Serait-ce vraiment la finalité de cette loi ? La soi-disant garantie que "le secteur public aura les moyens de survivre" ????
Comment imaginer que les 450 millions auxquels fait référence en permanence Christine Albanel comme dans un conditionnement pavlovien qui, a chaque fois qu'elle entend la formule "garantie de financement" répond systématiquement "c'est la compensation sur laquelle l'Etat s'est engagé jusqu'en 2011", assureront le financement de la télé publique voire un peu plus pour sa transformation comme diffuseur multi supports ?????
450 millions c'est à peine plus que 15% du budget total de France Télévisions (2,8 milliards d'euros)
Pire encore; ces 450 millions, c'est uniquement la compensation du manque à gagner en matière de pub. Le restant était bien entendu calculé par rapport aux 3% de prélèvement sur le surplus des recettes additionnelles des chaîne du privé....mais comment donc puisque le Gouvernement dit soutenir la réduction de cette taxe ramené à 1,5% va-t-il, dans de telles conditions et au moment où la ministre "doute qu'en raison de la crise financière qui touche de plein fouet le secteur publicitaire, il y ait surplus", pourrait-il assurer le financement de la télé publique ???
Il n'est pas question, là, de survivre mais bel et bien de vivre pour de soi-disant "nouvelles ambitions".
Le député UMP Gilles Carrez tout comme Edouard Balladur il y a quelques semaines, ne s'y est pas trompé.
"Croyez-moi, c'est le bon sens qui parle." a-t-il asséné à ses collègues qu'il surprenait sans nul doute en annonçant lors de son intervention à la tribune de l'Assemblée qu'il ne voterait pas en l'état la loi.
Et d'ajouter "Où trouverons-nous ces moyens si nous asséchons tous les financements non publics ?" et encore "Il serait dangereux de s'engager dès maintenant dans une suppression totale des recettes publicitaires pour la fin de 2011 afin d' améliorer la qualité de la télévision publique qui est déjà bonne et qui a besoin de ressources suffisantes et en évolution régulière."
Le Chef de l'Etat ne peut pas avoir, en ces temps de crise, voulu une telle polémique mais surtout un tel financement qui devient de plus en plus aléatoire au fil des amendements.
NON. La CGC Médias est certaine que, comme le dit effectivement aujourd'hui une majorité de parlementaires qui ne pensent pas mettre plus à contribution le contribuable, le projet de loi ne peut et ne doit, en l'espèce, pas aller à son terme.
Enfin et comme s'il fallait un argument supplémentaire, l'Etat ne peut logiquement pas tout mettre en oeuvre aujourd'hui, tout verouiller et espérer qu'en 2010, il trouvât quelqu'un faisant l'unanimité à gauche comme à droite, dont le professionnalisme est indiscutable, qui accepterait de prendre la présidence de France Télévisions a lors que tout sera figé, qu'il n'aura plus aucune marge de manoeuvre et comble du cynique, qu'il n'aura jamais été associé à la réforme alors qu'il devrait l'appliquer sans aucun libre arbitre!!!!
Le quotidien d'information "Le Monde" dans un article publié ce jour a, en la matière, voulu montrer les craintes qui sont de plus en plus affichées, tous partis confondus.
Découvrez lci-après l'article du 2/12/08 pardu dans "Le Monde" du 2/12/08 et intitulé: " Audiovisuel : des craintes, y compris à droite"
L'Assemblée Nationale reprend, à partir du 1er décembre, l'examen du projet de loi sur l'audiovisuel public. L'opposition avait promis un "Vietnam parlementaire" : elle a du mal à ouvrir le feu.
Lorsque la ministre de la culture, Christine Albanel, a entamé la discussion, mardi 25 novembre, la partie gauche de l'Hémicycle était quasiment déserte : au même moment se tenait le conseil national du PS qui devait valider l'élection de sa première secrétaire. Cruel pour les deux députés socialistes de permanence au Palais-Bourbon.
Le projet de loi n'en suscite pas moins de fortes interrogations, jusque dans les rangs de la majorité.
La ministre et le président de la commission spéciale chargée d'examiner le texte, Jean-François Copé, jurent, la main sur le coeur, que ce projet n'a d'autre but que d'"affranchir la télévision publique de la logique commerciale" et de lui donner "de nouvelles ambitions".
Ce que le premier ministre, François Fillon, avait résumé quelques jours plus tôt, à l'occasion du Forum d'Avignon, en affirmant vouloir donner à France Télévisions "un mandat clair".
De son côté, le député des Hauts-de-Seine et porte-parole de l'UMP, Frédéric Lefebvre, a lâché cette formule : "Le secteur public aura les moyens de survivre."
Tandis que les chaînes privées bénéficient d'un ballon d'oxygène grâce au marché publicitaire soustrait de France 2 et France 3, la télévision publique, privée d'une partie de ses financements, se voit assigner une mission d'"éducation".
Difficile, pour de nombreux députés, de ne pas constater que cela répond point par point aux "propositions" formulées par TF1 dans le Livre blanc rédigé quelques semaines avant que Nicolas Sarkozy n'annonce, le 8 janvier, sa décision de supprimer la publicité sur les chaînes publiques.
Le lobbying des chaînes privées ne s'est pas démenti depuis lors : sous l'égide du Club parlementaire sur l'avenir de l'audiovisuel et des médias (CPAA) animé par M. Lefebvre, responsables de l'audiovisuel et élus multiplient les échanges.
Ces dernières semaines, les cadres dirigeants de ces mêmes chaînes privées tenaient table ouverte au restaurant du 8e étage de l'immeuble Chaban-Delmas de l'Assemblée nationale.
Jusqu'à ce que Le Canard enchaîné daté du 26 novembre révèle, documents à l'appui, l'étrange similitude entre un document adressé aux parlementaires par l'Association des chaînes privées, regroupant TF1, M6 et Canal+, et l'amendement adopté en commission à l'initiative du rapporteur du texte, Christian Kert (UMP).
La taxe de 3 % prévue sur le chiffre d'affaires publicitaire des chaînes est transformée en une taxe plafonnée à 50 % de l'accroissement des ressources par rapport à l'année précédente, avec un seuil minimum à 1,5 % du chiffre d'affaires. "Moi vivant, il n'y aura pas d'augmentation de la redevance", jure M. Copé.
L'adoption de cet amendement signifie en réalité que c'est le budget de l'Etat - par conséquent le contribuable - qui va devoir se porter garant, pendant trois ans, des 450 millions d'euros promis aux chaînes publiques en compensation de la perte de ressources publicitaires. Garantie qui n'ira pas au-delà de 2011.
Aussi la discussion sur les questions du financement concentre-t-elle l'essentiel des critiques. Le rapporteur général de la commission des finances, Gilles Carrez (UMP), a surpris bon nombre de ses collègues par la fermeté de son intervention à la tribune. "Pour améliorer sa qualité, qui est déjà bonne, la télévision publique a besoin de ressources suffisantes et en évolution régulière. Où trouverons-nous ces moyens si nous asséchons tous les financements non publics ?", s'est-il interrogé. "Il serait dangereux de s'engager dès maintenant dans une suppression totale des recettes publicitaires pour la fin de 2011. Croyez-moi, c'est le bon sens qui parle."
Une autre disposition du texte fait craindre un retour en arrière : la nomination révocation directe du président de France télévisions par le président de la République. La gauche n'est pas la seule à s'en inquiéter. L'ancien ministre François Baroin a qualifié cette disposition "d'erreur politique". "J'ai du mal à comprendre comment on peut présenter comme un progrès ce qui est un recul de vingt-cinq ans", ajoute le député (UMP) de l'Aube, y voyant "une régression des libertés".
"Si on ne dépose pas une motion de censure sur ça, c'est-à-dire la fin de l'indépendance de la télévision publique et le choix d'en refaire une télévision sous la coupe du pouvoir, alors on le fera pour quoi ?", s'indigne le président du MoDem, François Bayrou. Pour l'heure, le président du groupe socialiste, Jean-Marc Ayrault, écarte cette hypothèse.
Patrick Roger
"Le Monde" Article paru dans l'édition du 02.12.08
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