprit typique de la maison : discipline et mobilisation. Les doutes, s’ils existent, sont soigneusement tus.
« Ça fait très longtemps qu’on annonce la mort de TF1, rappelle Frédéric Ivernel, directeur de la communication du groupe. A chaque fois, on a fait ce qu’il faut pour garder notre leadership et accroître la distance avec nos concurrents. »
Selon lui, le journal de Laurence Ferrari est en train de se stabiliser, même si c’est « compliqué ». Il promet une série de nouvelles émissions pour la rentrée 2009. « On veut être plus humbles, plus modestes dans la façon dont on communique avec notre public, ajoute-t-il. TF1 n’est pas une forteresse. »
De l’autre côté de la Seine, la contre-offensive la Une est attendue avec appréhension. « Ils vont brader leurs espaces publicitaires l’après-midi pour assécher le marché, nous piquer ce qui nous reste », redoute Jacques Larose, syndicaliste à France 2. Entre les deux géants de la télé, la guerre continue pour un marché qui rétrécit. Plus que jamais, ce sera malheur au vaincu. "
Ce duopole a longtemps exercé une domination écrasante sur le paysage audiovisuel français. Mais aujourd’hui, l’ordre ancien est bouleversé. Sur un an, TF1 a subi une baisse qui a choqué les spécialistes, passant de 31,8% à 26,2% en audience cumulée. Ses recettes publicitaires ont fléchi de 3,7% durant la même période. L’érosion atteint aussi France 2, dont l’audience a baissé de 1%.
Ces dernières années, « les télévisions historiques – TF1, France 2, France 3, Canal+ et M6 – ont perdu 27% d’audience, commente Philippe Bailly du cabinet de conseil NPA. Le côté inquiétant, c’est que les pertes sur les cibles jeunes sont encore plus marquées, avec une audience de 45% pour les autres télévisions chez les 4-14 ans. »
L’irruption de la TNT, cette myriade de chaînes diffusées sur le câble, est la première cause de ce phénomène. Mais d’autres facteurs accentuent la tendance. « Le paysage télévisuel évolue à vitesse grand V, explique un spécialiste du secteur. La consommation se fait de plus en plus à la carte, en VOD [vidéo à la demande] ou sur Internet. Tu ne te dépêches plus pour rentrer chez toi de peur de louper un programme. Et les ados préfèrent regarder leur film au lit, sur leur ordinateur, plutôt qu’avec leurs parents dans le salon. »
Avec les chaînes d’information continue – il y en a trois en France –, la grand-messe de 20 heures n’est plus indispensable. Et l’indigestion de publicité, avec un tunnel de plus de 20 minutes après le journal du soir, encourage la migration vers la TNT, où le prime time commence dès 20h35.
Si TF1 a particulièrement souffert, c’est que ses programmes ont vieilli. De « Star Academy » à « Julie Lescaut », ses émissions phares tournent depuis des années, au risque de lasser le spectateur. Le 20 heures de Laurence Ferrari a eu des accès de faiblesse, passant deux fois sous la barre des 30% alors qu’il y a dix ans, des audiences de 40% ou plus étaient la norme.
En face, chez France télévisions, la chute est moins accentuée, mais l’atmosphère de crise est la même. Décidée par Nicolas Sarkozy, la suppression de la publicité en soirée doit être votée au parlement le 25 novembre. Elle entraînera la perte d’un milliard d’euros de revenus par an dès 2009.
Conséquence : « On fera moins bien avec moins », craint une journaliste de France 2. L’entreprise vient d’annoncer la suppression de 900 postes. Les syndicats pointent du doigt une longue liste de problèmes : direction jugée méprisante et passive, crainte d’ingérence politique dans les programmes, guerre ouverte entre les deux vedettes de l’information, David Pujadas et Arlette Chabot. Pour cause de grève des monteurs, la chaîne n’a pas été capable de suivre en direct l’élection présidentielle américaine.
Des deux « grandes télés », France 2 semble donc la moins armée pour réagir. « L’ambiance est au plus bas, personne ne prend de décisions, personne ne fait plus rien », regrette le syndicaliste Jean-Jacques Cordival. A TF1, en revanche, on prépare la riposte dans l’esprit typique de la maison : discipline et mobilisation. Les doutes, s’ils existent, sont soigneusement tus.
« Ça fait très longtemps qu’on annonce la mort de TF1, rappelle Frédéric Ivernel, directeur de la communication du groupe. A chaque fois, on a fait ce qu’il faut pour garder notre leadership et accroître la distance avec nos concurrents. »
Selon lui, le journal de Laurence Ferrari est en train de se stabiliser, même si c’est « compliqué ». Il promet une série de nouvelles émissions pour la rentrée 2009. « On veut être plus humbles, plus modestes dans la façon dont on communique avec notre public, ajoute-t-il. TF1 n’est pas une forteresse. »
De l’autre côté de la Seine, la contre-offensive la Une est attendue avec appréhension. « Ils vont brader leurs espaces publicitaires l’après-midi pour assécher le marché, nous piquer ce qui nous reste », redoute Jacques Larose, syndicaliste à France 2. Entre les deux géants de la télé, la guerre continue pour un marché qui rétrécit. Plus que jamais, ce sera malheur au vaincu. "
Juste un petit complémentaire additionnel, le fait que les députés par voie d'amendement aient, à présent, divisé par 2 le prélèvement sur les publicités qui se reprorteraient sur le privé (TF1 et M6 en gros) en indiquant au passage qu'il faudra également démontrer qu'il s'agit bien d'un "effet d'aubaine" ( voir les derniers articles du blog CGC).
Autrement dit, la probabilité que France Télévisions ne perçoive quasiment rien est énorme...ce qui équivaudra au fait que la télé publique dont les nombreux rapports déjà rendus, entres autres ceux de la Cour des Comptes qui a toujours décrit son sous-financement, se paupérise encore plus.
Quant à la compensation que l'Etat s'engagerait à donner, de l'ordre du milliard/milliard et demi, le plus gros mystère c'est: où va-t-il trouver l'argent????
Autrement dit, la probabilité que France Télévisions ne perçoive quasiment rien est énorme...ce qui équivaudra au fait que la télé publique dont les nombreux rapports déjà rendus, entres autres ceux de la Cour des Comptes qui a toujours décrit son sous-financement, se paupérise encore plus.
Quant à la compensation que l'Etat s'engagerait à donner, de l'ordre du milliard/milliard et demi, le plus gros mystère c'est: où va-t-il trouver l'argent????
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